Louis De Funès (1914-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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O'Malley
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par O'Malley »

yaplusdsaisons a écrit :
Alligator a écrit : j'ai pris quelques plaisirs en retrouvant par-ci par-là quelques figures récurrentes du cinéma populaire français avec en premier lieu une actrice sur qui j'ai toujours porté un regard à la fois affectueux mais également empreint d'une certaine admiration qui n'est pas sans lien avec une sorte d'attirance sexuelle. Oui, j'ose ce coming-out. Claude Gensac a longtemps représenté une part d'idéal féminin, avec son style très bourgeois, dégageant une féminité et une classe folle. J'aime encore plus, de manière totalement éhontée, la finesse de sa dentition et la ligne de sa bouche, d'une sensualité incroyable. Elle ressemble sur ce point à un amour de jeunesse. Evidemment ce lien particulier attise en moi des feux irrationnels, qui me lient à ce visage, cette façon de bouger, cette voix, ces sourires, ces moues, ces regards. Hypnotisé par Claude Gensac.
Mais on est deux, Alligator :wink: pas de coming out ici, et je dirais même plus: la capture d'écran que tu as judicieusement choisie nous montre, bien au-delà de la "bourgeoise", une véritable mante religieuse en pleine possession de ses moyens, une femme merveilleuse qui connait par coeur la valeur aphrodisiaque du vernis de la "respectabilité" autant que celle du bas nylon et pour qui l'âme masculine (celle de 1967 comme celle de 2009 comme celles de 1867 ou encore de 2067) n'a absolument aucun secret.
:lol: Pour qui Claude Gensac titile la fibre "érotomanie cinéphile", je leur conseillerais La vie d'un honnete hommede Sacha Guitry (mais il y a de grandes chances our que vous l'ayez vu) où Guitry le premier à joué sur la sensualité de la dame et il y a allait plus frontalement par contre (la comédienne apparaît seins nus) et dans un registre érotique opposé: celui de la soubrette qui débridait l'imagination du très bourgeois Michel Simon. On reste dans le cadre du topic car De Funès jouait justement l'autre serviteur dans cette excellente comédie acerbe.
Nomorereasons
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Nomorereasons »

Merci O'Malley, je vais tout mettre en oeuvre pour me procurer ce film!!!
O'Malley a écrit : dans un registre érotique opposé: celui de la soubrette qui débridait l'imagination du très bourgeois Michel Simon.
Mmmh, "opposé", "opposé"... on reste quand même loin de l'idéal "petit bateau" :P

@Boubakar: lui, on le garde pour attirer des filles dans notre club :mrgreen:
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Je tombe des nues! Ma Claude, ma Claude libertine, celle qui m'envoyait en cachette des messages que j'étais seul à comprendre, qui m'étaient destinés à moi seul, dans ses risettes et ses clins d'oeil, ma Claude aurait... je ne veux pas y croire, aurait fait ces mêmes clins d'oeil à d'autres?
Bon...
Heureusement que je suis partageux, sinon j'aurais pu en avoir le coeur brisé.
O'Malley
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par O'Malley »

Attention, dans La vie d'un honnête homme, le point que je soulève reste un détail du film et la scène "déshabillée" ne dure que quelques secondes... mais elle était suffisante pour que Guitry soit traité par la presse de l'époque de "vieillard libidineux".
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Fantômas (André Hunebelle, 1964) :

soixantaine de captures et de photos de tournage pour illuster les propos


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Encore une de ses gâteries, de ces petites madeleines qui sont autant de liens avec la part d'enfance qui remonte, le sentiment empreint de nostalgie que le temps déroule un tas de souvenirs attendris. La série Fantômas vient de si loin que je ne parviens pas à en déceler un moment précis. J'ai le sentiment qu'il fait beau et chaud, peut-être au loin la plage fait-elle entendre le vacarme de ses déferlantes. C'est le temps des vacances et chaque semaine une chaîne de télé promet les trois épisodes successifs de Fantômas. Cette promesse d'une longue et fructueuse aventure pleine de mystère et de sourires pour les yeux d'un renfant est une caresse qu'on n'oublie pas et qui peut constituer une des pierres à bâtir une cinéphilie.
Aussi quand une bonne trentaine d'années sont passées, revoir cette série constitue une bouffée de plaisirs fort appréciable.

Dès le générique on est happé. Tout de suite, Michel Magne fait entrer en scène sa musique. Sur une mélodie à nulle autre pareille, très jazzy a priori mais d'une richessse sensationnelle, le cinémascope éclate avec ce grain très sixties qui file une érection d'emblée. L'époque s'impose par l'automobile d'abord. Une Rolls sans âge tourne autour de la Concorde. Elle est entourée de vieilles bagnoles, une deuche, une DS, une camionnette Citroën. La marque aux deux chevrons est à l'honneur. Sur Rivoli, une Dauphine... Les notes de jazz tout en rythme et subtilité nous font pénétrer dans ce nouveau monde, celui d'un Fantômas hybride où comédie et aventure riment avec mystère, où une criminalité édulcorée, plus proche de la délinquence d'ailleurs (pas une goutte de sang versée dans le film) s'essaie à charmer le plus large public possible. Allain et Souvestre peuvent bien se retourner dans leur tombe, on s'en fout. Il ne s'agit plus de leur Fantômas, personnage ô combien angoissant et fascinant mais bien d'un autre personnage, une autre histoire, une sorte de pastiche avec tout ce que cela suppose de trahisons, de contrefaçons, etc. Ce personnage appartient à l'imagination d'Hunebelle, d'Halain, son fils et des producteurs, Cadéac et Poiré. Et bien entendu à l'incroyable effervescence créatrice du joueur De Funès.

On commence donc le film en découvrant le personnage sous une de ses nombreuses formes, un de ses multiples masques, accompagné de Lady Beltham, la muette, tellement peu douée pour la parole qu'on ne la reverra pas dans les deux épisodes suivants. Là encore, ce personnage est défait de ses attributs originels dans l'oeuvre littréaire. Ici, elle n'est qu'image. Peut-être tentative faiblarde de garder un lien quelcqonque avec les romans intiaux. A un autre moment, il sera fait allusion à la "La main coupée" ou "main mystérieuse" et au Lord Bentham sans trop d'explications, peut-être une sorte d'hommage destiné aux lecteurs encore nombreux à l'époque de la série littéraire.

Quand ils ont construit, voulu faire prendre corps à leur Fantômas, les auteurs ont fait un sacré bon boulot en lui octroyant la voix caverneuse, la diction impeccable et traînante comme un boulet de forçat de Raymond Pellegrin. Quelle riche idée! La série Fantômas lui doit énormément. Les bouffoneries de Juve ont grandement altéré la puissance effrayante que suscite Fantômas et je crois que cette voix ainsi que ce masque gris-bleu ont contribué à sauvegarder une part du mystère "Fantômas". Heureux rééquilibrage.

Le masque parlons-en. Je me souviens encore de la fascination mêlée de peur du jeune bambin que j'estois. Elle prenait sa source sans doute dans le fantasme de voir sans être vu, celui-là même qui a donné naissance au mythe de l'homme invisble. Fantômas n'est jamais identifié. son masque est son visage. Un visage presqu'alien en raison de cette étrange texture caoutchouteuse, cette couleur où le gris flirte sans vergogne avec le bleu. Ce masque est poulpe, "créature du marais", extra-terrestre ou démon.
En passant, on ne compte pas les allusions au diable et l'enfer dans ce film. Fantômas ne souffre pas. Les coups qu'il reçoit ne lui font rien. Il bouge à peine. Il torture dans le tréfond de son antre, sa base souterraine. Quand Fandor se réveille, kidnappé par Fantômas, il découvre une grande salle aux décors hétéroclites où tentures et voûtes médiévales, donnant des airs gothiques à l'ensemble surtout quand les orgues retentissent, le disputent au rococo des miroirs. Une fresque murale aux dominantes rouges figure une créature diabolique venu du fin fond des enfers sur une porte coulissante qui donne sur une sorte de cave et jardin luxuriant. Fantômas apparait ou disparait par un ascenseur. Fandor est bien en enfer. Il se fend même d'un commentaire sur "la beauté du diable". Fantômas et Satan ne font plus qu'un. Invincible. Ce n'est pas sur un papier que Fantômas passe un pacte avec Fandor. Sa signature, un F, il l'appose de force sur le corps même de Fandor. Il le tatoue. Pacte non sollicité. Fantômas est plus fort que le diable. Il n'a même pas à convaincre par la ruse, il impose.

Les décors que l'on doit à Max Douy ne sont pas aussi formidables dans ce premier opus qu'ils ne le sont dans le deuxième, cependant cette mise en bouche tape juste : aussi caverneuse que la voix de Pellegrin en fin de compte. Pour mieux épouser son époque, les années soixante, qui découvre la modernité, Fantômas se doit d'être au carrefour du temps, entre passé ancestral et futur de science-fiction, aussi son bureau dissimule-t-il derrière un pan de mur une grosse machine aussi incompréhensible que la science criminelle de son propriétaire.
L'imposante présence du mal est soulignée par ces orgues qui hurlent leur musique mystique au moment où Fantômas arrive sur les lieux. Cet instrument est peut-être également un lien direct avec la figure du capitaine Nemo (la version ciné de Fleischer a déjà 10 ans). A la toute fin du film, Fantômas réussit à s'enfuir grâce à son sous-marin.

La mise en scène d'Hunebelle n'est pas grandiloquente. C'est par petites touches, ici et là, avec des effets ordinaires que le cinéaste met en forme un cinéma simple, direct, au service des acteurs et de l'histoire. Sans génie, en bon artisan comme on dit, Hunebelle accompagne ses personnages. Ici, à l'arrivée de Fantômas, il se contente de déplacer lentement et sur une courte distance la caméra dans le dos de Fandor, une sorte de travelling très bref, flottant des orgues jusqu'à la porte de l'ascenseur. J'ai une profonde admiration pour Hunebelle, un petit réalisateur qui a eu le nez assez fin pour mettre en selle le talent des autres. Sans autre amibtion que celle de bien faire son travail et de servir au mieux les histoires et les personnages qu'on lui confiait, il laissait (parait-il, je n'y étais pas) une certaine liberté à ses comédiens. Et j'imagine bien comment De Funès a su insufler de sa folie et de sa compétence avec un cinéaste aussi ouvert. Son cinéma est sec, très implanté dans son temps avec les deux yeux rivés sur le grand public, n'oubliant pas les bambins. D'ailleurs ce premier volet des aventures de Fantômas ressemble par certains aspects scénaristiques et esthétiques à la bande dessinée de l'époque. Je pense surtout aux aventures mouvementées et colorées de Spirou et Fantasio ou de Ric Hochet. Les relations des personnages sont construites sur celles de la culture populaire des années soixante. La relation qui tour à tour oppose de manière comique ou unit le journaliste Fandor et le commissaire Juve peut être rapprochée de celles qu'on retrouve dans la littérature policière populaire (Holmes/lLestrade par exemple). Celle qui lie dans un toujours très étrange mélange de fascination et de répulsion Fandor et Fantômas fait penser à Tif et Tondu face à Choc, lui aussi sans visage., Holmes face à Moriarty, etc. La dernière partie du film conscacrée à la poursuite infernale est dans la droite ligne de ces lectures périples dont Spirou et Fantasio sont de bien vifs exemples. Fandor, Juve et Fantômas utilisent tous les véhicules de leur temps, une belle Cadillac d'abord, une moto, le cheval, hé oui, le train, une sublime BMW décapotable à faire baver de jalousie le premier James Bond, un hélico, un hors-bord, un sous-marin et pour finir un bateau pneumatqiue. Il faudra attendre le prochain épisode pour monter dans un avion et le dernier pour la fusée et le vélo. Cette cavalcade motorisée reste encore de nos jours assez impressionnante notamment grâce à la prise de risque à laquelle se livrent les cascadeurs. Ici, je veux saluer le boulot des ces artisans du risque. Au premier chef, Gil Delamare qui donne ici sa chance à un petit nouveau qui deviendra grand, immense, Rémy Julienne. Ce dernier est embauché pour jouer les motards voltigeurs. C'est lui qui prend la moto sur le rable dans une séquence à couper le souffle. Je ne sais pas si on peut raisonnablement louer les risques que prit Jean Marais dans sa carrière et dans ce film encore dans certaines scènes comme quand il descend dans le vide, le long d'un immeuble, en échelle de cordée, laquelle il empruntera à nouveau pour grimper cette fois-ci dans un hélico en plein vol.
Les bagarres orchestrées par Delamare et Cogan, sont ici assez médiocres, mais à l'image de celles qu'on voit dans la plupart des films occidentaux à l'époque. Les coups portent un peu certes, mais la vitesse d'exécution laisse à désirer, si bien que sur certains mouvements on voit bien que l'on a procédé à quelques petites accélérations de la lecture. Si bien que l'on peine à utiliser le terme de combats pour décrire ces scènes. Celui de "bagarre" convient mieux à l'idée enfantine que l'on s'en fait.

L'époque transparait dans mille délicieux petits détails. Et j'aime ça, j'avoue. J'aime par exemple comment l'introduction du personnage de Juve laisse apparaitre ces habitudes perdues de nos jours. On nous montre un attroupement devant un magasin "Ducretet-Thomson". Quand j'étais gamin déjà le nom "Ducretet" avait disparu. Et l'on voit sur les écrans en noir et blanc la bobine du commissaire défiant Fantômas. Cette séquence en dit long avec peu de plans sur l'évolution de la société et de l'économie françaises de l'époque. Entrons dans le studio de Fandor, histoire de nous fendre un peu la poire devant le goût de chiottes du journaliste affiché par les bouteilles peintes multicolores ou bien le clown désarticulé qui pendouille au mur ou encore cette infâme croûte en décorations plus que douteuses. On est là vraiment dans un autre monde. Espérons qu'il n'y aura jamais de revival du couvre-lit mexicain, siouplait.

Le personnage d'Hélène (Mylène Demongeot) est également finement ancré dans son temps. Jeune photographe du journal Le point du jour, où bosse aussi Fandor, elle se bât pour exister. Entre deux périodes, l'archaïque patriarcal et le moderne féministe, elle revendique sagement d'entrée de jeu le droit à la parole mais ne récolte que rires et quolibets de la part des hommes. Les auteurs ne vont guère lui donner d'autre place que celle de potiche. Mylène Demongeot assure dans les bonus du coffret dvd avoir plutôt souffert de ce rôle ingrat. Il est vrai que deux ou trois interventions dans le film laissent à supposer que la délicieuse créature n'est pas loin d'avoir un pois chiche dans le crane. C'est elle pourtant qui donne l'idée du canular à Fandor, sans même s'en rendre compte : "Moi, une idée?" Elle frise la paire de baffes dans la scène où Fandor et elle sont livrés à la pesanteur dans une voiture sabotée qui dévale sans frein les montagnes des Bouches du Rhône (on me l'a fait pas à moi, des voitures sont immatriculées 13). Dans cette scène elle répète peut-être 74 fois "ça tourne". Pffff, que c'est bête une femme! Heureusement son personnage a servi au moins à donner une bonne touche de féminité à un film trop plein de garçons. Et quelle touche mes aïeux! De quoi faire saliver les plus jeunes d'entre nous. Je suis encore tout songeur devant le premier plan où elle apparait, bougonne, au zinc du café, assise sur un tabouret qui laisse hardiment se dessiner de manière si sexy la galbe de ses jambes, de ses hanches, la cambrure de ses reins, en somme la finesse de ses courbes qu'une jupe bien avisée et très sixties souligne avec une rectitude qui n'est pas sans évoquer celle qui prend beaucoup de place dans mon... bon passons. Vision si sixties, taille si bien soulignée par la jupe, ô combien érectile vision, érotisme de catalogue La Redoute, celui des jeunes appétits voraces, celui d'avant l'internet. C'est l'été, mon sang fait des bulles. Mais le plus excitant est à venir car la donzelle passe son film à darder d'une manière sauvage, grouarrrrrr, sans crier gare, transportant le spectateur vers les cîmes de l'indicible, celles qui surprennent, celles que l'on attend pas. Fantômas, film érotique? Demongeot, actrice érotique? Seulement dans le tréfond de l'érotomane invétéré je le concède. Il faut avouer que la classe blonde, cruche et affriolante est depuis longtemps une artillerie sur-utilisée par les hommes de cinéma (Martine Carol, Brigitte Bardot ou Marilyn bien sûr). La concurrence est rude pour la jeune Demongeot. Si Martine Carol s'inscrit dans une histoire plutôt tragique, Demongeot inspire plus de sourires et de joie de vivre (elle va en avoir besoin), une sorte de bonhommie sympathique qui éclaire encore son visage aujourd'hui. Elle ne jouait pas très bien, mais d'autres furent pire encore. Elle se débrouillait dirons-nous, sachant se défendre sur certains rôles plus touffus. Dans ce Fantômas, la pauvre a du mal à sauver les meubles.

C'est un peu également le cas de Jean Marais d'ailleurs. Même s'il n'est pas encore totalement parasité par De Funès et même s'il prouve sur deux ou trois scènes qu'il sait jouer avec naturel, les quelques séquences où De Funès entre en scène le font paraitre en retrait. Indéniablement. Mais Fandor dans ce premier épisode est encore le personnage principal. C'est à lui que s'adresse Fantômas, c'est lui qui est enlevé, c'est lui qui mène la poursuite, qui prend les initiatives. Juve n'est que suiveur. Le succès du film et le pouvoir d'attraction que le génie de De Funès impose vont changer la donne dans les prochaines aventures.

Sur les quelques scènes de De Funès, à chaque fois son numéro de duettistes avec l'immense Dynam fait mouche. Jacques Dynam, comme Pellegrin est d'abord une voix. La sienne est familière, douce et aux sonorités rondouillardes, éminement sympathiques. Son physique tout aussi chaleureux, associé aux caractéristiques imbéciles de son rôle en font un personnage attachant et parfait pour renvoyer les balles au furibard et nerveux commissaire. Leurs confrontations sont construites sur un rythme effrené mais toujours maitrisé et sur des dialogues ciselés par le fils d'Hunnebelle, Jean Halain. Belle alchimie de ce duo d'acteurs. A propos des dialogues, il me semble que l'on n'a pas beaucoup évoqué la simple mais intelligente efficacité des dialogues, toujours en accord parfait avec le récit et surtout la mise en scène. Comme par exemple, quand Juve entre au Point du jour après avoir entendu Fandor évoquer son avocat. Juve rebondit sur cette allusion pour entrer en scène. "Vous allez en avoir besoin, croyez-moi!" Les dialogues servent parfois ainsi de transition entre les scènes et donnent du liant au récit. Ce ne sont pas des dialogues percutants ou offensifs à la "Audiard" mais plutôt des dialogues qui participent à la mise en scène, qui soulignent les situations avec par moments beaucoup d'ironie. Je songe ici à De Funès prédisant une garde à vue intense au journaliste Fandor en ces termes :"on va t'interviewer mon gaillard..."
Je ne sais pas torp quelle est la part d'improvisation et d'écriture entre Fufu et Halain sur certaines scènes qui paraissent à la fois très écrites mais si bien jouées qu'elle semblent parfaitement aller à la bouche de ses interprêtes, dans les balbutiements comme dans les interjections. Je me demande vraiment si elles n'ont pas été retravaillées par les comédiens. Je pense surtout à ce fameux interrogatoire entre Fandor et Juve, scène d'anthologie, superbement interprétée. Les dialogues succulents de drôlerie sont débités à un rythme soutenu. Comment ne pas développer le rôle du coimmissaire après une telle prestation? Ce type est merveilleux. Quelle musique d'intonations!

Dans le comique, le film réserve quelques autres types de scènes, celles sans dialogue notamment. Celle du portait robot où le commissaire se découvre progressivement des affinités des plus embarrassantes avec le portrait de Fantômas. Ou bien encore celle du petit déjeuner avec les boules Quies. Et on notera que souvent ses petites scénettes sont habillées musicalement par Michel Magne qui ajoute aux thèmes principaux, lugubres et inquiétants des petites notes de percussions rigolotes dès qu'apparait la silhouette du commissaire Juve. C'est particulièrement évident lorsqu'il est déguisé en clochard ou pendant la poursuite sur les toits des galeries Elysées-La Boétie ou bien sur le train. Je me demande si ce n'est pas du xylophone... mon incompétence et mon inculture musicales sont un groupe de hyènes hurlantes. J'ai honte.

Quand le mot fin apparait à l'écran après cette haletante course poursuite, la frustration de ne pas être parvenu à mettre la main sur le gredin est vite effacée grâce au providentiel défi lancé par Juve : "Non, ce n'est pas fini, je t'aurai, Fantômas, je t'aurai!". Voilà le petit enfant qui s'en va se coucher en se demandant bien "comment s'y prendront-ils pour l'attraper la prochaine fois? Vivement la semaine prochaine!"

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Kevin95
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2009

Message par Kevin95 »

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Le Petit Baigneur (Robert Dhéry) Image

Petite déception pour un de Funès solide dans mes souvenirs mais qui à la révision s'avère être très inégal et un tantinet longuet.
Fufu n'est pas à blâmer, celui-ci est absolument génial (comme 99 % du temps), mais c'est à mes yeux (et j'ose à peine l'écrire à la vue de la réputation du monsieur) Dhéry himself qui alourdit le film. Pas vraiment en tant qu'acteur mais par sa mise en scène et ses gags, lesquels ne marchent qu'un coup sur deux. Certains idées font mouches (les génialissimes scènes d'église ou du petage de câble de de Funès) mais d'autres sont soit à l'ouest (héritage du théâtre des branquignoles... sauf que le cinéma est un tout autre support créatif !) soit tellement étirés que l'ennuie se fait ressentir (les scènes du tracteur ou des toilettes sur l'eau sont beaucoup trop longues).
Le Petit Baigneur reste une comédie agréable servit par des comédiens attachants, mais mineur (je le découvre maintenant) dans la filmo de de Funès.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Fantômas se déchaîne (André Hunebelle, 1965) :

captures et photos de tournage

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Il porte bien son titre. Fort du succès retentissant du premier film, les producteurs ont décidé avec cet épisode de donner une nouvelle ampleur aux aventures de Fandor et du commissaire Juve. Au Fantômas lugubre succède un Fantômas plus moderne. A l'heure où le Gendarme se confronte à l'effrayante modernité du nouveau monde à New-York, Fantômas prend des allures de Dr No. Il commence par réapparaitre par le biais de la télévision, aux yeux du monde, en personnage médiatique comme on dit de nos jours. Dans le récit, c'est un extraterrestre, presque, qui apparait engoncé dans sa combinaison d'astronaute, entrant dans une zone appartenant à ce qu'on appelle alors le "Centre de la Recherche Scientifique" tourné vraisemblablement dans une raffinerie (ou à Lacq peut-être?). Les couloirs sécurisés des labos ressemblent à s'y méprendre à ceux d'une forteresse ultra moderne, avec tuyaux, sas de sécurité, portes blindées ou alors à ceux d'un sous-marin. Avec les décors de cette introduction du personnage, on entre aussi dans la démesure des décors bondiens à la Ken Adam. Dans le premier film, les décors y faisaient un peu songer. Ici, l'inspiration flirte bien plus avec la parodie, vire à l'imitation pure et simple. Avec peut-être même une touche plus psychédélique qu'une débauche de couleurs vives vient accentuer. Vers la fin du film, la base souterraine entre fonds marins et sommets volcaniques constitue le sommet de cette démesure. Elle demeure encore très impressionnante dans l'émerveillement. Beaucoup de brillance, très tape à l'oeil il est vrai dans les couleurs avons-nous dit, dans la maîtrise technologique également que les décors gadgets sont censés exprimer mais également dans l'agencement spatial bizarroïde. Cette base avec ses écrans, boutons, ordis, lucarnes sur les profondeurs abyssales sous-marines, suggère nombre de pouvoirs techniques mystérieux détenus par Fantômas, le plaçant même dans une posture que le premier épisode avait déjà proposé, celle du capitaine Nemo, mais un Nemo encore plus inquiétant avec un potentiel hallucinant. Et c'est là que la lignée extra-terrestre se fait plus pregnante. Ne prophétise-t-il pas qu'il va devenir le maître du monde? Tout cela, le premier opus nous l'avait déjà sussuré, ce "Fantômas se déchaîne" le chante, le clame bien plus ardemment! La gadgétisation est beaucoup plus prononcée. C'est avec un mini véhicule téléguidé que Fantômas fait exploser le portail du "Centre (N) de la Recherche Scientifique" (explosion assez volumineuse pour un film français de l'époque). Malgré tout, Fantômas opère depuis une fourgonnette Citroën qui fleure bon les années 40-50. Il fait faire par les scientifiques qu'il a enlevés une sorte de fusil télépathique et finit par s'enfuir à bord d'une DS volante (encore mieux que le discovolante de Largo dans Thunderball!). Attention il est permis de se gausser gentiment devant les effets spéciaux d'une rare indigence pour le décollage et les prises de vues aériennes. On met les moyens par contre sur les effets pyrotechniques qui sont maitrisés lors de l'allumage des réacteurs ou bien du déploiement des ailes.

Ce film marche ainsi sur un fil, entre l'expression de la modernité des sixties et le plus ridicule des ringardismes. Comme si les efforts de ces messieurs pour donner dans le cinéma du futur étaient chose impossible pour des artisans du cinéma de papa. Ambitions et désillusions ô combien charmantes aujourd'hui. C'est mimi tout plein. D'aucuns trouveront cela pathétique mais j'y verrais plutôt des tentatives, vaines certes, de petits vieux de vivre plus jeunes qu'ils n'étaient, sans désespoir, bien au contraire, avec une naïveté désarmante. Car le film est un très agréable spectacle. Il a même eu du succès en son temps. Finalement il appartient bien, lui aussi, à son temps. C'est presque beau ces efforts répétés : une obstination de gamins.

Revenons aux faits et en l'occurrence à la gadgétisation de la série car elle n'est pas l'apanage du criminel, la police s'en mêle. Les longues scènes didactiques sur le troisième bras articulé ou le cigare flingueur sont hilarantes, grâce au contraste amené par le sérieux du commissaire et l'ahurissement béât et général de ses ouailles durant l'exposé. Plus encore, il est important de souligner comment le scénario introduit cette gadgétisation de la flicaille, avec le rôle du ministre (de l'intérieur sans doute) et l'engueulade qu'il passe au commissaire en parfaite et symétrique opposition avec son discours dythirambique prononcé après qu'il eut accroché une légion d'honneur à la veste de Juve. Du héros boutant l'ennemi hors du pays, le commissaire est vite devenu un "Jean Foutre". C'est une des clés qui ont fait le succès de Funès, ses personnages toujours petit rabougri devant ses supérieurs et tyrannique avec ses propres inférieurs. Un comique de hiérarchie très franchouille utilisé ici aussi. Quand le ministre ordonne à son commissaire de "réviser ses méthodes", on pourrait penser qu'il fait figure de critique -pas forcément la Nouvelle Vague vitupérant contre la vieille garde personnifiée par Hunebelle et sa clique- mais bien vraisemblablement celle du public qui apprécie de plus en plus l'aspect moderne des gadgets qui accompagnent James Bond par ex, toujours cette grande masse écossaise qui projette son ombre tutellaire sur les Fantômas... ou Pif (héhé j'm'amuse). D'ailleurs, le commissaire en découvrant l'inaptitude de ses sous-fifres à comprendre le mot "gadget", ne dit-il pas "vous n'êtes jamais allés au cinéma?" Les scénaristes ont vu et revu la grande salle d'opération du Dr No, si, si, on ne me l'a fait pas à moi! Les scientifiques de Fantômas sont dans des espèces de labos-bulles, bossent avec des robots et des bras mécaniques, et on a vu comment Fantômas et ses hommes entrent au "CNRS" en combinaisons de protection qui rappellent autant celles que portaient Dr No et ses sbires que celles des premiers astronautes. Comme je l'avais déjà émis dans l'article sur le Gendarme à New-York, je trouve toujours bien davantage attendrissante que comique la manière dont les français de l'époque associaient la modernité aux Etats-Unis et à la culture anglo-saxonne en général. Ici aussi, on a droit à ce type d'amalgame quand le commissaire, dans des bureaux à l'architecture intérieure des plus modernes notons-le au passage, enjoint ses affidés à rester "rilax, toujours rilax".

Mais comme je le disais précédemment, on revient toujours aux fondamentaux culturels français de l'époque, pas de doute. Louis de Funès voulant créer une sorte de dynastie de saltimbanques obligea son fils Olivier à faire du cinéma. Louis parvient à intégrer son fils au scénario. On voit là déjà combien sa personnalité et son rôle ont vampirisé les attentions du public et de la production, l'un n'allant pas sans l'autre évidemment. Olivier devient alors le jeune frère d'Hélène ou son neveu (peu importe). Dans sa scène de présentation, les scénaristes font retrouver au film une teinte traditionnelle, la figure spectrale du Fantômas d'Allain et Souvestre en un plan bref et captivant. Mais très vite, en combinant l'esprit farceur d'un Zéro de conduite avec l'humour frondeur d'écolier, quelque chose de rieur, de guilleret apparait, que l'on trouve affiché dès les premières images du générique. En effet, dans le premier opus, avec la gravité que le thème de Magne installait, le générique restait très simple. Ici, lui succède un générique en dessin animé, narrant à ceux qui n'auraient pas vu le premier film les hauts faits de la poursuite finale. Ce petit rappel des évènements peut paraitre fastidieux, m'enfin, on subit bien plus pénible quand le commissaire rappelle à ses hommes comment Fantômas manipulait son monde à l'aide de ses divers masques. Il projette alors des photos "portraits" de Fantômas avec ses différents postiches, photos dont on se demande bien comment il aurait pu se les procurer. Le procédé est très lourd, grossier. On déraille complètement. Alors ce petit dessin-animé au générique avec sa joyeuse musique, ses couleurs chatoyantes parait alors d'une légèreté bien vivifiante en comparaison.

Le film par moments vient emprunter à d'autres cinémas que celui de James Bond. De Funès en fan absolu de Charles Chaplin s'autorise un petit numéro hommage de mime, manière muet, et imite son idole quand il enrage de ne pouvoir se faire comprendre de ses confrères italiens en faisant une mimique labiale qui lui remue la moustache. Plus loin, c'est Mylène Demongeot et Jean Marais qui partent du côté de la Méditerranée sur une autre production où Michel Magne a fait des siennes. Lors de la soirée organisée par Fantômas sur les hauteurs de Rome, lui en sultan, elle en Angélique marquise des Anges, ils prennent des poses théâtrales que la musique angéliquienne de Magne vient souligner avec lourdeur. Je vous assure que j'aime beaucoup Magne, mais pas dans ces contrées lyriques. D'ailleurs il faudrait dire que cet épisode est plutôt raté musicalement par Magne qui use et abuse d'une musique trempée de violons soit larmoyants soit bondissants comme des cabris. A la fin, pendant la poursuite dans les escaliers en colimaçon, cette musique vient gâcher un peu la scène avec une mélodie très répétitive. Agaçant. Alors que j'ai pour la recherche mélodique et instrumentale du bonhomme la plus grande admiration par ailleurs. Son thème de Fantômas est à cet égard, certes lui aussi très répétitif, mais d'une originalité folle et très percutante.

Dans les inspirations de l'époque, au risque de me répéter par rapport au premier film, j'ai vraiment le sentiment de retrouver Ric Hochet, dans l'accoutrement et la dégaine de Jean Marais. C'est encore plus voyant quand il vient chercher "Michou" (Olivier De Funès) à l'internat. Son Alfa Romeo décapotable rouge, le coupe de sa veste, sa coiffure mi-classique mi-banane, tout cet ensemble sent bon les années 60 et les aventuriers de bédé mi-journaliste mi-détective. D'ailleurs la trogne de Juve n'est pas sans rappeller l'aspect bonhomme du policier qui assiste Ric Hochet dans ses enquêtes.

Au rayon des motifs de déception, outre le déguisement de Jean Marais en professeur Lefebvre qui, s'il est bien déformant n'en demeure pas moins extrêmement laid et artificiel, c'est surtout le fait que Mylène Demongeot ne darde plus. C'en est scandaleux. Où sont passés nos chers tétons dardés? Hum? On retrouve bien sa jupe plissée, ses hanches... mais que diable lui est-il arrivé? Au dessus de Rome, dans les frimats de ces vents italiens, il y avait de quoi frisonner. Et pourtant... nib! Enfin... nada plutôt. Je me sens floué. Oh pour les adeptes de bondage, une scène rigolote qui fait même rire Mylène!

En somme, longtemps ce deuxième épisode m'a semblé long, trop comique, trop burlesque -le mot semble plus adéquat- et le récit me paraissait trop décousu, sans queue ni tête... et donc ni téton. Aujourd'hui, la vieillesse fait son sale boulot, je lui trouve des airs charmants, de la couleur, un De Funès endiablé, son duo avec Dynam est aussi sûr que dans le premier épisode, bref, ce n'est pas un aussi mauvais film qu'il n'y parait.
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hansolo
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par hansolo »

Alligator a écrit :Fantômas se déchaîne (André Hunebelle, 1965) :
(...)

bref, ce n'est pas un aussi mauvais film qu'il n'y parait.
Le film a beaucoup de qualités!
Il ne m'a jamais paru être un mauvais film!!
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par mr.hubert »

Tambour battant de georges combret

vieux petit film musical assez sympa!

Louis de funes, dans un petit rôle y est déjà extraordinaire
Korea
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Korea »

bonsoir , tambour battant , a quel chaine est il diffuse ?? merci
Chemiro
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Chemiro »

Bonsoir

Je m'adresse aux membres du forum pour savoir si l'un d'entre vous posséderait un de ces films de la première partie de la carrière de Louis de Funès... Je n'y crois pas trop mais si, par miracle, quelqu'un possède un de ses titres, je le remercie d'avance de me le signaler...

Adémaï au poteau-frontière (1949)
Croisière pour l'inconnu (1947)
Dernier refuge (1946)
L’inconnue de Montréal (1950)
ils étaient cinq (1951) )
La loi des rues (1956)
Le Sorcier blanc ou La Jungle en folie (1952)
Mon ami Sainfoin (1950)
Pas de vacances pour M le maire (1951)
Rendez-vous avec la chance (1949)
Le Roi du bla-bla-bla (1950)
Le secret d’Hélène Marimon (1953)
Scènes de ménage (1954)
La Vie est un jeu (1950)
Vient de paraître (1949)
Le voyage en Amérique (1951)

Je cherche aussi des films étrangers recherchés en VF
Le jugement dernier (1962) titre italien Il giudizio universale
Sa majesté M. Dupont (film italien de 1950) titre italien : prima communione
L’homme aux millions (film anglais de 1953)

Et ces courts métrages :

Champions Juniors (1951)
Boite à vendre (1951)
Un amour de parapluie (1952)

Merci à tous pour votre aide.
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Korea »

bonsoir , comme vous , je suis a la recherche des films de notre cher louis , mais , je crois malheureusement , qu 'il faudra surement une diffusion par la tv ou une sortie dvd ou autre , car certains films sont presque introuvable ou tous les fans que j'ai contacter , me demander des sommes trop exagerees pour des copies de films qui , ne sachant pas la qualite du film , etait au rendez vous ..Alors si vous trouver ,ces films , j'enserai content pour vous , bonne soire a vous
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Jerome
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Jerome »

sortie de l'intégrale de la musique des gendarmes
http://www.fglmusic.com/produit?id=879
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et un double album
http://www.fglmusic.com/produit?id=882
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Bugsy Siegel »

Jerome a écrit :sortie de l'intégrale de la musique des gendarmes
http://www.fglmusic.com/produit?id=879
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1 DOULIOU-DOULIOU SAINT-TROPEZ - Bof "Le Gendarme de Saint-Tropez"
En effet, c'est très "bof". :uhuh: :fiou:
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Fantômas contre Scotland Yard (André Hunebelle, 1967) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -yard.html

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Pendant très longtemps, ce troisième opus était de loin mon favori et puis je me rends compte avec l'âge que s'il est toujours aussi divertissant, il ne se révèle pas aussi original que ses deux prédécesseurs. Ce troisième larron parait bien plus se contenter des investissements passés que d'ajouter quelque chose de neuf à la série. Peut-être que ce sentiment vient du fait que j'ai déjà tout dit de ce que représentait pour moi les Fantômas d'Hunebelle?

Le divertissement vient encore plus de ce qu'insufle De Funès. Ce film là couronne sa vampirisation de la série. Demongeot ne darde plus. Il lui échoit une seule scène marquante où elle confronte Fantômas à sa propre arme, le déguisement, le masque. Pris à son propre jeu, Fantômas est nargué par le sourire de la belle blonde qui peut se targuer d'être la seule à avoir foutu la trouille au génie du mal. Jean Marais passe lui également au second plan, héritant de deux séquences d'envergure seulement, la course à cheval et l'attaque ninja (héhé) du château de Lord McRashley. Ces deux scènes, même si elles semblent écrites en compensation apportent finalement d'heureuses ruptures de rythme et de ton qui rééquilibrent tout le film, le rattachant à l'essence aventurière et polarde de la série.

Non, celui qui attire la lumière c'est bien Louis de Funès, tout le scénario est axé sur sa personne et par voie de conséquence sur le duo qu'il forme avec Jacques Dynam. Calqué sur les mêmes mécaniques que De Funès avait magnifiquement huilées avec Bourvil, ils perpétuent cet humour traditionnel, burlesque où les jeux de pouvoir pervertissent les relations jusqu'à l'absurde. Humour exutoire, universel et éternel. Le sommet de cette relation hiérarchique et quelque peu sadomasochiste est sans doute constituée par la séquence où Dynam perd son révolver dans la couche de De Funès en le bordant. Celui-ci se méprend sur les intentions de son sous-fifre zêlé. Il est clairement fait allusion pour une fois à l'homosexualité dans cette scène. Et la réprobation horrifiée du commissaire Juve répond à celle qu'il avait affiché déjà dans "Le corniaud" face aux regards salaces du culturiste dans les douches, humour homophobe bon teint à l'époque. Du coup, le film n'en finit pas de prendre un coup de vieux et il est conseillé de ne pas oublier de prendre ce film pour ce qu'il est, un objet du passé, une relique de l'amusement d'antan.

Derrière le vernis craquelé de ces archaïsmes se sirotent des thèmes plus intemporels. J'ai une nouvelle fois apprécié ces plaisirs régressifs et nostalgiques des retrouvailles avec les images du passé, un cinéma révolu. Dès le générique, la musique de Michel Magne, envoûtante, annonciatrice du spectacle à venir, nous fait entrer dans la danse (transe). La Rolls de Fantômas roule sur les routes d'Ecosse. Ces images sont bien les seules à avoir été tournées réellement en Ecosse. D'ailleurs le générique n'est pas encore terminé que se détachent les rudes façades du château de Roquetaillade -entre Bazas et Sauternes- un édifice que je connais par coeur ayant passé de nombreux après-midis à écrire dans les allées du parc alentour. Plus tard dans le film, les scènes extérieures de chasse à courre ont de toute évidence été tournées en forêt de Fontainebleau.

Mon péché mignon, à savoir de retrouver de temps en temps des voix et des têtes de cinéma depuis disparues, est ici complètement satisfait. D'abord on est surpris par la présence de Henri Serre que j'avais vu dans Jules et Jim. Quel plaisir, quelle joie de retrouver cette voix si particulière, Jean-Roger Caussimon. Et le film continue d'étirer sa ribambelle de trognes, Dominique Zardi, Jean Ozenne, Max Montavon et les autres.

Parmi les vieilleries qui ornent inélégamment ce film, on doit se coltiner cet invraisemblable dispositif de flash-back. Déjà à l'époque on prenait les gens pour des cons et il fallait leur rafraichir la mémoire. Avec une sorte de lecteur dvd ou ordinateur portable le grand méchant loup nous balance des images qu'il n'a pas pu filmer. Le même procédé grossier avait enlaidi la première partie de "Fantômas se déchaîne". Nous avions décidés de passer outre. Re-passons, donc! Pas trop vite cependant, car au détour d'une phrase dans son laïus de présentation, Fantômas lache un indice de plus sur le caractère utra moderne du personnage, que l'on avait déjà noté dans les épisodes précédents : son aptitude à préparer continuellement son avenir, à se projeter toujours vers le futur, à tel point qu'il en devient sur-humain. Je ne me souviens pas exactement des termes qu'il utilise mais en gros il dit que ses scientifiques mettent au point tout ce qu'il faut pour faire exploser la planète le jour où il aura décidé de vivre sur une autre. Outre la peur de la science atomique, qu'une course aux armements a d'ores et déjà bien développé dans le monde entier, le film joue également sur le caractère extraordinaire du pouvoir de Fantômas, faisant de lui, à sa seule volonté, le maitre des destinées humaines, un être extra-terrestre putatif, lui conférant une aura inégalée.

Le film a par ailleurs considérablement étoffé sa parure fantastique cette fois-ci. Du moins tente-t-il de le faire. Le scénario mêle à la comédie policière une trame plus ou moins fantastique. L'Ecosse terre de fantômes, n'est mise en valeur que par ce biais-là. La route des trois pendus, les apparitions spectrales, la séance de spiritisme, la brume dans la lande, etc. Tout cet attirail surnaturel à la superficialité confondante de niaiserie donne pourtant au film une atmosphère un chouïa inquiétante qui était je crois bien l'élément majeur de ma préférence enfantine. A moins que ce ne soit une attention plus soutenue, sachant qu'avec cet ultime chapitre il n'y aurait plus de pages à tourner? Quoiqu'il en soit, c'est assez charmant.

Seulement je crains que les scénaristes n'aient un peu trop insisté sur le comique de répétition : le gag des disparitions de cadavres par exemple est vite lassant. Le talent de De Funès n'y suffit pas.

En somme, l'ultime aventure de la saga Fantômas s'achève avec une confiscation du vedettariat pour un De Funès gigantesque, roi du burlesque, dont la justesse de jeu ne cesse d'épater. De la race des seigneurs ou des génies, cet auguste mérite amplement son statut, ne vole rien, ne prend que ce qui lui est dû.

Finalement par ces aventures comiques d'un autre âge, je voudrais remercier ces artisans et artistes qui ont façonné un cinéma populaire et ont touché par ce biais un grand nombre de petits nenfants dont je fus. En revoyant ces petits bouts d'enfance en dvd c'est à une très agréable regression qu'ils nous invitent et ce voyage n'a pas de prix. Profitons. Et arrêtons de snober ces menus plaisirs, bordel à queue! Vive le cinéma, vivent les cinémas!
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