Grimmy a écrit :T'inquiète pas, tu es tout pardonné ! Mais quand je parlais de censure, c'était le bien le bon mot choisi : je n'ai aucun souvenir de la Commune à l'école, enfin, assez peu, puisque j'y ai appris qui était Thiers, mais j'ai l'impression que cet "evenement" n'a pas du tout la place qu'il mérite dans les cours d'Histoire. J'ai l'impression que le XIXe est très vite expédié pour attaquer la 1ere guerre mondiale. Après avoir vu le film, je me disais qu'on parlait assez peu de la Commune (alors que l'on connait tous la 1ere et 2e guerre mondiale, par exemple , même si cela n'a pas commune mesure). Il y a un peu plus de 100 ans, c'était la guerre civile à Paris, des soldats français ont été envoyés massacrer des civils. On compte 30 000 morts (au moins !), des executions sommaires en pagailles, et aujourd'hui, j'ai l'impression que la plupart des français n'ont jamais entendu parler de cela.
Merci
Ne mets pas cela sur le compte de la censure, cela n'a rien à voir.
Lisant cinéphage qui est précis dans ses souvenirs, je pense tout simplement que le XIX est le programme d'une année de collège ou de lycée, et que le programme est tellement vaste que les profs n'ont le temps que d'en évoquer le premier tiers, étant donné le nombre d'heures qu'on leur donne. Je suppose que c'est une question d'étendue du programme par rapport au nombre d'heures de cours.
Rockatansky a écrit :Moi je ne me souviens pas de le commune à l'école, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne m'en ont pas parlé
et d'intérêt des élèves, peut-être
L'histoire de la Commune de Paris n'a jamais été occultée. Par contre, elle n'est peut-être plus apprise convenablement et c'est bien triste, parce que c'est l'enseignement de l'histoire dans son ensemble qui n'a plus la place qu'il devrait avoir.
Et puis, il y a des profs sur ce forum qui devraient être plus précis que moi au sujet de l'enseignement de l'histoire du XIX. Mais franchement, il n'y a aucun problème de censure.
Grimmy a écrit :Watkins en faisant son film s'est fait lacher par tout le monde (les télés, l'Education nationale). Seule Arte a diffusé une version courte. Aucune autre diffusion tv, pas une seule programation dans les écoles...
En ce qui concerne les diffusions télé, peut-être le film, même en version courte, était-il très long? Arte, c'est quand même pas Fox News.
Et puis, honnêtement quand je lis ça:
« La télévision a imposé des structures narratives totalitaires à la société sans que nul ait eu le temps de réagir, à cause de sa rapidité, de son arrogance et de son côté mystérieux. C’est ça, la "monoforme" : un torrent d’images et de sons, assemblés et montés de façon rapide et dense, une structure fragmentée mais qui donne l’impression d’être lisse. » C’est ce mélange fluide et nauséeux qu’on trouve aussi bien dans les soap operas, les séries policières ou les actualités télévisées. « En dépit des apparences, souligne le réalisateur, la "monoforme" est rigide et contrôlée, elle ignore les possibilités immenses et sans limites du public que les médias estiment immature. »
Ce qui est en jeu, tous les films de Peter Watkins s’attachent à le démontrer, c’est le contrôle social et la mainmise du pouvoir. « Les professionnels des médias ont un rôle-clé dans la maintenance des systèmes autoritaires et dans l’escalade des violences physiques, sexuelles et morales. » La télé vision aurait pu être autre chose, un véritable moyen démocratique de communication et d’interaction. « Mais elle est entre les mains d’une élite de puissants courtiers, de magnats, de cadres, de responsables de programmes et de producteurs, qui disposent d’un pouvoir colossal et qui imposent partout leur idéologie mondialiste et commerciale, cruelle et cynique, et refusent, bien entendu, de partager ce pouvoir. Ils veulent être tranquilles pour manipuler les esprits... Partout, ce sont désormais les mêmes images, le même refus de développer une responsabilité, une relation intelligente avec la communauté. »
Pour accompagner la pensée unique aurait ainsi été créée l’image unique. Une image intolérante et antidémocratique, qui s’emploie à faire percevoir le public « non comme composé d’individus complexes, poursuit Peter Watkins, mais comme un méga-bloc d’humanité, cible parfaite des publicitaires et des programmateurs obsédés par l’Audimat, cible parfaite pour le capitalisme et l’économie de marché ». Propos de Peter Watkins tirés du Monde Diplo.
Je me dis que je ne suis pas nécessairement contre ce qu'il dit mais qu'il s'agit quand même d'un réalisateur très idéologue et particulièrement militant, donc que, obligatoirement, tout ce qu'il dit et laisse penser est sujet à caution.
La répression de la Commune est considérée depuis toujours comme la base fondatrice de la Troisième République parce que c'est l'évènement par lequel une Troisième République extrémement frêle (fin du second Empire, défaite magistrale à Sedan, prussiens aux portes de Paris) est parvenue à démontrer qu'elle était capable de faire régner l'ordre avant de négocier le départ des prussiens.
Bref, non seulement l'évènement n'a jamais été censuré ou occulté, mais il a été abondemment commenté dès 1870, par les journalistes, les hommes politiques puis les historiens, les uns accusant Thiers d'une répression féroce, les autres lui donnant gage d'avoir été capable de rétablir l'ordre alors que le pays était à deux doigts de l'écroulement total.
Les propos qu'il tient sur le fait que l'évènement fasse partie des
"évènements les plus méconnus de l'Histoire de France" sont grotesques pour quiconque s'est donné le mal d'ouvrir un livre d'histoire avant de raconter n'importe quoi.
A titre personnel, mon plus lointain souvenir sur la Commune vient d'une Histoire de France en bande dessinée, publiée à la fin des années 70, en vingt volumes et qu'on trouvait dans toutes les librairies (il en sortait un volume par mois). Sur les vingt volumes, il y en avait un sur la fin du second Empire et le début de la Troisième République. La moitié du volume était sur la Commune de Paris. Alors, l'un des
évènements les plus méconnus de l'Histoire de France, c'est du gros n'importe quoi.
Tout le monde ne peut pas avoir la méticulosité et l'intelligence historique d'un Chris Marker, mais de là à tordre l'Histoire dans le sens qui l'arrange pour ensuite crier à la censure, c'est honteux et indigne de quelqu'un qui prétend parler d'Histoire en espérant être pris au sérieux.
Il peut raconter ce qu'il veut de la télé, ça me ferait bien mal de la défendre, mais ce gars là est parfaitement digne du système qu'il prétend dénoncer: le totalitarisme par l'ignorance programmée et la gesticulation médiatique