Re: Le cinéma muet
Publié : 16 mai 11, 15:17
merci ann
J'ai vu la bande-annonce, je n'en suis pas revenu. On a tendance à imaginer en effet qu'il suffit de quelques gestes grandiloquents, de costumes vagues, de film accéléré, et le tour est joué. La bande-annonce révèle un travail corporel, facial, dans le mouvement, l'espace. Les costumes renvoient précisément à 1927, les nuances de gris ont l'air authentique. Aucun effort stupide pour vieillir le film n'a été produit, et les acteurs ne donnent pas l'impression de grossir le trait. Pour l'instant c'est très alléchant... reste à savoir ce que sera le travail sur la musique, la bande-son de la BA respire le temporaire à plein nez...bruce randylan a écrit :Ce qui est surtout remarquable dans ces 2 films c'est le travail pour obtenir le style visuel des films de l'époque (couleur, grain, mise en scène, format de l'image, musique). J'ose espérer sans trop de crainte que dans un film au 1er degré comme The artist, le résultat devrait être sensationnel.Jeremy Fox a écrit :
Ce n'était pas très difficile cela dit. Et effectivement, ce sont deux superbes réussites à tout points de vue.
Et puis un ami a croisé l'équipe du film à une projection de l'aurore à la cinémathèque lors de la préparation du film. Le réalisateur voulait montrer aux acteurs ce à quoi ils devaient se référer. Une sorte de bible. Ca m'avait tout de suite beaucoup alléché comme projet.
Version originale.hellrick a écrit :Je ne sais pas trop où demander ça donc...
J'ai le double dvd d'Haxan, pour découvrir le film à votre avis faut il mieux commencer par la version originale ou par le remontage avec commentaire (sachant que je dois faire un tit papier dessus et que je pense pas pouvoir le regarder 2 fois tout de suite)
Merci
Oui.. effectivement, cela ne ressemble pas tellement à Cleopatre! Quant aux deux minutes en question, il s'agit des mêmes 10 secondes passant en boucle.allen john a écrit :Cleopatra, ou........?
Un film muet dont deux minutes ont été retrouvées, c'est frustrant, à plus forte raison quand on se trompe de film. On annonce Cleopatra, de 1917, avec Theda Bara, mais ce pourrait être le sulfureux "Queen of Sheba", avec Betty Blythe: un autre film perdu mythique, un autre film Fox.
Pour les gens qui en ont déja entendu parler, toutefois, ne nous emballons pas: l'actrice est habillée.
A vous de juger:
C'est vrai qu'Ingram avec ce film se laisse aller à ses penchants décoratifs. Mais il est bon de pouvoir voir ses films et de pouvoir échanger dessus! Pour le plaisir de repérer Powell, pour le baroque, et rien que parce que c'est une sacrée curiosité, je crois que je ne peux pas être autre chose qu'indulgent avec ce film, et avec Mare Nostrum!Ann Harding a écrit :
The Magician (1926, Rex Ingram) avec Paul Wegener, Alice Terry, Ivan Petrovich et Firmin Gémier
Margaret Dauncey (A. Terry), une femme sculpteur, a été victime d'un grave accident. Opérée par le Dr Burdon (I. Petrovich), elle devient la proie du mystérieux Oliver Haddo (P. Wegener)...
Ce film de Rex Ingram est une adaptation d'une oeuvre de William Somerset Maughan qui s'inpira de la vie d'Aleister Crowley, un pratiquant de l'occultisme. Rex Ingram travaillait déjà depuis plusieurs années dans son propre studio, près de Nice, qui devint plus tard le Studio de la Victorine. Pour ce film, il utilise abondamment les extérieurs: Paris, Monte-Carlo, Nice et Sospel. Il a rassemblé une distribution internationale impressionnante avec l'allemand Paul Wegener, alias Le Golem, sa femme Alice Terry, le serbe Ivan Petrovich qui apparait dans nombres de ses films ainsi que chez Léonce Perret (qui utilisait les studios d'Ingram) et le grand directeur de théâtre et acteur, Firmin Gémier. On pouvait attendre des merveilles avec de tels noms à l'affiche. Malheureusement, la structure dramatique du film est déficiente. Alors qu'on pouvait espérer une montée en puissance de l'angoisse face aux agissements du sinistre Haddo, joué par Wegener, il n'en est rien. Par contre, comme toujours chez Ingram, il y a un soin remrquable au niveau de l'image et de l'atmosphère. Son complice John Seitz fait des merveilles lorsqu'il photographie le laboratoire de Wegener entouré de cornues et autres instruments.
Le film contient aussi une superbe séquence avec des faunes qui dansent une bacchanale endiablée. Wegener a hypnotisé Alice Terry, sa proie, et lui fait voir cette scène sensuelle et violente pour lui montrer son pouvoir. C'est une scène qui semble sortie de Häxan, mais qui est plus chorégraphiée. Le final du film se situe dans une tour par une nuit d'orage. Le magicien Haddo veut donner une vie à une créature de sa confection en prenant le sang d'une jeune femme blonde, aux yeux bleus, c'est-à-dire Margaret (Alice Terry). Le film se termine par l'explosion de la tour. C'est un avant-goût de la fameuse scène de Frankenstein (J. Whale) qui ne sera réalisé que 5 ans plus tard. On peut penser que cette scène a influencé James Whale pour son film. Pour ce qui est de l'interprétation, Alice Terry est assez impavide, Paul Wegener utilise son visage lourd et massif pour nous faire peur et Ivan Petrovich est simplement décoratif. Il est fort dommage qu'Ingram n'est pas fait l'effort de créer de vrais personnages en développant les caractérisations. Mais, néanmoins, ce très beau livre d'images vaut le coup d'oeil. le film a été restauré récemment et est maintenant disponible dans la collection Warner Archive.