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John Constantine
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Message par John Constantine »

johndoe_df a écrit : pour Poe le problème est que je dois choisir un roman et comme, je crois, il n'a écrit que des nouvelles
Non, Arthur Gordon Pym.
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mannhunter
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Message par mannhunter »

Ellroy:

je te conseille le très bon LUNE SANGLANTE qui a inspiré le superbe COP de james B.Harris avec james Woods.

PS: récemment,j'ai beaucoup apprécié DARK BLUE de ron Shelton...que vaut le bouquin d'Ellroy?
Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

John Constantine a écrit :
johndoe_df a écrit : pour Poe le problème est que je dois choisir un roman et comme, je crois, il n'a écrit que des nouvelles
Non, Arthur Gordon Pym.
Ah pardon ! :oops:
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John Constantine
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Message par John Constantine »

johndoe_df a écrit :
John Constantine a écrit : Non, Arthur Gordon Pym.
Ah pardon ! :oops:
Non, non, ne te "tomatises" pas ( :wink: ); ça dépend si tu aimes les histoires de bateau, de révolte et de pingouins géants en Antarctique qui font "Te-keli".
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Message par Troma »

johndoe_df a écrit :Voilà :

pour mon dossier su-cité j'ai proposé Ubik au prof. Celui-ci, après quelques recherches me l'a déconseillé (sans me l'interdire) à cause de nombreux commentaires faisant état d'un "impossibilité" à le resumé.
J'aimerais donc savoir, lequel de ces 3 Dick vous semble le plus accessible pour un resumé et une dissertation :

- Substance Mort
- Le maître du haut château (celui qui me fait le plus envie sans doute)
- Loterie Solaire (pas le meilleur Dick, mais conseiller par mon prof himself pour sa plus grande accessibilité)

1) Le recueil SOUVENIR est pas mal du tout. Chez DENOEL/Présence du Futur puis repris en Folio/SF, SOUVENIR fait partie d'une série de recueils de nouvelles éditées dans un ordre à peu prés chronologique (il me semble que les intégrales différent un peu mais ce n'est qu'un détail). Dans l'ordre si tu veux suivre l'évolution de l'auteur Le Crane, Le Grand O, Derrière La Porte, Un Auteur Eminent, Souvenir, Au Service du Maitre, Le voyage gelé, L'oeil de la sybille. Un ultime recueil, La Fille aux cheveux noirs n'est fait composé que d'extraits de la correspondance de Dick. L'avantage des petits recueils séparés à coté de la Grosse intégrale réside dans le fait dans le fait qu'ils contiennent systématiquement des textes additionnels, articles ou conférences et qui ne sont repris nulle part ailleurs, et qui contiennent pas mal de "clés" pour mieux apprécier Dick (l'oeuvre autant que le personnage). C'est pour ça que j'ai tout en deux fois...
Ses premiers textes étant plus influencés par les courants SF de l'époque, ils sont moins intéressants. Pour ses nouvelles comme ses romans, Dick deviendra de plus en plus original et plus brillant à partir de 1954-55 (le "métier" est bien rentré !). Il ne faut pas oublier que la SF de l'époque paraissait dans des magazines qui payaient les auteurs à la ligne ou au nombre de mots, et qu'on peut trouver les débuts de Dick assez "alimentaires" à part une poignée de textes. Démarrer par Souvenir et surtout les suivants est un bon début.

2) Loterie Solaire. C'est un roman certes accessible mais c'est loin d'être le plus intéressant de Dick à mon avis. Le jeu et l'illusion de pouvoir qu'il procure est traité pratiquement sous toutes ses formes dans les premiers textes de Dick (on le retrouve encore une fois dans Le Dieu Venu du Centaure - son meilleur traitement du thème, probablement) puis encore dans le moyen et "matrixien" Au bout du Labyrinthe. C'est aussi le premier d'une longue série de romans ou les "héros" (en fait, anti-héros) sont forcément faillibles et attachants. Je ne l'aime pas trop parce que le traitement et le style est plutot convenu. Dick avoue lui même avoir été fortement influencé par le bordélique et hétéroclite A. E. Van Vogt. Un roman un peu long qui aurait fait une trés bonne nouvelle, en fait.

In My Humble Opinion, parce qu'il est plus récent, parce qu'il traite de sujets de société plus familiers (la drogue, la jeunesse, l'état policier...) tu t'y retrouveras peut être mieux dans SUBSTANCE MORT. Tu pourras même faire le parralèle de l'intrigue schizophrénique avec Fight Club qui lui doit beaucoup...
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Message par harry callahan »

johndoe_df a écrit :PS: harry j'ai aussi parlé de livres de Lovecraft et ça ne semble pas l'emballé, pour Poe le problème est que je dois choisir un roman et comme, je crois, il n'a écrit que des nouvelles
Comme signalé par mes soins dès ma première réponse ( veuillez noter, greffier ), et rapellé par John Constantine, Poe a écrit un roman, très intéressant à mon avis, Les aventures d'Arthur Gordon Pym : mais ce n'est pas ce qu'il a écrit de meilleur, ni ses travaux les plus connus, loin s'en faut. Pour ce qui est de Lovecraft, il faut reconnaître que, d'un point de vue purement stylistique, ce n'est pas ce qu'on fait de mieux. Néanmoins, je te prie de passer ce message à ton prof : Monsieur, vous êtes un rabat joie doublé d'un cuistre et d'une tête de noeud.

Dommage, son seul et unique roman, L'affaire Charles Dexter Ward est un excellent bouquin, très représentatif de son oeuvre, et qui ne souffre pas de longueurs, comme cela aurait pu être le cas pour quelqu'un qui n'a écrit que des nouvelles de 100 pages grand maximum, et qui écrit un roman de plus de 300 pages, si mes souvenirs sont exacts.

Par contre, je ne connais absolument rien de Dick, et en plus je suis plongé en plein Lolita, moi, alors .....
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Message par Johnny Doe »

Harry : j'y ferai passé le message :mrgreen:

TROMA : merci de tes explications, j'ajouterais à celà une question : Substance mort semblant possedé une intrigue un peu compliquée, crois-tu qu'il serait possible de le résumé (tout en offrant un compte-rendu accessible à tout le monde donc) ? et comme je persiste : Le maître du haut château il vaut quoi selon ton humble avis ?

Merci !
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Nimrod
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Message par Nimrod »

Je pense que Substance Mort risque d'être quasiment aussi difficile à résumer que Ubik.

Je ne me rappelle plus très bien de la structure du Maître... mais j'avais beaucoup aimé.
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Message par Nimrod »

mannhunter a écrit :PS: récemment,j'ai beaucoup apprécié DARK BLUE de ron Shelton...que vaut le bouquin d'Ellroy?
Je peux me tromper, mais je ne crois pas que Dark Blue (pas vu) soit tiré d'un roman de Ellroy (une nouvelle peut être ?). C'était plutôt un scénario original de l'auteur.
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Message par Majordome »

johndoe_df a écrit :Harry : j'y ferai passé le message :mrgreen:

TROMA : merci de tes explications, j'ajouterais à celà une question : Substance mort semblant possedé une intrigue un peu compliquée, crois-tu qu'il serait possible de le résumé (tout en offrant un compte-rendu accessible à tout le monde donc) ? et comme je persiste : Le maître du haut château il vaut quoi selon ton humble avis ?

Merci !
Le maître du haut château est un grand classique de l'uchronie, relativement "facile" à résumer (Dick est il résumable ? voilà une question pertinente :lol: ).
En gros:
et si (dans un univers parralèle?) les alliés de l'axe avaient gagné la WWII (World War II) ?
Une bonne entrée en matière pour découvrir Dick, même si Ubik ou Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? sont des ouvrages plus forts, plus marquants et plus "dickiens".
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Message par Johnny Doe »

Majordome a écrit :
johndoe_df a écrit :Harry : j'y ferai passé le message :mrgreen:

TROMA : merci de tes explications, j'ajouterais à celà une question : Substance mort semblant possedé une intrigue un peu compliquée, crois-tu qu'il serait possible de le résumé (tout en offrant un compte-rendu accessible à tout le monde donc) ? et comme je persiste : Le maître du haut château il vaut quoi selon ton humble avis ?

Merci !
Le maître du haut château est un grand classique de l'uchronie, relativement "facile" à résumer (Dick est il résumable ? voilà une question pertinente :lol: ).
En gros:
et si (dans un univers parralèle?) les alliés de l'axe avaient gagné la WWII (World War II) ?
Une bonne entrée en matière pour découvrir Dick, même si Ubik ou Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? sont des ouvrages plus forts, plus marquants et plus "dickiens".
Je ne veut pas contredire mais je crois, donc, que je vais prendre le maître du haut château. Parce que cela semble plus aisé à résumé (c'est aussi ce que je pensais). Le récit me semble terriblement excitant (l'idée en elle même est excitante) et je pense que le complément Le nazisme et le Haut Château pourra me fournir de quoi déblateré sur ce roman ! Ce qui ne m'empêchera pas de lire les autres Dick, Lovecraft, Poe et Ellroy que j'ai sous la main !! :D
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Message par Troma »

johndoe_df a écrit :Harry : j'y ferai passé le message :mrgreen:

TROMA : merci de tes explications, j'ajouterais à celà une question : Substance mort semblant possedé une intrigue un peu compliquée, crois-tu qu'il serait possible de le résumé (tout en offrant un compte-rendu accessible à tout le monde donc) ? et comme je persiste : Le maître du haut château il vaut quoi selon ton humble avis ?

Merci !
Dans mon souvenir, Loterie Solaire est plus biscornu que Substance Mort...

Le Maitre du Haut-Château partage beaucoup de monde. J'ai adoré, il est trés surprenant... parce qu'il ne surprend pas. Le bouquin arrive aprés que l'auteur ait passé plusieurs années à étudier le III°Reich, à chercher à comprendre à travers la spiritualité et la philosophie comment on a pu arriver à de telles latitudes dans l'horreur. Evasif, peut être déceptif pour certains, le livre raconte des évènements à la périphérie du cauchemar historique (Le Reich et le Japon ont gagné la guerre) et ne fait qu'évoquer avec pas mal de distance la folie qui s'empare du monde, alors qu'on s'attend à une description d'un état dévoreur de vie et d'espoir qui ne vient jamais. En fait, l'horreur et l'inhumanité sont diffuses, dispersées, comme une sorte de virus. De simples employés, des gens sans envergure vont à un moment ou un autre être amenés à devenir des rouages d'une société aveugle et violente, et leurs choix changeront leur façon de voir les choses. Les nazis voyaient le monde autrement, et les plus actifs d'entre eux étaient totalement incapable d'appréhender la souffrance et l'horreur. Himmler pleurait parfois dans son bureau parce qu'il trouvait que la solution finale lui donnait trop de travail. Speer concevait les batiments institutionnels du Reich en tenant compte des ruines que cela donnerait 1000 ans plus tard. Parce que les ruines que l'empire romain a laissé sont superbes, celles du Reich millénaire le seraient tout autant. C'était la Théorie des Ruines. Un autre monde, non ? Et pourtant bien réel.
Les gens changent parce que la réalité change, ou la réalité se modifie parce que les gens oublient certaines choses trés importantes, comme ici la compassion, l'empathie ? Encore aujourd'hui, Le Maitre du Haut-Château a de quoi rendre perplexe. Roman anti-spectaculaire, volontairement intimiste, jouant avec brio sur la multiplicité des points de vue et désamorçant systématiquement toute dramatisation - A mon avis, c'est ce qu'on peut reprocher au bouquin, car le caractère non-évènementiel des passages cruciaux du livre laisse place à une subtilité que l'écrivain retrouvera rarement (Ubik utilise de gros sabots à coté); ce qui peut donner l'impression de passer à coté de quelque chose (pas grave, laissez le souvenir du bouquin grandir dans votre esprit...).
Renverser la situation, c'est avec le peu de moyens qu'on a, de faire un geste positif. Puis un autre, et encore un autre. Vivre n'est pas qu'un état d'esprit, c'est aussi la suite continue des petits gestes qu'accomplissent dans leurs petites limites les protagonistes du Maitre du Haut-Château pour passer de l'autre coté. De petites différences, naives mais bien réelles pour ne pas oublier qu'on n'est pas tout seul. Le roman aurait pu s'appeller "La Sauterelle Pèse Lourd", comme le titre stupide d'un livre racontant que les alliés ont gagné la guerre, dans le roman de Dick. Comme si un simple livre de science-fiction pouvait renfermer une vérité ou seulement apporter quelque chose à son lecteur... :wink:
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Troma
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Message par Troma »

Bon alors, johndoe_df, qu'est que tu as choisi ?
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Tuck pendleton
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Message par Tuck pendleton »

TROMA a écrit : Dans mon souvenir, Loterie Solaire est plus biscornu que Substance Mort...

Le Maitre du Haut-Château partage beaucoup de monde. J'ai adoré, il est trés surprenant... parce qu'il ne surprend pas. Le bouquin arrive aprés que l'auteur ait passé plusieurs années à étudier le III°Reich, à chercher à comprendre à travers la spiritualité et la philosophie comment on a pu arriver à de telles latitudes dans l'horreur. Evasif, peut être déceptif pour certains, le livre raconte des évènements à la périphérie du cauchemar historique (Le Reich et le Japon ont gagné la guerre) et ne fait qu'évoquer avec pas mal de distance la folie qui s'empare du monde, alors qu'on s'attend à une description d'un état dévoreur de vie et d'espoir qui ne vient jamais. En fait, l'horreur et l'inhumanité sont diffuses, dispersées, comme une sorte de virus. De simples employés, des gens sans envergure vont à un moment ou un autre être amenés à devenir des rouages d'une société aveugle et violente, et leurs choix changeront leur façon de voir les choses. Les nazis voyaient le monde autrement, et les plus actifs d'entre eux étaient totalement incapable d'appréhender la souffrance et l'horreur. Himmler pleurait parfois dans son bureau parce qu'il trouvait que la solution finale lui donnait trop de travail. Speer concevait les batiments institutionnels du Reich en tenant compte des ruines que cela donnerait 1000 ans plus tard. Parce que les ruines que l'empire romain a laissé sont superbes, celles du Reich millénaire le seraient tout autant. C'était la Théorie des Ruines. Un autre monde, non ? Et pourtant bien réel.
Les gens changent parce que la réalité change, ou la réalité se modifie parce que les gens oublient certaines choses trés importantes, comme ici la compassion, l'empathie ? Encore aujourd'hui, Le Maitre du Haut-Château a de quoi rendre perplexe. Roman anti-spectaculaire, volontairement intimiste, jouant avec brio sur la multiplicité des points de vue et désamorçant systématiquement toute dramatisation - A mon avis, c'est ce qu'on peut reprocher au bouquin, car le caractère non-évènementiel des passages cruciaux du livre laisse place à une subtilité que l'écrivain retrouvera rarement (Ubik utilise de gros sabots à coté); ce qui peut donner l'impression de passer à coté de quelque chose (pas grave, laissez le souvenir du bouquin grandir dans votre esprit...).
Renverser la situation, c'est avec le peu de moyens qu'on a, de faire un geste positif. Puis un autre, et encore un autre. Vivre n'est pas qu'un état d'esprit, c'est aussi la suite continue des petits gestes qu'accomplissent dans leurs petites limites les protagonistes du Maitre du Haut-Château pour passer de l'autre coté. De petites différences, naives mais bien réelles pour ne pas oublier qu'on n'est pas tout seul. Le roman aurait pu s'appeller "La Sauterelle Pèse Lourd", comme le titre stupide d'un livre racontant que les alliés ont gagné la guerre, dans le roman de Dick. Comme si un simple livre de science-fiction pouvait renfermer une vérité ou seulement apporter quelque chose à son lecteur... :wink:

Troma tu m'a donner envie d'y replonger...Effectivement le roman m'avait un poil déçu par son côté presque banal
tuco dunn
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Message par tuco dunn »

Tuck pendleton a écrit :
TROMA a écrit : Dans mon souvenir, Loterie Solaire est plus biscornu que Substance Mort...

Le Maitre du Haut-Château partage beaucoup de monde. J'ai adoré, il est trés surprenant... parce qu'il ne surprend pas. Le bouquin arrive aprés que l'auteur ait passé plusieurs années à étudier le III°Reich, à chercher à comprendre à travers la spiritualité et la philosophie comment on a pu arriver à de telles latitudes dans l'horreur. Evasif, peut être déceptif pour certains, le livre raconte des évènements à la périphérie du cauchemar historique (Le Reich et le Japon ont gagné la guerre) et ne fait qu'évoquer avec pas mal de distance la folie qui s'empare du monde, alors qu'on s'attend à une description d'un état dévoreur de vie et d'espoir qui ne vient jamais. En fait, l'horreur et l'inhumanité sont diffuses, dispersées, comme une sorte de virus. De simples employés, des gens sans envergure vont à un moment ou un autre être amenés à devenir des rouages d'une société aveugle et violente, et leurs choix changeront leur façon de voir les choses. Les nazis voyaient le monde autrement, et les plus actifs d'entre eux étaient totalement incapable d'appréhender la souffrance et l'horreur. Himmler pleurait parfois dans son bureau parce qu'il trouvait que la solution finale lui donnait trop de travail. Speer concevait les batiments institutionnels du Reich en tenant compte des ruines que cela donnerait 1000 ans plus tard. Parce que les ruines que l'empire romain a laissé sont superbes, celles du Reich millénaire le seraient tout autant. C'était la Théorie des Ruines. Un autre monde, non ? Et pourtant bien réel.
Les gens changent parce que la réalité change, ou la réalité se modifie parce que les gens oublient certaines choses trés importantes, comme ici la compassion, l'empathie ? Encore aujourd'hui, Le Maitre du Haut-Château a de quoi rendre perplexe. Roman anti-spectaculaire, volontairement intimiste, jouant avec brio sur la multiplicité des points de vue et désamorçant systématiquement toute dramatisation - A mon avis, c'est ce qu'on peut reprocher au bouquin, car le caractère non-évènementiel des passages cruciaux du livre laisse place à une subtilité que l'écrivain retrouvera rarement (Ubik utilise de gros sabots à coté); ce qui peut donner l'impression de passer à coté de quelque chose (pas grave, laissez le souvenir du bouquin grandir dans votre esprit...).
Renverser la situation, c'est avec le peu de moyens qu'on a, de faire un geste positif. Puis un autre, et encore un autre. Vivre n'est pas qu'un état d'esprit, c'est aussi la suite continue des petits gestes qu'accomplissent dans leurs petites limites les protagonistes du Maitre du Haut-Château pour passer de l'autre coté. De petites différences, naives mais bien réelles pour ne pas oublier qu'on n'est pas tout seul. Le roman aurait pu s'appeller "La Sauterelle Pèse Lourd", comme le titre stupide d'un livre racontant que les alliés ont gagné la guerre, dans le roman de Dick. Comme si un simple livre de science-fiction pouvait renfermer une vérité ou seulement apporter quelque chose à son lecteur... :wink:

Troma tu m'a donner envie d'y replonger...Effectivement le roman m'avait un poil déçu par son côté presque banal
exactement pareil, ce qui dit Troma me fait penser que je suis passé à coté, trop enclin à attendre le developpement d'un intrigue avec son lot de surprises qui n'arrivera jamais, mais à l'énnoncé de tous ces éléments qui me reviennent un peu en mémoire maintenant, je n'ai plus qu'une envie: m'y replonger.
"Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé"
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