hansolo a écrit :Le début de l'intervention de la Cinémathèque (tu sais qui t'as répondu?) est d'une mauvaise foi assez déconcertante!
Il est a la limite de te traiter d'imbécile, de prétendre que tu ne sais pas qu'une bande son n'est pas intégrée dans un muet

... alors qu'il est évident que ce n'est pas le sujet de ton mécontentement.
Le mail était signé Jean-François Rauger. Effectivement il était complètement hors-sujet dans la première partie, mais à sa décharge mon email lui a peut-être paru trop vindicatif, et selon ses standards il s'est dit qu'il avait affaire à un ignare complet, qui sait ? Peut-être reçoit-il aussi beaucoup d'emails de ce genre et cela finit-il par l'exaspérer ? En tout cas j'aurais appris une chose dans cette histoire : la Cinémathèque française fait des choix étranges, largement discutables et paraît fermée à tout dialogue (voire snobe complètement ses interlocuteurs).
yiannis a écrit :Malheureusement, je n'ai pas pu assister a la projection du Prince Etudiant avec Jacque Cambra a la Cinematheque, un film que j'aime beaucoup. Et naturellement, je garde de merveilleux souvenirs de la Rochelle avec Jaques accompagnant la Divine avec passion dans ses films muets.
Yiannis, si tu vas souvent à La Rochelle, alors comme tu peux t'en douter ça a été un grand moment, comme à chaque fois avec Jacques Cambra (mais de toute façon je ne pourrai jamais être objectif). Bon ce n'était pas l'atmosphère de la fameuse Salle Bleue de La Coursive mais c'était tout de même un moment magique (La Salle Bleue est à mes yeux une "grande" salle pour les films muets, bien moins confortable que la salle Langlois de la Cinémathèque mais avec une ambiance bien plus proche du film). C'est le genre de séance qui fait que les gens tombent instantanément amoureux avec le cinéma muet, quelque soit la relative qualité du film parce que Cambra est juste incroyable, il sublime le film sans lui voler la vedette. Il a d'ailleurs reçu une très belle ovation à la fin.
Evidemment, Greta Garbo en terme d'intensité, c'est difficile à dépasser (impossible sans doute). Mais j'ai tout de même eu plusieurs fois les larmes aux yeux avec Le Prince Etudiant. Ramon Novarro et Norma Shearer (la fille de l'aubergiste à Heidelberg) forment un couple vraiment touchant dans cet amour impossible qui devra céder face aux raisons d'état, et le Prince épousera malgré lui la princesse qui lui est destinée.
Autant la première partie est légère et parfois très drôle, autant la deuxième partie est d'une tristesse ! Le retour du prince dans un Heidelberg dévasté (tout a changé !) est en ce sens un des plus grands moments du film, avec la scène finale du cortège des jeunes mariés. Le dernier intertitre du film : "Que ça doit être bien d'être roi !" se dit un homme dans la foule venue acclamer le couple royal, alors que Ramon Novarro dans le carrosse royal affiche un visage totalement défait.
Peut-être quelques longueurs sur la deuxième partie, mais ça reste un excellent muet (par contre sans accompagnement musical j'ai peur que ça puisse être très long).
A noter la présence du jeune Philippe de Lacy (inoubliable dans
Love, n'est-ce pas ?) qui interprète le prince dans ses premières années.
Ann Harding a écrit :cinephage a écrit :Ainsi, un cycle consacré aux studios Albatros aurait un cout énorme, et pourrait se voir préférer un cycle plus moderne. Déja qu'un muet attire moins de monde, mais si ça coute beaucoup plus cher, en plus...
En fait, si tu consultes le programme tu verras que pour le cycle Albatros -justement- la cinémathèque a programmé presque tous les films avec de la musique. J'ai d'ailleurs noté la présence de deux grands noms de l'accompagnement musical: le pianiste britannique Neil Brand et l'américain Timothy Brock (ceux-là, il ne faut pas les manquer!).
Pour réduire les coûts, ils pourraient très bien prendre des stagiaires du conservatoire. J'ai assisté à plusieurs scéances lors d'un festival aux Invalides avec de jeunes étudiants au piano qui accompagnaient les films avec énormément de talent. Je ne crois pas qu'établir un partenariat avec le conservatoire, par exemple, serait tellement difficile....
Je ne suis pas vraiment d'accord avec toi Cinephage, les 3 séances avec accompagnement étaient bien remplies, et pour Le Prince étudiant, c'était archi complet. Par exemple pour Ninotchka programmé à 21h le samedi la salle n'était pas pleine ! Ninotchka quand même ! Mince alors ! Un des meilleurs Lubitsch, avec une Greta Garbo dans un de ses meilleurs rôles du parlant.
Et de manière générale, si on met en valeur le muet et qu'on passe les films dans les meilleures conditions possibles, alors le public accroche et en redemande ! Pour les néophytes, c'est comme un nouveau monde qui offre des perspectives insoupçonnées. Et il n'y a pas de secret, le résultat est proportionnel aux efforts consentis.
Si on veut promouvoir le muet à l'économie, ça ne marchera pas c'est évident. A ce sujet il faut quand même noter les efforts de la Cinémathèque pour la rétrospective des films de l'Albatros. Bon ok les mauvaises langues diront que ce luxe de moyens n'est pas un hasard, étant donné les liens historiques entre la Cinémathèque et les films de l'Albatros (c'est d'ailleurs ce que je pense

).
Sinon j'ai vu sur le programme que plusieurs de ces films étaient colorisés, que faut-il en penser exactement ? S'agit-il simplement de teintes classiques ou d'une vraie colorisation ? Parce que vu sous cet angle là j'ai affreusement peur du résultat visuel.
Pour ce qui est de trouver des accompagnateurs à moindre coût, ton idée Ann Harding paraît être une très bonne solution, non ?
Sinon pour ce qui est des 2 autres accompagnements, il y a eu Gaël Mevel pour Sumurun et Karol Beffa pour La Chatte des montagnes.
Gaël Mevel s'en est plutôt bien sorti après 10 premières minutes assez laborieuses (il alternait entre piano et violon), et a réussi à créer une atmosphère avec assez peu d'effets et de nombreux silences pas désagréables tout compte fait. Dont une scène sublime au violon où Lubitsch pleure le départ de sa danseuse Pola Negri dont il est fou amoureux (la belle et la bête

). Franchement j'avais tellement lu d'avis négatif sur le film que j'ai été très agréablement surpris. Et Pola Negri est évidemment flamboyante, une très belle tragédienne et non une vulgaire vamp.
Pour Karol Beffa (c'était sa première à la Cinmathèque, il sévit d'habitude au musée d'Orsay), j'ai trouvé ça très très en dessous, et ça a failli me gâcher le film. Si j'avais un conseil à donner c'est : "évitez-le si vous pouvez". J'ai l'impression qu'il n'a pas du tout compris le film. On se serait cru à une marche funèbre pendant quasiment 2 heures, sans aucune nuance, sans aucune fantaisie. Un peu désolant, parce que La Chatte des montagnes est un film incroyablement riche (difficile à accompagner par là-même), je m'attendais à une grosse farce comme Les Filles de Kohlhiesel par exemple, et bien non ! Au contraire, ce film est juste d'une immense beauté, souvent sur la corde raide, mélangeant dans un même plan du comique pur et du désespoir profond, visuellement les paysages et les décors excentriques sont exceptionnels, et il y a beaucoup de poésie au milieu des scènes de "bouffonnerie" typiques de Lubitsch. Quant à Pola Negri, elle renverse tout sur son passage, une vraie tornade. Bien sûr !
Bref, un film fascinant, à voir absolument.