C'est que de nombreux zone 1 sont en réalité TOUTES ZONES . C'est le cas des Critérion (J'ignore s'ils le sont tous), de nombreux Warner et des DVDs produits par certains petits éditeurs.Vanning a écrit :Pour ça, faudrait que je le réemprunte à l'ami qui me l'avait passé. J'ai été d'ailleurs surpris de pouvoir lire un zone 1 sur mon PC... L'ami en question m'en a prêté un autre, une édition criterion, The Ratcather, un très beau film indépendant, sorti en 2000 je crois, mais là, on s'éloigne du sujet... (ce n'est pas un film noir)..André Jurieux a écrit :Comme çà en fait beaucoup, si tu veux dire un mot sur Highway 301, c'est OK pour moi.
Question : je me demande comment tu fais pour trouver le temps de voir tous ces films ! c'est carrément impressionnant !
Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
André Jurieux a écrit : Merci pour ces infos car j'ignorais qu'un DVD était sorti. Moi aussi d'ailleurs il m'intéresse mais avant d'investir quelques dollars dans la chose, ce serait bien que Rick Blaine nous dise quelques mots sur l'état de la copie. De mon coté je n'ai aucune expérience avec cet éditeur .
Je l'ai mis en haut de ma pile, je regarde ça bientôt, normalement Olive fait du bon boulot.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
C'est vrai que j'aurais du parler un peu plus de Norman Panama et de son complice de toujours Melvyn Frank. Quand l'un produisait, l'autre souvent réalisait et ils étaient assez souvent co-scénaristes de leurs films.Filiba a écrit :carrément ouiJeremy Fox a écrit :Il me semblait bien avoir vu ça. Attention cependant ; j'en dis du bien mais du haut de mes 13 ou 15 ans ; il m'avait marqué en tout cas. Il n'est pas impossible que je craque en faisant l'effort de le regarder sans sous titres car au vu de l'avis d'André, il vaut effectivement le coup d'oeil.
je n'ai vu de Norman Panama qu'une comédie pas terrible avec Tony Curtis et George C Scott en généraux volages. ce "Trap" a l'air d'un autre calibre
Mais THE TRAP c'est presque l'ovni dans leur filmo car ils ont tourné essentiellement des comédies avec Kaye, Bob Hope, Janet leigh. J'en ai vu 2 pas terribles mais pas celle dont tu parles. La plus connu c'est "Le
bouffon du roi" qu'ils ont coréalisé. Il y a néanmoins un autre ovni, c'est LE GRAND SECRET avec Robert Taylor, Eleanor Parker et James Whitmore, un truc pour moi épouvantable mais qui a des amateurs sur
les tourments du pilote de l'Enola Gay.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
Pas désagréable d'ailleurs celui-ci à condition de ne pas être allergique à Danny Kaye, ce qui n'est pas mon cas.André Jurieux a écrit : La plus connu c'est "Le bouffon du roi" qu'ils ont coréalisé.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
C'est assez mou comme film, sans grand intérêt. Heureusement, pour moi, il y a Eleanor Parker, mais ça ne suffit pas vraiment à le sauver.André Jurieux a écrit : Il y a néanmoins un autre ovni, c'est LE GRAND SECRET avec Robert Taylor, Eleanor Parker et James Whitmore, un truc pour moi épouvantable mais qui a des amateurs sur
les tourments du pilote de l'Enola Gay.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
Réponse condensée aux 2 messages de federico qui a l'air de préférer Tina Louise à mon copain Lee J. Cobb...Ben tu m'étonnes ! Déjà un gars qui se fait appeler federico (c'est pour Bahamontes, le gars qui faisait du vélo ?) et qui t'énerves avec une photo
d'Angie Dickinson à chaque fois que tu vois son pseudo, forcement il doit pas avoir de poster de Raymond Burr au dessus de son lit.
Pas de commentaire au sujet de Tina Louise. On a compris que je ne l'aimais pas et OK sur le De Toth, c'est un chef d'oeuvre et elle y est excellente.
Par contre sur mon copain bougon, là je suis moins d'accord. C'est vrai il fait toujours la gueule et est souvent sur le même registre mais.. il le fait bien. En fait à ses débuts on lui a offert des rôles assez différents mais à partir de la fin des années 40 avec
Johnny O'Clock, Boomerang et ensuite dans l'excellent "Bas-fonds de Frisco" , il n'a plus beaucoup bougé. Mais j'aime pourtant encore certaines de ses prestations "extrêmes" dans "L'homme de l'ouest" ou "Les 4 cavaliers..." .
Enfin, j'ai pas vu le remake de Double Indemnity. Le polar 70's, c'est loin d'être ma spécialité. En l'occurrence, je ne sais pas qui était le présomptueux ! A ce stade là, la confiance en soi c'est de l'inconscience.
d'Angie Dickinson à chaque fois que tu vois son pseudo, forcement il doit pas avoir de poster de Raymond Burr au dessus de son lit.
Pas de commentaire au sujet de Tina Louise. On a compris que je ne l'aimais pas et OK sur le De Toth, c'est un chef d'oeuvre et elle y est excellente.
Par contre sur mon copain bougon, là je suis moins d'accord. C'est vrai il fait toujours la gueule et est souvent sur le même registre mais.. il le fait bien. En fait à ses débuts on lui a offert des rôles assez différents mais à partir de la fin des années 40 avec
Johnny O'Clock, Boomerang et ensuite dans l'excellent "Bas-fonds de Frisco" , il n'a plus beaucoup bougé. Mais j'aime pourtant encore certaines de ses prestations "extrêmes" dans "L'homme de l'ouest" ou "Les 4 cavaliers..." .
Enfin, j'ai pas vu le remake de Double Indemnity. Le polar 70's, c'est loin d'être ma spécialité. En l'occurrence, je ne sais pas qui était le présomptueux ! A ce stade là, la confiance en soi c'est de l'inconscience.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
Je suis quasi certain d'avoir vu ce film (et donc Curtis en boxeur sourd) mais une piqûre de rappel semble s'imposer après ta lecture qui fait envie. Envie aussi de redécouvrir Jan Sterling, actrice qui semble un peu à part si j'en crois le chapitre que lui consacra Philippe Garnier dans Caractères : moindres lumières à Hollywood. Car cette habituée aux rôles de garces sexy au langage fleuri faisait partie de ces rares actrices hollywoodiennes issues de la "haute" (comme Gene Tierney ou les soeurs de Haviland) et semble avoir été une sacrée nana (même si il faut toujours se méfier un peu des sympathiques exagérations de Garnier, jamais le dernier pour en rajouter une couche).André Jurieux a écrit : FLESH AND FURY. Joseph Pevney. 1952
Avec Tony Curtis (Paul Callan), Jan Sterling ( Sonya Bartow), Mona Freeman (Ann Hollis) et Wallace Ford (pop Richardson)
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Jan Sterling est stupéfiante dans ce rôle. Sa sensualité et sa vulgarité, sa méchanceté qu'elle parvient à dissimuler à Paul mais que l'on perçoit nous spectateurs sont hors du commun et pour autant l'interprétation qu'elle donne de cette garce modèle n'est pas sans nuances. Mais l'appât du gain est pour elle primordial. Elle ne pense qu'a exploiter le talent de boxeur de Paul...qui en prendra conscience bien tard. D'autre part un certain nombre de scènes montrant la sensualité de Sonya sont assez audacieuses. Il faut la voir et surtout l'entendre hurler pendant les combats de boxe...et ses cris sont très évocateurs...(ou alors faut me traiter d'obsédé). Plus tard, alors que l'on croit qu'ils sont amants depuis longtemps, elle fera à Paul une promesse de récompense exceptionnelle on ne peut plus explicite. Bref, une comme on aimerait en rencontrer plus souvent (oui, je parle bien de cinoche).
Sur la photo ci-dessus, je lui trouve une étonnante ressemblance avec... Ludivine Sagnier.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
Désirant remplacer ma vieille copie VF (VHS repiqué sur dvd), je m'étais intéressé à la parution du dvd/br. Voici deux liens qui pourront donner un aperçu de la copie concernant le blu-ray.André Jurieux a écrit :Réponse collective au sujet des DVD et BR de THE TRAP
Merci pour ces infos car j'ignorais qu'un DVD était sorti. Moi aussi d'ailleurs il m'intéresse mais avant d'investir quelques dollars dans la chose, ce serait bien que Rick Blaine nous dise quelques mots sur l'état de la copie. De mon coté je n'ai aucune expérience avec cet éditeur .
Maintenant pour les non "anglo-comprenant" ce n'est pas un film facile. Les dialogues sur l'ensemble du film ne sont pas d'une très grande densité mais dans de nombreuses séquences les dialogues fusent et s'enchainent. Tout le monde à dans l'oreille le débit rapide et sec de
Widmark.
Cela dit, il est toujours possible d'ajouter une piste audio française ou un fichier de sous-titres sur n'importe quel dvd. Si j'achète ce DVD c'est d'ailleurs ce que je vais faire. Si çà intéresse quelqu'un, j'avais fait il y a quelques temps pour un ami un dossier office expliquant en
détail toute la procédure : les quelques programmes obligatoires, etc...Après quelques tâtonnements et après avoir exécuté toute l'opération 2 ou 3 fois, çà ne prend pas plus de 1h30 pour ajouter une piste audio ou un fichier de st sur un DVD.
Pour ceux qui ne voudrait que le fichier de st de "the trap", çà s'envoie très bien en pièce-jointe dans une messagerie.
http://www.blu-ray.com/movies/The-Trap- ... 15/#Review
http://www.dvdbeaver.com/film4/blu-ray_ ... lu-ray.htm
Je n'ai finalement pas encore craqué pour son achat, attendant une éventuelle sortie zone 2 avec stf. Mais dans le doute et si il est possible d'avoir un fichier st

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
Enfin vu et... trouvé vraiment pas terrible. Comme l'a écrit André Jurieux, le début instaure un climat très intéressant (l'interrogatoire de Gene Barry, la violence sèche, sans une once de gras comme lorsque le premier flic se fait dessouder alors qu'il téléphone) mais hélas très vite, les belles promesses se dégonflent comme un vieux soufflé (on devine tout à l'avance, comme l'explosion de la bagnole). On est entre le téléfilm standard et le scénario bâclé pour tenir les quatre pages d'un comic book à 20 cts. Par moment si médiocre que ça en devient risible à l'image du reporter qui capture pile-poil le passage à tabac (et je ne parle même pas de l'attitude finale stupide du personnage interprété par Gloria Grahame qui au lieu d'aller s'enfermer gentiment dans un hôtel se jette dans les emmerdes pour évidemment se faire tuer).André Jurieux a écrit :
NAKED ALIBI. ALIBI MEURTRIER. Jerry Hopper. 1954
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Petit correctif au texte d'André : si la chanson est sympa, on voit tout de suite qu'elle n'est pas chantée par la divine Gloria (non seulement sa voix est méconnaissable mais elle assure mal son play back).


Bon, l'interprétation maintenant... Très inégale. Gene Barry est pas trop mal en psychopathe mais ça m'a fait mal de voir Sterling Hayden en mode plan-plan, comme ça a pu lui arriver à l'époque (par exemple dans Je dois tuer). Cet acteur qui fut si fabuleux ailleurs était souvent en délicatesse avec son métier. A la différence d'un Mitchum auquel il fut souvent comparé pour sa personnalité, j'ai toujours eu le sentiment qu'il avait beaucoup plus de mal à jouer le jeu quand il sentait que le film était mineur (preuve que son anti-conformisme était bien plus réel que celui du grand Bob). Ici, il est clairement peu concerné mais comment lui en vouloir après avoir tourné la même année Johnny Guitare. M'enfin, de là à rester de bois lorsque Gloria lui fait des suçons dans le cou, soit le genre de truc qui défroquerait le plus vénérable des yogis des confins de l'Himalaya... Il faisait le calcul d'une pension alimentaire ? Il pensait à un mur de briques ? A jouer Youpla dans la 5ème ?


Quant à Gloria Grahame, toujours aussi troublante mais une fois de plus (de trop, oserai-je dire) la voici cantonnée à la réception de baffes par un compagnon cyclothymique, à l'emploi de brave fille-pas-d'bol qui s'attire les embrouilles comme le miel les ours. Bref, de "cendrier humain" pour reprendre l'expression si imagée de Philippe Garnier. Pas pu m'empêcher de trembler lors des deux scènes où elle s'approche d'une cafetière brûlante...

Ajoutons la présence du petit Billy Chapin qui sera l'année suivante dans deux joyaux : Les inconnus dans la ville et surtout La nuit du chasseur.
Hopper aurait tourné ce film très modeste et oubliable en un mois. Ça laisse songeur comparé à ce qu'Aldrich nous bichonnera peu après en juste trois semaines...

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco
Puisqu'il me semble que ce Topic a été abandonné par son initiateur ( ben quoi ? ) et étant très intéressé par le sujet ( Inde seau watt ? ), super compétent sur le film noir puisque comme machin ( Qui çà ?...L'aviateur ) j'en ai vu une bonne trentaine, j'ai décidé comme çà en plein accord avec moi-même de le reprendre et de le poursuivre (même pas pour semer ma zone, juste parce que j'aime çà). De toute façon, j'aurais aucun mal à faire pas plus mal parce que vraiment c'était pas terrible. Débuts sur les chapeaux de roue avec 2 films de Don Siegel .
Dernière modification par kiemavel le 22 avr. 13, 07:59, modifié 1 fois.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

LES RÉVOLTÉS DE LA CELLULE 11 ( RIOT IN CELL BLOCK 11). Don Siegel. 1954
Avec Neville Brand (Dunn), Leo Gordon (Carnie), Emile Meyer (Warden), Frank Faylen (le commissaire Haskell), Robert Osterloh (Colonel), Whit Bissell (le gardien Snader)
Dans la prison de Folsom en Californie, une nuit, un détenu parvient par ruse à assommer un des gardiens et à s'emparer de ses clés. Il libère les autres détenus qui à leur tour neutralisent la totalité des gardiens du bloc 11. Après un moment d'anarchie et d'euphorie au cours de laquelle les détenus détruisent le bloc, l'un d'eux, Dunn, parvient à rétablir l'ordre et à convaincre ses camarades de se servir des otages pour faire pression sur la direction et obtenir ainsi une amélioration de leurs conditions de détention. Si leurs demandes ne sont pas satisfaites, ils menacent d'exécuter les gardiens capturés. Les négociations avec l'administration pénitentiaire commencent…
L'initiateur du projet était le producteur Walter Wanger, qui venait d'être libéré après avoir passé plusieurs mois en prison pour avoir tiré sur Jennings lang, l'impresario…et l'amant de sa femme Joan Bennett, laquelle a aussi été sans doute la maitresse de Fritz Lang (Pas de commentaires déplacés svp. Celui qui me dit que Joan aimait particulièrement les Lang sera mis sur la liste noire du Topic). Wanger avait déclaré qu'il tenait absolument à ce film car il avait été choqué par les conditions d'emprisonnement épouvantables qu'il avait vu à San Quentin et de fait "les révoltés…" dresse un constat accablant -mais pas nouveau et d'ailleurs toujours d'actualité- sur les conditions d'incarcération. Dans le désordre, on y évoque ce qui a trait à la vie quotidienne et matérielle dans les prisons (la surpopulation, la saleté, la vétusté, la nourriture insuffisante ou infecte) qui trahissent un manque de respect du détenu. Ensuite, tout ce qui est en rapport avec la santé mentale des prisonniers : ils évoquent leur ennui, leurs frustrations, leur désœuvrement ( ils réclament de pouvoir travailler) et enfin ils dénoncent le climat général d'insécurité en raison notamment de la présence de malades mentaux dangereux, qui devraient être incarcérés dans des structures distinctes, au milieu des autres détenus.
Rien de bien nouveau sur le fond car ce sont des poncifs du film de prison mais ce constat est assez bien amené par petites touches et on en a la démonstration par des évènements qui se produisent tout au long du récit plutôt que par le dialogue, dans de longues tirades plus ou moins inspirées. D'autre part, si le propos n'est pas très original, j'ai toutefois rarement vu un panorama aussi complet de la situation. Si le film se veut sérieux et documentaire, ils s'ouvrent d'ailleurs sur des scènes d'archives montrant des d'émeutes véritables qui s'étaient déroulés aux USA au cours des années précédentes, Siegel n'hésite pas a faire du cinéma pour donner du poids au plaidoyer sans pour autant se servir de l'alibi du film à thèse pour faire du spectaculaire et du tape à l'oeil. A aucun moment il ne fait son "fils de pute" comme il aimait à se qualifier parfois quand il s'exprimait au sujet de certains des grands succès commerciaux de sa fin de carrière. Il ne cède rien au sensationnalisme, n'emploie pas non plus les grosses ficelles dramatiques du "film de prison" mais il fait du cinéma, nuance.
Au début de l'émeute, les travelings qui accompagnent les courses des prisonniers dans les longs couloirs, les points de rencontre brutaux entre les détenus et les gardiens puis le saccage des cellules d'une artère du bloc, vu d'une extrémité du couloir, la caméra posé au sol avec la multitude d'objets divers volant en l'air dans un désordre indescriptible, nous donnent des plans très "beaux" et assez spectaculaires. Plus tard, certains objets seront recyclés par les détenus, notamment par ceux qui ont eu l'expérience de la guerre pour en faire des armes. Plus tard encore, l'occupation de la cour centrale de la prison par la totalité des prisonniers qui tournera à l'affrontement avec les dizaines de policiers mobilisés sera encore spectaculaire ( on en avait déjà vu une variante dans "Les démons de la liberté" de Jules Dassin) mais ensuite le rythme se calmera.
La tension entre les deux camps sera encore présente mais Siegel montrera davantage les tensions à l'intérieur des camps respectifs. Tout cet aspect sera d'une grande richesse mais le film en deviendra presque trop intelligemment construit, trop prémédité et habile semblant vouloir faire le tour de toutes les relations pouvant s'établir dans une telle situation, entre les camps opposés et à l'intérieur des 2 camps, s'attachant à décrire plus particulièrement quelques personnalité emblématiques.
Du coté des détenus, ce sera leur leader Dunn, très bien incarné par Neville Brand dans un de ses rares premiers rôles. Il occupe une position centrale parmi les détenus pas seulement en tant que porte parole des revendications. Il est aussi moralement et concrètement au centre, prêt à aller jusqu'à mettre ses menaces à exécution mais il n'est pas dans une démarche suicidaire. Il est donc aussi le lien possible entre ceux des détenus qui se refusent à user de violence, dont le porte voix est "l'intellectuel", un ancien colonel incarcéré pour avoir tuer accidentellement un passant, et les plus radicaux dont le leader est Carnie (Leo Gordon). Mais les positions complexes et contradictoires on les aura aussi de l'autre coté des murs de la prison. L'opposition sera tout aussi grande entre le directeur, ferme mais humain et son supérieur hiérarchique qui ne veut rien céder et qui est prête à provoquer un bain de sang plutôt que d'accéder aux revendications pourtant raisonnables des détenus.
Entre les deux camps , on aura aussi des scènes de fraternisation entre des hommes qui au fond se ressemblent, ainsi ces gardiens ( à 50 $ par mois comme dira l'un deux) qui constateront qu'ils viennent des mêmes milieux que ceux qu'ils gardent. En dehors du chaudron mais pas épargnés non plus, les politiques. Le gouverneur sollicité pour prendre une décision tergiversera longuement près à risquer une radicalisation du conflit plutôt que de prendre une décision tranchée qui risquerait de lui nuire politiquement. Il est surtout obsédé par "ce qu'en pense l'opinion". Les journalistes ne le sont pas plus. Alors que les prisonniers pensent qu'ils seraient un bon relais pour se faire comprendre, eux ne pensent qu'à fabriquer des articles chocs. Ainsi lorsque Dunn se montrera derrière des grilles avec dans les mains une chaine et une matraque, les "armes" de travail d'un gardien violent (incarné par Whit Bissell) ils voudront qu'il prenne un air féroce seule chance pour lui de faire la une.
Fin honnête, à l'image du film, ni tout à fait désespérée, ni un happy end pour ce qui est pour moi un des meilleurs films de prison des années 50.
Un mot rapide sur les interprètes secondaires. Mention spéciale à Leo Gordon, un authentique ancien détenu dont la présence physique est saisissante. Siegel déclarera à son sujet qu'il était je cite "L'homme le plus terrifiant qu'il ai jamais rencontré". Il devait bien aimé parce qu'il l'emploiera à nouveau dans L'ennemi Public (Baby Face Nelson), film dans lequel il jouera John Dillinger. Autre comédien qui travailla plusieurs fois sous la direction de Siegel (lui aussi dans B.F.N, puis dans The Lineup), Emile Meyer une sorte de sous Broderick Crawford campe un assez subtil directeur de prison défenseur des détenus ! Pour l'anecdote il sera aussi du casting d'un film de prison fauché qui utilisera des chutes du film de Siegel La révolte est pour minuit (Revolt in the big house) de R. G. Springteen
Vu en VF et en VOST. Ce film est passé dans les 2 versions sur une/des chaines françaises.

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The Gun Runners
Trafiquants d'armes à Cuba - The Gun Runners . Don Siegel. 1958
Sam Martin (Audie Murphy), qui vivote difficilement à Key West en Floride en emmenant pêcher des touristes, est trompé par son dernier client, un homme qu'il avait baladé pendant des jours. Alors qu'il lui devait 1000 $, cet homme est embarqué par la police pour avoir multiplier les escroqueries. Harcelé par ses fournisseurs et dans l'impossibilité , une nouvelle fois, de rembourser les traites de son bateau, il tente sa chance autour d'une table de jeu. C'est ainsi qu'il rencontre Hannagan (Eddie Albert), un touriste accompagnée d'Eva (Gita Hall) sa petite amie suédoise. Il les emmène en excursion puis accepte à contrecoeur, contre un bonus qu'il ne peut pas se permettre de refuser, d'emmener le couple passer une soirée à Cuba, dans une ile déjà en proie à l'insécurité et au désordre politique. Alors que le couple est sensé y faire la tournée des boites de nuit, Hannagan rencontre en réalité des représentants de la guérilla castriste et négocie une importante vente d'armes. Les quittant, Hannagan abat 2 cubains, dont un policier, avant de pouvoir regagner le bateau et de prendre la fuite. Très rapidement, les autorités portuaires et la police de Key West enquêtent auprès des plaisanciers pour retrouver le bateau impliqué...
C'était la 3ème adaptation du roman d'Ernest Hemingway "To have and have not" après celle d'Howard hawks, "Le port de l'angoisse" puis celle de Michael Curtiz, "Trafic en haute mer" sans que pour autant on puisse parler de remake bien que le film de Siegel soit assez proche de celui de Curtiz sur un certain nombre de points. Comme les précédents, le film colle assez bien à l'actualité politique et comme pour les autres adaptations, il a été délocalisé en conséquence. Dans le film de Hawks, on se trouvait dans les Antilles françaises pendant la seconde guerre mondiale avec des résistants, des nazis. C'était avant tout une oeuvre de propagande tourné à chaud (Il faudrait parler de la spécificité du couple Bogart/Bacall). Dans celui de Curtiz, l'action avait été déplacée en Californie dans un port proche de la frontière mexicaine. La situation familiale du personnage principal et le contexte social bien plus marqué ; les relations complexes qui s'établissaient entre les 4 principaux personnages, le héros pourtant très épris de sa femme, séduit par la femme de passage ; l'atmosphère lourde et même le jeu des comédiens, à commencer par celui de John Garfield, tout contribuait à en faire un pur film noir.
Dans celui ci, avec ce titre français, si je dis qu'il est question d'un trafic d'alcool frelaté entre le Canada et les USA dans les années 30, on ne va pas me croire. Non, Siegel et son scénariste profitent du contexte politique -le film a été tourné env. un an avant la chute de Batista, le dictateur cubain- et transpose donc l'histoire en Floride et le modeste et tranquille propriétaire de bateau dans la mouise se trouvera mêlé à une bande de trafiquants d'armes dirigée par un bandit-millionnaire cynique, froid et violent. Je parlais de points communs avec le film de Curtiz, les voici. Tout d'abord, la situation sociale précaire de Martin est encore plus soulignée dans ce film que dans le précédant. Dans sa première partie, les allusions aux difficultés financières sont omniprésentes, parfois soulignées avec ironie dans les dialogues avec les créanciers, les amis (un barman, des collègues), les personnages de passage (Une fille facile rencontrée dans le bar local) et préparent la suite ; expliquant les choix risqués que Martin sera amenés à faire. Seuls moments de répit, les admirables scènes entre Martin et sa femme Lucy (Patricia Owens), au moins aussi réussies que celles impliquant le couple du film de Curtiz. Je considère même que l'harmonie du couple saute encore plus au yeux dans ce film ci, l'attraction sexuelle évidente qu'ils éprouvent et qui est montrés dans des scènes frôlant l'impudeur sont assez rares à cet époque, notamment en ce qu'elles montrent une femme assumant ses désirs. Mais Siegel montre aussi la tendresse entre ces deux là, voire leurs enfantillages. Au bar, par exemple, ils se dissimulent dans une alcôve et tirent le rideau pour s'embrasser sous les regards amusés des habitués et leur complicité de tous les instants est évidente. Plus tard, on se demandera donc si la séductrice, la petite amie de Hannagan, une vamp suédoise au moins aussi attirante que l'était Patricia Neal dans le film de Curtiz parviendra à ses fins...En tout cas, Gita Hall lui fera le grand numéro de charme.
L'harmonie pourra aussi être brisée à la suite de la rencontre avec la bande du trafiquant et ses conséquences. De ce coté là, le film de Siegel est d'une plus grande brutalité que les précédents et ceci dès la première séquence dans laquelle un homme sera poignardé à mort. Les attributs du film de gangsters seront plus présents, Martin sera confronté à la police américaine, aux autorités portuaires, à la police cubaine, aux représentants de la guérilla cubaine et bien sûr aux trafiquants d'armes. Mais on est bien plus dans les éléments "factuels" d'un film de gangsters classiques que dans l'atmosphère spécifique d'un pur film noir des années 1950. Un mot sur Babyface (Audie Murphy), un acteur qu'à 20 ans je détestais (ou pas loin) et que j'aime de plus en plus. Il m'est arrivé la même chose avec Alan Ladd et d'ailleurs tout deux ne sont pas sans points communs, à commencer par ces visages aux traits enfantins mais aux regards d'une tristesse étrange. Maintenant je les appelle les Little Big Men mélancoliques du ciné classique américain.
Très vite sur les seconds rôles. Everett Sloane joue le rôle d'Harvey, le second de Martin, une vieille épave alcoolique et surtout un brave type assez amusant mais dont les prises d'initiative pourront s'avérer dangereuses voir désastreuses. Il est excellent. Nettement mieux que Jack Elam, le principal fournisseur de Martin. L'une des plus légendaires sales trognes du cinéma américain s'illustre tout de même une fois nous gratifiant de quelques unes de ses (tout aussi légendaires) grimaces. Le jeune Richard Jaeckel, le porte flingue préféré de Hannagan, restera lui pratiquement muet. Je termine sur la réputation du film. Je ne comprends pas ? Peu d'auteurs en parle. Tavernier dans "50 ans..." parle de remake honteux ! Mais enfin, il a deux soucis qui se cumule, il n'aime pas beaucoup Siegel (sauf Beguiled et quelques autres dont celui sur lequel je viens d'écrire, Riot In Cell Block 11) et il n'aime pas non plus Audie Murphy. Il faudrait savoir ce qu'il en pense aujourd'hui car sur ce dernier il a tout de même un peu bougé alors qu'il était impitoyable par le passé. De mon coté, je ne sais pas ou le situer par rapport aux 2 autres, tout ce que je peux dire c'est j'aime beaucoup ce film mais pas spécialement pour ces attributs de polar, en tout cas pas avant tout pour çà. Vu en vost. Passé sur une/des chaines françaises mais pas hier.
Avec Audie Murphy (Sam Martin), Eddie Albert (Hanagan), Patricia Owens (Lucy Martin), Gita Hall (Eva), Everett Sloane (Harvey), Jack Elam (Arnold) et Richard Jaeckel (le tueur de Hanagan)
Dernière modification par kiemavel le 24 juin 16, 22:12, modifié 2 fois.
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Danger Signal
Danger Signal de Robert Florey. 1945
Avec Zachary Scott (Ronnie Mason), Faye Emerson (Hilda Fenchurch), Mona Freeman (anne Fenchurch), Rosemary DeCamp (Dr. Silla), Bruce Bennett (Dr. Lang) et Richard Erdman (Bunkie Taylor)
La gérante d'un immeuble bon marché découvre au détour d'un article du journal local qu'un mari lance un avis de recherche sur sa femme disparue depuis des mois. Or, elle a reconnu la femme d'un prétendu couple qu'elle héberge et vient donc frapper à leur porte prenant à témoin le voisinage devant le scandale de la situation. Mais à ce moment même, penché sur le corps de sa compagne, l'homme récupère sa bague de mariage, se saisit de la plus grande partie de l'argent contenu dans son sac à main et tranquillement s'enfuit par la fenêtre et disparait. La police qui a découvert sur les lieux une lettre écrite de la main de la victime annonçant son suicide ne semble pas prête à lancer d'autres investigations malgré les protestations du mari qui ne veux pas en rester là.
Pendant ce temps, l'homme change d'identité, arrive en Californie et, se faisant passer pour un ancien soldat et pour un romancier et scénariste, trouve une chambre chez une femme dont il parvient sans peine à gagner la confiance...puis à séduire sa fille Hilda, une vieille fille plutôt austère qui ne pensait jusque là qu'à son travail. Bientôt, Ann, la jeune soeur d'Hilda, une riche héritière, revient à la maison…
Ce n'est pas inoubliable mais assez original car c'est autant une étrange romance qu'un film noir. Manifestement Florey et son scénariste se sont surtout intéressés à dresser le portrait d'un tueur séduisant qui vit au crochet des dames avant de les supprimer, à la manière du tonton de Teresa Wright dans L'ombre d'un doute …mais alors que Hitch finissait tout de même par le rendre inquiétant et à créer un vrai suspense, Florey - assez ironiquement je trouve - annihile les volontés meurtrières de ses "héros". Je n'en dis pas plus mais j'ai plutôt aimé ce parti pris. Cependant, on peut sans doute regretter le manque de suspense et de tension générés par ce film.
Zachary Scott joue donc un séducteur proche du personnage qu'il incarnait dans Mildred Pierce tourné la même année. Il possède en plus d'une vraie séduction un certain prestige intellectuel car il présente réellement quelques prétentions littéraires et le scénario en joue. Le rapport et le lien est évident entre le personnage un brin mythomane, qui se glisse dans différentes identités avec facilité, entre donc le grand menteur et l'écrivain qui s'invente dans son travail littéraire. Il se servira d'ailleurs habilement de ce travail d'écrivain pour tenter de préparer un crime. Un seul personnage secondaire est intéressant, c'est une psychiatre qui tentera de démasquer le tueur derrière le séducteur. Le travail de Florey est lui assez anonyme mais encore une fois il avait la chance de travailler avec un grand chef opérateur, James Wong Howe qui s'amuse un peu mais pas trop à jouer sur les ombres nocturnes inquiétantes de la pension de famille. Facultatif mais intéressant. Vu en VOST. Passé à la TV chez nous.
Avec Zachary Scott (Ronnie Mason), Faye Emerson (Hilda Fenchurch), Mona Freeman (anne Fenchurch), Rosemary DeCamp (Dr. Silla), Bruce Bennett (Dr. Lang) et Richard Erdman (Bunkie Taylor)
La gérante d'un immeuble bon marché découvre au détour d'un article du journal local qu'un mari lance un avis de recherche sur sa femme disparue depuis des mois. Or, elle a reconnu la femme d'un prétendu couple qu'elle héberge et vient donc frapper à leur porte prenant à témoin le voisinage devant le scandale de la situation. Mais à ce moment même, penché sur le corps de sa compagne, l'homme récupère sa bague de mariage, se saisit de la plus grande partie de l'argent contenu dans son sac à main et tranquillement s'enfuit par la fenêtre et disparait. La police qui a découvert sur les lieux une lettre écrite de la main de la victime annonçant son suicide ne semble pas prête à lancer d'autres investigations malgré les protestations du mari qui ne veux pas en rester là.
Pendant ce temps, l'homme change d'identité, arrive en Californie et, se faisant passer pour un ancien soldat et pour un romancier et scénariste, trouve une chambre chez une femme dont il parvient sans peine à gagner la confiance...puis à séduire sa fille Hilda, une vieille fille plutôt austère qui ne pensait jusque là qu'à son travail. Bientôt, Ann, la jeune soeur d'Hilda, une riche héritière, revient à la maison…
Ce n'est pas inoubliable mais assez original car c'est autant une étrange romance qu'un film noir. Manifestement Florey et son scénariste se sont surtout intéressés à dresser le portrait d'un tueur séduisant qui vit au crochet des dames avant de les supprimer, à la manière du tonton de Teresa Wright dans L'ombre d'un doute …mais alors que Hitch finissait tout de même par le rendre inquiétant et à créer un vrai suspense, Florey - assez ironiquement je trouve - annihile les volontés meurtrières de ses "héros". Je n'en dis pas plus mais j'ai plutôt aimé ce parti pris. Cependant, on peut sans doute regretter le manque de suspense et de tension générés par ce film.
Zachary Scott joue donc un séducteur proche du personnage qu'il incarnait dans Mildred Pierce tourné la même année. Il possède en plus d'une vraie séduction un certain prestige intellectuel car il présente réellement quelques prétentions littéraires et le scénario en joue. Le rapport et le lien est évident entre le personnage un brin mythomane, qui se glisse dans différentes identités avec facilité, entre donc le grand menteur et l'écrivain qui s'invente dans son travail littéraire. Il se servira d'ailleurs habilement de ce travail d'écrivain pour tenter de préparer un crime. Un seul personnage secondaire est intéressant, c'est une psychiatre qui tentera de démasquer le tueur derrière le séducteur. Le travail de Florey est lui assez anonyme mais encore une fois il avait la chance de travailler avec un grand chef opérateur, James Wong Howe qui s'amuse un peu mais pas trop à jouer sur les ombres nocturnes inquiétantes de la pension de famille. Facultatif mais intéressant. Vu en VOST. Passé à la TV chez nous.
Dernière modification par kiemavel le 29 nov. 17, 10:56, modifié 1 fois.
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méco

NEW-YORK CONFIDENTIAL. Russell Rouse. 1955
Avec Broderick Crawford (Charlie Lupo), Richard Conte (Nick Magellan), Anne Bancroft (Kathy Lupo), Marilyn Maxwell (Iris), J. Carrol Naish (Ben), Mike Mazurki (Arnie Wendler), Steven Gerray (Morris franklin)
Un petit chef de la mafia New-Yorkaise ayant décidé d'une exécution sans l'assentiment de la "famille", il s'attire l'hostilité de charlie Lupo, le parrain de la ville et cela d'autant plus que des passants innocents ont été atteints provoquant l'hostilité de la presse et faisant ainsi remarquer inutilement voir dangereusement les activités de la mafia. Par conséquent, Lupo décide de l'éliminer et fait pour cela appel à Nick Magellan, un tueur professionnel venu de Chicago. Malgré des manières qui déplaisent aux membres de la bande, il réussi sans peine à exécuter le contrat et est par conséquent engagé par le parrain pour devenir son garde du corps et le tueur de l'organisation. On suivra ensuite son ascension au sein du syndicat du crime…
Le film nous montre assez sérieusement le fonctionnement de la mafia et nous fait comprendre le peu d'importance des êtres humains dans une structure uniquement obsédée par ses profits et sa préservation. On verra cette froideur implacable d'une organisation très structurée avec ses règles strictes, un fonctionnement qui ne laisse rien au hasard et une structure au sein de laquelle personne n'est intouchable. L'organisation a en effet primauté sur tous ces êtres humains mais -humains tout de même- on verra aussi la réalité de ces êtres complexes comportant même contre toute attente une part de faiblesse et de sensibilité avec pour conséquence des éclats de lyrisme dans leurs comportements privés.
Cela dit la noirceur sera tout de même presque totale car au dessus ou au delà de l'organisation, il y a la nature humaine et ce qu'il en est montrée…ou plutôt ce qu'elle est devenue dans un monde corrompu ou la réussite économique est survalorisée. La lutte pour la survie des uns, l'apprêté aux gains des autres donnent au fond sa légitimité aux organisations criminelles, puisque, comme le dira Nick Magellan à Kathy, en tant que fils de gangster, son destin était tout tracé mais en plus de ce déterminisme social qui fait que dès le départ les dés étaient pipés, dans un monde ou "tous les être humains et notamment les puissants sont corrompus ou corruptibles" il n'y a aucun scrupule a vouloir tirer partie de cette situation. Et d'ailleurs, au final, dans ce monde non sans valeurs, mais aux valeurs dévoyées, tout le monde trahira tout le monde.
Le film ne s'en tient pas à cet arrière fond social et moral qui est l'aspect le plus passionnant du film. Il montre aussi, sans que cela soit toutefois très passionnant et ce n'était tout de même pas nouveau, cette "bureaucratie" du crime avec ses ramifications dans tout le pays. Certains commentateurs du film voudraient en faire un chainon manquant - et quasiment inconnu- entre les films de gangsters "classiques" et "Le parrain" au même titre que certains films de Fuller et de Lang. Or, c'est tout de même beaucoup d'honneur pour un film qui a tous les stades, scénario, mise en scène et interprétation, comportent bien trop d'imperfections.
Le film en effet ne s'en tient pas au film de gangsters mais mêlera de manière permanente vie privée et vie professionnelle. C'est assez habituel mais ici durant au moins une bonne moitié du film c'est presque l'aspect vie privé qui occupe la plus grand place si bien que l'on a parfois plus l'impression d'être dans Peyton Place que dans un film Noir. Je vois d'abord un problème de construction et même de montage. Cette alternance permanente entre les scènes familiales et sentimentales donc les scènes privées et celles qui appartiennent au polar semblent bien souvent sans liens entre elles… et surtout pas du tout composées dans un registre cohérent. En effet, les scènes montrant l'organisation criminelle "bureaucratique" et les scènes d'action, plus largement tout ce qui appartient au polar est filmé dans un style sérieux, presque documentaire…voir de manière terne alors que dans les scènes privées les sentiments s'expriment la plupart du temps de manière exacerbée. En caricaturant à peine on s'ennuie parfois presque comme dans un téléfilm tourné par un tâcheron en fin de carrière…et soudain on a l'impression que Samuel Fuller a repris la main sur le film. Fuller…ou plutôt Minnelli car dans les fameuses scènes familiales ou intimes, on a aussi parfois droit à une partition bien lourde écrite par un compositeur qui devait admirer Rachmaninov…et même parfois à une voix off tout aussi grandiloquente.
D'autre part, dans les 2 cas, scènes de polar et scènes privées, le point commun est leur coté répétitif et le manque d'invention dans les dialogues est flagrant. Pour les scènes privées, on aura celles entre le papa truand et sa fille, répétitives et bourrées de lieu commun…ainsi que leurs paraphrases lorsque l'un et l'autre évoqueront l'absent avec un autre proche. Je résume à ma manière : "J'aime mon papa mais c'est un truand qui ruine mes relations avec mes amis (dont les parents ont eu de la chance)". C'est en quelque sorte une variante des relations existant entre Ann Blyth et Joan Crawford dans Mildred Pierce. Encore moins bon, on aura les scènes entre Lupo et maman, presque toujours les mêmes : "Mon fils, tu m'avais pourtant promis que tu allais devenir honnête". Celles entre Magellan et Iris, la petite amie de Lupo qui assez classiquement fait du rentre dedans au jeune et séduisant nouveau favori du "patron". Et enfin celles entre Magellan et kathy, la fille de Lupo, de loin les plus intéressantes…mais je n'en dirais rien…sinon qu'elles offrent aux 2 interprètes un de leurs meilleurs rôles.
Quant aux scènes qui appartiennent au polar, elles sont aussi très inégales. Les scènes de "bureau" sont assez molles même si comme à son habitude Broderick Crawford se démène tout ce qu'il peut. Il aboie d'ailleurs encore un peu plus que d'habitude et est je trouve à la limite de sa caricature. Il n'est guère suivi par les autres malfrats en col blanc et en premier lieu par son second joué par J. Carrol Naish qui a l'air de se reposer. Les hommes de main dirigés par un habitué, Mike Mazurki, ne sont pas mal mais...pas plus. Mazurki avait la gueule de l'emploi mais n'était pas le plus doué des porte-flingues du polar américain.
Les scènes d'action laissent aussi un sentiment mitigé car elles sont à la fois très violentes mais souvent maladroites en raison de facilitées scénaristiques, de choix d'angles peu judicieux qui les rendent peu dynamiques et même qui montrent parfois tous les "trucs" de mise en scène derriere les scènes de bagarre.
Puisque le DVD vient de sortir, j'ai pu lire des premières critiques élogieuses du film faisant de celui ci le premier film véritablement convaincant sur la pieuvre…Bon, moi je n'ai vu qu'un bon petit calmars et c'est déjà pas mal. DVD zone 2 chez Sidonis dans sa nouvelle et tout de même prometteuse collection Film Noir.