Il existe quelques photos d'exploitations qui permettent de comprendre un peu mieux à quoi ressembler les décors.The Eye Of Doom a écrit : Dommage qu'il ne reste rien d'autre du film et pas de documents dispo pour ce faire une meilleure idée.
Drifting (1923)
En chine, une femme fait partie d'un trafic d'Opium. Pour faire passer une nouvelle cargaison, elle se rend avec son acolyte en campagne où un homme pourrait les aider au grâce à sa mine. Ils ne savent pas qu'il est en fait un agent double travaillant pour le gouvernement.
Avant dernière-collaboration entre Priscilla Dean et Browning (avec encore Wallace Beery) pour un film d'aventures assez pantouflard, du moins jusqu'au 20 dernières bobines.
La première heure est excessivement nonchalante, sans avoir le charme (et la flamboyance) d'un Walsh ou d'un Ford. Quelques touches d'humour bienvenue (Dean balançant ses vêtements au policiers) égarés dans une narration mal construite où le montage parallèle ne fonctionne pas du tout et n'enrichit aucun des personnages. Les enjeux sont en plus trop mince avec pas mal de situations convenues. Les acteurs ne parviennent ainsi pas tous ainsi à exister. Ce sont davantage les personnages féminins qui créent l'adhésion : Priscilla Dean assez vivante mais c'est surtout Anna May Wong qui réussit à être très touchante malgré un rôle cliché au possible. On a même l'impression que Tod Browning lui donne pratiquement la vedette* à quelques reprises et ça fait plaisir de ne pas la voir réduite à jouer les utilités ou la figuration comme dans Mr Wu (elle était au début de sa carrière cela dit et Toll of the sea était sorti l'année d'avant).
Les acteurs masculins sont plus problématiques : Wallace Beery est au final inutile, Matt Moore (l'agent double) transparent et William V. Mong (le père d'Anna May Wong) grotesque avec son maquillage ridicule. Ne parlons pas de l'horripilant mouflet.
Alors que l'ennui routinier s'installe confortablement, une révolte des paysans chinois permet de lancer les festivités du dernier acte. Tout le monde semble se réveiller pour l'occasion : Tod Browning livre un beau chaos à l'image avec des plans larges remplis de demeures en flammes, des foules de figurants déchaînés, des protagonistes face à des menaces dans plusieurs décors, permettant un montage soutenu et une belle alternance de teintages. Même Priscilla Dean se réveille et retrouve son caractère de femme d'action, s'emparant d'un fusil pour repousser plusieurs assaillants qui assiègent la maison où elle a pris refuge.
Une longue dernière séquence assez intense qui sauve le film. Malheureusement, ce petit morceau de bravoure semble incomplet. Est-ce du à la censure mais on ne verra pas les événements que traverse Anna May Wong (qui a du subir au moins un viol). Pas mal de séquences semblent d'ailleurs absentes ou incomplètes tout au long du film : le personnage de Wallace Beery, le contexte géo-politique...
*Edit : En fait, Browning et Anna May Wong ont eu une liaison, ceci explique sans doute cela (liaison assez médiatisée à l'époque puisque interraciale et Wong n'avait que 19 ans, donc mineure là-bas)