Triste constat
Publié : 25 oct. 03, 18:19
J'ai lu il y a quelques années un article écrit par d'éminents musiciens français et américains dissertant sur l'avenir des orchestres symphoniques. Ces gens prévoyaient la disparition quasi totale d'ici quelques dizaines d'années de ces ensembles. A cette époque là je n'y croyais pas, mais aujourd'hui quelques éléments viennent confirmer ces dires.
Point 1.
Le public déserte les salles de concerts symphonique, sauf quand il s'agit d'entendre Carmina Burana ou des œuvres ultra connues maintes fois ressassées.
Point 2.
Les maisons de disques classiques s'écroulent une à une. Depuis qu'Universal à reprit les catalogues de la Deutsche Grammophon, de Philips et de Decca, ceux-ci se sont formidablement réduit. Sur les cinqs dernières années je crois que la moitié de ces catalogues à disparu. Sony et EMI suivent un chemin presque semblable.
Et je ne parle pas de la baisse significative des prix des disques classiques qui semble être un appât désespéré ni du piratage et de la copie illégale de CDs.
Il y a 3 jours dans Le Monde, le chef d'orchestre John Eliot Gardiner disait :
"Hélas, les moyens des majors du disque se réduisent comme une peau de chagrin. Il y a quelques jours, Philips a annulé un enregistrement que nous devions faire en janvier... Les projets pour 2004 sont suspendus ou annulés. Nous vivons une période terrible, la fin des puissances du disque. Mes problèmes ont commencé après que Deutsche Grammophon a annulé l'intégrale des cantates de Bach que nous devions faire ensemble… Vous ne vous rendez pas assez compte, en France, de l'exception que constituent la défense de la culture et l'aide publique aux arts. En Angleterre, la puissance publique se moque de la musique classique, tous les premiers ministres depuis Margaret Thatcher y sont indifférents. La situation est catastrophique, surtout lorsque les mécènes ne tiennent pas leur parole.… Avec le Monteverdi Choir, nous ferons l'été prochain le chemin jusqu'à Compostelle, avec des étapes musicales en France et en Espagne. J'y tiens fermement, nous les parcourrons à pied s'il le faut !"
Point 3.
Les grands chef d'orchestre qui jadis soutenaient le répertoire orchestral se font de plus en plus rare, il est loin le temps des Karajan, Bernstein, Abbado et consort (même si Abbado est encore là) et la relève n'est pas assurée.
Qui va faire vivre ce répertoire désormais, malgré quelques noms qui subsistent vaillamment (Boulez, Barenboim…) ?
Point 4.
En musique de film, la tendance voulant que les compositeurs travaillent de plus en plus avec des synthé ou des samplers est également significative que les producteurs ont fait ce constat que la musique d'orchestre ou instrumentale en "direct" coûtera de plus en plus cher (chez ces gens là l'appât du gain n'est pas un vain mot), il faut donc anticiper.
Lorsque certains "vieux" compositeurs comme Williams ou Goldsmith (qui a déjà un pied dans le synthétique) ou Morricone auront disparu de la circulation, Horner sera contraint et forcé (sauf si il a le courage de résister) de travailler à la manière MV. D'ailleur, à mon sens, il n'est pas anodin que des "jeunes" compositeurs comme Broughton ou Fenton soient progressivement étouffés. Le monde du cinéma collabore comme il peut à la chute de l'orchestre.
Quand il n'y a pas une actrice pour crier à la cérémonie des Césars il y a quelques années qu'il faut plus de chansons dans les films au détriment des scores actuels… pitoyable!
Point 5.
L'enseignement musical est également en régression.
Il sont bien audacieux les parents qui accepteraient aujourd'hui que leur fils ou leur fille fassent une carrière d'instrumentiste dans le milieu "classique". La musique c'est un hobby pas une profession, faut travailler à côté.
Conséquences
Désormais, il faudra bien se rendre à l'évidence que sans musiciens, sans disques, sans chef d'orchestre, sans subsides et donc sans orchestre, un pan entier du patrimoine artistique musical va disparaître lentement mais sûrement (l'agonie à commencé). Ce qu'on appelle aujourd'hui la "musique classique", patrimoine culturel immense et d'une richesse énorme est appelé à disparaître de manière plus organisée qu'il n'y paraît.
Les compositeurs n'auront qu'à se replier sur les samplers et la musique formatée.
Alors trois questions me viennent à l'esprit :
1- Comment en est on arrivé là ?
Il me semble que c'était un processus irréversible à partir du moment où on a commencé à enregistrer la musique, il y a donc près de cent ans.
2- Quelles sont les conséquences pour l'art musical à plus long terme encore ?
Cette technique capitaliste qui vise à raboter sans cesse les moyens vitaux de ce qui ne rapporte pas d'argent à la collectivité, va faire évoluer la musique dans une direction qui me semble contraire à sa fonction initiale. Dans notre société, la masse veut jouir rapidement et fort sans se poser de question. La réflexion, le goût pour la musique qui nous amène à envisager les choses sous un angle nouveau, à faire un effort "intellectuel" disparaitra au profit d'une musique sensationnelle qui nous suggérera rapidement ce qu'on veut entendre.
3- Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
Je pense que c'est une mauvaise chose car la musique se vit en direct, se partage et amène des questions auquelles on cherche et parfois trouve des réponses qui nous rendent plus respectueux de la vie, plus admiratif du "mystère" de la vie… en quelque sorte c'est pour moi ma religion et j'accepte mal qu'elle soit bradée… "du pain et des jeux" disaient-on à l'époque romaine.
Nous vivons peut-être la fin d'une civilisation.
Point 1.
Le public déserte les salles de concerts symphonique, sauf quand il s'agit d'entendre Carmina Burana ou des œuvres ultra connues maintes fois ressassées.
Point 2.
Les maisons de disques classiques s'écroulent une à une. Depuis qu'Universal à reprit les catalogues de la Deutsche Grammophon, de Philips et de Decca, ceux-ci se sont formidablement réduit. Sur les cinqs dernières années je crois que la moitié de ces catalogues à disparu. Sony et EMI suivent un chemin presque semblable.
Et je ne parle pas de la baisse significative des prix des disques classiques qui semble être un appât désespéré ni du piratage et de la copie illégale de CDs.
Il y a 3 jours dans Le Monde, le chef d'orchestre John Eliot Gardiner disait :
"Hélas, les moyens des majors du disque se réduisent comme une peau de chagrin. Il y a quelques jours, Philips a annulé un enregistrement que nous devions faire en janvier... Les projets pour 2004 sont suspendus ou annulés. Nous vivons une période terrible, la fin des puissances du disque. Mes problèmes ont commencé après que Deutsche Grammophon a annulé l'intégrale des cantates de Bach que nous devions faire ensemble… Vous ne vous rendez pas assez compte, en France, de l'exception que constituent la défense de la culture et l'aide publique aux arts. En Angleterre, la puissance publique se moque de la musique classique, tous les premiers ministres depuis Margaret Thatcher y sont indifférents. La situation est catastrophique, surtout lorsque les mécènes ne tiennent pas leur parole.… Avec le Monteverdi Choir, nous ferons l'été prochain le chemin jusqu'à Compostelle, avec des étapes musicales en France et en Espagne. J'y tiens fermement, nous les parcourrons à pied s'il le faut !"
Point 3.
Les grands chef d'orchestre qui jadis soutenaient le répertoire orchestral se font de plus en plus rare, il est loin le temps des Karajan, Bernstein, Abbado et consort (même si Abbado est encore là) et la relève n'est pas assurée.
Qui va faire vivre ce répertoire désormais, malgré quelques noms qui subsistent vaillamment (Boulez, Barenboim…) ?
Point 4.
En musique de film, la tendance voulant que les compositeurs travaillent de plus en plus avec des synthé ou des samplers est également significative que les producteurs ont fait ce constat que la musique d'orchestre ou instrumentale en "direct" coûtera de plus en plus cher (chez ces gens là l'appât du gain n'est pas un vain mot), il faut donc anticiper.
Lorsque certains "vieux" compositeurs comme Williams ou Goldsmith (qui a déjà un pied dans le synthétique) ou Morricone auront disparu de la circulation, Horner sera contraint et forcé (sauf si il a le courage de résister) de travailler à la manière MV. D'ailleur, à mon sens, il n'est pas anodin que des "jeunes" compositeurs comme Broughton ou Fenton soient progressivement étouffés. Le monde du cinéma collabore comme il peut à la chute de l'orchestre.
Quand il n'y a pas une actrice pour crier à la cérémonie des Césars il y a quelques années qu'il faut plus de chansons dans les films au détriment des scores actuels… pitoyable!
Point 5.
L'enseignement musical est également en régression.
Il sont bien audacieux les parents qui accepteraient aujourd'hui que leur fils ou leur fille fassent une carrière d'instrumentiste dans le milieu "classique". La musique c'est un hobby pas une profession, faut travailler à côté.
Conséquences
Désormais, il faudra bien se rendre à l'évidence que sans musiciens, sans disques, sans chef d'orchestre, sans subsides et donc sans orchestre, un pan entier du patrimoine artistique musical va disparaître lentement mais sûrement (l'agonie à commencé). Ce qu'on appelle aujourd'hui la "musique classique", patrimoine culturel immense et d'une richesse énorme est appelé à disparaître de manière plus organisée qu'il n'y paraît.
Les compositeurs n'auront qu'à se replier sur les samplers et la musique formatée.
Alors trois questions me viennent à l'esprit :
1- Comment en est on arrivé là ?
Il me semble que c'était un processus irréversible à partir du moment où on a commencé à enregistrer la musique, il y a donc près de cent ans.
2- Quelles sont les conséquences pour l'art musical à plus long terme encore ?
Cette technique capitaliste qui vise à raboter sans cesse les moyens vitaux de ce qui ne rapporte pas d'argent à la collectivité, va faire évoluer la musique dans une direction qui me semble contraire à sa fonction initiale. Dans notre société, la masse veut jouir rapidement et fort sans se poser de question. La réflexion, le goût pour la musique qui nous amène à envisager les choses sous un angle nouveau, à faire un effort "intellectuel" disparaitra au profit d'une musique sensationnelle qui nous suggérera rapidement ce qu'on veut entendre.
3- Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
Je pense que c'est une mauvaise chose car la musique se vit en direct, se partage et amène des questions auquelles on cherche et parfois trouve des réponses qui nous rendent plus respectueux de la vie, plus admiratif du "mystère" de la vie… en quelque sorte c'est pour moi ma religion et j'accepte mal qu'elle soit bradée… "du pain et des jeux" disaient-on à l'époque romaine.
Nous vivons peut-être la fin d'une civilisation.