Le Western américain : Parcours chronologique III 1955-1959
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
J'ai cru que tu allais dire pour avoir été le premier commandant de l'Enterprise.

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Justement, ce qui me gêne dans cette scène c'est que Ford la filme sur un mode comique. Ca serait mieux passé dans une comédie de Mel Brooks ou une parodie comme Ne Tirez pas sur le Shérif mais là je trouve la chose assez maladroitement amenée, surtout qu'au final on cherche à montrer en Martin Pawley un personnage positif.Jeremy Fox a écrit :Je trouve qu'elle participe au contraire de la description sans concessions de ces pionniers tels qu'ils devaient être et de la volonté de mettre mal à l'aise le spectateur ; même le personnage qui se sent le plus proche des indiens (et pour cause, il possède 1/8 de leur sang), celui qui en principe devrait attirer la sympathie du spectateur, peut avoir des gestes racistes et brutaux, quasiment insupportables. Car l'indienne n'est pas là uniquement pour les touches d'humour fordien ; le plan sur son cadavre juste après sera vraiment digne et émouvant.Pat Wheeler a écrit : Et plus accessoirement, je trouve la scène de l'Indienne virée du sac de couchage de Jeffrey Hunter à coup de pied au c*" d'assez mauvais goût. .
Et pis Jeffrey Hunter il est de très bon goût, ici comme dans Saipan de Phil Karlson ou le très réussi Brainstorm de William Conrad.


- Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
aussi ouiLord Henry a écrit :J'ai cru que tu allais dire pour avoir été le premier commandant de l'Enterprise.

- Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Le malaise ressenti me concernant n'en a été que plus fort. On trouve Jeffrey Hunter d'autant plus odieux et humiliant à ce moment là.Pat Wheeler a écrit :Justement, ce qui me gêne dans cette scène c'est que Ford la filme sur un mode comique.Jeremy Fox a écrit :
Je trouve qu'elle participe au contraire de la description sans concessions de ces pionniers tels qu'ils devaient être et de la volonté de mettre mal à l'aise le spectateur ; même le personnage qui se sent le plus proche des indiens (et pour cause, il possède 1/8 de leur sang), celui qui en principe devrait attirer la sympathie du spectateur, peut avoir des gestes racistes et brutaux, quasiment insupportables. Car l'indienne n'est pas là uniquement pour les touches d'humour fordien ; le plan sur son cadavre juste après sera vraiment digne et émouvant.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Bah voilà, tout s'explique sur ta mansuétude...Jeremy Fox a écrit :aussi ouiLord Henry a écrit :J'ai cru que tu allais dire pour avoir été le premier commandant de l'Enterprise.

Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Not Guilty ; avant l'intervention de Lord, je n'y pensais même plus. Non sincèrement, sans loin de là trouver qu'il s'agit d'un grand acteur, il ne me déplait pas. Il n'était pas mauvais non plus en Jesse James et plutôt très convaincant dans White FeatherAtCloseRange a écrit :Bah voilà, tout s'explique sur ta mansuétude...Jeremy Fox a écrit :
aussi oui
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Bonsoir à vous ...
En ce qui concerne la scène où Martin fait rouler la pauvre 'Look' (Beulah Archuletta) jusqu'au bas de la colline, il est vrai que c'est, avec celle des femmes folles, au Fort, une de celles avec lesquelles j'ai eu le plus de mal ...Si l'impression de malaise subsiste pour moi en voyant celle des 'jeunes filles folles' (et peut-être certains d'entre vous pourront-ils m'apporter un éclairage, des pistes de réflexion ...), voici mon humble pierre pour tenter d'expliquer celle que vous mentionnez :
- John Ford semblait affectionner un certain humour de corps de garde misogyne (jusque dans des tragédies comme "Cheyenne Autumn", où à la fin de la débandade des citoyens de Dodge partis chasser de l'Indien, Miss Plantagenet se retrouve 'cul par dessus tête ' dans le buggy du Dr Holliday, et où Wyatt Earp-James Stewart déclare enfin, sous ce nouvel angle, avoir effectivement connu cette 'demoiselle' à Wichita ... pas de très bon goût non plus ...)
- Peut-être est-ce pour établir un geste supplémentaire de la part de Martin, montrant ainsi qu'il rejette cette partie indienne (1/8ième de sang cherokee) qui écoeure tant Ethan ... renier cette part de lui-même, se couper de ses racines, vouloir se montrer plus blanc que blanc, être intégré ... En effet, lorsque nous découvrons Martin pour la première fois, il monte à cru, à l'indienne, est vêtu d'une chemise unie, sortie du pantalon, d'une ceinture passée sur la chemise et de mocassins ; il est souriant et semble épanoui. Dès le lendemain, après la remarque d'Ethan, il portera un chapeau, une chemise -souvent à carreaux-, et des bottes avec éperons ... Cette scène pourrait donc s'inscrire dans cette volonté de rejet de "miscegenation" -non pas de Ford, mais des Blancs de cette époque-.
- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...
??
En espérant avoir été à peu près clair, vu l'heure ...
Euh ... est-il nécessaire de le préciser, "The Searchers / La Prisonnière du Désert" fait partie de mes films préférés ... et je me demande même ...
Bonjour à vous ...
En ce qui concerne la scène où Martin fait rouler la pauvre 'Look' (Beulah Archuletta) jusqu'au bas de la colline, il est vrai que c'est, avec celle des femmes folles, au Fort, une de celles avec lesquelles j'ai eu le plus de mal ...Si l'impression de malaise subsiste pour moi en voyant celle des 'jeunes filles folles' (et peut-être certains d'entre vous pourront-ils m'apporter un éclairage, des pistes de réflexion ...), voici mon humble pierre pour tenter d'expliquer celle que vous mentionnez :
- John Ford semblait affectionner un certain humour de corps de garde misogyne (jusque dans des tragédies comme "Cheyenne Autumn", où à la fin de la débandade des citoyens de Dodge partis chasser de l'Indien, Miss Plantagenet se retrouve 'cul par dessus tête ' dans le buggy du Dr Holliday, et où Wyatt Earp-James Stewart déclare enfin, sous ce nouvel angle, avoir effectivement connu cette 'demoiselle' à Wichita ... pas de très bon goût non plus ...)
- Peut-être est-ce pour établir un geste supplémentaire de la part de Martin, montrant ainsi qu'il rejette cette partie indienne (1/8ième de sang cherokee) qui écoeure tant Ethan ... renier cette part de lui-même, se couper de ses racines, vouloir se montrer plus blanc que blanc, être intégré ... En effet, lorsque nous découvrons Martin pour la première fois, il monte à cru, à l'indienne, est vêtu d'une chemise unie, sortie du pantalon, d'une ceinture passée sur la chemise et de mocassins ; il est souriant et semble épanoui. Dès le lendemain, après la remarque d'Ethan, il portera un chapeau, une chemise -souvent à carreaux-, et des bottes avec éperons ... Cette scène pourrait donc s'inscrire dans cette volonté de rejet de "miscegenation" -non pas de Ford, mais des Blancs de cette époque-.
- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...
??
En espérant avoir été à peu près clair, vu l'heure ...
Euh ... est-il nécessaire de le préciser, "The Searchers / La Prisonnière du Désert" fait partie de mes films préférés ... et je me demande même ...
Bonjour à vous ...
- Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Doc Boone a écrit :- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...
Oui, c'est en gros ce que je disais ; non seulement les spectateurs se sentent alors mal à à l'aise mais aussi nos deux 'rechercheurs' puisque ce plan est loin d'être drôle
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Pour l'avoir vu la dernière fois il y a environ 2 ans et demi à la Cinémathèque suisse, je peux t'affirmer qu'il y a eu quelques francs éclats de rire dans la salle au moment de cette scène. Personnellement, je n'ai jamais trouvé ce passage drôle non plus mais la façon dont Ford filme tout ça (le roulé-boulé rapide de l'Indienne, les éclats de rire de Wayne, la musique rigolotte en bruit de fond si je me souviens bien) c'est limite du Tex Avery quoi. C'est pour ça que je trouve que cette scène fait tache dans un film qui est essentiellement traité sur un ton grave, solennel (les autres passages humoristiques dans la veine de cet humour bon enfant si cher à Ford passent très bien, cela dit).Jeremy Fox a écrit :Doc Boone a écrit :- Peut-être s'agit-il aussi, de la part de ce vieux roublard de Ford, d'une volonté de "piéger" certains spectateurs, qui, à cette scène ont eu un rire gras, et qui, peu après découvriront 'Look' morte dans le camp indien dévasté. Son personnage ridiculisé devient tragique ...
Oui, c'est en gros ce que je disais ; non seulement les spectateurs se sentent alors mal à à l'aise mais aussi nos deux 'rechercheurs' puisque ce plan est loin d'être drôle
Après, c'est tout à fait pertinent d'y voir un de ces "pièges" que Ford aimait tant faire, à ses comédiens comme à son audience. La plupart du temps j'y suis très réceptif mais là, je trouve vraiment que la scène aurait dû être filmée autrement.
Pour en revenir à Cheyenne Autumn dont tu as parlé plus haut Doc Boone, ce film contient aussi un des passages qui fait le plus "tache" dans un métrage de Ford: toute la séquence avec Jimmy Stewart, pas forcément mauvaise en soi mais qui jure complètement avec l'ambiance sombre et crépusculaire du reste du film. En plus, cette séquence est très mal raccordée techniquement.

- Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri (avec un peu de malaise : à mon avis c'était le but recherché, John Ford sachant qu'il allait nous présenter quelques minutes plus tard ce plan sur son cadavre avec l'idée de notre honte à ce moment là)Pour l'avoir vu la dernière fois il y a environ 2 ans et demi à la Cinémathèque suisse, je peux t'affirmer qu'il y a eu quelques francs éclats de rire dans la salle au moment de cette scène.
Bon allez, ma critique complète dans quelques heures ; je reviendrais d'ailleurs sur cette séquence

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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Moi ça m'a jamais donné que des rictus...Jeremy Fox a écrit :Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri (avec un peu de malaise : à mon avis c'était le but recherché, John Ford sachant qu'il allait nous présenter quelques minutes plus tard ce plan sur son cadavre avec l'idée de notre honte à ce moment là)


Hâte de te lire.Jeremy Fox a écrit :Bon allez, ma critique complète dans quelques heures ; je reviendrais d'ailleurs sur cette séquence


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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Attention on commence comme ça et puis on finit par rigoler quand un chasseur de prime tue la soeur d'un méchant esclavagisteJeremy Fox a écrit :Ah mais oui ; moi aussi j'ai riPour l'avoir vu la dernière fois il y a environ 2 ans et demi à la Cinémathèque suisse, je peux t'affirmer qu'il y a eu quelques francs éclats de rire dans la salle au moment de cette scène.



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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
hellrick a écrit :Attention on commence comme ça et puis on finit par rigoler quand un chasseur de prime tue la soeur d'un méchant esclavagisteJeremy Fox a écrit :
Ah mais oui ; moi aussi j'ai ri
![]()
![]()
Ah mais trop tard ; c'est fait. J'ai rigolé nerveusement lors de cette séquence


- Jeremy Fox
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The Searchers

La Prisonnière du desert (The Searchers - 1956) de John Ford
WARNER
Avec John Wayne, Jeffrey Hunter, Natalie Wood, Henry Brandon, Ward Bond, Vera Miles, John Qualen, Harry Carey Jr
Scénario : Frank S. Nugent d’après un roman de Alan Le May
Musique : Max Steiner
Photographie : Winton C. Hoch (Technicolor / Vistavision 1.75)
Un film produit par Merian C. Cooper pour la Warner
Sortie USA : 13 Mars 1956
Comanche de George Sherman sortait sur les écrans américains quasiment en même temps que La Prisonnière du désert. Les amoureux du premier film soutinrent qu’il pâtit du succès du western de John Ford, ce qui eut pour résultat qu’il fut non seulement passé sous silence mais qu’il demeure encore aujourd’hui totalement oublié. Le fait qu’il soit largement occulté par rapport à son illustre 'jumeau de sortie' peut néanmoins s’expliquer d’une manière bien plus simple, mais nous n’allons pas ici éreinter une nouvelle fois le film de George Sherman d’autant que le réalisateur, au vu de l’ensemble de sa carrière, était loin de mériter le mépris avec lequel il a longtemps été jugé notamment en France. Mais si j’ai commencé par parler de ces deux westerns sortis tous deux en mars 1956, c’est qu’ils ont un autre point commun bien plus intéressant que leur date d’exploitation quasi identique. Le western de George Sherman mettait en scène l’un des chefs les plus célèbres des Comanches, à savoir Quanah Parker. Et le romancier Alan LeMay, auteur du livre dont est tiré le film de Ford (bien plus âpre et rugueux que le film aux dires des lecteurs), s’est inspiré pour son histoire de l’enlèvement par les Comanches à l’âge de 9 ans de Cynthia Ann Parker qui ne sera autre, une fois élevée par la tribu, que la mère de ce glorieux Indien. Le hasard est assez cocasse pour mériter d’être évoqué puisque les similitudes concernant l’intrigue des deux films (qui s’étendent aussi à Henry Brandon qui, ici et là, tient le rôle de l’indien belliqueux) ont fait que, comme je le disais au départ, certains ont pensé que l’un des deux westerns avait injustement fait de l’ombre à l’autre. Quoiqu’il en soit, l’histoire de ces deux hommes à la recherche d’une jeune enfant kidnappée par les indiens, marque donc en 1956 le retour de John Ford à son genre de prédilection après cinq longues cinq années de silence dans ce domaine. Nous n’avions en effet plus eu de ses nouvelles depuis les superbes Rio Grande et Wagonmaster (Le Convoi des braves). The Searchers, qu’il souhaitait parfait, ne décevra pas ses fans et, même si son accueil critique fut plutôt tiède à sa sortie, il est depuis devenu probablement le western américain le plus mythique de l’histoire du cinéma.



"A man will search
Go searching way out there his peace of mind
But where, o Lord
Ride away, ride away, ride away"
Cette sur cette magnifique chanson que se déroule le générique de début du western de John Ford. Ecran noir suivi par l’inoubliable plan d’introduction. Une porte s’ouvre sur un carré de lumière aveuglante avec en arrière fond les paysages que nous connaissons désormais très bien grâce à John Ford justement, ceux impressionnants de Monument Valley. L’ombre chinoise d’une femme de dos, celle qui vient de nous ouvrir les portes du film, Martha Edwards. La caméra derrière elle la suit lorsqu’elle franchit le seuil de sa maison et le cadre de s’agrandir, le champ de vision de s’élargir à la dimension de celui du format large et rectangulaire de la Vistavision : plan rendu encore plus majestueux par le déchirant thème musical de Max Steiner qui l'accompagne. Le soleil tape si fort qu’elle doit mettre la main sur son front pour voir qui arrive au loin. Une femme qui attend tremblante d'émotion contenue ; l’image la plus récurrente des westerns fordiens, la marque la plus évidente de sa sensibilité à nulle autre pareille (et tout le long du film nous aurons d'autres exemples de ces femmes courageuses et laborieuses qui passent leur vie à attendre le retour de leurs hommes). Un homme justement progresse vers elle ; un homme fatigué au regard sombre et au visage buriné qui n’est autre que son beau-frère qu’elle n’avait plus revu depuis son départ pour la Guerre de Sécession huis ans plus tôt. Des gestes, des regards qui en disent long et qui nous font immédiatement penser qu’il existe plus qu’un amour fraternel entre Martha et le ‘frère prodigue’ de son époux. Les dix minutes suivantes qui se dérouleront en intérieur et qui seront constituées par les retrouvailles ne feront que renforcer nos sentiments à ce sujet, tout ceci étant décrit avec une intelligence, une pudeur et une sobriété qui nous font d’emblée nous dire que nous sommes devant un western majeur. Il suffit de voir ce plan au cours duquel, au moment de repartir à la poursuite de voleurs de bétail, Ward Bond, sirotant son café face caméra mais tournant le dos à Ethan et Martha, attend exprès avant de se retourner, ayant surpris la caresse de Martha passée sur la cape qu'elle va faire endosser à Ethan et laissant aux ‘amoureux’ le temps de se faire leurs adieux par regards interposés, ayant compris lui aussi l’amour silencieux qui existe entre eux deux sans cependant l'approuver ni le cautionner ; en sortant, il bousculera un peu rudement Martha pour lui faire comprendre sa désapprobation. Émotion dévastatrice et déchirante, le tout avec une immense tendresse et sans quasiment de mouvements de caméra, presque tout du long en plans fixes, ceux-ci parfaitement choisis et soignés comme il se doit. Un modèle de mise en scène sobre et efficace comme durant tout le reste du film.







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- Machino
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 3 (55
Chapeau Jeremy.
A quand un livre, ou au moins en e-book, avec les textes de ce "Parcours chronologique"?
A quand un livre, ou au moins en e-book, avec les textes de ce "Parcours chronologique"?
You... bastard!
Yes, sir... In my case it was an accident of birth.... But you are a self-made man.
The Vault!

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