Jean Gourguet (1902-1994)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cinzano
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Jean Gourguet (1902-1994)

Message par Cinzano »

Ayant eu l'occasion de voir plusieurs films d'un certain Jean Gourguet sur CinéCinéma Classic (Maternité clandestine, Les premiers outrages, La P... sentimentale), et interloqué par l'intérêt que portait ce cinéaste des années 50 pour les situations triviales que pouvait connaître une certaine jeunesse de son temps (une "fille mère" protégée par une bande de délinquants, un adolescent qui tombe amoureux d'une prostituée...), j'aimerais en savoir davantage sur ce réalisateur relativement méconnu. Il me semble que son cinéma fait écho à certains romans publiés à la même époque ("Chiens perdus sans collier" de Gilbert Cesbron, "Les hauts murs" d'Auguste Lebreton, "Le journal du voleur" de Genet, etc.). A des degrés divers, d'autres cinéastes traitèrent de cette même thématique ("Les jeux dangereux" de Pierre Chenal, "Accatone" et "Mamma Roma" de Pasolini, "Terrain vague" de Marcel Carné, etc.). Est-ce que l'un ou l'une d'entre vous a une opinion sur le sujet ?
Cinzano
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Message par Cinzano »

Voilà ce qu'on appelle un bide de toute beauté... 8)
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Message par Commissaire Juve »

Cinzano a écrit :Voilà ce qu'on appelle un bide de toute beauté... 8)
Pauvre, Cinzano... :? si ça avait été un obscur tâcheron américain, tu aurais peut-être eu des réponses.


Perso, j'ai trois films du bonhomme : Maternité Clandestine (1953), Les premiers outrages (1955) et La p... sentimentale (1958). Je me suis justement re-visionné "Les premiers outrages" il y a 48 heures.

Sur le DVD de ce film, il y a un doc assez long sur le travail de Jean Gourguet. Très intéressant. Un des intervenants dit que la série des mélos et des films "petite culotte" est un peu "limite", mais que c'est quand même un cran au-dessus des Alfred Rode et des Willy Rozier. Ah ? :mrgreen:

A l'occasion, je me prendrai La traversée de la Loire (1962), son dernier. Il paraît qu'il est pas mal.

Truc singulier : j'ai le souvenir d'avoir vu Malaria (1943), avec Mireille Balin et Sessue Hayakawa, à la télé, quand j'étais gosse. Après recherche, il semble que le film n'ait jamais été programmé. Or, je suis sûr d'en avoir vu des images. Peut-être un extrait à la séquence du spectateur.

Image Image


Sinon, j'ai trouvé une critique des Frangines (1960) dans la Gazette de Lausanne... assez piquant ! :mrgreen:
Ce film français de Jean Gourguet se passe dans une institution de jeunes gens ou des "gars débrouilles" s'arrangent à rapprocher des filles et des garçons que la crainte du sacro-saint règlement éloigne. A la tête de ces resquilleurs un peu bravaches, un certain Gérard dont le cynisme rapidement lasse. Cela finit -- grâce à cet aimable échantillon d'une faune juvénile nullement sympathique -- par l'assassinat de la directrice et la tentative de suicide d'un admirateur de Gérard : Olivier.

Ce film plutôt malsain est confié aux mains de quelques croulants : Louis Seigner, Marguerite Pierry, [Georges] Chamarat... entourés d'une petite escadrille d'inconnus... qui pourraient le rester.

source : la Gazette de Lausanne, 7 mai 1960, page 9
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Re: Jean Gourguet, cinéaste

Message par Commissaire Juve »

J'ajoute une critique -- à la construction un peu hasardeuse -- de Les premiers outrages (1955) :
Les noms des auteurs, vous ne les trouverez pas dans l'histoire du cinéma ou les traités de spécificité filmique. Les premiers outrages se présentent aux spectateurs avec la seule recommandation d'un titre très "public", et des photos de jeunes filles en fleur qui font se retrousser les babines des vieux messieurs du Quartier-Latin.

Mais voici un film charmant, honnête, un bon récit, des images d'une fraîcheur qui rachète la négligence de certaines prises de vue. Le nom du caméraman est Duculot. Ce n'est cependant pas l'audace qui l'étouffe.

Le héros de l'histoire, un jeune garçon qui vient de rater son Bac, arrive en scooter lors de la première séquence, ce qui laisse bien prévoir qu'il aura un accident en cours de tournage.

On n'a pas cherché l'originalité. Les deux vedettes sont Rellys et Louis Seigner qui n'a pas grand-chose à faire. Les autres acteurs sont inconnus. Et pourtant ce film est plaisant, ce qui prouve que l'on peut intéresser le spectateur sans faire appel nécessairement à Aurenche et Bost pour le scénario, à Jeanson ou un autre spécialiste pour les dialogues, à Van Parys pour la musique et Wakhévitch pour les décors. J'ignore le coût de cette production. Elle rapportera certainement beaucoup plus qu'elle n'a coûté.

L'histoire est donc celle d'un premier amour. Un quatuor de jeunes filles, dont une seule est vraiment très jolie, se rendent en vacances chez leur tante, au bord de l'Yonne. Elles y rencontrent le fils de l'aubergiste, Christian dit Kiki, camarade d'enfance, qui vient de rater son Bac. L'aubergiste (Rellys) est furieux ; sa femme est une brave idiote qui n'a pas grand-chose à dire. A deux pas de l'auberge, se trouve un professeur en vacances qui a ramené avec lui, de Paris, une cousine veuve, de 30 ans à peine. Le quatuor de filles disputera Christian à la belle veuve. Mais Christian préfère la bonne Françoise. On se demandait bien, d'ailleurs, au début du film, pourquoi cette Françoise était à la fois si sérieuse et si jolie.

Le scénario est donc assez conventionnel pour rebuter les exégètes. Le public se laisse prendre au charme des adolescents qui remplissent l'écran de leurs jeux, de leurs inquiétudes, de leurs gros et petits chagrins ; qu'ils jouent bien ! Un jeu direct, savoureux. Des bousculades dans les haies, des courses dans les forêts, la nuit. Une grosse fille -- qu'on appelle Bébé -- qui cherche ingénument les secrets du mariage. Les yeux émouvants d'une gosse à son premier amour. Les vieux messieurs du Quartier-Latin n'ont pas grand-chose à se mettre sous les babines. Mais le public est conquis.

Générique : Scénario et mise en scène de Jean Gourguet ; avec Françoise Vatel, Maurice Sarfati, Rellys, Maryse Martin, Simone Bach.

Source : la Gazette de Lausanne, 5 novembre 1955, page 16
Dernière modification par Commissaire Juve le 12 mars 13, 23:27, modifié 1 fois.
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Re: Jean Gourguet, cinéaste

Message par Commissaire Juve »

Notule de 1954 qui me scie ! (parce que le film n'a vraiment pas l'air terrible)
La fille perdue

C'est une réalisation de Jean Gourguet, avec Claudine Dupuis, Gérard Landry, en première vision à Lausanne. Un film de grande classe, profondément humain, émouvant et audacieux, qui fera battre d'émotion le coeur des femmes. Ce film montre l'état regrettable d'une jeune femme que seul un grand amour peut sauver. Trois séances tous les jours... Moins de 18 ans pas admis.

source : la gazette de Lausanne, 27 mars 1954, page 5
C'était peut-être un copier-coller d'une présentation faite par l'attaché de presse. :mrgreen:

Dans le doc sur Gourguet, Jean-Pierre Mocky décrit ses mélos comme des films "pour boniches", des équivalents des romans-photos.
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Re: Jean Gourguet, cinéaste

Message par Commissaire Juve »

Dans les premiers outrages (1955)... en dehors de Danik Patisson (bien mignonne) et de Françoise Vatel (qui a une bonne bouille), il y a une certaine Marianne Lecène que je trouve vraiment charmante (elle n'a pas vraiment fait carrière... et il semble qu'elle ait été speakerine, mais je ne me souviens pas d'elle dans ce rôle).

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Re: Jean Gourguet (1902-1994)

Message par Commissaire Juve »

Je fais un méga-up... simplement pour mettre l'adresse du site consacré à Jean Gourguet : http://www.jean-gourguet.com/accueil.html

Et parce que je viens de découvrir l'existence du film Jeannette Bourgogne (1939), avec Blanchette Brunoy. Une histoire montrant "le rôle social et éducatif de l'école publique française", le tout sous le haut patronage de l'Education nationale (aïe !).

A priori, le film n'a pas disparu, car il y a eu une projection en septembre 2013 :
Aisy-sous-Thil : le retour de Jeannette Bourgogne

Les mairies d’Aisy-sous-Thil et de Précy-sous-Thil ainsi que l’office de tourisme de la Butte de Thil font part du retour de Jeannette Bourgogne sur ses terres auxois-morvandelles.

Ce film, tourné en 1938 par le cinéaste Jean Gourguet (1902-1994), met à l’honneur le métier d’enseignant et les valeurs de solidarité d’engagement et de courage d’un pays alors en pleine période du Front populaire.

Nommée institutrice à Aisy-sous-Thil le 1er octobre 1938, Jeannette aura devant elle une trentaine d’élèves tous issus du village. Car ce sont bien les élèves réels qui jouent dans ce film et, ce n’est pas sans une certaine émotion que certains pourront enfin voir le film.

Deux projections

Une première projection, présidée par Geneviève Costovici-Gourguet, fille du cinéaste aura lieu à Aisy-sous-Thil samedi 21 septembre. Elle sera réservée aux habitants du village et aux élèves de l’époque accompagnés de leur famille. La projection sera précédée par une cérémonie festive au cours de laquelle sera baptisée la salle communale du nom de Jean Gourguet auquel sera associé le nom des élèves de l’école. On peut noter, au passage, la fidélité de cet ­artiste à la Bourgogne puisqu’il repose, avec son épouse Michelle Gourguet, dans le petit cimetière de Jours-en-Vaux.

Une seconde projection publique et gratuite aura lieu dimanche 28 septembre, à la salle polyvalente de Précy-sous- Thil. Entre ces deux dates, une exposition sur le film et le village d’Aisy-sous-Thil se tiendra à l’office de tourisme de la Butte de Thil, salle Sainte-Auxile. Il s’agit là d’un événement exceptionnel car le film Jeannette Bourgogne a bien failli disparaître en 1941, jugé à l’époque trop subversif.

http://www.bienpublic.com/haute-cote-d- ... -bourgogne
J'ai regardé dans le catalogue Gaumont. Rien.

Enfin, coïncidence : le film La Maternelle (Henri Diamant-Berger, 1949) -- également avec Blanchette Brunoy -- sort le 3 mars prochain chez LCJ.

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Re: Jean Gourguet (1902-1994)

Message par Cinéfil31 »

Merci pour ces liens et ces informations Commissaire. Je crois me souvenir que Christophe Bier avait consacré l'une de ses chroniques radiophoniques à Jean Gourguet dans un numéro de l'émission "Mauvais genres". "Jeannette Bourgogne" m'intrigue... Et je ne savais pas que "La Maternelle" de Diamant-Berger allait sortir chez LCJ... Apparemment, ils ont au moins fait un effort esthétique pour soigner la jaquette ! Reste à savoir ce qu'il en sera pour le transfert...
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Re: Jean Gourguet (1902-1994)

Message par Cinéfil31 »

Et concernant Marianne Lecène, je dois dire que moi non plus j'ignorais totalement qu'elle avait été speakerine. Elle aurait fait des débuts télévisés en 1957. L'année suivante elle présenta le concours Eurovision de la chanson. Sur le site de l'INA, j'ai retrouvé une émission de 1960, "L’École des bêtes", qu'elle coprésentait avec un certain Thierry Roland... : http://www.ina.fr/video/CPF86609133. Pour la TV, elle a aussi joué dans plusieurs dramatiques dont un remake de Sylvie et le fantôme tourné par Stellio Lorenzi en 1954. Au cinéma, sa carrière fut effectivement très brève, ce qui est dommage.
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Re: Jean Gourguet (1902-1994)

Message par Commissaire Juve »

Cinéfil31 a écrit :... Sur le site de l'INA, j'ai retrouvé une émission de 1960, "L’École des bêtes", qu'elle coprésentait avec un certain Thierry Roland... : http://www.ina.fr/video/CPF86609133. Pour la TV, elle a aussi joué dans plusieurs dramatiques dont un remake de Sylvie et le fantôme tourné par Stellio Lorenzi en 1954. Au cinéma, sa carrière fut effectivement très brève, ce qui est dommage.
Oui, je l'avais vu aussi.

... un remake de Sylvie et le fantôme tourné par Stellio Lorenzi en 1954. Au cinéma, sa carrière fut effectivement très brève, ce qui est dommage.
Argl ! Tu viens de me rappeler que j'avais décidé hier soir de revoir le film d'Autant-Lara cet aprèm et que j'ai oublié le DVD (précision : je ne suis pas chez moi). :mrgreen:
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