Page 1 sur 3

Le Petit Soldat (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 17 nov. 03, 18:50
par Jake Scully
Des premiers Godard, c'est un des rares que je n'avais pas vu (reste plus que ALPHAVILLE). Lacune remplie grâce aux cours de filmo...

Réalisé en 1959 mais interdit jusqu'en 1963 par la censure française, LE PETIT SOLDAT est l'histoire d'un déserteur (période de la Guerre d'Algérie) installé à Genève où il participe aux opérations de l'OAS. Il rencontre une jeune fille étrangère et en tombe amoureux...
J'ai plutôt bien aimé ce film, mais certaines scènes sont vraiment longues. La question de la torture occupe une place dans le film, et c'est probablement ce qui a contribué à la censure (on retrouve d'ailleurs la scène de l'interrogatoire dans la baignoire dans PIERROT LE FOU). Michel Subor n'est pas mauvais mais je trouve cependant qu'il n'arrive pas à atteindre le jeu "naturel" de Belmondo.

À noter aussi que dans une réplique, le personnage principal donne la vision du cinéma par Godard: "Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde."

Image

Qu'en avez-vous pensé?

Publié : 17 nov. 03, 19:13
par Dolly-Bell
Moi j''adore Week end et Je vous salue Marie, je n'ai pas vu Le petit soldat mais on m'en dit du bien régulièrement.
Un autre Godard grandiose me vient à l'esprit JLG/JLG, un auto-portrait de cet immense artiste.

:wink:

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 18 nov. 03, 15:45
par Cosmo Vitelli
Rick Deckard a écrit :"Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde."

Image
Une des plus grosses conneries qu'il a pu proférer.

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 18 nov. 03, 17:27
par Ouf Je Respire
Cosmo Vitelli a écrit :
Rick Deckard a écrit :"Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde."

Image
Une des plus grosses conneries qu'il a pu proférer.
Ah merde, tu m'as grillé. :mrgreen:

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 18 nov. 03, 18:24
par Philip Marlowe
Ouf Le Fayot a écrit :
Cosmo Vitelli a écrit :
Une des plus grosses conneries qu'il a pu proférer.
Ah merde, tu m'as grillé. :mrgreen:
Franchement ça se discute.

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 18 nov. 03, 19:07
par Cosmo Vitelli
Philip Marlowe a écrit :
Ouf Le Fayot a écrit :
Ah merde, tu m'as grillé. :mrgreen:
Franchement ça se discute.
Pour moi il s'agit d'une phrase plus "écrite" que "pensée", dont Godard a le secret.
C'est très beau à lire et à dire "Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde", mais bon...

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 18 nov. 03, 19:24
par Jake Scully
Cosmo Vitelli a écrit :Pour moi il s'agit d'une phrase plus "écrite" que "pensée", dont Godard a le secret.
C'est très beau à lire et à dire "Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde", mais bon...
Il faut pas entendre le mot "vérité" tel quel. Du moment qu'on ressent de "l'authenticité" dans le film c'est l'essentiel, c'est ce que veut dire Godard.

Publié : 18 nov. 03, 19:32
par Philip Marlowe
C une vision du cinéma comme une autre et je ne vois pas ce qu'elle a de particulièrement conne.

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 18 nov. 03, 19:45
par Cosmo Vitelli
Rick Deckard a écrit :Il faut pas entendre le mot "vérité" tel quel. Du moment qu'on ressent de "l'authenticité" dans le film c'est l'essentiel, c'est ce que veut dire Godard.
Oh là dis donc, tu prêtes des pensées bien pragmatiques à Godard toi :D
Godard parlait bel et bien de la vérité comme visée de l'image. D'ailleurs conscient de la faiblesse de son assertion il a "réparé" ça en prétendant le contraire dans Vent d'Est : "Ce n'est pas une image juste, c'est juste une image".
Il se contredit très souvent, preuve qu'il est meilleur poète que philosophe. Très souvent ce qu'il dit à moins d'importance que comment il le dit.

Publié : 19 nov. 03, 10:39
par christian
Oui, j'ai beaucoup aimé ce film assez noir et peu connu de Godard, la musique de Maurice Leroux (sans doute inspiré des "Etudes" de Debussy) avec 2 pianos solos est vraiment envoutante aussi, les scènes de tortures sont prenantes et le film n'est jamais ennuyeux pour un sous...

A la même époque et sur un thème similaire, sortait "L'insoumis" d'Alain Cavalier, film totalement introuvable avec une musique sublime (et je pèse mes mots) de Georges Delerue, si quelqu'un l'a en VHS ? je suis preneur à bon prix car je réve de le voir (le film est produit par la MGM mais aucune édition DVD n'est annoncée)

Dans le même genre, "le combat dans l'ile" également de Alain Cavalier (avec un extraordinaire J.L.Trintignant, Romy Schneider et une musique superbe de Serge Nigg) est superbe aussi, il passe de temps en temps sur le cable...

Publié : 19 nov. 03, 17:46
par Ronan
Pas mon préféré, mais, comme Anna Karina arrache tout...Pourtant, je déteste faire la midinette devant une actrice,vraiment, mais, Godard, je sais pas pourquoi, me fait avoir à chaque fois. Comme Bergman, en fait....Mizochuchi, c'est plus facile de résister, un fantôme sans sourcil au visage lunaire, ça fait plus peur qu'autre chose, quand même...

Quant aux 3257 "bons mots" Godardiens répertoriés, des plus brillants aux plus obscurs, ça n'a , a mon avis, pas grands sens de les commenter comme des "pensées", ce qu'ils ne sont pas, et surtout de les extraire de leur contexte...

Ce ne sont pas des "aphorismes", comme ceux de Char qui "tiennent", seuls ou en recueuil, mais plutôt des "aphorismes de cinéma", qui ne prennent leur sens qu'au cours du film, dit par un interprète, formant la ligne de crète de ces dialogues souvent plus "triviaux" qu'un dialogue "normal" de cinéma, parfois fabuleusement "enlevés", quand de l'image et de l'interprétation, jaillissent des étincelles.

Je vois ces dialogues comme autant d'aveux "je ne suis pas un écrivain, mais essayer de m'empêcher d'écrire ce que je veux, quand je filme", pas si loin de ce qu'il laisse transparaitre dans quelques interviews. Un peu comme Gainsbourg et ses "je vous emmerde, dans mon art mineur, j'écris de sacré vers", si je me fait comprendre.

Enfin bref, toute mise en boutonnièred'un dialogue de Godard a tendance à m'énerver, mais c'est aussi une des faiblesses du bonhomme, de prêter le flanc à ce genre d'adoration, ou de lapidation définitive...

Publié : 19 nov. 03, 18:18
par Cosmo Vitelli
Ronan a écrit :Quant aux 3257 "bons mots" Godardiens répertoriés, des plus brillants aux plus obscurs, ça n'a , a mon avis, pas grands sens de les commenter comme des "pensées", ce qu'ils ne sont pas, et surtout de les extraire de leur contexte...

Ce ne sont pas des "aphorismes", comme ceux de Char qui "tiennent", seuls ou en recueuil, mais plutôt des "aphorismes de cinéma", qui ne prennent leur sens qu'au cours du film, dit par un interprète, formant la ligne de crète de ces dialogues souvent plus "triviaux" qu'un dialogue "normal" de cinéma, parfois fabuleusement "enlevés", quand de l'image et de l'interprétation, jaillissent des étincelles.

Je vois ces dialogues comme autant d'aveux "je ne suis pas un écrivain, mais essayer de m'empêcher d'écrire ce que je veux, quand je filme", pas si loin de ce qu'il laisse transparaitre dans quelques interviews. Un peu comme Gainsbourg et ses "je vous emmerde, dans mon art mineur, j'écris de sacré vers", si je me fait comprendre.

Enfin bref, toute mise en boutonnièred'un dialogue de Godard a tendance à m'énerver, mais c'est aussi une des faiblesses du bonhomme, de prêter le flanc à ce genre d'adoration, ou de lapidation définitive...
D'accord sur l'essentiel. Mais pour ce qui est de "Le cinéma c'est la vérité 24 fois par secondes" Godard s'est lui même mis dans la panade, en confirmant le fondement de cette assertion dans diverses interviews. Puis ensuite, le temps aidant, il a changé de position.
Mais tout cela n'est pas très important je te l'accorde.

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 20 nov. 03, 00:31
par John Anderton
Cosmo Vitelli a écrit :
Rick Deckard a écrit :"Le cinéma, c'est la vérité 24 fois par seconde."

Image
Une des plus grosses conneries qu'il a pu proférer.
Si c'était la seule...

Publié : 20 nov. 03, 01:26
par Cinzano
À propos du "Petit soldat" du "plus con des Suisses pro-Chinois" (dixit Debord), cet article paru dans "Positif" en juin 1963, sous la plume de Gérard Legrand (cité dans "La Nouvelle Vague" de Jean Douchet, coéd. Cinémathèque Française / Hazan, 1998, p. 267). Outrancier, peut-être, mais juste sur le fond....
Noirâtre, informe, ridicule...

(...) Alertés pr une vétilleuse censure, nous avons cru que M. Godard avait tourné un film fasciste. Il n'a fait que déverser une poubelle dans une autre. À bout de souffle, mis à part le talent de ses interprètes, est, en comparaison, "construit" à gros boulons. Bluff pour bluff, M. Godard récite – en le nommant – une page de Cocteau, mais s'attribue sans autre procès une admirable page de Nietzsche, qu'il détourne de son sens en la faisant glisser le long d'un immeuble où, paraît-il, on torture. Il est vrai que M. Nietzsche n'est plus là pour crier au génie devant ce rond-de-cuir affolé de gélatine, également privé d'intelligence et de générosité, de violence et de candeur. (...) Noirâtre, informe, ridicule au-delà du bavardage et de la "photo", le Petit Soldat, ce n'est déjà plus le mépris, c'est l'ennui : la mort sans phrases.
Ajoutons à cela les forts relents d'anarchisme de droite véhiculés par ce film, et par le personnage interprété par Michel Subor : "Je n'aime pas les Arabes parce que je n'aime pas le désert, ni le colonel Lawrence. Encore moins la Méditerranée, et Albert Camus. (...) Et puis les Arabes sont paresseux."

Je ne résiste pas à citer cet autre article de "Positif", signé Louis Seguin et paru à la sortie d'"A bout de souffle" en avril 1960... Jubilatoire.
Le plus fabriqué des films

Tous les copains, et même quelques autres, s'y sont mis. Comme Georges Sadoul, enfoncez-vous le bien dans la tête : "Que de talent ! Que de brio ! Que de métier !" De même qu'il y a dans À bout de souffle des assassins prédestinés et des indicateurs par vocation, de même Jean-Luc Godard est un cinéaste-né. Le travail, l'apprentissage, il laisse cela aux autres. Il est le doué, l'élu, le jeune héros de la race des Seigneurs.
Ceci dit, À bout de souffle n'en reste pas moins le plus fabriqué, le plus truqué des films, et les recettes en sont des plus simplistes. Vous faites dire une chose à vos héros puis, un peu plus tard, le contraire, et vous n'avez plus qu'à présenter ce mauvais paradoxe comme l'ambiguïté même de la vie. De même pour le style. Vous suivez "objectivement" vos personnages par de "vertigineux" mouvements d'appareil tout en vous gardant soigneusement de raccorder les diverses étapes de leurs parcours. Le film prend un aspect chaotique que vous présentez comme la vivacité même du génie.
Assurer enfin, comme le metteur en scène et le critique "communiste" plus haut cité, que le héros de ce film est, amélioré et mis au goût du jour, le hors-la-loi de Quai des brumes est une aberration. Le déserteur des années 30 participait à une mythologie peut-être factice mais recommandable puisque de gauche. Le voyou de 1960, qui dit aimer la police, et sa petite amie qui, selon Godard, accomplit sa personnalité en le dénonçant aux flics, participent d'une autre mythologie, au moins aussi artificielle et parfaitement haïssable puisque de droite. L'anarchiste Gabin était du bois dont se faisaient les combattants des Brigades internationales ; l'anarchiste Belmondo est de ceux qui écrivent : "Mort aux Juifs !" dans les couloirs du métro, en faisant des fautes d'orthographe.
:lol: :lol: :lol:

Re: Le Petit Soldat (J.-L. Godard, 1959/63)

Publié : 23 nov. 03, 16:21
par Jake Scully
Cosmo Vitelli a écrit :Godard parlait bel et bien de la vérité comme visée de l'image.
Je ne suis pas si sûr, mais bon, je vérifierai tout ça. Il faut que je replonge dans mes analyses sur Godard pour vérifier. :wink:

Les conneries, il les a surtout faîtes pendant sa "période Maoiste" où il disait plein d'absurdités et se fâchait avec tous ses anciens amis tels que Truffaut (qui lui a écrit une belle lettre d'insultes), Jean-Pierre Léaud, Anna Karina, Belmondo, etc.