Je suis d'accord avec ce que tu dis sur The Irishman, œuvre magnifique et d'une vraie complexité.
Par contre, je ne suis pas d'accord sur ta définition très, très (très) réductrice envers Casino.
Ecrire qu'il ne raconte rien est tout simplement faux. Dire qu'il est un "GoodVegas est, à mes yeux, facile.
Casino est certainement une prolongation de Les affranchis, mais faut-il le réduire à cela, je ne pense pas.
S'il reprend la structure en filigrane classique de l'ascension-déchéance du film de gangsters, Casino s'attache autant à démontrer les rouages internes d'un système gangrené et parfaitement huilé (à ce titre, je n'ai jamais vu un film aussi bien documenté sur ce sujet, avec une narration d'une limpidité aussi impeccable) que la désintégration d'un couple voué à l'échec. Contrairement aux Affranchis, le couple est tout sauf solide. La relation entre De Niro et Stone est le parallèle de ce très gros milieu complexe que l'on va nous montrer imploser (puis exploser).
Quand Scorsese se permet d'insérer le thème de Camille de Le Mépris de Delerue, il le fait très logiquement pendant les crises de violence envers le couple principal, mais également dans la rupture entre Pesci et De Niro dans la formidable séquence de leur dispute au milieu du désert.
Au-delà ces moments qui habitent chaque minute de Casino, Scorsese parle de Vegas comme une métaphore de n'importe quelle puissance économique et capitaliste. Hollywood et son industrie n'est pas une exception, et je reste persuadé que le film de Scorsese parle du système de création et son énorme ambiguïté financière. Et anticipe même ce que le cinéma hollywoodien va devenir 25 années plus tard. Vegas devient un parc d'attraction, Disneyland, ce n'est pas moi qui l'invente, c'est le film qui le cite directement.
Toutes ses composantes en font une œuvre riche, inépuisable dans les informations données.
