The smilling lieutenant (1931)
Lors de la parade d'accueil pour une délégation étrangère, un lieutenant au garde à vous fait des oeuillades et sourires à sa petite amie de l'autre côté de la rue. La princesse étrangère le prend pour elle et s'offusque de ce manque de respect. Le lieutenant est convoqué pour être châtié. En fait il sera contraint d'épouser la princesse...
D'un intérêt secondaire, mais il faut passer le début assez laborieux car le meilleur est dans le seconde moitié. Il faut dire aussi que le cabotinage de Chevalier n'aide pas à s'intéresser à cette histoire bien creuse.
Moins chanté que les opus précédents, le film laisse plus de place au montage et à la mise en scène. Lubitsch aiguise les armes qu'ils déploiera ultérieurement au service d'intrigues et personnages plus consistant ( et personnels).
Encore plus que dans les films précédents, le lit est le centre du film. La meilleure scène du film est la préparation protocolaire de la chambre nuptiale , la représentante de la mariee puis celui du marié vont s'assurer de la conformité du lieu.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- L'enjeu étant la position des deux oreillers
Du lubitsch pur.
On a aussi une belle scène de confrontation entre Myriam Hopkins qui joue la princesse et Claudette Colbert , la petite amie. Après claques, pleurs et réconciliation, les belles se mettent au piano pour un "Jazz Up your lingerie!", prélude à la transformation de l'oie blanche et blonde en créature érotique.
Il y a aussi dans ce film comme une suite involontaire (?) au
Prince Etudiant. On se souvient du plan final magnifique sur le visage du prince, dans le carrosse nuptiale. Le désespoir de l'homme contraint au mariage qui voit sa vie se refermer a jamais. Le génie de Lubitsch avait consisté à laisser la mariée hors champs, non incarnée.
Ici c'est ce même défilé nuptiale qui nous ai raconté par Claudette Colbert, qui dit avoir vu le visage si triste de Chevalier durant la cérémonie. On a le récit de l'aprés, sous un mode plutôt léger bien sûr.
Il paraît que les deux actrices, forcément en rivalité, auraient harceler Lubitsch pour qu'il les filme sous leur meilleurs profils. Lubitsch aurait plus volontiers accepter pour Hopkins que pour Colbert ce qui aurait accentuer les tensions.
À noter une très belle copie.
Tout de même, quand on pense aux décennies de pudibonderie stupide qui suivront, on est toujours stupéfait par la liberté avec laquelle l'acte sexuel constitue de façon explicite l'unique sujet des films de Lubitsch de l'epoque.
En ces temps de questionnement sur les stéréotypes Sur le positionnement homme/femme, le cas Lubitsch sur cette série de film precode est intéressant. Bien sûr, l'axe social est absent mais il dépeint des femmes libres, autonomes, maîtresses de leur actions et décision. On se demande juste pourquoi elles s'entichent de ce grand couillon de Chevalier. Ce dernier a la personnalité et la profondeur d'un ado atardé... et n'est en faitque le jouet des femmes avec lesquelles il couche. J'ai failli écrire qu'il croit posséder mais en fait il n'y a pas d'attitude de possession juste celui d'une jouissance partagée. D'ailleurs Chevalier s'il insiste, n'est jamais dans un rapport de contrainte mais dans celui de la séduction.
Probablement par une réaction bien naturelle, suite à cette série de marivaudages erotiques, charmante mais superficielle, Lubitsch va revenir une ultime fois au style dramatique avec "L'homme que j'ai tué".