Pour ceux qui ne l'ont pas vu, ne ratez pas le film diffusé sur Paramount Channel de temps en temps en ce moment.Ducdame a écrit :
The File on Thelma Jordon ( Robert Siodmak 1950) La Femme à L'Echarpe Pailletée (le titre français pour moi, qui viens de voir le film, reste un mystère)
Visiblement avec ce film la Paramount tentait de renouveler le succès de Double Indemnity au travers, au moins, de sa protagoniste Barbara Stanwyck. Preminger fut pressenti pour diriger un film sur un scénario destiné à replacer l'actrice dans un rôle de "Femme Fatale": c'est dans ce contexte que naît le personnage de Thelma Jordon, qui pour sortir blanchie d'un meurtre dans lequel son malfrat d'amant / souteneur est également impliqué, séduit le procureur qui devra à terme être celui de son procès. Elle en tombera amoureuse.
Les délais et reports occasionnés par Preminger aboutiront à ce que Siodmak dirige ce film, lequel sera sa dernière incursion dans le genre noir aux USA. Le résultat ne fut sans doute pas à la hauteur des espoirs qu'il portait car le film dormit dans les tiroirs une bonne année avant de connaître un début d' exploitation commerciale.
On a bien la sensation contradictoire d'assister à une oeuvre parfois efficace et même brillante par accès, et d'autre part de se trouver, par moments, devant un produit assez formaté, n'innovant pas vraiment et présentant une histoire mille fois racontée: Siodmak accomplissant son ouvrage avec une certaine anémie, il ne tente jamais , s'il les respecte avec compétence, de transcender un tant soi peu les codes du genre. En tout cas pas assez.
Malgré cela , il est inenvisageable de nier un résultat final de bonne qualité si on accepte le flottement de certains passages, le manque de rigueur de la mécanique, un "plot" qui tarde à se mettre en place, un personnage de procureur alcoolique trop caricatural et livré à lui-même au début du film (son cas et son jeu s'arrange considérablement bien par la suite), etc.
Mais dans cette classique histoire s'invite aussi une solide critique de la middle class et de ses usages ridicules ou de sa médiocrité, univers dans lequel est lui même englué le procureur Cleve Marshall: sa fascination pour Thelma le conduira loin de ses démons et lui rendra une certaine foi en la vie malgré les risques. Même devant le crime (une des meilleures séquences de tout ce que je connais de Siodmak dans la maîtrise des cadres , des ombres, du suspense), même devant les vérités qui apparaissent peu à peu au cours du procès, sa fascination pour Thelma ne faiblira pas. Et c'est dans ce personnage incarné par Stanwyck qu'il faut enfin s'enrichir de l'innovation attendue: beaucoup moins archétypale que dans Double Indemnity, moins sulfureuse et distante du spectateur, son évolution, bien qu'ambigüe, ne laisse d'étonner et de dérouter le public qui attend la garce mais ne la voit pas vraiment venir. Et pourtant.... La fin propose un twist totalement surprenant et la scène finale peut se réclamer du meilleur mélodrame "sirkien".
Un bilan en demi-teinte pour le cinéphile multi-cartes mais un résultat enthousiasmant pour l'amateur du genre qui trouvera avec ce film rare que Paramount devrait absolument éditer une perle de plus pour nourrir ses rêves en noir et blanc.
La partie procès est un peu molle et le naïf et trop peu sympathique Wendell Corey ne fait pas le poids face à une Barbara Stanwyck en pleine schizophrénie (et qui n'est pas non plus à la fête à vrai dire). A son sujet, il est étonnant de constater que les deux acteurs seront associés à l'écran pratiquement à trois reprises successives, La Femme à l’écharpe pailletée se situant entre Raccrochez, c'est une erreur et Les furies (dans lequel Corey est meilleur dans un rôle plus adéquate).

