François Truffaut (1932-1984)
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Je l'ai également pris comme ça,une fuite et un obstacle la mer (la mère?) ...tout comme Forrest Gump lorsqu'il court et qu'il fait demi-tour dès qu'il voit la mer...impossible de fuir ce monde de fou
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Lacan, sors de ce topic !!Commissaire Juve a écrit :C'est un plan qui fait plutôt froid dans le dos (pris au premier degré) : journée froide, la fuite, une plage déserte, impossibilité d'aller de l'avant... et maintenant ?homerwell a écrit : A propos de ce dernier plan dans "les 400 coups", est-il chargé d'espoir, soulignant la vitalité de l'enfance, ou au contraire symbolise t-il une jeunesse fauchée par l'incompréhension ?
Question : il y a des gens qui ont déliré sur "la mère" et "la mer"... aussi froide l'une que l'autre ?
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Re: François Truffaut (1932-1984)
La Sirène du Mississipi
Bon, c'est la franche déception. Vraiment rien ne marche dans ce film. Truffaut rate l'histoire d'amour (désincarnée), il rate la trame policière (baclée), les acteurs n'ont pas l'air d'y croire (Belmondo est à l'ouest). ça se passe à la Réunion et Truffaut n'en fait rien.
Je ne devrais pas juger le film à l'aune de ce qu'on sait du tournage (scénario écrit au jour le jour et avant tout un film fait par Truffaut pour être avec Deneuve) mais j'ai l'impression de voir le Marnie de Truffaut. On peut d'ailleurs rapprocher les 2 intrigues, les 2 histoires autour de la conception du film mais ça n'en rend pas le film intéressant pour autant.
Si Une Belle Fille comme Moi reste son plus mauvais film, cette Sirène va le rejoindre dans les rares échecs du cinéaste.
Bon, c'est la franche déception. Vraiment rien ne marche dans ce film. Truffaut rate l'histoire d'amour (désincarnée), il rate la trame policière (baclée), les acteurs n'ont pas l'air d'y croire (Belmondo est à l'ouest). ça se passe à la Réunion et Truffaut n'en fait rien.
Je ne devrais pas juger le film à l'aune de ce qu'on sait du tournage (scénario écrit au jour le jour et avant tout un film fait par Truffaut pour être avec Deneuve) mais j'ai l'impression de voir le Marnie de Truffaut. On peut d'ailleurs rapprocher les 2 intrigues, les 2 histoires autour de la conception du film mais ça n'en rend pas le film intéressant pour autant.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Admirateur de Truffaut, je te rejoins quasi en tout, AtCloseRange même si, à tout prendre, je crois que je reverrai avec plus de plaisir Marnie que La sirène du Mississippi où, comme tu l'écris, rien ne marche, personne ne semble concerné ni crédible et où Truffaut s'auto-cite mollement, sans grande conviction.
Dans Une Belle Fille comme Moi, je ne sauverai que la performance géniale (comme toujours) de Denner en dératiseur mais c'est hélas trop court.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Je citais Marnie plus en rapport avec la notion de film malade. Je préfère aussi très largement Marnie même si aujourd'hui, je lui vois pas mal de défauts.Federico a écrit :Admirateur de Truffaut, je te rejoins quasi en tout, AtCloseRange même si, à tout prendre, je crois que je reverrai avec plus de plaisir Marnie que La sirène du Mississippi où, comme tu l'écris, rien ne marche, personne ne semble concerné ni crédible et où Truffaut s'auto-cite mollement, sans grande conviction.
Dans Une Belle Fille comme Moi, je ne sauverai que la performance géniale (comme toujours) de Denner en dératiseur mais c'est hélas trop court.
J'ai vraiment du mal à trouver des qualités à ce Truffaut même en cherchant bien. Deneuve y est sublimement belle mais à part ça...
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Je te trouve un peu sévère. La Sirène du Mississippi est un film boiteux par bien des aspects mais pour moi, la partie à La Réunion fonctionne bien. Parce qu'il y a le "mystère" Julie Roussel. La mise en scène de Truffaut est très précise dans cette première partie, et l’évanescence de Deneuve sert idéalement le personnage que Truffaut construit effectivement sur le modèle de Marnie. La mariée était en noir a plus d'âme dans le genre "faisons comme le gros Alfred" mais dans cette première partie réunionnaise, je trouve cependant que Truffaut caresse un peu de cette fascination hitchcockienne pour la femme instable et sophistiquée sur laquelle les deux ont si bien glosé dans leurs entretiens - ce sex mystery que Julie Roussel distille. Bref, y a quelque chose. Le problème, c'est que Truffaut échoue complètement à saisir la mesure de la passion qui est censée étreindre le couple à partir du moment où Belmondo ne peut se résoudre à se venger de Deneuve. C'est là le point de basculement. Et à partir de là le film retombe comme un soufflé. C'est désincarné, c'est chiant, il n'y a rien d'ardent là-dedans, si bien que le finale laisse totalement indifférent. Quand j'avais rédigé mon compte-rendu du film il y a plusieurs mois, j'avais émis l'hypothèse qu'une musique de Herrmann aurait sans nul doute boosté l'histoire d'amour/douleur ; cf. La mariée était en noir, justement.AtCloseRange a écrit :J'ai vraiment du mal à trouver des qualités à ce Truffaut même en cherchant bien. Deneuve y est sublimement belle mais à part ça...
Dernière modification par Demi-Lune le 15 oct. 12, 20:47, modifié 1 fois.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Perso, le film m'irait complètement si certains passages de la partie réunionnaise avait été re-tournés ou postsynchronisés ou -- peut-être -- coupés au montage... je parle des quelques secondes avec des gens non-professionnels qui parlent "faux", mais "faux", c'est horrible !Demi-Lune a écrit :... pour moi, la partie à La Réunion fonctionne bien. Parce qu'il y a le "mystère" Julie Roussel...
Sinon, le reste me plaît bien.
Concernant le rapport entre Bébel et Deneuve, j'ai entendu Truffaut expliquer qu'il avait voulu inverser les rôles : une histoire d'amour où la fille dominait le mec. C'est peut-être pour ça que son personnage vous semble falot. Moi, je prends tout ça au premier degré, sans me poser trop de question (c'est mon côté ravi de la crèche).
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Un des principaux acteurs est doublé par Céccaldi et c'est un choix bizarre d'autant que l'acteur est familier des films de Truffaut (La Peau Douce, Baisers Volés).Commissaire Juve a écrit :Perso, le film m'irait complètement si certains passages de la partie réunionnaise avait été re-tournés ou postsynchronisés ou -- peut-être -- coupés au montage... je parle des quelques secondes avec des gens non-professionnels qui parlent "faux", mais "faux", c'est horrible !Demi-Lune a écrit :... pour moi, la partie à La Réunion fonctionne bien. Parce qu'il y a le "mystère" Julie Roussel...
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Re: François Truffaut (1932-1984)
C'est exactement ça. Et on explique traditionnellement l'échec public du film par le fait que les spectateurs n'ont pas apprécié voir le héros Bébel si terne, si effacé.Commissaire Juve a écrit :Concernant le rapport entre Bébel et Deneuve, j'ai entendu Truffaut expliquer qu'il avait voulu inverser les rôles : une histoire d'amour où la fille dominait le mec. C'est peut-être pour ça que son personnage vous semble falot.
Je trouve quand même le pitch de La Sirène du Mississippi assez fascinant. Cette usurpation d'identité avec les annonces matrimoniales, c'est très bon quand même.
Comme souvent avec Truffaut, je ne suis pas complètement convaincu par le résultat global mais assez curieusement, ses films malades me laissent plus de traces, jusque dans leurs défauts, que des films plus achevés comme, mettons, La nuit américaine.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
+1Demi-Lune a écrit : Comme souvent avec Truffaut, je ne suis pas complètement convaincu par le résultat global mais assez curieusement, ses films malades me laissent plus de traces, jusque dans leurs défauts, que des films plus achevés.
Il me semble avoir encore en bouche, un an et demi plus tard, le goût doux et âpre de cette Sirène du Mississipi, son atmosphère grave et langoureuse, sa lourdeur et sa flamboyance, ses pointes d'ennui, ses moments de creux, au milieu des tourments des personnages...
Et Deneuve...
C'est probablement l'un des Truffaut qui m'a le plus marquée par les sens, alors même que cela n'était pas toujours agréable.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Oui, toutes ces explications sont exactes. Et Belmondo (qui était encore un merveilleux acteur) me semble aussi perdu et mal à l'aise dans ce film que dans L'aîné des Ferchaux de Melville. Je n'étais pas sur le plateau mais j'ai l'impression que ça ne devait pas coller entre lui et Truffaut ou entre lui et Deneuve...Demi-Lune a écrit :C'est exactement ça. Et on explique traditionnellement l'échec public du film par le fait que les spectateurs n'ont pas apprécié voir le héros Bébel si terne, si effacé.Commissaire Juve a écrit :Concernant le rapport entre Bébel et Deneuve, j'ai entendu Truffaut expliquer qu'il avait voulu inverser les rôles : une histoire d'amour où la fille dominait le mec. C'est peut-être pour ça que son personnage vous semble falot.
Quant à l'inversion dominatrice, chez Truffaut, ce sont quand même souvent les femmes qui mènent la danse.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Je trouve que la plupart des films du cinéaste répondent à cette définition de "film imparfait". Attention, c'est un admirateur qui dit ça, mais il y a aussi ces ratages, ces moments d’hésitation dans des titres pourtant phares de sa filmographie. A titre d’exemple, L'Homme qui aimait les femmes considéré comme majeur dans la carrière du réalisateur, héberge des scènes foireuses dont une hallucinante de la serveuse karatéka. Mais j'aime énormément cette séquence car cette fausse bonne idée est touchante montrant à quel point Truffaut voulait bien faire, qu'il a tenté et qu'il a malheureusement échoué.
C'est ce coté fragile que j'aime dans chaque film de Truffaut (et j'aime énormément La Sirène du Mississipi).
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Re: François Truffaut (1932-1984)
En même temps aussi bien chez Truffaut que chez Melville, cet état participe à la volonté du metteur en scène de présenter un être faible, dominé par une tierce personne. Les deux cinéastes semble vouloir filmer Belmondo comme un homme meurtri presque féminisé (au sens le plus caricatural du terme), un personnage fasciné et révulsé par la partie adverse du couple (Deneuve / Vanel).Federico a écrit :Et Belmondo (qui était encore un merveilleux acteur) me semble aussi perdu et mal à l'aise dans ce film que dans L'aîné des Ferchaux de Melville.
Ces deux cinéastes avec Robert Enrico (Ho !) ont offert dans les années 60 une autre image de l'acteur, plus sensible, plus incertaine.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Et n'oublie pas Verneuil avec Week-end à Zuydcoote et plus encore Un singe en hiver...Kevin95 a écrit :En même temps aussi bien chez Truffaut que chez Melville, cet état participe à la volonté du metteur en scène de présenter un être faible, dominé par une tierce personne. Les deux cinéastes semble vouloir filmer Belmondo comme un homme meurtri presque féminisé (au sens le plus caricatural du terme), un personnage fasciné et révulsé par la partie adverse du couple (Deneuve / Vanel).Federico a écrit :Et Belmondo (qui était encore un merveilleux acteur) me semble aussi perdu et mal à l'aise dans ce film que dans L'aîné des Ferchaux de Melville.
Ces deux cinéastes avec Robert Enrico (Ho !) ont offert dans les années 60 une autre image de l'acteur, plus sensible, plus incertaine.
Par contre, j'ai beaucoup plus de mal avec le Belmondo de Léon Morin, prêtre.
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Re: François Truffaut (1932-1984)
Oui effectivement, tu fais bien de rappeler ces deux merveilles.Federico a écrit :Et n'oublie pas Verneuil avec Week-end à Zuydcoote et plus encore Un singe en hiver...
Pour Léon Morin, prêtre, son rôle n'est pas aimable, presque en retrait pour laisse vivre celui d'Emmanuelle Riva. Il parait rigide, stoïque (presque, j'ai bien dit presque, Bressonien première période). Mais là encore, je crois qu'il s'agit d'un parti pris de Jean-Pierre Melville.
J’arrête ici le HS.
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