Re: Bertrand Blier
Publié : 3 déc. 11, 00:22
Essaye Calmos, c'est un ovni trop méconnu selon moi...
J'ai vu tous les films de Bertrand Blier, excepté son court-métrage La Grimace !1kult a écrit :Essaye Calmos, c'est un ovni trop méconnu selon moi...
Revu hier soir pour la troisième ou quatrième fois. C'est évidemment toujours un film immense et je partage à la virgule près ton sentiment. Cependant, lorsque tu parlais de "finale qui fût un peu en-deçà de [tes] espérances", je serais curieux de savoir ce à quoi tu t'attendais justement. Cette fin, avec les trois regards caméra de Blanc, je la trouve superbe et très émouvante. A l'image du film comme tu l'as souligné qui reste, malgré les tonnes de vulgarité déployées, un sommet de finesse et de sensibilité.Demi-Lune a écrit :Tenue de soirée (1986)
Alors là, pour mon premier Blier, c'est une révélation ! Quelle crudité, quelle audace dans les dialogues ! Je ne pense pas qu'on pourrait sortir un tel film aujourd'hui à moins que la censure dénature tout ce qui en fait justement le sel. Le plus fabuleux, c'est que le trio d'acteurs, énorme et courageux, joue à fond l'outrance verbale dont fait preuve le scénario de Blier, ce qui rend le film extrêmement drôle en dépit de son acidité constante (il faut d'ailleurs souligner les participations de Marielle et Cremer, inoubliables) et sa dureté psychologique. Malgré la vulgarité déployée à tours de bras, malgré le pathétisme qu'inspirent certaines facettes des personnages, Blier allie génialement la verve choquante avec de vrais moments émouvants grâce au talent des comédiens qui, à mon sens, ne rendent pas caricaturale cette approche débridée de l'homosexualité. Et esthétiquement, Tenue de soirée est très travaillé, ce qui n'enlève rien. Vraiment un très grand film, j'aurais même pu sortir le "chef-d'oeuvre" si je ne trouvais que le finale fût un peu en-deçà de mes espérances et que, globalement, la dernière demi-heure est moins bien rythmée que tout ce qui a précédé. Défi casse-gueule fabuleusement relevé pour ma part.
Lui-même le dit.1kult a écrit :Je pense que c'est un problème récurrent chez Blier, à savoir qu'il a souvent du mal à "bien finir ses films"...
Difficile de te répondre aussi précisément que j'aurais pu le faire au sortir de la découverte : ça date d'il y a plus d'un an. Je crois que le truc qui m'a chiffonné, c'est le côté quand même très too-much de cette conclusion, avec les trois qui finissent tapineurs, Depardieu et Blanc en travelos et Blanc, si mes souvenirs sont bons, visiblement très content de se poudrer le visage et faire sa coquette. Bien sûr, le film est too-much mais il trouvait miraculeusement son équilibre à mes yeux ; or je crois que cette fin m'a laissé avec un goût de caricature, pour le coup. Une volonté de Blier de creuser dans le sordide avec une forme subite de distanciation alors que la relation sentimentale entre Blanc et Depardieu, quoique truffée de dialogues hilarants, était quand même traitée au premier degré. Je ne suis pas trop convaincu par le fait que Blier semble suggérer que le travestissement est la nouvelle étape dans la relation sentimentale des deux personnages... ils ont été vieux couple hommes, maintenant ils sont vieux couple femmes. En y repensant, elle est quand même ambivalente, cette fin. Que veut dire Blier, que ces trois-là sont de vraies putes et qu'il était donc normal qu'ils finissent comme telles ? Que Blanc demeure soumis à Depardieu en faisant de lui une espèce de pute du Bois de Boulogne ? Que les sexes et les genres sont des concepts abstraits ? Visiblement, ce qui paraît clair à beaucoup ne l'est pas forcément pour moi.Père Jules a écrit :Cependant, lorsque tu parlais de "finale qui fût un peu en-deçà de [tes] espérances", je serais curieux de savoir ce à quoi tu t'attendais justement. Cette fin, avec les trois regards caméra de Blanc, je la trouve superbe et très émouvante. A l'image du film comme tu l'as souligné qui reste, malgré les tonnes de vulgarité déployées, un sommet de finesse et de sensibilité.
J'espère que tu apprécieras. C'est un film formidable : mise en scène, lumière, dialogues, histoire, acteurs, musique classique, tout... Blier n'est pas seulement inspiré question verve ou esthétique, il s'autorise des audaces narratives géniales et déroutantes.Père Jules a écrit :Concernant Trop belle pour toi, je l'ai reçu ce matin et je m'apprête à en faire la découverte. On en reparlera après
Je refuse absolument de voir dans ce film en particulier et dans le cinéma de Blier en général (du moins les six ou sept films que j'ai vu de lui) de la misogynie. C'est une approche tellement facile et réductrice, tellement premier degré qu'il me semble impossible au vu de l'intelligence du monsieur que cela soit le cas. Tu as tout à fait raison quand tu pointes plutôt les irréductibles différences entre hommes et femmes. Avec Calmos, Blier renverse l'imagerie habituelle, bouleverse les acquis. Et ça, ça irrite. Moi, ça me fait hurler de rire.cinephage a écrit :J'aurais tendance à penser que Calmos, derrière un coté fanfaron et humoristique limite dadaïste, reste quand même porteur d'une certaine vision des rapports hommes-femmes, dont je veux bien croire (il faudrait s'y pencher sérieusement) qu'elle irrigue l'ensemble de son oeuvre.
Il s'agirait moins d'une réelle misogynie que d'un infranchissable écart entre deux approches du monde et du rapport humain..
J'en attends énormément tant j'ai lu d'excellentes choses sur ce film. Le pitch m'emballe, j'ai vraiment hâte. Ce sera probablement pour ce soir !Demi-Lune a écrit :J'espère que tu apprécieras. C'est un film formidable : mise en scène, lumière, dialogues, histoire, acteurs, musique classique, tout... Blier n'est pas seulement inspiré question verve ou esthétique, il s'autorise des audaces narratives géniales et déroutantes.Père Jules a écrit :Concernant Trop belle pour toi, je l'ai reçu ce matin et je m'apprête à en faire la découverte. On en reparlera après