Hong Sang Soo

[Kiké]

Cela a peut-être déjà été partagé, je viens de tomber là-dessus, et encore une fois, quel bon goût



Au cas où ça ne s'affiche pas :
-Barque sortant du port
-L'aurore
-Ordet
-L'Atalante
-Boudu sauvé des eaux
-Printemps tardif
-Vers sa destinée
-Un condamné à mort s'est échappé
-Nazarin
-Le Rayon Vert

[Kiké]

Pas sûr que Walk Up sorte chez moi, mais j'ai rattrapé celui sorti deux films avant (si j'ai bien compté)

JUSTE SOUS VOS YEUX

Les derniers HSS marquent clairement une envie d'épure, de simplicité, de se concentrer sur l'essentiel. Ici on pourrait dire qu'il n'y a presque rien, deux soeurs, un café, un parc, un neveu et un cadeau, ça se suit toujours avec bonheur mais sans être forcément transcendé. Et puis arrive le plat de résistance : un plan-séquence (quasi fixe) avec un homme et une femme au restaurant, qui boivent et discutent. Ca dure peut-être vingt minutes, je ne sais pas, et c'est sublime, et ça apporte une signification différente à ce qu'on a vu auparavant. C'est une nouvelle grande scène d'ivresse, cette fois l'alcool apparait même comme une sorte de révélateur de vérité, il permet aux personnages de dévoiler certains secrets et aussi d'accéder à un certain état de rêverie où un autre futur parait possible.

Cela raconte des choses très touchantes sur le temps, la vie hantée par l'ombre de la mort, tout en gardant de la légéreté (l'alcool, le fou-rire du lendemain), des questions ouvertes pour continuer à nous travailler (le fameux rêve) et in fine, un sentiment de sérénité malgré tout.

Et si le Paradis était juste sous nos yeux?

[Kiké]

Bon bon, vu que j'ai un peu taquiné un certain forum de cinéma qui ne classe Walk Up qu'en 47ème position des meilleurs films de l'année, je me dois de venir un petit peu argumenter sur le dernier HHS.



Dans la parfaite lignée des Introduction, Romancière et autre Juste sous vos yeux, tonton Hong continue à aller vers toujours plus d'épure. Un immeuble, un homme-cinéaste et trois ou quatre femmes autour de lui. Très peu d'intrigue, montage minimum pour une succession de plan fixe avec des mouvements de caméra minime. Par contre, révolution copernicienne dans son cinéma, le soju est remplacé par du vin blanc!
Cette réserve alcoolisée mise à part, c'est donc l'épure, et ça marche toujours! J'y ai vu une nouvelle profession de foi très touchante dans les pouvoirs du cinéma, qui n'a besoin de presque rien pour créer quelque chose d'émouvant. Bien sûr, cela est lié au personnage principal qui est réalisateur et cherche différents projets de film.

Une idée motrice du récit passe aussi dans les différents étages qui illustrent les différentes parties. Nous n'avons pas besoin de savoir combien de temps a passé, qu'est ce qui est arrivé aux personnages entre les deux moments, de grande explication psychologique pour être touché. Les scènes qui se jouent au présent devant nous touchent à des choses assez universelles pour entrer en nous, voire nous inviter à combler les vides si voulu. Toute une vie contenue dans une scène de chaque étage. Il y a quelques petites touches d'humour sympathiques comme la fuite d'eau d'un appartement à l'autre ou cette déclaration soit-disant venue de Dieu lui-même!

Il est aussi possible de voir les différentes séquences aux différents étages comme des mise en scène du personnage principal qui fantasme ses vies potentielles ou ses prochains films dans sa tête ou dans ses rêves, et donc une histoire d'un artiste ordinaire qui retrouve quelques inspirations et parvient à maintenir un art sincère au lieu des produits commerciaux (le roman chinois mentionné).

L'épure atteint sans doute son paroxysme dans la scène du rêve(?). Cette fois, on se contente d'un plan du personnage couché sur un lit, avec le rêve écouté en voix-off. Ou bien est-il lui-même en train de retravailler une conversation dans sa tête, ou imaginer une future conversation, bref des choses pas forcément grandioses mais que nous faisons tous à un moment ou un autre, et qu'on ne voit jamais au cinéma.
J'avais écrit plus haut que le Paradis est peut-être "juste sous vos yeux", on peut peut-être même le trouver sans quitter sa maison!

[Karras]

10 ans plus tard...

J'étais à cette avant-première... J'ai trouvé ça tellement affligeant que je me suis senti obligé de faire cette petite vidéo

[Alibabass]

c'est épique
(pleure pas, on ira le voir au festival Telerama) ... par contre, 10 ans après, il ne demande plus rien à personne pour trouver des financements. Bon, si ... à lui, ce qui est très ... nombriliste, comme ses films quoi.

[Kiké]

C'est énorme, merci pour le partage