Leslie Caron

[Jeremy Fox]

Je les adore pour ma part

Voilà ce que j'en disais

Après avoir valsé dans les bras de Gene Kelly (Un Américain à Paris) et de Mel Ferrer (Lili) et avant de tomber dans ceux de Louis Jourdan (Gigi), Leslie Caron était passée aussi par ceux de Fred Astaire dans ce Papa Longues Jambes qui, contrairement à sa réputation peu flatteuse, ne démérite pas aux côtés de ces titres prestigieux et s’avère au contraire une comédie musicale tendre et exquise qui n’a rien à envier aux productions d’Arthur Freed. En effet, il s’agit du seul film que Fred Astaire a tourné pour le studio le plus concurrentiel de la MGM dans le domaine du ‘Musical’, à savoir la 20th Century Fox.L’histoire est celle de Preston Jarvis (Fred Astaire), un riche homme d’affaire américain qui, au cours d’un voyage à Paris, tombe sous le charme de Julie (Leslie Caron), une orpheline qu’il aperçoit de loin ; il souhaite l’adopter mais un ambassadeur de ses amis lui fait comprendre que la bienséance risquerait d’être mise à mal et que les ragots iraient alors bon train. L’idée lui vient alors de devenir son bienfaiteur sans jamais se faire connaître. Le tuteur anonyme inscrit donc Julie dans une université qu’il finance. Pour le remercier de ses bienfaits, elle lui envoie une lettre hebdomadaire qui reste toujours sans réponses. Ce silence la chagrine fortement mais ne l’empêche pas de tomber amoureuse de ce mystérieux ‘Daddy Long Legs’. La secrétaire de ce dernier, émue par les sentiments de la jeune fille, va tout faire pour les faire se rencontrer…

C’est la quatrième adaptation cinématographique d’un roman semble-t-il à l’eau de rose de Jean Webster dont Darryl F. Zanuck rêvait depuis le début de la décennie de transposer en comédie musicale. Il soumit l’idée à Fred Astaire au moment où son contrat avec le MGM arrivait à expiration. Bien lui en a prit et l’on peut d’ailleurs se demander pourquoi ce film enchanteur n’a pas plus la cote d’autant que Jean Negulesco et ses scénaristes ont évité de sombrer dans la mièvrerie qui les attendait au tournant ! En effet, tout y est au contraire délectable à commencer par la prestation du danseur qui venait pourtant de perdre son épouse en cours de tournage. Tour à tour drôle, dynamique, charmant et touchant, il forme avec la charmante Leslie Caron un couple tout à fait délicieux. Outre lors de la superbe et célèbre chanson ‘Something’s Gotta Give’ qui commence sur une terrasse devant un New York nocturne de studio absolument magique et qui se termine par des danses tourbillonnantes dans un couloir d’hôtel luxueux, on les retrouve dans un ‘Sluefoot’ enlevé ; leur romance est émouvante et particulièrement convaincante.

Musicalement réussi, le film nous offre également deux splendides séquences oniriques traduites à l’écran par des ballets de Roland Petit aussi beau plastiquement (les décors dessinés sont superbes) que dans leurs chorégraphies, véritable festival Leslie Caron successivement en tutu, en vamp ou en adorable pierrot lunaire. Les deux acteurs principaux sont très bien entourés notamment par le duo Thelma Ritter et Fred Clark (la secrétaire et le chargé d’affaires du millionnaire) qui nous concèdent eux aussi de succulentes interprétations. Les dialogues et situations à quiproquos sont savoureux, le film ne voit à aucun moment son rythme faiblir et Jean Negulesco a rarement aussi bien utilisé le cinémascope (en tout cas bien mieux que dans son médiocre Comment épouser un millionnaire) nous prouvant ici qu’il n’avait pas totalement perdu son talent en passant à la Fox comme il a souvent été dit (la ‘Negulesconnerie’ d’un critique français n’était donc pas totalement justifiée). Il faut dire qu’il a été fort bien secondé par une chaude photographie de Leon Shamroy et par de somptueux décors qu’il s’est plu à filmer avec beaucoup de goût. Papa Longues Jambes, une comédie romantique musicale au charme prégnant, drôle, pétillante et jamais ennuyeuse ; le sourire ne devrait pas quitter pas vos lèvres du début à la fin.

[Federico]

Entretien avec Leslie Caron dans l'émission Les Matins sur France Culture, pour la sortie de son livre de mémoires Une française à Hollywood :

http://www.franceculture.com/emission-l ... 05-20.html

[Kimm]

Hommage à la Cinémathéque pour la sortie de son autobiographie, UNE FRANCAISE A HOLLYWOOD, suivi d'une interview passionnante sur son parcours professionnel, les artistes avec qui elle a travaillé (tant dans le milieu de la danse que du cinéma), projection de photos inédites lorsqu'elle travaillait avec Jean Babilé sur la RENCONTRE (elle tient le rôle du sphinx dans le ballet de David Lichine), au ballet des Champs Elysées.

Puis projection du film LA CHAMBRE INDISCRETE ( THE L-SHAPED ROOM, Bryan Forbes, 1962), dans la mouvance du courant réaliste anglais prisé dans les années 60, film captivant sur une française en séjour en Angleterre, entourée de surprenant voisins dans sa chambre en location.
Elle gagna le Golden Globe en 1964, pour cette très belle prestation.

Je me suis bien sur empressé de faire signer mon livre, et Leslie me demanda d'un air malicieux si je comptais le lire..
Standing ovation à la fin de la projection pour cette grande dame, toute petite par la taille!, qui nous régala en anecdotes sur de grands noms comme James Ivory, Vincente Minnelli, Fred Astaire, Jean Renoir, François Truffaut...

[Federico]

Standing ovation à la fin de la projection pour cette grande dame, toute petite par la taille!, qui nous régala en anecdotes sur de grands noms comme James Ivory, Vincente Minnelli, Fred Astaire, Jean Renoir, François Truffaut...

Ça devait être sympa car Leslie Caron ne manie pas la langue de bois et appelle un chat un chat. C'est en tout cas l'impression qu'elle me donna lors d'un docu sur Astaire vu il y a quelques années sur Arte...

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Je ne me souviens plus de la question mais elle avait répondu quelque chose comme : "A mon avis, Astaire devait être un bon coup."

[Lord Henry]

Vague souvenir de Chandler avec Warren Oates, une tentative de néo-noir sans grande consistance - et semble-t-il, singulièrement malmenée en postproduction par la MGM:

[someone1600]

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Je ne me souviens plus de la question mais elle avait répondu quelque chose comme : "A mon avis, Astaire devait être un bon coup."

Je crois me souvenir qu'elle a dit un truc semblable lors d'un entrevue a TCM avec Robert Osborne...

[Amarcord]

Quelqu'un sait-il si elle possède toujours ce charmant petit restaurant au bord de l'Yonne (à Villeneuve-sur-Yonne), appelé La Lucarne aux Chouettes ?

[styx]

Quelqu'un sait-il si elle possède toujours ce charmant petit restaurant au bord de l'Yonne (à Villeneuve-sur-Yonne), appelé La Lucarne aux Chouettes ?

Je suis en train de faire le tour des interview de Leslie Caron, j'en profite pour répondre :non, à ta question.


Je remarque qu'elle s'etonne souvent qu'à son retour en France, on ne fasse pas appelle à elle (sauf exception)...elle le dit pas méchamment mais c'est un peu la honte quand même. Il me semble bien avoir vu une vraie actrice dans Gigi, non!?...et le Golden Globes en 1962... :

[Joe Gillis]

Oui, c'est vrai, on ne la voit plus beaucoup... Une de ses dernières apparitions, c'était au Châtelet en 2010 dans la comédie musicale "A little night music" de Stephen Sondheim, spectacle dont le livret est inspiré de Bergman (Sourires d'une nuit d'été) et qu'hélas je n'ai pas vu, mais qui semble l'avoir enchantée...
Dans sa bio que je viens de finir, elle raconte avec beaucoup d'enthousiasme:

" Le théâtre du Châtelet (...) m'a offert un rôle que je n'aurais jamais osé désirer: la capricieuse Mme Armfeldt dans la comédie musicale A Little Night Music de Stephen Sondheim. Que dire de la joie d'être mise en scène par le plus simple et le plus imaginatif des anglais, Lee Blakeley - je crois que ce sont ceux qui s'amusent en travaillant qui font le travail le plus riche, et Lee s'amuse. Dès la deuxième répétition, il m'a dit: « Vous allez entrer en scène en dansant », j'ai cru qu'il me taquinait puisque le rôle est entièrement joué dans une chaise roulante, et bien pas du tout... Lee a décidé: « Elle a dansé avec Fred Astaire et Gene Kelly, je ne vais pas la laisser dans sa chaise roulante toute la soirée... Elle rentrera en valsant.» Le numéro s'y prête puisqu'il est nommé «Remember».
Bel hommage d'un metteur en scène attentionné....



Ses mémoires sont très agréables à lire. J'ai particulièrement aimé les passages racontant les années de guerre: issue d'une famille très bourgeoise de Neuilly, le monde tel qu'elle le connait s'effondre en 1939 et elle décrit la période d'occupation avec la candeur d'une petite fille de 10 ans. Son arrivée quelques années plus tard à Hollywood après des années de privation est cocasse: il faut l'entendre s'extasier devant son premier T-bone steak commandé par erreur dans un restaurant de Sunset Boulvard!
La description de sa "prise en charge" par l'usine MGM est aussi très savoureuse, on comprend bien le système de fabrication de star avec la multiplication des intervenants pour ses cheveux, ses robes, ses sourcis, ses fréquentations, etc...

Il y a aussi un très beau passage sur Renoir pendant sa période américaine, dont elle est vite devenue très proche. Elle décrit longuement et avec beaucoup de délicatesse le cinéaste dans l'intimité de sa maison de Beverley Hills... On apprend énormément sur le bonhomme qui lui servira en quelque sorte de père de substitution et leur amitié est vraiment touchante.

Sinon, il y a aussi quelques chapitres qui raviront les cœurs de midinette de ce forum, je ne cite personne ( ), mais je vous laisse savourer ce que laisse imaginer certains intitulés:
« Mes débuts de ballerine »
« La vie avec Warren »
« Dépression nerveuse »
Vous êtes prévenus.

Bref, un livre que je conseille pour la description du Hollywood des grands studios, pour le parcours exceptionnel d'une petite française au pays du cinéma (Minnelli, Astaire, Kelly, Walsh quand même!), et surtout pour le ton candide, agréablement enthousiaste, et le regard émerveillé que la danseuse porte sur sa vie.

[styx]

Le théâtre du Châtelet (...) m'a offert un rôle que je n'aurais jamais osé désirer: la capricieuse Mme Armfeldt dans la comédie musicale A Little Night Music de Stephen Sondheim. Que dire de la joie d'être mise en scène par le plus simple et le plus imaginatif des anglais, Lee Blakeley - je crois que ce sont ceux qui s'amusent en travaillant qui font le travail le plus riche, et Lee s'amuse. Dès la deuxième répétition, il m'a dit: « Vous allez entrer en scène en dansant », j'ai cru qu'il me taquinait puisque le rôle est entièrement joué dans une chaise roulante, et bien pas du tout... Lee a décidé: « Elle a dansé avec Fred Astaire et Gene Kelly, je ne vais pas la laisser dans sa chaise roulante toute la soirée... Elle rentrera en valsant.» Le numéro s'y prête puisqu'il est nommé «Remember».

trop la classe là ça sent la création...à l'anglaise

[Rick Blaine]

A l'occasion de la sortie de son autobiographie, une interview vidéo de Leslie Caron:

http://www.telerama.fr/cinema/leslie-ca ... ,70953.php

Réjouissante de fraicheur et de joie de vivre!

[Kimm]

elle fut présente au Châtelet, le 12 mars au soir, pour lire des textes en rapport avec une biographie de Tennessee Williams, en compagnie d'autres acteurs (Irène Jacob, Bruno Putzulu, Jérôme Kircher), avec des intermèdes au piano.
Chaques acteurs se relayaient et parlaient à la première personne du singulier, prêtant donc leurs voix à Tenessee Williams.
Y furent évoquées des grandes figurent du 20e siècle, tels Liz Taylor, Anna Magnani, Françoise Sagan, Tallulah Bankhead, Marlon Brando....avec des anecdotes pour chacun...le tout avec de l'humour et l'esprit séditieux de Tenessee...

Un grand moment de plaisir!!

[jacques 2]

Je vais me démarquer de ce concert de louanges pour une personne qui, au mieux, me laisse parfaitement indifférent (ce qui est de peu d'intérêt en soi) pour me souvenir plutôt de sa pitoyable participation (en tant que membre du jury) au festival d'Avoriaz 1976 au cours duquel avait été présenté le "Texas chainsaw massacre" de Tobe Hooper ...

A cette occasion, elle s'était comportée en dinde écervelée en clamant à qui voulait l'entendre (notamment à Drucker) son indignation face au spectacle proposé : bref, la parfaite idiote incapable de prendre du recul et de même concevoir qu'il puisse exister autre chose comme spectacle que les AMHA désuètes nunucheries roses et bleues qui ont fait sa petite réputation.

Voilà le souvenir que je conserverai pour ma part - ainsi que pas mal d'amateurs de fantastique - de Leslie Caron ...
Et on en trouve témoignage dans les bonus du dvd Collector de Studio Canal ...

[AtCloseRange]

Mon dieu, Leslie Caron ne kiffe pas Massacre à la Tronçonneuse!
Je n'ose imaginer ce que John Wayne, James Stewart ou Gary Cooper en aurait pensé...

[jacques 2]

Mon dieu, Leslie Caron ne kiffe pas Massacre à la Tronçonneuse!
Je n'ose imaginer ce que John Wayne, James Stewart ou Gary Cooper en aurait pensé...

Le problème n'est pas de "kiffer" ou non, gros malin : c'est de ne pas savoir adopter un minimum de réserve ou de retenue lorsqu'on est membre du jury d'un festival ...

A se demander si tu sais lire ou si c'est ta mauvaise foi qui s'impose - malgré toi ? - dans tes propos ...