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Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Lion et le vent

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 11 novembre 2020

Image

Hasard du calendrier, Le Lion et le vent sort quelques semaines à peine après la disparition du grand Sean Connery, l'occasion de découvrir ce film méconnu sorti par Sony en DVD en 2003 en Europe, et notamment en Belgique, mais jamais en France. Warner, qui détient les droits pour le territoire américain, a édité de son côté un DVD dès 2005, ainsi qu'un Blu-ray dans la collection Warner Archive en 2014, uniquement réservé aux anglophones (pas de VF ni de sous-titres français).

Sony n'a vraisemblablement pas fait les mêmes efforts que Warner sur ce titre puisque le transfert qu'ils ont fourni à Rimini est sans doute celui qui a servi de base aux DVD (cf. ici ou ). Un transfert daté, un peu décevant, mais encore acceptable sur de nombreux points. L'image est surtout pénalisée par les faiblesses techniques des scanners de l'époque : la définition ne choque pas outre mesure mais les contours manquent quand même de ciselé (on soupçonnerait presque une accentuation artificielle des contours alors qu'il s'agit seulement de capteurs d'un autre âge) et l'ensemble apparaît surtout insuffisamment détaillé. On sent ainsi très vite que les textures, les étoffes ou les plans larges manquent de finesse. Si la copie reste assez stable, elle n'a pas été complètement nettoyée, régulièrement parsemée de petites salissures (points noirs) ; on trouve aussi quelques sautes d'image à des points de montage. La colorimétrie apparaît bien saturée mais avec une sorte de dominante chaude insistante et suspecte d'où n'émergent finalement pas assez de nuances. Rien à dire sur les contrastes, plutôt équilibrés. L'aspect argentique est palpable mais encore discret.

Si Sony n'a pas jugé opportun de restaurer Le Lion et le vent depuis plus de quinze ans, ce n'est pas le cas de Warner qui a financé un nouveau master pour son Blu-ray de 2014. Le scan est visiblement différent mais pour un résultat à la précision curieusement assez proche, en tout cas pas démesurément meilleure. On distingue que le cadre est un peu plus large, avec une modification de ratio qui affine les personnages ; les hautes lumières sont mieux gérées ; le piqué est à peine plus précis, mais cette fois avec des contours plus nets. Les deux transferts se démarquent surtout du côté de l'étalonnage : la version Warner est mieux nuancée, ouvre sa palette aux bleus, notamment, mais écrase aussi parfois l'ensemble avec des dérives magenta drastiques (captures 7 et 8) typiques du traitement des couleurs à l'américaine. Le master Rimini, s'il est pénalisé par une gamme colorimétrique plus réduite, n'est sans doute pas si loin des teintes d'origine...

Blu-ray Warner Archive (2014) vs. Blu-ray Rimini (2020) : 1 2 3 4 5 6 7 8

Son

Dans certaines salles, à sa sortie, Le Lion et le vent a été projeté au format 70mm avec un mixage stéréo 6 pistes. Si Warner en a proposé une version 5.1 sur son DVD de 2005... et sur le Blu-ray de 2014, Sony a fait moins d'efforts en fournissant à Rimini un mixage stéréo comme c'était le cas pour le DVD sorti en 2003, une piste qui pourrait paraître moyenne sur le papier mais qui, toutes proportions gardées, tient encore sacrément bien la route. Malgré un espace sonore réduit à deux pistes, la stéréophonie est vraiment palpable, les ambiances sont très détaillées, avec une réelle impression de subtilité. Si les voix sont claires et l'ensemble profondément nettoyé, sans aucun souffle intempestif, c'est surtout la musique qui emporte l'adhésion avec une restitution somme tout assez efficace du score très inspiré de Jerry Goldsmith : la précision des instruments et les rendus stéréo sur les cuivres ou les percussions restent très impressionnants. Il est clair qu'il faut voir le film en version originale pour profiter d'une immersion très supérieure à la version française. Car, présentée dans un mono étriqué et un peu couvert, la piste française ne tient pas la comparaison. On échappe aux sifflantes ou au souffle, la piste a également été (bien) nettoyée, c'est déjà ça, mais le spectacle sonore sera obligatoirement plus terne au final. La tonalité de la VF, reprise du DVD ou d'un master TV, n'a pas été parfaitement réajustée et apparaît plus aiguë.

Suppléments

Présenté dans un beau digibook comprenant le Blu-ray et le DVD, Le Lion est le vent est accompagné d'un livre de 116 pages très joliment illustré. Stéphane Chevalier propose un rapide parcours de certaines "gueules" du film : Brian Keith à la "noblesse naturelle" qui se fera connaître aux côtés de son ami Sam Peckinpah ; Antoine Saint-John, "personnage mystérieux" qui incarne le mal à l'état pur chez Sergio Leone ou Robert Enrico ; Aldo Sombrell, "le méchant pistolero des westerns spaghetti" ; Steve Kanaly, vétéran du Vietnam popularisé par la série Dallas ; et même Jerry Goldsmith, compositeur instinctif et "caméléon" dont la musique majestueuse du Lion et le vent mélange lyrisme, drame et sonorités orientales. Stéphane Chevalier a également interviewé Darrell Fetty, l'un des acteurs du film qui se tournera vers l'écriture de scénario et la production de séries TV à partir des années 2000 (Rome). Il parle de John Milius, "le rebelle controversé" du Nouvel Hollywood qui le dirigera de nouveau dans Big Wednesday, et qui commandait ses troupes comme "un général truculent". C'est grâce à Darrell Fetty que Rimini a pu ajouter une préface par John Milius lui-même, qui évoque la vie comme "une rude bataille" et ses héros destinés "à une vie de solitude".

Mais le gros du livre est un texte de 64 pages entièrement consacré au réalisateur, "artiste inquiétant" et clivant, "le nouvel homme qu'on aimera haïr" à Hollywood. Ecrit par Christophe Chavdia, à qui l'on doit déjà plusieurs livrets chez Rimini (comme celui sur Miracle en Alabama par exemple) et surtout le livre consacré à Richard Fleischer édité avec Les Vikings il y a deux ans, John Milius, le prisonnier du désert évoque notamment la production et le tournage en Espagne du Lion et le vent, "grand film élégiaque d'aventures exotiques (...) avec un regard couleur d'enfant" et résume de manière très précise les faits dont il est inspiré. Mais le livre retrace surtout le parcours chaotique d'un électron libre et grande gueule, passionné de surf et d'armes à feu, fan de John Ford et d'Akira Kurosawa, épris de Roosevelt et d'un certain "esprit américain". Scénariste de talent qui verra son travail édulcoré et réalisé par d'autres (Jeremiah Johnson, Apocalypse Now...), Milius passera à la mise en scène avec quelques succès, le marquant Conan le Barbare, à l'"influence considérable", ou des oeuvres aussi opposées que le "pro-reaganien" L'Aube rouge et le personnel et anti-guerre L'Adieu au roi. Personnalité intelligente mais incontrôlable, Milius sera rapidement mis de côté par l'industrie, perdant le contrôle de projets systématiquement remontés contre sa volonté. Christophe Chavdia fait le récit détaillé de l'"oeuvre vénéneuse" d'un auteur déclassé, dont John Huston dira qu'il n'était "pas de notre temps"...

Commentaire audio sur la musique de Jerry Goldsmith (VOSTF)
Yavar Moradi, Jens Dietrich, Clark Douglas et David Lichty, les quatre compère de The Goldsmith Odyssey, une série de podcasts initiée en 2018 autour de la filmographie du compositeur, ont été invités à faire ce commentaire audio autour de la musique du Lion et le vent. Véritables amateurs et spécialistes de Jerry Goldsmith, ils analysent avec précision les différents morceaux du film, notant les points communs avec certains de ses scores (Star Trek ou La Planète des singes), les senteurs d'Americana sur quelques passages, le "chaos" très structuré des percussions ou les "connexions musicales" entre les thèmes de Roosevelt et Raisuli, "deux aventuriers dans des lieux différents". Il s'essayent en même temps à l'analyse du film, du scénario, des personnages ou de la mise en scène, et parlent des rapports qu'entretenaient John Milius avec ses compositeurs, en particulier Basil Poledouris. Instructif et bien rythmé.

John Milius, la genèse d'un mythe (43 min - 1080i)
L'éminente plume Samuel Blumenfeld livre le portrait passionnant d'un cinéaste qui s'est inventé une légende jusqu'à en devenir prisonnier. Exacerbant un fétichisme des armes à feu et une fascination pour les militaires, Milius veut se montrer comme un vétéran de la guerre alors qu'il s'est fait réformer au moment du Vietnam. Imprégné d'une cinéphilie classique, conservatrice et masculine (Ford, Huston) dont il se veut un héritier, et qu'il oppose à la nouvelle génération venue de la télévision, Milius applique à lui-même la mythologie de ses idoles : il réalise "un cinéma qui exalte le machisme", claironne sa fascination pour les codes d'honneur (vus dans les films de Kurosawa), réalise Dillinger contre Bonnie and Clyde (le film qui, selon lui, "a fait dérailler Hollywood") et marche sur les pas de Lawrence d'Arabie avec ce Lion et le vent, qui transforme "une nota bene de l'histoire américaine" en la marquant du sceau de la légende. Blumenfeld en profite pour analyser le film, "l'aspect kiplinguien" du jeune garçon qui vit une épreuve initiatique exaltée, le modèle esthétique du cinéma colonial anglais, ou évoque le casting "intéressant" qui remplaça ses choix initiaux (Omar Sharif et Faye Dunaway). Une démonstration impeccable et un très bon complément au livre, illustré de quelques images d'une featurette sur le tournage (dispo sur l'édition Warner).

En savoir plus

Taille du Disque : 40 263 661 472 bytes
Taille du Film : 29 945 044 992 bytes
Durée : 1:59:12.145
Total Bitrate: 33,49 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 25,03 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 25034 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2079 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2139 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2013 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,125 kbps
Subtitle: French / 13,358 kbps
Subtitle: French / 41,773 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 16 décembre 2020