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Test blu-ray
Image de la jaquette

Boxcar Bertha

BLU-RAY - Région B
Rimini Editions
Parution : 17 février 2021

Image

Ce film méconnu de Martin Scorsese avait eu les honneurs d’une sortie DVD en 2004 sous la bannière MGM. Le résultat était alors tout juste correct mais on était déjà bien content de pouvoir le posséder, d’autant que nos exigences techniques étaient moindres à l’époque. Grâce à Rimini, voilà que Bertha Boxcar nous revient dix-sept ans plus tard en haute définition, et ce pour notre plus grand plaisir. L’éditeur a l’honnêteté de ne pas fanfaronner et s’abstient donc de faire mention d’un « nouveau master restauré », ce qui est bien le cas. On ne repart donc pas ici d’un scan flambant neuf fait à partir d’un superbe négatif mais plutôt d’un master ancien, toujours solide, qui a subi un lifting bienvenu. Ainsi les aléas techniques sont réduits au minimum possible, l’image est globalement propre malgré quelques petites et rares scories. De même, elle offre une stabilité appréciable malgré quelquefois un pompage lumineux dans le bas du cadre sur certaines scènes. Le gros avantage de ce master est son aspect naturel et argentique, qui correspond assez bien au rendu qu’on pouvait rencontrer à la sortie du film ; il faut d’ailleurs garder à l’esprit que Bertha Boxcar était une production à petit budget. La colorimétrie - aux tons chauds terreux et légèrement verts - est respectée (adieu la dominante magenta du DVD), joliment saturée au sein d’une image lumineuse, les contrastes sont soutenus et les plans nocturnes offrent une belle lisibilité (même si affectés par une remontée de grain). Coté définition, on alterne entre le très beau et le correct, les conditions de tournage y étant aussi pour beaucoup : on a ainsi affaire à des plans présentant un piqué séduisant  au niveau des différentes matières (quelques gros plans le démontrent aisément) ainsi qu’à des plans « brut de décoffrage » beaucoup moins bien définis. Mais l’ensemble conserve une texture cinématographique qui fait plaisir à voir. Un peu d’Edge Enhancement a été utilisé sans que son action soit dommageable, et le grain d’origine n’a pas été trop lissé. En fait, le principal défaut de ce Blu-ray repose sur une granulosité parfois excessive due à un léger voile de compression (heureusement maîtrisée et constante), surtout visible dans les arrière-plans en longue focale et sur les parties les plus sombres de l’image. Mais l’on s’y fait, même en vidéo-projection. On imagine que Bertha Boxcar ne sera jamais un candidat pour un master flambant neuf et l’on devra donc se contenter de ce travail très appréciable, même si loin d’être parfait, qui dans l’ensemble tend à respecter l’œuvre cinématographique d’origine.

Son

Ce Blu-ray propose deux pistes sonores mono au format DTS-HD Master Audio au mixage presque équivalent. Sans surprise, la version originale offre un bien meilleur rendu malgré un léger souffle et une certaine usure : sa dynamique, sa précision et surtout son ouverture (notamment repérable sur les ambiances et l’équilibre général) l’emportent largement sur la version française. Pour une fois, la bande-son française ne plaque pas trop les voix avant du spectre au détriment des ambiances, mais elle est dans l’ensemble trop étouffée et bien moins percutante. Son manque caractérisé d’impact et d’ouverture se fait sentir, même si le doublage est globalement de bonne qualité (à l’exception de la voix de Barbara Hershey, beaucoup trop éloignée du timbre original). On conseillera donc de s’en remettre à la VO malgré la présence de sous-titres imposés.

Suppléments

Interview d’Alexis Trosset (26 min 16 - 16/9 - DD 2.0 - 2021 - HD)
Cet entretien, une production Rimini, fait intervenir Alexis Trosset, coauteur avec Nicolas Schaller de l’ouvrage Martin Scorsese paru aux éditions Dark Star en 2003. Grand admirateur et connaisseur de l’œuvre du cinéaste italo-américain, Trosset remonte aux sources de Boxcar Bertha, deuxième long-métrage de Scorsese. Il nous décrit les conditions et les contraintes (le petit budget, le quota de sexe et de violence) dans lesquelles cette production s’est montée au sein de l’écurie de Roger Corman, l’homme aux « 50 films comme réalisateur et peut-être 300 comme producteur », qui avait remarqué le jeune prodige lors de ses pérégrinations à Hollywood, loin de son New York natal. C’est bien sûr le succès énorme de Bonnie and Clyde qui inspira Corman à donner une sorte de fausse suite à son propre film, Bloody Mama. Trosset précise que Scorsese n’a pas participé à l’écriture du script mais ne manque pas de rappeler les nombreuses correspondances entre Boxcar Bertha et son univers personnel. Il insiste sur le montage - pour lequel ce dernier a eu toutes les libertés - avec ses figures de style marquantes. Alexis Trosset apprécie ce film malgré ses défauts et le défend plutôt bien, il s’appesantit bien sûr sur la scène finale de crucifixion, une séquence « d’une violence inouïe » et « impossible d’anticiper » comme régulièrement dans la filmographie du cinéaste. Il considère - avec raison - la fin comme « inoubliable » et ajoute qu’à partir de séquence, « Martin devient Scorsese ». Trosset embraye sur les rôles de femmes dans l’univers scorsesien et parle plus précisément du personnage de Bertha et de son évolution, femme-enfant jouée par la lumineuse Barbara Hershey (on apprend que c’est elle qui confia au cinéaste le livre La Dernière tentation du Christ). Il évoque les autres personnages et insiste sur l’aspect social des protagonistes chez Scorsese, dont le parcours est marqué par son pessimisme. Trosset achève son propos par la réception publique (très positive dans les circuits de distribution parallèles) et critique (mitigée) de Boxcar Bertha, puis par la préparation du futur Mean Streets où tout « l’univers se met en place ». Les cinéphiles les plus experts de la carrière de Martin Scorsese apprendront peu de choses, mais l’intervenant est suffisamment disert, passionné et intéressant pour satisfaire les moins connaisseurs.


Bertha Boxcar par Julie Corman (7 min 03 - 16/9 - DD 2.0 - VOST - 2020 - HD)
Ce document fait intervenir l’épouse de Roger Corman. Au cours de cet entretien, celle-ci se propose de présenter « son point de vue » sur la fabrication du Boxcar Bertha, qui voulait  donc capitaliser sur le succès de Bloody Mama. On apprend qu’elle était à l’origine du projet dans sa première version. Julie Corman, en effectuant des recherches sur des femmes gangsters, tomba par hasard sur l’autobiographie de Boxcar Bertha. L’époque de la fin des années 60 et du début des années 70, marquée également par les mouvements de libération des femmes, se prêtait fort bien au traitement d’un personnage féminin aussi fort. Mais elle précise avec regret que son sujet a peu à peu été détourné par plusieurs personnes, jusqu’à Barbara Hershey et David Carradine, alors en couple « dans une dynamique électrique ». En revanche, elle n’a que des compliments à faire à Martin Scorsese - sa concentration et sa précision extrême - et loue son travail sur Boxcar Bertha. Cette interview est très instructive par l’angle qui a été choisi, il est seulement dommage qu’elle ne soit pas plus longue tant on sent que Julie Corman aurait bien plus de choses à nous raconter.


Film-annonce (2 min 30 - 1.85 - DD 2.0 - 1972 - HD upscalé)
Animée par une voix-off très présente, cette bande-annonce nous est proposée non restaurée, avec de nombreux points blancs et noirs ainsi que des rayures, assez granuleuse également, mais plutôt fidèle aux trailers de l’époque. Elle est en outre un peu sombre mais correctement définie, bénéficiant d’une colorimétrie naturelle (soit conforme à ce qu’on observait alors dans les films-annonces en salle) et d’effets colorés bien rendus. Sur un plan dramatique, elle remplit parfaitement son contrat.


Par Ronny Chester - le 13 mai 2021