Miracle en Alabama (Arthur Penn - 1962)
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Miracle en Alabama (Arthur Penn - 1962)
Acheté l'autre jour dans la collection petits prix à 15 euros (entre temps, le Z1 est passé à 5 euros chez dvdsoon...).
Je l'avais vu une première fois il y a de cela une bonne dizaine d'années, et à part le souvenir d'un bon film, il ne me restait rien. A la redécouverte, ce film est une véritable perle.
L'histoire est dure: l'éducation d'une jeune sourde-muette-aveugle par une éducatrice spécialisée, récemment opérée de sa cécité, qui vient de recouvrer la vue.
Au vu d'un sujet pareil, on peut s'attendre au pire mélo. Et pourtant. Loin de tout misérabilisme, le réalisateur déroule son histoire sans artifice, sans s'éloigner de son sujet (aucune scène superflue), en observant avec une précision d'entomologiste le processus d'apprentissage, en laissant tourner sa caméra dans les moments clés.
Si le film ne bascule pas dans le tire-larme, c'est paradoxalement par son sujet. L'apprentissage de la jeune fille donne forcément lieu à des situations tendant vers le comique. Ainsi de la scène ou Anne Bancroft cherche à faire sentir à Patty Duke la différence entre la joie et le mécontentement. Alors oui, on rit, mais il n'y a aucune honte dans ce rire, il est une pause au milieu de l'épreuve.
Le film ne serait rien sans une admirable direction d'acteurs. Ou plutôt d'actrices, puisque la majorité du film oppose l'éducatrice à la jeune fille, Anne Bancroft superbe de retenue à Patty Duke déchainée en jeune sauvage. Une opposition qui tourne à la guerre dans la scène éblouissante mais épuisante où Anne Bancroft, seule dans le salon avec Patty Duke, veut lui apprendre à manger correctement.
La lumière a rarement été aussi bien utilisée pour signifier la différence entre 2 mondes, les voyants et les aveugles: Anne Bancroft est habillée tout de noir, seuls ses mains et son visage, ses outils en qq sorte, sont clairement visibles. Ses scènes avec Patty Duke se déroulent souvent dans une pièce fermée ne laissant paraitre que leur visages. Les scènes de famille sont au contraire plus éclairées.
SPOILER
Symbole de cette distinction, la scène finale où la jeune fille découvre le sens des mots et de sa vie a lieu en plein air en plein soleil.
FIN SPOILER
Bref, je ne suis pas le plus fort pour parler d'un film, mais celui-ci est à voir absolument, un bijou des années 60.
Je l'avais vu une première fois il y a de cela une bonne dizaine d'années, et à part le souvenir d'un bon film, il ne me restait rien. A la redécouverte, ce film est une véritable perle.
L'histoire est dure: l'éducation d'une jeune sourde-muette-aveugle par une éducatrice spécialisée, récemment opérée de sa cécité, qui vient de recouvrer la vue.
Au vu d'un sujet pareil, on peut s'attendre au pire mélo. Et pourtant. Loin de tout misérabilisme, le réalisateur déroule son histoire sans artifice, sans s'éloigner de son sujet (aucune scène superflue), en observant avec une précision d'entomologiste le processus d'apprentissage, en laissant tourner sa caméra dans les moments clés.
Si le film ne bascule pas dans le tire-larme, c'est paradoxalement par son sujet. L'apprentissage de la jeune fille donne forcément lieu à des situations tendant vers le comique. Ainsi de la scène ou Anne Bancroft cherche à faire sentir à Patty Duke la différence entre la joie et le mécontentement. Alors oui, on rit, mais il n'y a aucune honte dans ce rire, il est une pause au milieu de l'épreuve.
Le film ne serait rien sans une admirable direction d'acteurs. Ou plutôt d'actrices, puisque la majorité du film oppose l'éducatrice à la jeune fille, Anne Bancroft superbe de retenue à Patty Duke déchainée en jeune sauvage. Une opposition qui tourne à la guerre dans la scène éblouissante mais épuisante où Anne Bancroft, seule dans le salon avec Patty Duke, veut lui apprendre à manger correctement.
La lumière a rarement été aussi bien utilisée pour signifier la différence entre 2 mondes, les voyants et les aveugles: Anne Bancroft est habillée tout de noir, seuls ses mains et son visage, ses outils en qq sorte, sont clairement visibles. Ses scènes avec Patty Duke se déroulent souvent dans une pièce fermée ne laissant paraitre que leur visages. Les scènes de famille sont au contraire plus éclairées.
SPOILER
Symbole de cette distinction, la scène finale où la jeune fille découvre le sens des mots et de sa vie a lieu en plein air en plein soleil.
FIN SPOILER
Bref, je ne suis pas le plus fort pour parler d'un film, mais celui-ci est à voir absolument, un bijou des années 60.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
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Re: The Miracle Worker / Miracle en Alabama (Arthur Penn)
En tout cas, tu en as admirablement bien parlé et j'en pense exactement la même chose.marcusbabel a écrit : Bref, je ne suis pas le plus fort pour parler d'un film, mais celui-ci est à voir absolument, un bijou des années 60.
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Disons plutôt que toi, tu le préfères.CaptainBlood a écrit :Film assez décévant car trop répétitif pour moi. Il faut largement préférer l'Enfant Sauvage de Truffaut.
Cependant j'avoue que la scène dans la salle à manger est vraiment très forte, et donne le ton quand à la difficulté de la tache à accomplir.
Perso je prend beaucoup plus de plaisir au film de Penn, ayant beaucoup de mal avec le fil de Truffaut.
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Ce que je n'aime pas dans le film de Penn, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'évolution dans l'éducation, et le comportement de la jeune fille, on lui rabache les mêmes choses pendant tout le film, elle ne comprend qu'à la toute fin. Alors que dans le film de Truffaut, on est témoin des progrès du garçon pendant la durée du film, les méthodes pour son éducation change en fonction de ces progrès, et je trouve ça beaucoup plus intéressant.
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THE MIRACLE WORKER
Probablement le chef-d'oeuvre de Penn avec, dans un registre bien différent, le postérieur BONNIE & CLYDE plus facile d'accès.
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En entendre si bien parler par marcusbabel me donne une grande envie de revoir ce film d'une force rare. je le considère également comme la réussite majeure d'Arthur Penn.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Les deux films sont bons mais je pense également que l'envergure de Penn en tant que cinéaste pur n'est pas comparable avec celle de l'ami François.Jeremy Fox a écrit :Disons plutôt que toi, tu le préfères.CaptainBlood a écrit :Film assez décévant car trop répétitif pour moi. Il faut largement préférer l'Enfant Sauvage de Truffaut.
Cependant j'avoue que la scène dans la salle à manger est vraiment très forte, et donne le ton quand à la difficulté de la tache à accomplir.
Perso je prend beaucoup plus de plaisir au film de Penn, ayant beaucoup de mal avec le fil de Truffaut.
Night of the hunter forever
Caramba, encore raté.
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Le film est très fidèle à l'autobiographie d'Helen Keller, Sourde, muette, aveugle, et il est vrai que ses progrès ont été très laborieux... Ils le seraient à moins !... La ténacité de cette gamine farouche et de son éducatrice sont d'autant plus louables et mis en valeur dans le film.CaptainBlood a écrit :Ce que je n'aime pas dans le film de Penn, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'évolution dans l'éducation, et le comportement de la jeune fille, on lui rabache les mêmes choses pendant tout le film, elle ne comprend qu'à la toute fin. Alors que dans le film de Truffaut, on est témoin des progrès du garçon pendant la durée du film, les méthodes pour son éducation change en fonction de ces progrès, et je trouve ça beaucoup plus intéressant.
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Film poignant et très intéressant je pense justement sur le fait que cela évolue lentement : forcément ça rabache, la tache n'est pas des plus faciles, l'entetement de l'éducatrice est fascinante d'humanité...
J'avais été marquée par ce film petite et aussi l'Enfant Sauvage, mais il faudrait que je les revoies pour juger entre les deux. Mais je pense que Miracle ... est plus puissant, dans le sens que Truffaut dans l'Enfant... prend le parti de "civiliser" le garçon, procédé qui déja me dérange...
D'ailleurs connaissez-vous la version hilarante de Gotlib de l'Enfant Sauvage ? C'est dantesque, et mine de rien c'est un beau reflet du film.
J'avais été marquée par ce film petite et aussi l'Enfant Sauvage, mais il faudrait que je les revoies pour juger entre les deux. Mais je pense que Miracle ... est plus puissant, dans le sens que Truffaut dans l'Enfant... prend le parti de "civiliser" le garçon, procédé qui déja me dérange...
D'ailleurs connaissez-vous la version hilarante de Gotlib de l'Enfant Sauvage ? C'est dantesque, et mine de rien c'est un beau reflet du film.
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Je connaissais la version de Gotlib avant celle de Truffaut... donc forcément j'ai eu beaucoup de mal avec la version d'origine !fée clochette a écrit : D'ailleurs connaissez-vous la version hilarante de Gotlib de l'Enfant Sauvage ? C'est dantesque, et mine de rien c'est un beau reflet du film.
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phylute a écrit :Je connaissais la version de Gotlib avant celle de Truffaut... donc forcément j'ai eu beaucoup de mal avec la version d'origine !fée clochette a écrit : D'ailleurs connaissez-vous la version hilarante de Gotlib de l'Enfant Sauvage ? C'est dantesque, et mine de rien c'est un beau reflet du film.
ha ha oui je comprends, en effet ....
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Je préfère de loin le Penn au Truffaut.
The Miracle Worker est à mon sens le chef-d'oeuvre le plus authentique de Arthur Penn, avec Bonnie & Clyde et The Chase.
Histoire poignante, interprétation magistrale (mention à Bancroft), mise en scène parfaite, photo noir et blanc splendide.
Bref, une oeuvre en tous points remarquable.
The Miracle Worker est à mon sens le chef-d'oeuvre le plus authentique de Arthur Penn, avec Bonnie & Clyde et The Chase.
Histoire poignante, interprétation magistrale (mention à Bancroft), mise en scène parfaite, photo noir et blanc splendide.
Bref, une oeuvre en tous points remarquable.