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Test dvd
Image de la jaquette

Hi, Mom !

DVD - Région 2
Carlotta
Parution : 5 mai 2010

Image

Cette nouvelle édition fait oublier celle de MGM datée de 2005 et sortie sous le titre Les Nuits de New York. Le master restauré (qui conserve toutefois l'aspect "vintage" de certains passages du film) est servi par une compression excellente, à l’exception de légers fourmillements parfois sensibles sur les fonds clairs. Le rendu des couleurs est dans l'ensemble impeccable - on note cependant quelques séquences un brin fades - et l'image bien contrastée. La définition est des plus correctes avec toutefois de courts passages ou des zones d’image un peu flous. Sans atteindre la perfection, cette édition de ce film rare s'avère pleinement satisfaisante.

Son

Propre, sans souffle ni grésillements, la piste sonore présente une bonne dynamique. Les ambiances et la musique sont bien dosées et l'on peut seulement regretter des voix un tantinet en retrait. Le film, inédit en France, n'a certainement jamais été doublé et c’est donc fort logiquement que cette édition propose une unique version originale.

Suppléments

Présentation de Samuel Blumenfeld (8'50)
Pour Samuel Blumenfeld, Brian De Palma est des cinéastes de sa génération celui qui est le plus ancré dans les années 60, et les dix premières années de sa carrière sont fortement marquées par cette époque de bouleversements aussi bien politiques qu'esthétiques. Après avoir ainsi rapidement replacé le film dans la carrière du cinéaste, le co-auteur du livre d’entretien Brian de Palma (paru en 2001 chez Calmann-Levy) raconte la rencontre entre Robert De Niro et le réalisateur. Il explique pourquoi, alors même que l’acteur débute chez De Palma et qu’en retour il influe beaucoup sur le ton de Greetings et Hi, Mom !, le fonctionnement du cinéaste ne permet pas l’éclosion d'un duo durable tel que celui que De Niro formera par la suite avec Martin Scorsese. Blumenfeld explique également la place de l'improvisation dans le film ou encore pourquoi De Palma souhaitait donner une suite à Greetings afin de s'attirer les faveurs d'un producteur en vue. Comme on peut le voir, ces neuf minutes sont assez denses en informations mais la clarté du propos fait que jamais elles ne donnent une impression de fourre-tout.

Blumenfeld revient dans une Postface cachée (5'06),où il dresse un parallèle entre le film de Brian De Palma et le Taxi Driver de Scorsese. Blumenfeld raconte la genèse du célèbre « You're talking to me ? » et surtout explique que Paul Schrader, alors jeune critique de cinéma et grand admirateur de De Palma, lui proposera justement le scénario de Taxi Driver. De Palma, très intéressé, déclinera le projet, estimant que ce n’est pas un film pour lui. Samuel Blumenfeld soumet dès lors l'hypothèse assez pertinente que Schrader a puisé dans Hi, Mom ! plusieurs éléments pour écrire son premier scénario original.
[Pour trouver ce bonus, il faut se rendre sur le menu des bonus et s'arranger pour descendre dans l'image (facile sur un ordinateur, la manipulation peut se révéler plus délicate sur un lecteur de salon) jusqu'à faire apparaître un point rouge sur la pipe de de Niro qui devient cliquable].

Percevoir / Décevoir (22'10)
Jean Douchet revient dans ce module analytique sur la place du Vietnam et le voyeurisme dans le cinéma de Brian De Palma et dans Hi, Mom ! en particulier. Étonnamment, Douchet ne perçoit pas l'ironie de De Palma lorsque ce dernier évoque les mouvements révolutionnaires et contestataires. Il voit ainsi dans les films du N.I.T. un hommage du cinéaste au cinéma politique et underground américain, ainsi qu'une critique de la société de consommation et de la discrimination raciale ; alors qu'il semble pourtant évident que si De Palma partage certes ces idées, il est très critique par rapport à la façon dont celles-ci sont illustrées par les mouvements contestataires. Douchet reste dans une lecture très "premier degré" assez peu satisfaisante vu la matière même d'un film qui ne cesse de jouer sur les apparences, et il se livre même parfois à quelques interprétations qui sont de véritables contresens. Il se révèle plus pertinent lorsqu'il étudie le voyeurisme dans le cinéma de De Palma ou encore l'horizontalité vs la verticalité dans sa mise en scène mais son analyse est trop confuse, absconse pour pleinement convaincre. Heureusement, Douchet propose une dernière partie plus intéressante dans laquelle il étudie les différents régimes d'images utilisés par De Palma. Il décortique le discours du cinéaste sur le rôle des images et notamment sur la télévision, outil dédié à la propagande d'un idéal américain, médium qui se fait le chantre de la société de consommation et contre lequel Brian De Palma prend farouchement position.

Bande-annonce (1'50)
Dynamique, rythmée, cette bande-annonce insiste sur le côté farce du film, sur son exubérance, tout en relevant intelligemment les intentions du film, que celles-ci soient politiques ou esthétiques.

Par Olivier Bitoun - le 2 avril 2012