Bruno Dumont

[Supfiction]

Et elle répond :
https://www.allocine.fr/article/fichear ... 67339.html

Est-ce que produire des films sans même réfléchir au sens de la présence ou de l’absence d’acteurs non blancs dans le casting n’est pas en soit un acte raciste ?

"Que signifie un film de science-fiction représentant l’humanité et ses cousins intergalactiques dont l’intégralité du casting est blanc ?"

Au sujet de la blanchité du casting qui me posait problème, nous avons eu une conversation assez surréaliste sur l’extermination des peuples autochtones d’Amérique du Nord, où Dumont m’a dit que j’étais globalement un peu simplette parce que je ne voyais pas les nuances, et qu’il y a aussi des gentils chez les cowboys et des méchants chez les Indiens. En effet, il me semble inapproprié de parler de nuance au sujet de ce massacre colonial.

Obsession de la couleur de peau. Les gentils contre les méchants. Wokisme.

En revanche, il est vrai que ce qui interroge, c’est pourquoi Dumont la voulait dans son casting alors qu’elle était déjà très marquée idéologiquement (même si elle était encore actrice avant d’être militante à cette époque). Visiblement il ambitionnait naïvement de la sortir de ça et la faire revenir vers le métier d’actrice.

[Tina Quintero]

L'Empire (Bruno Dumont) : 7/10
Pour répondre à Tina, ce n'est pas ce film qui est clivant (de ce que j'observe sur ce forum), c'est le cinéma de Bruno Dumont au sens large.
Personnellement, j'ai mis du temps à y venir mais j'ai fini par devenir, sinon fanatique, du moins accroché par ce syncrétisme qui me ravit et le rattache à des gens aussi différents que les Taviani, Jean-Claude Brisseau ou Pasolini. Il y a dans ce cinéma une réelle originalité, la recherche salutaire de perspectives inédites, d'alliages stimulants. Et contrairement à toi Tina, je trouve les images de L'Empire souvent très belles, très inspirées de Magritte car Dumont est de toute évidence un esthète.
Je serais un poil moins enthousiaste que poet77 car l'argument me paraît un peu lâche, un peu rebattu. Mais ça reste étonnant, inhabituel dans la forme et roboratif.

Comme déjà dit sur ce fil, j'admire plusieurs films de Dumont, mais c'est le premier de lui que je déteste radicalement. J'ai pensé à un accident (c'est arrivé aux meilleurs réalisateurs), mais visiblement il plaît à certains, et beaucoup. Tant mieux ! Par contre ça n'est pas en comparant son esthétique à celle de Magritte que tu me convaincras, car je n'aime pas ce peintre. (Précisons que je reconnais la beauté de certains plans, mais pas plus que dans ses précédents films.)

[Alexandre Angel]

Par contre ça n'est pas en comparant son esthétique à celle de Magritte que tu me convaincras, car je n'aime pas ce peintre.

Mais je n'en raffole pas non plus.
Mais tu parlais de laideur il me semble or si je n'aime pas assez Magritte pour avoir envie, mettons, d'en accrocher chez moi, en retrouver l'esprit sur l'écran suffit à éloigner le spectre du laid. En tout cas, j'avoue que mon idée du laid au cinéma est toute autre.

Peut-être que le film est un tantinet moche quand il y a le trou noir : les raccords sur les "héraults" dans le cockpit de leurs vaisseaux ne sont pas très heureux.

Mais sinon, certains plans, dans leur charme artisanal, m'ont même fait penser à cette image de la mère de Woody Allen dans le ciel de New York dans le troisième segment de New York Stories.
Un côté Magritte, déjà.

[Supfiction]

Prix du jury Au festival de Berlin.

[Cedric Gibbons]

Hello,

Si quelqu'un peut expliquer comment L'Empire peut recevoir un prix du jury à Berlin, je prends.
Pas fan de Dumont à la base, j'ai bien aimé Ma Loute et trouvé France pas mal.
Mais là, c'est du n'importe quoi en roue libre. Du vide intersidéral.

[Alibabass]

L'exercice de déraillement selon le cinéaste est rarement vide.

C'est comme en musique électronique : Aphex Twin et Autechre était le trio dans les 90's complètement fasciné par les erreurs numériques et les mélodies marqué par la naïveté de l'enfance. Le risque était moindre, le geste artistique bien mais alors bien en avance sur son temps. Ne pas se prendre la tête, adviendra que adviendra dans chaque morceau d'eux et puis peux-être que ça touchera la culture Pop ... ce qui est devenu le cas.

Bruno Dumont ici dans l'Empire c'est la même forme de cassure. Il modélise les erreurs de mise en scène et du ton des acteurs et actrices pas du tout dans le métier pour en faire du burlesque et jamais s'en moquer, dont le fait de capter leur humanités. Après, toucher le SF, pour lui c'est le tourner à la satire. Peux-être trop, du fait que le film aurait pu être moins étiré dans le temps. C'est l'enfant du diable qui fait le film, et le ferme. Sec. Drôle. Ovniesque. Même si c'est pas son meilleur, c'est un bon cuvé.

[Alexandre Angel]

Je tenais aussi à dire que j'ai beaucoup aimé la musique du générique de fin : cette "revisitation" de Jean-Sébastien Bach en mode jazzy est tout à fait charmante et contribue à l'étrangeté du film.
D'ailleurs, ce moment où une troupe de baladins bizarres déboulent dans la grande salle du palais de Fabrice Luchini évoque David Lynch et les musiques d'Angelo Badalamenti.

[Alibabass]

Improbable moment en effet. Dans le Libé d'aujourd'hui, il y a un sujet sur les effets spéciaux qui reprend un peu du terrain dans les films Français. Et dans le détails de fabrication, c'est aussi un travail de déraillement : Hugues Namur, superviseur des FX's sur le film avec l'architecte Gabriel Vuillemin (incroyable travail du dernier dans la conception des cathédrales-vaisseaux) dont la scène de l'atterrissage du vaisseaux sur un ancien bunker de la seconde guerre mondiale. Titanesque travail au niveau l'harmonisation des textures et sur le rapport d'échelle. Pour ceux et celles qui ont vu le film, tout cela se ressent.

[Alexandre Angel]

C'est bien, la résistance à l'Empire's Bashing se met en place.