Je te rejoins parfaitement sur ce film qui m'avait littérallement scotché à sa première vision.
Je l'ai vu jeune et j'ai pris conscience avec ce film qu'un message trés clair pouvait passer tout en racontant une histoire ou il se passe peu de choses.
Je l'ai depus revu plusieurs fois avec le même bonheur, Spencer Tracy est grand mais Robert Ryan encore plus je trouve et effectivement quel Scope.
Je connais mal le reste de son oeuvre mais je peux d'ores et déja te conseiller Gunfight at the Ok Corral comme Jeremy et voici une courte critique du film:
-Gunfight at the OK Corral (1957) est un film typique de John Sturges et par là même du système hollywoodien classique de l'époque. On y suit l'histoire mythique de l'amitié entre le Marshall Wyatt Earp (Burt Lancaster) et le Hors la loi Doc Holliday (Kirk Douglas). Les deux hommes, qu'en théorie tout oppose, se sauveront mutuellement la vie et finiront par s'apprécier jusqu'à devenir de vrais amis prêts à risquer leur vie l'un pour l'autre. Le titre du film trouvant sa justification dans un affrontement final opposant W. Earp, ses frères et Doc Holliday contre une famille bien décidée à les éliminer malgré leur réputation.
Le plus de ce film sur les nombreux autres traitant de cette célèbre histoire est de l'envisager sous l'angle de la psychologie des deux héros plus que sous celui de l'action. Le scénario s'attache donc dans un premier temps à présenter les deux hommmes et leur environnement proche, puis les confronte. Les deux hommes ne sont toutefois pas traités à égalité, Doc Holliday étant présenté sous un angle beaucoup plus intéressant que Wyatt Earp.
Celui-ci est décrit comme un héros mythique et plutôt manichéen dans la grande tradition de l'Ouest. Cependant, par certains moments, l'interprétation qu'en donne Burt Lancaster peut laisser penser qu'en fait il s'agit d'une satire du Marshall incorruptible, tant il a l'air ridicule ou mal à l'aise à cause de son côté guindé et infatigable défenseur de la loi (sa relation avec la joueuse professionnelle, ou la façon dont certains personnages se moquent de son côté guindé). D'un autre côté, Doc Holliday est un personnage beaucoup mieux construit, sympathique et désagréable à la fois, intelligent mais buté et somme toute beaucoup plus crédible et humain que son ami.
Ce sentiment est renforcé par la fabuleuse interprétation de Kirk Douglas toute en gouaillerie, charme et force de caractère. L'alchimie entre les deux acteurs est le ciment du film et lui communique le côté vivant qui lui aurait autrement fait défaut. Le personnage de Doc Holliday est le véritable héros et moteur du film, même si les grands enjeux de l'oeuvre semble plus reposer sur le personnage de Wyatt Earp.
Il est certain que les autres personnages et le gros de l'intrigue sont conçus pour mettre les deux héros en valeur. De ce fait, un certain déséquilibre s'installe dès que Doc Holliday est absent de l'écran, pénalisant ainsi une certaine partie du film, celui-ci n'en étant pas le héros principal. Les moyens sont présents et la reconstitution de l'Ouest est belle et conforme au mythe à défaut d'être réaliste. La réalisation de J. Sturges est efficace et seules quelques intrigues annexes peu utiles (la romance de W. Earp avec la joueuse) viennent ralentir un film relativement rythmé pour une oeuvre essentiellement basée sur les dialogues.
L'utilisation abusive de la musique assez datée et vieillote de Dimitri Tiomkin pourra agacer certains spectateurs, renforçant inutilement le côté mythique de l'oeuvre alors que celle-ci contourne justement cet aspect. La photographie est par contre très réussie, insistant sur les couleurs terre de l'Ouest et ajoutant ainsi au film une touche de réalisme contrecarrant efficacement la tendance légendaire du scénario.
Un film que l'on peut considérer comme un classique du Western. Il pourra surprendre les spectateurs habitués à d'autres versions plus musclées de cette célèbre légende. Il impose en tout cas le tandem Douglas/Lancaster comme l'un des plus efficaces qui soient, de ceux capables de transformer un film moyen et prévisible en une oeuvre intéressante à défaut d'être inoubliable.
Stefan
Ps: Jeremy me tape pas dessus quand tu lira ce texte