nunu a écrit : ↑20 avr. 24, 10:04
Lynch est a 10 films (donc sans Twin Peaks la série). A t'il fait 10 grands films ? La réponse est non.
C'est ta réponse (et peut-être la mienne) mais il rentre pourtant dans la catégorie que tu soulèves : celle des créateurs singuliers, qui ont de plus en plus les moyens (financiers et logistiques) de leurs ambitions et de ce fait, ne réalisent pas beaucoup.
Et contrairement à toi, j'agglomère Twin Peaks : The Return, qu'il a entièrement réalisé, au constat.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Alexandre Angel a écrit : ↑20 avr. 24, 10:11
Et contrairement à toi, j'agglomère Twin Peaks : The Return, qu'il a entièrement réalisé, au constat.
Ce n'est pas un film ça me compte pas pour moi. Peu importe qu'il l'ait entièrement réalisé. Comme la version télé de Scènes de la vie conjugale pour Bergman ou Berlin Alexanderplatz pour Fassbinder. Ce ne sont pas des films il ne rentrent pas dans la discussion.
« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
En revanche, ils rentrent parfaitement dans la discussion sur ce que peut produire de meilleur (au sens d'une création marquée par une esthétique et un déploiement cinématographique, même pour la télévision) un réalisateur, de ce "meilleur" au delà duquel le reste devient superflu, inégal voire inutile..
Il est question des artistes.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Après je pense que personne ne dit que les autres films soient inutiles. Perso je comprends l'idée d'un réservoir qui se vide, c'est pour ça aussi que des fois on retrouve des réalisateurs qui font un excellent premier film qu'ils ont mis dix ans à monter et ne retrouve plus jamais ce niveau, le cinéma n'est pas une science exacte de toutes façons.
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
J'ai le souvenir d'un réalisateur (mais je n'arrive pas à retrouver lequel) à qui on demandait quel était son meilleur film, et qui répondait :"celui que je viens de finir. Je m'efforce toujours de faire un film meilleur que le précédent."
Tarantino bénéficie d'une puissance de parole étonnante, à une période où le cinéma est en déclin dans le débat médiatique. Qu'il dise du mal de Truffaut ou se demande s'il ne ferait pas un film de SF, ça sera repris dans toute la presse mondiale. Du coup, son choix de s'arrêter au dixième film, et qui m'apparait surtout comme une façon de se pousser à se défoncer pour son prochain projet, est repris par tous les media. Mais il aura parfaitement le droit de changer d'avis, ou pas.
Plus largement, ma conception de l'auteur étant assez éloignée de celle qui distingue une poignée de chefs d'oeuvres dans une marée de films médiocres, quand j'aime un cinéaste, j'aime la quasi-totalité de ses films, et j'aime même qu'il tâtonne parfois en essayant des choses, qui fonctionnent ou non. Je me fiche de la liste des "grands Hitchcock". Quand je me fait un film d'Hitchcock, je vais prendre beaucoup de plaisir. Pareil pour un woody allen (un peu plus de mal avec certains Chabrol, pour rester chez les cinéastes prolifiques).
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
La question est plutôt de s'interroger sur le fait que, quelle que soit son affection pour un cinéaste, et même la considération d'un grand auteur, il est toujours difficile d'être le plus grand de façon répétée et durable. Et en soit, il est intéressant à partir de la réflexion de Tarantino de vouloir "s'arrêter à 10 films ou même 15" pour rebondir sur le point précédent et s"interroger sur la manière de se concentrer ou non à la réalisation d'un "grand film". Comment marquer, laisser une empreinte dans le cinéma en évitant d'édulcorer ou affecter leur marque historique. Il y a toujours un risque à ce sujet, certains souffrent - ou vont voir leur "landmark" souffrir à terme - d'avoir continuer coûte que coûte : je pense à Burton, Scott, Argento etc.
cinephage a écrit : ↑20 avr. 24, 11:50
J'ai le souvenir d'un réalisateur (mais je n'arrive pas à retrouver lequel) à qui on demandait quel était son meilleur film, et qui répondait :"celui que je viens de finir. Je m'efforce toujours de faire un film meilleur que le précédent."
Ça ressemble à du Lelouch mais il aurait répondu je pense « le prochain ».