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Re: Bertrand Blier

Publié : 3 déc. 11, 00:22
par 1kult
Essaye Calmos, c'est un ovni trop méconnu selon moi... :wink:

Re: Bertrand Blier

Publié : 3 déc. 11, 13:42
par Watkinssien
1kult a écrit :Essaye Calmos, c'est un ovni trop méconnu selon moi... :wink:
J'ai vu tous les films de Bertrand Blier, excepté son court-métrage La Grimace ! :wink:

Re: Bertrand Blier

Publié : 3 mai 12, 22:15
par cinéfile
Mise à jour sur le site du Forum des Images : la master class donnée par Bertrand Blier, enregistrée le 26 avril, est visible (lien ci-dessous).

http://www.forumdesimages.fr/fdi/L-Acad ... s-en-video

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 09:29
par Père Jules
Demi-Lune a écrit :Tenue de soirée (1986)
Alors là, pour mon premier Blier, c'est une révélation ! Quelle crudité, quelle audace dans les dialogues ! Je ne pense pas qu'on pourrait sortir un tel film aujourd'hui à moins que la censure dénature tout ce qui en fait justement le sel. Le plus fabuleux, c'est que le trio d'acteurs, énorme et courageux, joue à fond l'outrance verbale dont fait preuve le scénario de Blier, ce qui rend le film extrêmement drôle en dépit de son acidité constante (il faut d'ailleurs souligner les participations de Marielle et Cremer, inoubliables) et sa dureté psychologique. Malgré la vulgarité déployée à tours de bras, malgré le pathétisme qu'inspirent certaines facettes des personnages, Blier allie génialement la verve choquante avec de vrais moments émouvants grâce au talent des comédiens qui, à mon sens, ne rendent pas caricaturale cette approche débridée de l'homosexualité. Et esthétiquement, Tenue de soirée est très travaillé, ce qui n'enlève rien. Vraiment un très grand film, j'aurais même pu sortir le "chef-d'oeuvre" si je ne trouvais que le finale fût un peu en-deçà de mes espérances et que, globalement, la dernière demi-heure est moins bien rythmée que tout ce qui a précédé. Défi casse-gueule fabuleusement relevé pour ma part.
Revu hier soir pour la troisième ou quatrième fois. C'est évidemment toujours un film immense et je partage à la virgule près ton sentiment. Cependant, lorsque tu parlais de "finale qui fût un peu en-deçà de [tes] espérances", je serais curieux de savoir ce à quoi tu t'attendais justement. Cette fin, avec les trois regards caméra de Blanc, je la trouve superbe et très émouvante. A l'image du film comme tu l'as souligné qui reste, malgré les tonnes de vulgarité déployées, un sommet de finesse et de sensibilité.

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 12:11
par 1kult
Je pense que c'est un problème récurrent chez Blier, à savoir qu'il a souvent du mal à "bien finir ses films"... j'ai le sentiment un peu systématique d'une sorte de bâclage plus ou moins gênant, un super concept qui s'égare... du Bruit des glaçons à Beau Père, De Sortez vos mouchoirs à Combien tu m'aimes, les univers de Bluer ont du mal à se clore selon moi... Alors oui, la fin (ouverte et fermée à la fois, bizarrement) des Valseuses fonctionne, mais dès Calmos ça commence à partir en vrille je trouve. Pour Calmos, le cinéaste cède délicieusement à l'outrance, ce qui sauve ce projet fou et unique, mais ensuite, on sent cette récurrence d'où des troisièmes actes parfois un peu paumés...

Mais pour Tenue de soirée, il s'en sort plutôt bien je trouve comparé à d'autres titres !

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 13:07
par Boubakar
1kult a écrit :Je pense que c'est un problème récurrent chez Blier, à savoir qu'il a souvent du mal à "bien finir ses films"...
Lui-même le dit.

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 13:14
par cinephage
Ca vaut ce que ça vaut, mais j'adore la fin de Merci la vie, avec ce générique sur fond de musique d'Arno, sur Jean Carmet dans sa chaise roulante. C'est une image que je trouve bouleversante, et qui me laisse un peu abattu à chaque fois que je revois ce film.

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 13:31
par Demi-Lune
Père Jules a écrit :Cependant, lorsque tu parlais de "finale qui fût un peu en-deçà de [tes] espérances", je serais curieux de savoir ce à quoi tu t'attendais justement. Cette fin, avec les trois regards caméra de Blanc, je la trouve superbe et très émouvante. A l'image du film comme tu l'as souligné qui reste, malgré les tonnes de vulgarité déployées, un sommet de finesse et de sensibilité.
Difficile de te répondre aussi précisément que j'aurais pu le faire au sortir de la découverte : ça date d'il y a plus d'un an. Je crois que le truc qui m'a chiffonné, c'est le côté quand même très too-much de cette conclusion, avec les trois qui finissent tapineurs, Depardieu et Blanc en travelos et Blanc, si mes souvenirs sont bons, visiblement très content de se poudrer le visage et faire sa coquette. Bien sûr, le film est too-much mais il trouvait miraculeusement son équilibre à mes yeux ; or je crois que cette fin m'a laissé avec un goût de caricature, pour le coup. Une volonté de Blier de creuser dans le sordide avec une forme subite de distanciation alors que la relation sentimentale entre Blanc et Depardieu, quoique truffée de dialogues hilarants, était quand même traitée au premier degré. Je ne suis pas trop convaincu par le fait que Blier semble suggérer que le travestissement est la nouvelle étape dans la relation sentimentale des deux personnages... ils ont été vieux couple hommes, maintenant ils sont vieux couple femmes. En y repensant, elle est quand même ambivalente, cette fin. Que veut dire Blier, que ces trois-là sont de vraies putes et qu'il était donc normal qu'ils finissent comme telles ? Que Blanc demeure soumis à Depardieu en faisant de lui une espèce de pute du Bois de Boulogne ? Que les sexes et les genres sont des concepts abstraits ? Visiblement, ce qui paraît clair à beaucoup ne l'est pas forcément pour moi.
Et puis, il y a toujours le problème structurel de Blier. Il compose des films qui démarrent en trombe, puis s'essoufflent considérablement arrivés au 3e acte. Dans Préparez vos mouchoirs, on dirait d'ailleurs qu'il en a conscience car il introduit à mi-parcours un nouveau personnage (le gamin) porteur d'une nouvelle direction pour l'intrigue, ce qui a pour moi un effet de déséquilibre. Tenue de soirée m'a, personnellement, moins intéressé à partir du moment où Depardieu et Blanc se mettent ensemble : moi ce que je trouve génial c'est l'instauration et la méfiance de leur relation. Dès qu'elle est consommée, je trouve que ça commence à patiner. Même dans Trop belle pour toi, que je considère comme étant son travail le plus virtuose, le dernier acte a toujours cet arrière-goût de dégonflement. Les promesses dramatiques se soldent par quelque chose d'en-deçà de ce à quoi on est en droit d'attendre à cause du fait que les deux premiers actes sont fulgurants.

Je savoure le cinéma de Blier mais paradoxalement, après l'immédiateté de la jubilation (le bonhomme est indiscutablement inspiré question dialogues), il y a toujours ce petit truc qui commence à poindre, à froid. Une légère réticence, qui tient principalement au rapport de Blier vis-à-vis de la femme. Il en a fait le centre d'étude de la plupart de ses films et derrière ses questionnements se cache souvent un discours à la fois magnifique de fascination et irritant de misogynie. Ses personnages féminins sont pratiquement toujours négativement connotés, en tout cas dans les films que j'ai pu voir. Ce n'est pas pour rien que Trop belle pour toi, le film où pour le coup je ne sens pas de trace de sexisme, est mon préféré. Je n'arrive pas trop à le cerner, de ce côté-là.

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 14:18
par Père Jules
Ça se défend comme argumentaire même si, pour ma part, je n'ai jamais trouvé concernant Tenue de soirée que la fin faisait tâche par rapport au reste du film. Encore moins s'agissant Buffet froid que je trouve absolument formidable de bout en bout. Concernant Trop belle pour toi, je l'ai reçu ce matin et je m'apprête à en faire la découverte. On en reparlera après ;)

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 14:22
par cinephage
J'aurais tendance à penser que Calmos, derrière un coté fanfaron et humoristique limite dadaïste, reste quand même porteur d'une certaine vision des rapports hommes-femmes, dont je veux bien croire (il faudrait s'y pencher sérieusement) qu'elle irrigue l'ensemble de son oeuvre.

Il s'agirait moins d'une réelle misogynie que d'un infranchissable écart entre deux approches du monde et du rapport humain..

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 14:26
par Demi-Lune
Père Jules a écrit :Concernant Trop belle pour toi, je l'ai reçu ce matin et je m'apprête à en faire la découverte. On en reparlera après ;)
J'espère que tu apprécieras. C'est un film formidable : mise en scène, lumière, dialogues, histoire, acteurs, musique classique, tout... Blier n'est pas seulement inspiré question verve ou esthétique, il s'autorise des audaces narratives géniales et déroutantes.

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 14:37
par Père Jules
cinephage a écrit :J'aurais tendance à penser que Calmos, derrière un coté fanfaron et humoristique limite dadaïste, reste quand même porteur d'une certaine vision des rapports hommes-femmes, dont je veux bien croire (il faudrait s'y pencher sérieusement) qu'elle irrigue l'ensemble de son oeuvre.

Il s'agirait moins d'une réelle misogynie que d'un infranchissable écart entre deux approches du monde et du rapport humain..
Je refuse absolument de voir dans ce film en particulier et dans le cinéma de Blier en général (du moins les six ou sept films que j'ai vu de lui) de la misogynie. C'est une approche tellement facile et réductrice, tellement premier degré qu'il me semble impossible au vu de l'intelligence du monsieur que cela soit le cas. Tu as tout à fait raison quand tu pointes plutôt les irréductibles différences entre hommes et femmes. Avec Calmos, Blier renverse l'imagerie habituelle, bouleverse les acquis. Et ça, ça irrite. Moi, ça me fait hurler de rire.

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 14:44
par Père Jules
Demi-Lune a écrit :
Père Jules a écrit :Concernant Trop belle pour toi, je l'ai reçu ce matin et je m'apprête à en faire la découverte. On en reparlera après ;)
J'espère que tu apprécieras. C'est un film formidable : mise en scène, lumière, dialogues, histoire, acteurs, musique classique, tout... Blier n'est pas seulement inspiré question verve ou esthétique, il s'autorise des audaces narratives géniales et déroutantes.
J'en attends énormément tant j'ai lu d'excellentes choses sur ce film. Le pitch m'emballe, j'ai vraiment hâte. Ce sera probablement pour ce soir ! :D

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 14:52
par 1kult
Entièrement d'accord avec toi ! J'irai même à dire que c'est un film féministe, en inversant les rôles, il pointe du doigt ces différences, ces inégalités et révèle la dichotomie entre les deux sexes. Aussi extrêmement intelligent que génialement fendard !

Re: Bertrand Blier

Publié : 8 août 12, 15:07
par Rick Deckard
Ne pas oublier que Calmos est sorti en 1976, il a été écrit à une époque où le militantisme féministe était très fort...