Je précise quand même qu'il ne me serait personnellement jamais venu à l'idée de comparer de mon propre chef ET à The Thing (et encore moins Empire du soleil à Requiem pour un massacre). Initialement, j'avais simplement réagi au post de jacques2 dans le topic The Thing comparant The Thing et ET en vomissant sur ce dernier, pour dire qu'ET avait aussi quelque chose de paranoïaque et n'était pas si mièvre qu'on voulait parfois le dire.Wagner a écrit :J'ai une connaissance qui a appelé son fils Elliot, je n'ai osé lui demandé si elle est fan d'E.T
Blague à part, je suis un peu surpris que l'on aille chercher tant de densité dans le film sous couvert de subjectivité du regard. La prise de vue à hauteur d'enfant est un des principes les plus élémentaires qui soient dès lors que l'on centre un film sur un enfant (oui, oui, La Nuit du chasseur). Les adultes perçus uniquement par des jambes qui s'agitent ne suffisent pas à parler de film où le monde adulte est présenté de manière terrifiante. Distants, inaccesibles, certainement mais cauchemardesque? Ce n'est pas non plus Moonfleet.
Apèrs je n'ai pas d'avis aussi tranché, je trouve que le film a des qualités, mais Spielberg me gêne avec ses tableaux très simples auxquels il a l'air de croire vraiment. Comparer E.T à the Thing, c'est un peu comparer Empire du soleil à Requiem pour un massacre. D'un côté y'a un gamin qui y croit, se fait mettre en joue par un japonais et s'en sort par un salut militaire adressé à trois pilotes qui lui rendent son salut de manière solennelle sur fond de coucher de soleil, de l'autre y'a un gamin qui s'en prend plein la gueule.
Pour revenir à E.T. : je trouve que dans toute la première partie du film (la mère ne compte pas bien sûr), les adultes sont souvent perçus comme une menace (ou a minima comme un monde lointain et sans visage). Ce n'est pas seulement les plans sur les jambes, c'est tout le reste : les phares des voitures, le sanctuaire de la forêt violé, les bruits, la musique menaçante, les ombres systématiquement filmées à contre-jour ou à contre-lumière, les lampes torches, le gros porte-clef, le professeur sans visage, les policiers dont on ne voit pas le visage, les plans où les ombres des hommes sont littéralement alignées en rang d'oignon barrant la route et donc l'écran, les cosmonautes envahissant la maison sans permis, les masques des médecins... J'ai revu ET récemment avec mes enfants, qui aiment beaucoup le film : ils ne cessaient de me dire, pas rassurés, "qui sont ces gens ?", "pourquoi ils sont méchants" ? Ce procédé de prise de vue est peut-être simple, mais il est trop systématique, plus systématique qu'aucun autre film de ma connaissance, pour que ce ne soit pas quelque chose de voulu, de pensé, de signifiant, d'important du point de vue de la vision du monde qui sous-tend le film. Comme tu le dis, Spielberg a l'air d'y croire vraiment. Maintenant, évidemment, on n'est pas obligé d'adhérer à sa vision, et ET n'est ni La Nuit du Chasseur, ni Moonfleet.