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THE TRAP. DANS LA SOURICIÈRE. Norman Panama. 1959
Avec Richard Widmark (Ralph Anderson), Lee J. Cobb (Victor Massonetti), Earl Holliman (Tippy Anderson), Tina Louise (Linda Anderson) et Lorne Green (Davis)
10 ans après l'avoir quitté, Ralph Anderson, un avocat aisé, est ramené vers Tula, sa ville natale, une petite bourgade isolée au milieu du désert, par les hommes de main de Victor Massonetti, un parrain de la mafia pourchassé par la police.
Le seul moyen pour lui d'échapper à la justice est de s'enfuir en avion, or tous les aérodromes du secteur sont surveillés. Anderson a précisément été choisi parce que son père est le shérif de Tula et que la petite ville dispose d'un petit aérodrome.
Anderson doit convaincre son père d'abandonner momentanément la surveillance du site sinon les hommes de main de Massonetti promettent de mettre Tula à feu et à sang. Arrivé en ville, Ralph retrouve son jeune frère tippy, adjoint du shérif,
un homme en apparence brisé et qui a sombré dans l'alcoolisme. Puis il retrouve la femme de celui ci, une très belle femme, qui fut aussi sa petite amie avant son départ brutal 10 ans plus tôt. Il retrouve enfin son père, un vieil homme autoritaire
et plein de ressentiments vis à vis de ce fils disparu et qui n'a jamais donné de ses nouvelles pendant toute cette longue absence. Il commence donc par refuser tout compromis avec Massonetti mais fini par accepter de laisser momentanément sans
surveillance le terrain d'aviation pour préserver la ville.
Massonetti arrive donc en ville et investi discrètement un hôtel accompagné de quelques hommes. Mais Tippy parvient à convaincre 2 autres adjoints de tenter de capturer Masssonetti pour toucher la prime de 15000 $ promise contre sa capture.
Lors de l'opération d'encerclement des lieux, le père survient et tente de s'interposer mais il est tué en traversant la rue. Les hommes de main du parrain sont neutralisés et Massonetti lui même se retrouve derrière les barreaux.
Ralph, qui après la mort de son père a pris les affaires en main, mais redoute l'arrivée de l'armée de Massonetti, décide de tenter le transfert du truand vers la ville la plus proche...La voiture progresse sous la menace des hommes de main...
Un excellent thriller, court, sec, nerveux et qui ne vous lâche pas jusque la fin tant la tension y est permanente...et cette tension n'est pas seulement provoqué par Falconetti et sa bande.
D'abord la famille Anderson :
Lloyd, le père autoritaire, rigide et intransigeant agit en maitre absolu de sa maison car Tippy et sa femme Linda vivent chez lui. Il ne cesse de rabaisser ce fils qui n'est pas celui qu'il aurait souhaité voir rester auprès de lui et qui aurait
du lui succéder. Ce fils préféré c'est Ralph...mais après qu'il aie été jadis envoyé en maison de correction après un vol commis en ville, banni en quelque sorte par son propre père, il n'est pas revenu depuis 10 ans et n'a donné aucune
nouvelle. Il a étudié et est devenu un avocat prospère. Linda, enfin, c'est la femme de Tippy...et l'ancienne petite amie de Ralph... Or rien ne va plus dans le couple.
Je ne vais pas développer beaucoup plus mais on voit à peu près toutes les possibilités d'une telle situation de départ. Autorité et dureté apparente mais aussi amour caché et bafoué d'un père pour son/ses fils. Ressentiments du fils humilié
en quête de reconnaissance, envieux de la réussite du frère et craignant de voir la vieille idylle entre le frère jalousé et la femme encore aimé et désiré reprendre. Etc...J'ajoute que la clé de cette aspect du film qui appartient en quelque
sorte au drame familial est un secret de famille qui sera révélé dans le dernier tiers du film.
J'ajoute que ces différentes révélations et l'évolution des relations entre ces personnages ne se passent en rien dans un cadre figé, tout ceci se déroule dans un cadre de thriller ou de western moderne dans lequel l'action, le mouvement, la
tension seront perpétuels. A partir du moment ou les principaux protagonistes quitteront la ville, on aura une poursuite, des embuscades, un otage, une trahison...et un siège (tronqué) façon Fort Alamo...mais ce serait un western moderne
avec tout de même de gros morceaux de polar dedans .
La tension engendrée par ce cadre familial, par les dangers représentés par la bande de Massonetti, est encore accentuée par la présence de Masonetti lui-même au coeur du groupe sous tension. Il tente de manipuler. Ironise sur la mort
prochaine de tout ceux qui voudront l'empêcher de prendre la fuite. La performance d'un Lee J. Cobb goguenard, ricanant et au regard mauvais est remarquable.
Cependant, il est encore dépassé par l'interprétation de Richard Widmark. On le voit arriver en ville avec son costume bleu sur mesure impeccable et très élégant et on voit d'ailleurs immédiatement le contraste saisissant entre celui des fils
qui a réussi en fuyant ce cadre familial étouffant et le frère que l'on découvre endormi dans une cellule de sa prison, une bouteille d'alcool vide gisant à ses pieds. Mais l'avocat élégant est aussi un homme plein de ressources insoupçonnées...
Pour moi, Widmark offre avec ce rôle une de ces prestations les plus complètes et les plus brillantes.
Un mot aussi sur Tina Louise . Quoi ? Un mot seulement ? Bon, çà se passe de mot. On la disait mauvaise actrice. D'abord, c'est pas vrai et pis de toute façon même si c'était vrai je dirais que j'en ai rien à faire tant sa beauté et sa sensualité
crève l'écran. Mais pas une sensualité à la Jan Sterling, remarquable de vulgarité, non, c'est une sensualité voyante en raison d'une plastique exceptionnelle mais comme elle devait savoir qu'il ne fallait pas qu'elle en fasse trop afin de ne pas
créer d'émeute sur son passage, elle parait sage (Ce qui rend évidement d'autant plus nerveux...selon un processus de séduction bien connu. N'est-il pas tonton Hitch.). J'ajoute que cette voix presque murmurée ajoute encore à son charme.
Bref, dommage qu'on ne l'ai pas vu plus souvent en dehors de 2 ou 3 westerns.
J'ajoute enfin que toute notre histoire se passe en été dans un désert de Californie étouffant et écrasé de soleil qui rappellera le contexte d'un autre film remarquable signé John Sturges, UN HOMME EST PASSÉ . Et puis ce qui est bien avec la
sueur, c'est que çà colle aux robes (çà c'est de la cinéphilie pointue. Qui a dit pointu ?)
Mise en scène pas spécialement brillante de Norman Panama. Photographie superbe en technicolor...mais pour l'apprécier pleinement il faudrait voir le film sur une copie remasterisée.
Vu en VF et en VOST. Le film était sorti dans les 2 versions en VHS en France. Depuis, à ma connaissance rien. Ni DVD évidemment mais à ma connaissance pas de passage TV non plus.
