John Ford (1894-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Robert Brisseau
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Robert Brisseau »

Rick Blaine a écrit : 22 déc. 22, 17:27Le DVD était sorti chez Fox aux US en tout cas.
merci - oui ainsi qu'en coffret Ford At Fox je découvre ça à l'instant
Criterion, Arrow ou Sidonis pourraient acquérir...?
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Rick Blaine
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Rick Blaine »

Arrow ce n'est pas du tout leur créneau, il faut oublier.
Criterion je ne sais pas trop avec quels studios ils fonctionnent.
Sidonis fait parfois du Fox (La Cible humaine récemment), mais ce n'est pas leur créneau non plus.
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Robert Brisseau
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Robert Brisseau »

oui je cherchais parmi les indés des Fox-compatibles (en tous cas ceux qui ont pu sortir du Fox ici ou là) mais le titre en lui-même ne va pas de soi pour tous
Je le vois plutôt s'intégrer dans un coffret thématique...
The Eye Of Doom
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Qu’elle etait verte ma vallée
Chronique de la vie d’une famille de mineurs.

Le film est d’une beauté plastique souvent fascinante . L’interprétation est irréprochable et émouvante. La mise en scene est du tres tres grand Ford (donc la quintessence de l’art cinématographique). Il y a de nombreuses scènes remarquables ( en fait, que de ca, ou presque).
Ford est d’une tres grande finesse (grace a ses acteurs et actrices exceptionnels) alors que le film est toujours sur le fil du grandiloquent et/ou du mélodramatique.

Mais voila, ca m’a pas vraiment intéressé…
C’est le côté flash back qui me semble de trop: pourquoi faire ? Alors que ca n’ajoute rigoureusement rien au film et au propos.
Juste un côté déplaisant de « c’etait mieux avant ». Au lieu d’inscrire le film dans le present du recit, on est dans un recit nostalgique d’un type qui raconte sa vie. Et d’ailleurs, pourquoi part’il au debut ? On en sait rien.
Le film hesite aussi entre deux registre : le récit intime et le recit social.
On ne sens pas de reel propos social, et c’est normal cela n’intéresse pas vraiment Ford. Bien sur il y a une description sans ambiguïté de la réalité sociale des travailleurs de la mine, mais ce ne sont guere que des éléments d’un contexte, du moins je le vois comme ca.
Il n’y a pas de scène équivalente à celles qui demarre « La divine croisiere » de Duvivier par exemple.
C’est pas vraiment un problème, mais difficile d’en faire un brulot sur la condition des mineurs et/ou les méfaits du capitalisme.
Ceci évacué, reste donc la chronique familiale. Ca n’a jamais été mon truc…

Encore une fois, c’est personnel. Le film est une splendeur, dont la plastique m’evoque Misoguchi.

Mais il me laisse souvent de marbre quand «  My darling Clementine » me bouleverse.

J’en viens presque à redouter de découvrir « Les raisins de la colère « 
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit : 2 mai 10, 16:07
Julien Léonard a écrit :

Les sacrifiés (They were expendable) - Réalisé par John Ford / 1945 :

Les sacrifiés, c'est le talent de Ford à l'état pur, avec toute sa majesté et tout son cœur. Véritablement un OFNI au sein de la production de films de guerre de l'époque, tant sa vraisemblance et sa magie perdurent encore aujourd'hui et démontrent son éternelle modernité. Pour finir, mention spéciale aux séquences d'attaques marines, mouvantes et rapides, esthétiquement sans égal, reléguant l'efficacité des films conjoints de l'époque à une blague insolente. La caméra parait voler, que dis-je, survoler le combat, au plus près, sans aucune faute de goût et en réinventant parfois totalement la façon de filmer la guerre (pour l'époque). Un très, mais alors, très grand film.
:D Et quelle belle romance entre John Wayne et Donna Reed ! Si je ne devais garder qu'un seul film de guerre...
Revu ce jour et il restera pour moi le plus digne, le plus humain, le plus émouvant, le moins belliciste et le plus beau de tous les films de guerre. Un des sommets de John Ford qui n'en est pourtant pas avare. La rédaction est d'ailleurs bien en phase 8)
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nunu
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par nunu »

Quoi John Ford a tourné une version des Expandables avec John Wayne ? :fiou: :uhuh:
« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Les hommes de la mer
Vies et destins de marins sur l’atlantique pendant la seconde guerre.


Fort des echos tres positifs croisés par ici et la recommandation de Dvdclassik sur le pochette, j’ai donc découvert ce Ford un peu obscur.

Tout le debut est remarquable et m’a scotché !
Un tres long passage muet où, un nuit en escale, les hommes languissent à bord sous les chants lancinants des autochtones. Incroyable ambiance.
En fait j’ai adoré toute la partie en mer.
Un autre passage incroyable c’est la scène de tempête où les hommes (et la camera) sont submergés par kes eaux.
Tres belles scènes de groupe ou de dialogues qui rappellent que le film est tourné entre Les raisins de la colère et Qu’elle etait verte ma vallée « .
La photo est constamment superbe, tendance expressioniste ( abus de language) avec lumière rares, vêtements humides, brouillard, ….
Interprétation impeccable de vieux comparses de Ford.
J’ai beaucoup aimé l’homme à la pipe, sorte de sage au phrasé monocorde et didactique.
John Wayne tres bien dans un second role, sorte de colosse nordique, doux et généreux.


Je dois dire que la fin du film a terre m’a franchement moins intéressé. Toute les qualités précédentes sont la mais il n’y a plus vraiment de suspense….


Un Ford à découvrir sans hésiter.

Il faut que je mette la main sur La route du tabac (Gene !!!!) et sur Les sacrifiés.
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Profondo Rosso
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Profondo Rosso »

Les Sacrifiés (1945)

Image

Les premiers jours des campagnes du Pacifique, à travers une flottille de lance-torpille commandée par les lieutenants John Brickley et Rusty Ryan. L'une de leurs missions est d'escorter le général Douglas MacArthur. Le film traite également avec beaucoup de réalisme de la déroute des alliés philippins et américains aux Philippines.

John Ford fut un des cinéastes hollywoodiens dont la contribution fut fondamentale durant la Seconde Guerre mondiale. Anticipant le conflit à venir dès 1939, il fonde le Naval Field Photographic Unit destiné à mettre les techniciens hollywoodiens au service de l’armée. Une fois les Etats-Unis engagés, il arpentera le monde et couvrira plusieurs campagnes immortalisées dans des documentaires de référence : December 7th set La Bataille de Midway (1942 )couvrant la guerre du pacifique, Victoire en Birmanie (1946), il sera également présent pour filmer le débarquement en Normandie ainsi que le procès de Nuremberg en 1945. Fort de cet engagement, c’est tout naturellement à lui que s’adresse la MGM lorsque le studio souhaite adapter à l’écran le roman They Were Expendable de William Lindsay White publié en 1942. Ford accepte à condition d’être rémunéré 250 000 dollars, somme avec laquelle il financera la Field Photo Farm, mémorial consacré aux vétérans.

Dès lors, le réalisateur est marquée par la volonté de retranscrire toute la réalité des premiers pas de la campagne du Pacifique dépeinte dans Les Sacrifiés. Cela passera par une impressionnante facture technique grâce au soutien logistique de l’US Navy, et à l’implication du casting dont Robert Montgomery qui fut réellement aux commandes d’un PT Boat, les bateaux torpilleurs au centre de l’intrigue. Nous allons en effet suivre une escouade de torpilleurs aux premières heures de la campagne du Pacifique, du moment où son intérêt sera questionné jusqu’à la reconnaissance finale après des hauts faits et la promotion que les protagonistes en feront à Washington. La scène d’ouverture est une démonstration des possibilités des torpilleurs à des pontes guère convaincus par les lieutenants Brick (Robert Mongomery) et Rusty (John Wayne). En effet, les torpilleurs ne semblent au départ qu’un moyen d’alimenter l’ambition et le goût de l’adrénaline des lieutenants, en particulier Rusty qui s’apprête à quitter l’escouade où il se voit stagner. Pearl Harbor et l’entrée en guerre des Etats-Unis va changer la donne.

John Ford inscrit cette implication de l’escouade sur une échelle guerrière et humaniste, toutes les transitions du film allant dans ce sens. L’annonce de Pearl Harbor arrache les protagonistes à la futilité d’un bal pour les conduire à la rigueur exaltée d’un conseil de guerre. Un assaut aérien japonais permet à l’escouade de faire ses preuves de manière improvisée, mais Rusty blessé se trouve mis à l’écart et tombe amoureux de Sandy (Donna Reed), une infirmière bienveillante. Les dangers rencontrés sur le terrain ne font sens qu’en résonnance avec ce que l’on a à défendre, ce que l’on quitte et risque de perdre. Ford s’attarde ainsi longtemps sur les scènes de vie quotidiennes où il se plaît à caractériser l’escouade avec tendresse humour et bonhomie, croquant brillamment un ensemble de personnages auquel on s’attache immédiatement (dont un truculent Ward Bond character actor habituel de Ford).
Le film est visuellement très impressionnant, filmant dans des environnements (La Floride notamment Key Biscayne) proche de ceux du vrai conflit (l’Australie, les Philippines). Les plans studios rapprochés avec les acteurs s’intègrent parfaitement aux vues d’ensemble où se déploient les manœuvres des torpilleurs, les astuces pour masquer les engins américains maquillés en japonais sont habiles et se fondent dans l’action ainsi que le propos du film. L’ennemi japonais est en effet invisible et lointain, une force destructrice frappant de façon anonyme sans être caractérisée. Le focus est ainsi mis sur nos héros, leurs peurs, doutes, les déchirantes pertes qu’ils ont à subir - - dans la continuité de ce qu'avait pu faire Ford sur Les Hommes de la mer (1940). L’emphase que met Ford dans ces instants reste à cette échelle humaine et intimiste, que ce soit la visite du groupe à un camarade mourant, les rencontres entre Dusty et Sandy. Les nuances de la magnifique photo de Joseph H. August font merveille, lorsque se dessine les ombres du couple s’isolant des autres danseurs durant le bal, ou quand la luminosité tombante leur dessine un splendide écrin romantique après un dîner.

L’épilogue est étonnamment introspectif et joue sur cet équilibre entre le devoir à accomplir et les préoccupations intimes, le premier prenant le pas sans jamais laisser le sentiment de propagande (à une apparition du général Macarthur et un panneau final près), la romance espérée est suspendue et incertaine. Belle réussite, Les Sacrifiés s’inscrit parmi les œuvres très inspirées qu’il consacrera à la Seconde Guerre Mondiale, avec L’Aigle au soleil (1957) adaptant justement les mémoires de son scénariste de Les Sacrifiés, Frank Wead. 4,5/6
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