Watkinssien a écrit : ↑10 oct. 21, 09:22
J'ai écouté, finalement, je garde
Flol et je bannis Bégaudeau.
Ça va paraître contradictoire, mais j'aime beaucoup
Shining tout en sachant très bien qu'il n'est pas un film d'horreur réussi.
En fait, ça m'évoque les mots de Kubrick lui-même pour Spielberg lorsque ce dernier lui avait présenté son
1941, Kubrick lui avait dit quelque chose comme : "C'est un excellent film, mais une comédie ratée."
Et je n'en changerai pas un mot puisque je crois bien, comme John Carpenter, que
Shining est une comédie, et que Kubrick, pas croyant/religieux/pratiquant pour un sou, a voulu être ironique. Dans le livre de Ciment, non seulement il dit que c'est un "film optimiste", car il montre qu'il y a une vie après la mort (ce en quoi il ne croyait évidemment pas du tout), mais qu'une des inspirations de
Shining est aussi une blague juive, de mémoire sur un type qui a des hallucinations où le retournement de situation était que ses hallucinations étaient en fait de vrais fantômes (ou du moins que certaines étaient vraies) et qu'il a voulu recréer cet effet dans son film, mais il faudrait relire son entretien que je n'ai pas sous la main. En tout cas, il y a une place trop importante accordée à l'ironie pour que cela soit laissé de côté (ne serait-ce que pour les jeux outranciers des acteurs).
Kubrick s'attaque à un best-seller littéraire qu'il ne respectera pas, d'un écrivain qu'il ne doit franchement pas respecter non plus, peut-être (certainement) qu'il ne le considère pas non plus comme un grand écrivain, et peut-être même qu'il ne l'a pas lu en entier, à la manière de Fellini qui préférait ne pas lire le conte de Poe
Il ne faut jamais parier sa tête avec le diable pour faire son génial
Toby Dammit ou Ne pariez jamais votre tête avec le Diable, en se faisant simplement raconter les grandes lignes à l'oral avant de l'adapter librement. J'en suis même sûr, vu qu'à l'origine le pavé de King est un puissant somnifère.
Dans la bande sonore c'est pareil. J'ai le sentiment d'une caricature de film d'horreur. Ligeti, Bartok et Penderecki, c'est un peu comme choisir l'
Adagio d'Albinoni pour illustrer une scène de suicide, ou alors "House of the Rising Sun" pour montrer des mecs entrant ou sortant de prison comme dans un récent film français.
Ce sont des
choix évidents ou "faciles".
Néanmoins, le côté horrifique avait plus ou moins fonctionné sur moi à l'âge où je l'ai vu, même si la toute première vision ne m'avait d'ailleurs pas emballé plus que ça sur l'ensemble du film que j'avais trouvé long. Mais en le revoyant par la suite, je l'ai apprécié davantage. Si j'avais découvert
Shining plus tardivement, à un âge où on est déjà moins impressionné par les "jolies images géométriques et en grand angle", j'aurais probablement été comme flol, déçu et pas effrayé. C'est un film de "directeur photo", qui flatte l'œil, principalement du cinéphile attentif au choix des angles de caméra, aux couleurs (années 80 obligent, beaucoup de bleu dans les scènes de nuit), à ses travellings, ses cadres géométriques, etc.