Julien Duvivier (1896-1967)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Cathy »

Toute la ville danse, The Great Walz (1938) - Julien Duvivier

Image

Evocation romancée de la vie de Johan partagée entre sa passion pour une cantatrice et son amour pour sa femme, qu'il connaît depuis l'enfance.

Bon alors passons les points qui fachent, alors si on s'attend à une vie de Johann Strauss, passez votre chemin, car si le fond est vrai, tout est romancé et nous assistons plus à une "opérette" à la manière de Strauss qu'à autre chose, une sorte de Chauve Souris réelle, où le mari dissipé reviendra inexorablement vers sa femme. Passons aussi sur les arrangements de Hammerstein et surtout sur les interprétations de Miliza Korjus, soprano colorature qui abondent dans les suraigus qui sont certes justes, mais plus forcément très écoutables aujourd'hui. Passer ces points, il faut constater que Julien Duvivier a un vrai sens de la mise en scène et sa caméra valse comme ses interprètes, notamment dans la scène où Johann Strauss crée sa première valse, la scène est admirable avec cette salle vide qui se remplit, ces gros plans sur différents endroits de la place avec la population qui écoute, puis ces mêmes endroits vidés car les habitants ont rejoint la salle de concert et cette succession de gros plans. La scène de valse est admirablement filmée et se conclue très habilement sur le retour aux quadrilles traditionnels. On retrouve cette même virtuosité dans plusieurs scènes, notamment celle où Poldi la femme de Strauss arrive dans la salle de Concert, et contrairement à de nombreux films où l'action se resserre sur l'interprète concerné, ici les prises de vue s'élargissent sur chaque accord pour montrer combien finalement le cas de cette épouse bafouée est finalement qu'une infime partie de ce qui se passe à Vienne. Il y a aussi la fameuse scène où Strauss et la cantatrice "composent" les fameuses légendes la forêt viennoise qui se termine finalement par une grande valse endiablée autour d'un kiosque. On retrouve la même maîtrise dans la succession de plans illustrant la célébrité du Beau Danube bleu à travers le monde.

Ce qui est curieux c'est de voir une telle maîtrise technique et finalement un sujet traité très légèrement avec des personnages quelque peu grotesques comme les amis de Strauss et puis le manque de contexte historique. On y parle de révolution, mais quid. On voit Strauss mener les émeutiers mais on s'attache à sa fuite avec la cantatrice. Côté interprétation, Fernand Gravey (Gravet pour le film - sans doute pour ne pas être prononcé Gravy aux USA), campe un Strauss très séduisant, Miliza Korjus en fait des tonnes en diva capricieuse que ce soit vocalement ou au niveau des mimiques. Ceci étant Luise Rainer n'est pas en reste et pour son quasi dernier grand rôle nous ressert la grande scène des larmes et de la séparation surjouée. Elle est beaucoup plus juste en jeune fille amoureuse ou dans sa scène de confrontation avec sa rivale. Toute la ville danse est donc un film admirable au niveau de la mise en scène, qui montre bien la magie de la valse, maintenant, il y a quelque chose d'insatisfaisant dans ce traitement de la vie de Strauss, même si le spectateur est mis en garde sur la véracité des faits.
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par riqueuniee »

Pour ce qui est de Gravey, c'est en effet l'explication que j'ai lue. (gravy signifiant "sauce" en anglais...)
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Cathy »

Un carnet de bal (1937)

Image

Une femme qui vient de perdre son mari, retrouve le carnet de son premier bal et part à la recherche de ses anciens soupirants.

Avec un tel titre, le film devrait être joyeux, mais ce n'est aucunement le cas, bien au contraire, le film est nostalgique et surtout assez dramatique. Nous sommes bien sûr dans un genre cher au cinéma français, le film à sketches. Toutes les différentes séquences s'enchainent sans aucun lien hormis la quête de cette jeune veuve qui va découvrir les ravages que ce premier bal a commis sur nombre de ses prétendants. La force du film est sans doute de ne pas partir dans le flash back narratif, bien au contraire, les seuls souvenirs du passé, seront la célèbre valse grise de Maurice Jaubert, des ombres ou des couples qui dansent, des robes de tulles blanches, des ambiances, mais aucune image de ce qui s'est passé ce soir-là. A travers les différentes rencontres on saura reconstituer ce bal et ces prétendants, on découvrira la futilité de cette jeune fille qui n'aura rien vu et se sera laissée grisée par l'ambiance du bal. On se demande d'ailleurs si les prétendants marqués comme décédés sur son carnet d'enquête le seront de mort naturelle ou non, mais leur cas ne sera pas évoqué.

Le premier sketch est d'ailleurs assez terrible avec cette mère dont le fils s'est suicidé à cause de la jeune Christine et qui depuis a perdu la raison, mais qui par bribes retrouve la mémoire et faire prendre conscience à l'héroïne de son emprise sur les hommes. Françoise Rosay s'avère absolument magistrale dans ce rôle passant de la femme amnésique à celle qui retrouve ses souvenirs l'espace d'un instant. Le deuxième sketch nous entraînera dans un autre monde, un monde cher au dialoguiste Jeanson dont on sent la patte dans ces dialogues réjouissants, avec ce tenancier de night club, ancien avocat devenu escroc et à qui Louis Jouvet prête ses traîts, son talent et sa verve. Ici l'homme n'aura pas forcément été dramatiquement marqué par cette jeune femme, mais leur rencontre permettra là encore de mieux cerner la personnalité de cette jeune femme.
Dans le troisième sketch, le prétendant est devenu Père et dirige une manécanterie, Harry Baur se montre là aussi plein de subtilité dans le rôle de cet homme malheureux qui a choisi l'église pour oublier. Le quatrième sketch relativement court permettra à Pierre-Richard Wilm de camper un homme devenu guide de haute montagne, un sketch finalement assez optimiste pour l'homme qui finalement succombera à sa passion pour la montagne et montrera une fois encore à Christine sa "futilité".

Le cinquième sketch permet là aussi de souffler dans les destins transformés par ce bal, avec ce maire plein de faconde, campé par un Raimu au meilleur de sa forme. Il y aura une dimension "tragique" avec l'arrivée du fils adoptif, mais le sketch est souriant, drôle, à l'ambiance méditerrannéenne et annonce quelque part l'ambiance des futurs Don Camillo. Il contraste totalement avec le suivant où le sixième prétendant de Christine s'avère être devenu un médecin avorteur, fou. D'ailleurs toute cette scène est filmée de "biais", jamais les pièces ne sont droites, Pierre Blanchar est un exécrable comédien, mais il permet de bien sentir la folie de cet homme. Le dernier prétendant sera de nouveau plus gai avec Fernandel qui bien que ne reconnaissant pas tout de suite la jeune femme s'avère avoir été marqué par elle au point d'avoir donné son prénom à une de ses filles. Il permettra aussi à Christine de voir à travers sa rencontre avec une jeune fille dont c'est le premier bal, comment les souvenirs enjolivent les émois.

Il y aura cet épilogue avec Robet Lynen insupportable de fausseté mais qui permettra de montrer qu'enfin Christine aura trouvé un but à sa vie et enterré ses souvenirs. Marie Bell est une Christine à la fois hautaine, distante, mais aussi humaine. On admire la maîtrise de Duvivier dans son montage rapide, ses plans successifs qui sont sans doute sa marque de fabrique, ces scènes de rêve ou au contraire ces scènes très crues, la fameuse scène du médecin accoucheur. On comprend mal en voyant un tel film pourquoi Duvivier a été mis au piloris par la nouvelle vague, tant son talent de metteur en scène est évident et sa maîtrise technique éblouissante.

A noter que la copie proposée par Gaumont s'avère tout à fait correcte, naturellement quelques scratchs subsistent ici ou là, mais dans l'ensemble c'est plus que correct.
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par bruce randylan »

Cathy a écrit :Un carnet de bal (1937)
On comprend mal en voyant un tel film pourquoi Duvivier a été mis au piloris par la nouvelle vague, tant son talent de metteur en scène est évident et sa maîtrise technique éblouissante.
Ca restera une question éternellement incompréhensible pour moi d'autant des gens comme Bergman, Welles et même Renoir ne cachaient pas leur admiration pour ses films. Quand aux Japonais, ils l'adorent et nombres de cinéastes citent souvent Pépé le Moko comme un film culte.

J'imagine que, comme souvent, la nouvelle vague n'aimait pas sa diversité, son éclectisme et le fait qu'il soit allé tourner aux USA. Peut-être aussi son style virtuose et démonstratif ? Mais pour des défenseurs de la politique des auteurs, j'ai du mal à comprendre ce rejet alors que Duvivier est bel et bien un auteur (il écrivait ses scénarios et il y des thèmes récurrents dans son cinéma)

Le pire, comme je le disais dans l'article sur 1kult pour l'affaire Maurizius, c'est que même la cinémathèque (qui lui a consacré une rétro l'an dernier) continue d'affirmer que hormis une demi-douzaine de films, tout est bon à jeter. C'est d'autant plus hallucinant que dans leurs programmes tous les autres cinéastes ont droit à des avis dithyrambiques parfois vraiment exagérés.
Dernière modification par bruce randylan le 5 déc. 14, 10:38, modifié 1 fois.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par riqueuniee »

Si la mise en scène de Un carnet de bal est en effet virtuose, le film a tout de même beaucoup vieilli par certains aspects, notamment le jeu de Marie Bell. Et, comme tous les films à skteches, c'est inégal. Belle musique de Maurice Jaubert (compositeur mort en 1940, dont Truffaut utilisera des morceaux (inédits ?) pour illustrer plusieurs de ses films.
Avatar de l’utilisateur
Père Jules
Quizz à nos dépendances
Messages : 16901
Inscription : 30 mars 09, 20:11
Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Père Jules »

Cathy a écrit :Un carnet de bal (1937)
On comprend mal en voyant un tel film pourquoi Duvivier a été mis au piloris par la nouvelle vague, tant son talent de metteur en scène est évident et sa maîtrise technique éblouissante.

Il faut lire la notule de Lourcelles consacrée à A bout de souffle dans son Dico des films. C'est particulièrement éloquent et c'est tout à fait ce que je pense.
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Cathy »

riqueuniee a écrit :Si la mise en scène de Un carnet de bal est en effet virtuose, le film a tout de même beaucoup vieilli par certains aspects, notamment le jeu de Marie Bell. Et, comme tous les films à skteches, c'est inégal. Belle musique de Maurice Jaubert (compositeur mort en 1940, dont Truffaut utilisera des morceaux (inédits ?) pour illustrer plusieurs de ses films.
Le jeu a certes évolué, mais cela n'est pas gênant ! Et j'ai trouvé Marie Bell très bien, avec une magnifique diction et puis l'atmosphère de ce film est prenante, comme dans beaucoup de Duvivier qui reste un de mes réalisateurs préférés !
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99635
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Jeremy Fox »

Père Jules a écrit :
Cathy a écrit :Un carnet de bal (1937)
On comprend mal en voyant un tel film pourquoi Duvivier a été mis au piloris par la nouvelle vague, tant son talent de metteur en scène est évident et sa maîtrise technique éblouissante.

Il faut lire la notule de Lourcelles consacrée à A bout de souffle dans son Dico des films. C'est particulièrement éloquent et c'est tout à fait ce que je pense.
Moi non (concernant le film en tout cas) :twisted: :wink:

Non mais évidemment que les critiques issus de la Nouvelle vague ont été souvent d'une mauvaise foi monumentale mais c'était pour défendre un nouveau style de cinéma (ce qui ne les excuse pas, attention). Évidemment qu'on peut aimer les deux cinéma d'égale manière, que l'un n'est pas plus virtuose que l'autre. Pour ma part, A bout de Souffle est un monument de liberté et d'innovation, un véritable chef-d'œuvre d'invention et de rythme contrairement à ce qu'en pense Lourcelles (écrivain que j'adore par ailleurs). Le cinéma de Duvivier en revanche ne me touche guère à quelques exceptions.
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par riqueuniee »

Cathy a écrit :
riqueuniee a écrit :Si la mise en scène de Un carnet de bal est en effet virtuose, le film a tout de même beaucoup vieilli par certains aspects, notamment le jeu de Marie Bell. Et, comme tous les films à skteches, c'est inégal. Belle musique de Maurice Jaubert (compositeur mort en 1940, dont Truffaut utilisera des morceaux (inédits ?) pour illustrer plusieurs de ses films.
Le jeu a certes évolué, mais cela n'est pas gênant ! Et j'ai trouvé Marie Bell très bien, avec une magnifique diction et puis l'atmosphère de ce film est prenante, comme dans beaucoup de Duvivier qui reste un de mes réalisateurs préférés !
D'une manière génrale (ça ne concerne pas seulement Duvivier ou Marie Bell) je suis parfois gênée par le jeu des acteurs français de cette poque-là, plus que par celui des acteurs américains de la même période.
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par bruce randylan »

Cathy a écrit :
riqueuniee a écrit :Si la mise en scène de Un carnet de bal est en effet virtuose, le film a tout de même beaucoup vieilli par certains aspects, notamment le jeu de Marie Bell. Et, comme tous les films à skteches, c'est inégal. Belle musique de Maurice Jaubert (compositeur mort en 1940, dont Truffaut utilisera des morceaux (inédits ?) pour illustrer plusieurs de ses films.
Le jeu a certes évolué, mais cela n'est pas gênant ! Et j'ai trouvé Marie Bell très bien, avec une magnifique diction et puis l'atmosphère de ce film est prenante, comme dans beaucoup de Duvivier qui reste un de mes réalisateurs préférés !
Même chose. Son jeu dérange au début mais finalement il participe à l'ambiance et la psychologie. Elle a une jeu déconnecté de la réalité, toujours un peu faux et artificiel comme son personnage qui se chercher une place dans le monde et une raison de vivre.

Je trouve de la même manière que le jeu d'acteur de la nouvelle vague a très mal vieilli avec une diction et un phrasé qu'on retrouve chez Godard, Rohmer ou certain Varda et Resnais qui me dérange profondément. La direction d'acteur dans Hiroshima mon amour (je me rappelle de Nevvveeeerrree) la pointe-courte m'ont complétement salopé le ressenti des films.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par riqueuniee »

En ce qui concerne les acteurs des années 30, c'est le jeu de l'époque. On aime (ou non...), comme on apprécierait ou pas le jeu d'un acteur de 2011.
En ce qui concerne les films de la Nouvelle vague que tu cites, c'est du maniérisme, et ça vieillit toujours très mal.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99635
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Jeremy Fox »

riqueuniee a écrit : En ce qui concerne les films de la Nouvelle vague que tu cites, c'est du maniérisme, et ça vieillit toujours très mal.
Je peux te ressortir ta phrase du dessus (on aime ou on aime pas) concernant le style de jeu Nouvelle vague (si tant est qu'il y en ait un car pas du tout le même chez Godard ou Rohmer, Rozier ou autres Resnais). Aucun vieillissement pour ma part en tout cas, je m'en délecte plus que jamais.
Tancrède
J'suis un rebelle, moi !
Messages : 1602
Inscription : 18 janv. 07, 11:12

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Tancrède »

bruce randylan a écrit :
Cathy a écrit :Un carnet de bal (1937)
On comprend mal en voyant un tel film pourquoi Duvivier a été mis au piloris par la nouvelle vague, tant son talent de metteur en scène est évident et sa maîtrise technique éblouissante.
Ca restera une question éternelle incompréhensible pour moi d'autant qu'en même temps des gens comme Bergman, Welles et même Renoir ne cachait pas leur admiration pour ses films. Quand au Japonais, il adore son cinéma et cite souvent Pépé le Moko comme un film culte.

J'imagine que, comme souvent, la nouvelle vague n'aimait pas sa diversité, son éclectisme et le fait qu'il soit allé tourner aux USA. Peut-être aussi son style virtuose et démonstratif (qui pour s'accorde pourtant à chaque fois au scénario)

Le pire comme je le disais dans l'article sur 1kult pour l'affaire Maurizius c'est que même la cinémathèque (qui lui a consacré une rétro l'an dernier) continue d'affirmer que passé une demi-douzaine de films, tout est bon à jeter. C'est d'autant plus hallucinant que dans leurs programmes tous les autres cinéastes ont droit à des avis dithyrambiques parfois vraiment exagérés.
je m'intéresse assez aux Cahiers jaunes mais je suis loin d'avoir tout lu et je ne connais pas d'article où Duvivier est "mis au piloris" par les gandins de la Nouvelle Vague (par exemple, il n'est pas visé par le fameux pamphlet de Truffaut contre "une certaine tendance du cinéma français"). Ça m'intéresserait que vous m'en citiez.
daniel gregg
Producteur Exécutif
Messages : 7030
Inscription : 23 févr. 04, 23:31

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par daniel gregg »

Tancrède a écrit :
bruce randylan a écrit :
Ca restera une question éternelle incompréhensible pour moi d'autant qu'en même temps des gens comme Bergman, Welles et même Renoir ne cachait pas leur admiration pour ses films. Quand au Japonais, il adore son cinéma et cite souvent Pépé le Moko comme un film culte.

J'imagine que, comme souvent, la nouvelle vague n'aimait pas sa diversité, son éclectisme et le fait qu'il soit allé tourner aux USA. Peut-être aussi son style virtuose et démonstratif (qui pour s'accorde pourtant à chaque fois au scénario)

Le pire comme je le disais dans l'article sur 1kult pour l'affaire Maurizius c'est que même la cinémathèque (qui lui a consacré une rétro l'an dernier) continue d'affirmer que passé une demi-douzaine de films, tout est bon à jeter. C'est d'autant plus hallucinant que dans leurs programmes tous les autres cinéastes ont droit à des avis dithyrambiques parfois vraiment exagérés.
je m'intéresse assez aux Cahiers jaunes mais je suis loin d'avoir tout lu et je ne connais pas d'article où Duvivier est "mis au piloris" par les gandins de la Nouvelle Vague (par exemple, il n'est pas visé par le fameux pamphlet de Truffaut contre "une certaine tendance du cinéma français"). Ça m'intéresserait que vous m'en citiez.
Moi, je pense qu'il s'agissait essentiellement d'une posture, provoquant par la même occasion un prétexte commode pour se différencier d'autres chapelles cinéphiliques.
Il faudrait exhumer les vieux numéros de Positif, des Cahiers du cinéma, voire Présence du Cinéma pour se rendre compte à quel point la mauvaise foi était capable de faire rendre des jugements à l'emporte pièces dignes de querelles de cour de récréation.
En même temps, c'est ce qui faisait le charme de cette presse passionnée et investie.
Dans 50 ans de Cinéma Américain, Tavernier, avec beaucoup d'humilité (aidé en celà par le recul du temps), explique très bien dans les notices issues de leur première édition (donc 20 ans de cinéma américain je pense), comme peuvent paraître caduques des jugements hatifs et vagues portés sur des réalisateurs qu'il fallait bien sacrifier pour pouvoir en défendre d'autres becs et ongles.
Dernière modification par daniel gregg le 16 mai 11, 16:27, modifié 1 fois.
Tancrède
J'suis un rebelle, moi !
Messages : 1602
Inscription : 18 janv. 07, 11:12

Re: Julien Duvivier (1896-1967)

Message par Tancrède »

daniel gregg a écrit :
Tancrède a écrit :
je m'intéresse assez aux Cahiers jaunes mais je suis loin d'avoir tout lu et je ne connais pas d'article où Duvivier est "mis au piloris" par les gandins de la Nouvelle Vague (par exemple, il n'est pas visé par le fameux pamphlet de Truffaut contre "une certaine tendance du cinéma français"). Ça m'intéresserait que vous m'en citiez.
Moi, je pense qu'il s'agissait essentiellement d'une posture, provoquant par la même occasion un prétexte commode pour se différencier d'autres chapelles cinéphiliques.
Il faudrait exhumer les vieux numéros de Positif, des Cahiers du cinéma, voire Présence du Cinéma pour se rendre compte à quel point la mauvaise foi était capable de faire rendre des jugements à l'emporte pièces dignes de querelles de cour de récréation.
Dans 50 ans de Cinéma Américain, Tavernier, avec beaucoup d'humilité (aidé en celà par le recul du temps), explique très bien dans les notices issues de leur première édition (donc 20 ans de cinéma américain je pense), comme peuvent paraître caduques des jugements hatifs et vagues portés sur des réalisateurs qu'il fallait bien sacrifier pour pouvoir en défendre d'autres becs et ongles.

tu ne réponds pas à mon message.
Répondre