Watkinssien a écrit :
C'est drôle, je l'ai revu récemment aussi et je te trouve très dur !
La mise en scène de Sturges est exemplaire, plastiquement le film ne cherche pas une certaine originalité mais témoigne d'un sens du cadre qui a souvent fait la force du cinéma de Sturges.D'ailleurs pour l'anecdote, Kurosawa avait beaucoup apprécié le "remake" de ses Sept Samouraïs et je suis d'accord pour dire que le film donne au genre une certaine "ritualisation" qui préfigurera les westerns italiens de Leone.
Que ce soit la caractérisation des personnages, les séquences d'action, le respect de l'œuvre originale sans oublier la mise en scène contemplative et indéniablement efficace de Sturges, je considère The Magnificent Seven comme un grand western et il suffit de voir ses suites pour se rendre compte des nombreuses qualités de ce film.
Il me semble que cette analyse explique le retentissement qu'a ce film sur les enfants (dont j'étais lorsque je l'ai vu au cinéma de Saint Jean de Luz en 1974 ou 75...)
La ritualisation et l'aspect archétypique des personnages est frappant - Il induit une forte identification quand on a 9 ou 10 ans
Plus tard il reste les souvenirs magnifiés et plus lucidement : la caricature
J'oubliais le score - chanté jusqu'à l'écoeurement - Tin tin tintin tin tin tintintin- Tin tin tintin tin tin tin tintin - tin tin...tin tin tin tin...........
Cette équation me semble hasardeuse... Quand les personnages sont des incarnations, quand ils font partie d'une multiplication d'un même héroïsme, la caricature n'est pas la seule option pour définir ces éléments.
Si on veut être lucide, on peut avoir plus de 10 ans et ressentir ces caractérisations complémentaires comme un impeccable mécanisme d'identification. Par exemple, pour les personnes adultes qui le verraient pour la première fois, seraient-ils redevenus enfantins si jamais ils fonctionnaient au premier degré de cette histoire et aimaient ces 7 mercenaires ?...
Néanmoins, ton message a le mérite de revenir sur la question de la différence entre la vision d'un film étant enfant et la révision étant adulte...
Très grand western, je sais qu'il est souvent critiqué mais pour moi ça reste un de mes films préférés, dans mon top100 depuis longtemps et encore pour longtemps je pense...
Définitivement opposé à Tavernier qui dit beaucoup de mal et avec beaucoup de mauvaise foi de Sturges (enfin pas autant que quand il parle de Carpenter mais bon )
Quelques mots vite dit sur le trésor du pendu (The Law and Jake Wade - 1958) que j'ai beaucoup aimé sans avoir adoré comme j'avais espéré au vu de sa réputation élogieuse.
Il lui manque peut-être un peu de concision, de vitalité dans la première partie pour accéder au rang de petit bijou du genre... un autre acteur aussi peut-être que Robert Taylor dont je ne suis pas très fan.
Mais sinon, le scénario (et les dialogues) de William Bowers est passionnant avec l'intelligence de ne pas s'attarder sur le passé entre les deux personnages pour rendre leurs rapport d'autant plus conflictuels et complexes. Sa structure est ainsi un modèle du genre avec un p'tit aspect à la Boetticher/Kennedy je trouve dans cette façon d'étoffer des personnages par un background esquissé par sous-entendus et quelques dialogues qui ne s'attardent jamais. Ca donne cette impression de commencer l'histoire presque dans son milieu pour une narration plus denses. Il manque juste un peu de nervosité donc à la réalisation.
Celle-ci demeure pourtant éclatante de talent dans la deuxième partie. Tout ce qui se déroule ainsi dans la ville abandonnée est sensationnelle et fait preuve d'une efficacité formidable que ce soit dans le gestion du cadre, des paysages et de l'espace.
Sinon, le film bénéficie de la présence géniale de Richard Widmark dans l'un de ses meilleurs rôles qui dessine un homme inquiétant, fascinant, attachant et plein d'humour. Il joue aussi beaucoup dans la réussite du film pour un des personnages les plus inoubliables du genre.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Je partage à peu de choses près ton avis. C'est un très bon western de John Sturges, mais la première partie manque un peu de sel (si ce n'est dans quelques séquences bien gratinées). Robert Taylor est très sobre, peut-être un peu trop cette fois-ci... devant un Richard Widmark des grands jours. La caméra de John Sturges est toujours aussi nerveuse et millimétrée, et une fois encore son récit ne souffre aucune graisse. Moins bon que Règlement de comptes à OK Corral, Le dernier train de Gun Hill et Fort Bravo (trois merveilleux bijoux), mais meilleur que Les sept mercenaires. Solide et captivant dans sa seconde partie (la ville fantôme est très bien exploitée).
Pour moi un grand Western, avec effectivement un Widmark à son meilleur. Je le trouve d'ailleurs bien superieur à Règlements de comptes à OK Corral que je n'aime pas beaucoup.
C'est peut être un des Sturges que je préfère, juste derrière Un Homme est Passé.
La deuxième partie de Fort Bravo est démentielle mais le début n'est pas vraiment à la hauteur.
je n'ai plus le moindre souvenir de Règlement de comptes à OK Corral et un peu plus de Le dernier train de Gun Hill que j'avais bien aimé il y a 5-6 ans.
Par contre un homme est passé continue de me ravir au plus haut point
Et ce n'est pas un film très connu (et encore moins apprécié par Sir Fox ) mais j'avais vraiment beaucoup accroché aux aventuriers du désert
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan a écrit :La deuxième partie de Fort Bravo est démentielle mais le début n'est pas vraiment à la hauteur.
je n'ai plus le moindre souvenir de Règlement de comptes à OK Corral et un peu plus de Le dernier train de Gun Hill que j'avais bien aimé il y a 5-6 ans.
Par contre un homme est passé continue de me ravir au plus haut point
Et ce n'est pas un film très connu (et encore moins apprécié par Sir Fox ) mais j'avais vraiment beaucoup accroché aux aventuriers du désert
Un homme est passé, c'est génial ! Le style de Sturges dans ce qu'il a de plus épuré, sans aucune graisse... On se rapproche un peu de la "Boetticher touch", c'est à dire d'un film où chaque plan a sa place et où l'inutile n'existe pas. Un film court, dense, avec une distribution hors-pair (Spencer Tracy, Robert Ryan...).
Le lien avec Boetticher est très bien vu.
C'est sans doute le film de Sturges que je préfère: le plus âpre, le plus sombre, le plus engagé.
Et puis les acteurs...
Julien Léonard a écrit :
Un homme est passé, c'est génial ! Le style de Sturges dans ce qu'il a de plus épuré, sans aucune graisse... On se rapproche un peu de la "Boetticher touch", c'est à dire d'un film où chaque plan a sa place et où l'inutile n'existe pas. Un film court, dense, avec une distribution hors-pair (Spencer Tracy, Robert Ryan...).
Jeremy Fox a écrit :
Dans le style, Le dernier train de Gun Hill est pas mal non plus
Un peu moins épuré tout de même, mais assez réussi également effectivement.
J'aime bien le rapprochement fait entre Un Homme et Passé et le travail de Boetticher, je n'y avais jamais pensé, je trouve que c'est très vrai.
En plus, les deux hommes étaient amis il me semble (Sturges a un jour payé les dettes de Boetticher). Mais en dehors de cela, ils partagent souvent ce goût pour un cadre de caméra exemplaire, des personnages très richement détaillés en peu de plans et une sécheresse qui confine à l'efficacité la plus pure. Un goût aussi pour des histoires ramassées (pas toujours chez Sturges, il est vrai, mais régulièrement en tout cas), et aux personnages de méchants ambigus.
Il ne faudrait quand même trop pousser. Sturges reste à son meilleur un illustrateur de bonne facture, mais il n'a jamais su s'élever au-dessus des scénarios qu'on lui confiait.
Si j'adore certains de ses films (dans les années 50 surtout), je trouve aussi qu'il est loin de posséder le génie de Boetticher (hormis le génie du cadrage et du placement des personnages à l'intérieur du cadre) même si sur certains côtés (mais à propos d'assez peu de titres) on peut trouver effectivement quelques points de comparaison, ceux que Julien a relevé.
Par contre, je trouve qu'il a su s'élever au niveau de ses scénarios à au moins deux ou trois reprises ; ce qui n'est déjà pas si mal.