Double nouvelle concernant RWF !
A l'Institut Lumière de Lyon, l'éminent critique Jean Douchet viendra les 28 février et 1er mars prochains animer un week-end qui lui est consacré : projections présentées et commentées du
Mariage de Maria Braun,
Le Droit du plus fort,
Le Secret de Veronika Voss et
Tous les Autres s'appellent Ali.
Places déjà en vente :
http://institut-lumiere.org/
Comme vous le savez sûrement, ce dernier film - mon préféré de RWF - est le remake de
Tout ce que le Ciel permet de Douglas Sirk (1955).
Voir le topic qui lui est consacré
Je viens de publier sur mon site Courte-Focale.fr la version condensée d'un travail universitaire auquel j'ai consacré de longs mois : un mémoire intitulé "
Le mélodrame comme outil d'un cinéma politique, une radicalisation de Douglas Sirk à Rainer Werner Fassbinder". Je m'y intéresse au genre et à ses codes (narratifs surtout, mais également visuels) en ce qu'ils offrent à ces deux intellectuels allemands - plus ou moins mués en
entertainers - la possibilité de parler de manière critique de la société de leur temps.
La
première partie, illustrée d'images d'archive, d'extraits et de photogrammes précis tirés du chef-d'oeuvre
Tout ce que le Ciel permet, se centre avant tout sur Sirk, sur la manière dont lui - contrairement à son disciple Fassbinder plus tard - devait se faire retors pour transmettre un message critique du fait des contraintes de l'Hollywood classique. Il y est question notamment de son destin lui-même mélodramatique (hallucinant!), d'écuries de stars, d'homosexualité cachée, de politique et... d'encadrements de fenêtres !
La seconde est donc davantage focalisée sur Fassbinder, le remake
Tous les Autres s'appellent Ali et la création par RWF de ce qu'il appelle un "mélodrame éveillé" : reste à savoir éveillé vis-à-vis de quoi. Vous savez à quel point c'est l'un des cinéastes les plus engagés, enragés et excessifs (géniaux?) qu'aient connu le cinéma européen. J'essaie d'analyser comment le mélodrame sirkien lui offre des outils pour transmettre une certaine vision de l'Allemagne et de l'Homme et ainsi toucher à un idéal de cinéma qu'il a recherché jusqu'à l'excès (mort à 37 ans putain!).
En préparation de ce travail, j'ai lu énormément sur les deux cinéastes, notamment - pour Fassbinder - l'énorme livre d'entretiens
Fassbidner par lui-même, édité chez G3J et ses recueils de textes persos
Les Films libèrent la Tête et
L'Anarchie de l'Imagination. Je peux répondre à d'éventuelles questions à ce sujet et d'ores et déjà préciser que ces livres (et ceux écrits par d'autres sur lui : Elsaesser, Lardeau) sont passionnants ! J'espère relancer une discussion autour de cet immense cinéaste...