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Test blu-ray
Image de la jaquette

Little Odessa

BLU-RAY - Région B
Metropolitan Vidéo
Parution : 3 janvier 2023

Image

C'est donc en France qu'apparaît aujourd'hui, et pour la première fois au monde, un Blu-ray de Little Odessa, le film qui marqua les débuts de James Gray. Ce ne fut pas chose facile pour Metropolitan Films de concrétiser cette sortie après dix ans d'acharnement et de patience. Little Odessa a en effet de gros problèmes de droits localisables, la production du film ayant été montée en associant de grosses structures avec des sociétés indépendantes dont certaines ont disparu. Il existe visiblement un vide juridique autour de la propriété du négatif, la chaîne des droits semble très compliquée, voire non localisables pour les Etats-Unis selon James Gray. Un pataquès qui expliquerait que personne n'ait pu vraiment s'occuper de Little Odessa jusqu'à présent, même si le film continue d'exister pour quelques projections en salle (au Festival Lumière, par exemple... mais en 35mm) ou reste disponible sur certaines plateformes américaines.

Pendant le dernier Festival de Cannes, un mystérieux tweet français a fait courir la rumeur que, de la bouche de James Gray lui-même, Little Odessa était en cours de restauration 4K. Or le réalisateur, qui reste toujours désolé que son film ne soit pas disponible en édition physique, au moins dans son pays, n'a pas confirmé cette information à l'éditeur : cette annonce reste donc toujours une légende. Le blocage des droits américains empêche également une ressortie du film dans des conditions optimales. L'équipe de Metropolitan Films, qui souhaitait le rendre disponible depuis des années, a donc dû faire avec ce qui était possible. Il y eut une première tentative avortée en 2012, on parlait alors de sortir un DVD, mais même cette option fut annulée à cause d'un master jugé trop mauvais. Depuis dix ans, l'éditeur sollicite l'ayant droit (monde) New Line pour obtenir un master HD exploitable. C’est seulement en 2022 qu'ils ont pu avoir accès à un fichier ProRes HD acceptable, le seul existant en HD à leur connaissance. Il s'agit d'un scan issu d'un interpositif et non du négatif original : les sous-titres anglais sont gravés à même la pellicule, il ne leur a pas été fourni de matériel textless. L'éditeur l'a fait nettoyer autant que possible en gommant une partie des taches et des éclats, des rayures et  des griffures, pompage, manque de fixité ainsi que des instabilités gênantes au moment des changements de plans.

Cette édition est donc un net progrès par rapport à ce qui était proposé jusqu'à présent mais il ne faudra pas s’attendre à un rendu de master 4K flambant neuf. Le principal (seul véritable ?) défaut de ce transfert est une patine qui conserve une certaine douceur. L'ancienneté du scan se fait sentir dans certaines limitations techniques comme le faible niveau de détail (même si les gros plans sont parfois mieux lotis), lors de certaines passages franchement flous (mais heureusement très brefs) ou quelques hautes lumières très vite saturées. Globalement, la précision reste quand même honorable malgré un manque de texture toujours perceptible. Mais le grain est plutôt épais et souvent en retrait. La copie est profondément nettoyée et globalement stabilisée, on notera des contrastes manquant de densité la plupart du temps, mais dénués de pulsations. On est, en revanche, agréablement surpris par l'étalonnage couleur qui évite des dérives magenta trop marquées et reste dans une palette naturelle et mesurée, souvent beaucoup moins rouge que ce que proposaient les anciens DVD. On ne signalera aucun souci d'encodage, un point traditionnellement irréprochable des disques Metropolitan, même si certains fondus, notamment celui du tout premier plan, laissent apparaître un peu de posterisation (banding), un défaut sans doute natif du fichier HD reçu par l'éditeur. Au final, s'il reste forcément des choses à améliorer, les conditions de visionnage sont loin d'être désagréables. Il s'agit, de très loin, de la meilleure version du film vue à ce jour en vidéo.

comparatif DVD Opening (2006) vs. Blu-ray Metropolitan Films (2023) :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

On signalera que l'éditeur a dû faire face aux mêmes complications contractuelles concernant les visuels de cette édition puisque, à l'exception d'une affiche américaine d'époque reçue tardivement, reproduite à l'intérieur du digipack, Metropolitan Films a dû opter pour un habillage sobre et sans images. New Line n'a pas fourni de matériel de qualité sur ce film, pas de poster officiel ou de photos, ce qui explique qu'à chaque fois que Little Odessa a pu sortir en vidéo, les jaquettes étaient pauvres et d’époque.

Son

La version originale est de facture correcte. Entièrement nettoyée des impuretés du temps et dénuée de souffle, la piste offre une belle présence des voix et un champ sonore équilibré, subtil et très détaillé. La spatialisation 5.1 est palpable, respectant l'ambiance mortifère sans accentuation d'effets abusifs, mais les voies arrière restent plutôt discrètes. La version française est presque aussi convaincante même si elle apparaît moins délicate et plus compressée : la dynamique plus écrasée déséquilibre l'ensemble, au détriment des voix qui sont davantage mises en avant. Cette piste, elle aussi en 5.1, bénéficie d'une spatialisation peut-être un peu plus marquée, mais avec un recul en subtilité par rapport à la VO.

Suppléments

Les liens du sang (28 min - HD - VOSTF)
Excellent entretien par Nicolas Rioult d'un James Gray qui se remémore le début des années 90 avec humilité et le regard distancié de quelqu'un qui a beaucoup changé... et qui a désormais largement commencé à construire une oeuvre. Il considère aujourd'hui son film à travers le jeune homme qu'il était, en colère et déprimé, immature et avec un ego certain, lui qui se rêvait en Visconti américain. Il constate son manque d'expérience et les défauts d'un débutant ("j'apprenais"), racontant le tournage "sur un petit nuage" avant le réveil "terrible et brutal" de la salle de montage ou les présentations boudées puis encensées à Venise et Deauville. Il évoque l'écriture d'un scénario inspiré de ses rencontres de jeunesse dans les boîtes de nuit russes de Brighton Beach, et parle de ce quartier décentré et désolé de New York qui ressemble à l'Europe de l'Est ("vraiment un autre pays"), qu'il retrouva quinze ans plus tard pour Two Lovers. James Gray analyse Little Odessa par rapport à ses intentions de départ, notamment son souhait de faire un "film tendre", et livre quelques anecdotes sur sa direction d'acteurs (qui a, selon lui, bien évolué depuis), devoilant certaines dissensions, précisant la façon dont il considérait leurs suggestions sur le plateau. Il parle de ce qu'ont apporté les interprètes, la douleur intérieure assimilée par Tim Roth, l'aspect sexuel de l'agonie apporté par Vanessa Redgrave, ou expliquant avoir choisi Moira Kelly parce qu'elle jouait dans Fire Walk With Me de David Lynch, qui l'avait "bluffé". Il raconte avoir cherché l'inspiration visuelle dans les musées auprès de son directeur de la photographie Tom Richmond, avec comme point de repère un autoportrait de Max Beckmann, et se souvient de son amitié avec Claude Chabrol ("un privilège"). Chose surprenante, puisque cela semblait être à l'image un choix longuement pensé, il avoue avoir été forcé de tourner en hiver et n'avoir compris que sur le tard l'impact visuel de la météo sur son film, qui "devient un personnage à part entière", ou la "dimension cosmique" et "magique" de la neige qui impose un univers...

En savoir plus

Taille du Disque : 31 577 448 388 bytes
Taille du Film : 24 270 323 712 bytes
Durée : 1:38:29.903
Total Bitrate: 32,85 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 27,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 27000 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2048 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 1890 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 0,272 kbps
Subtitle: French / 9,717 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 2 janvier 2023