
Una giornata particolare (Une journée particulière) (Ettore Scola, 1977) :
9/10
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Ettore Scola figure parmi les cinéastes les plus élégants et délicats que je connaisse. Un des plus justes également. Il est vrai que je n'en ai pas vu des tonnes du sieur Scola, mais pas de fautes de goût à déplorer jusqu'à aujourd'hui. Et ce n'est pas avec cette journée si particulière en effet que je pourrais être déçu.
Très théâtral dans sa structure en quasi huis clos, le film enveloppe ses deux personnages principaux dans un cocon merveilleux, avec une douceur et une chaleur extrêmement émouvante, ce qui va bien au delà des circonstances tragiques de l'histoire.
Vu récemment lors du festival cinémed rendant hommage à Mastroianni, le film fut présenté par un Mario Monicelli qui nous spoila le film en nous racontant la fin... et pourtant, malgré une projection pas loin d'être catastrophique, l'émotion fut grande, que dis-je, gigantesque grâce à ce couple d'acteurs jouant avec sobriété, malice et élégance.
Sophia Loren casse son image glamour, la fait littéralement voler en éclat et pourtant elle écrase le film de sa superbe, de son envoûtant charme, de sa sensualité débordante. Son personnage fatigué, éreinté par le manque patent d'affection découvre avec effroi le désir irrépressible d'être aimée, choyée, désirée, cajolée. Et cette demande transpire de tous les pores de sa peau, dégouline de son regard enfiévré.
Face à ce si soudain généreux personnage, Marcello joue un homosexuel dépressif (et pour cause, son sort dans l'Italie mussolinienne est peu enviable) avec l'incroyable maestria que l'on connait de cet immense acteur. Portant tout le poids du monde ces deux âmes perdues dans un monde brutal et insensible se trouvent, se découvrent et se donnent en cette journée si particulière une raison d'avoir vécu et peut-être de vivre encore.
