Address Unknown (Suchwiin bulmyeong)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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akira64

Address Unknown (Suchwiin bulmyeong)

Message par akira64 »

Address Unknown (Suchwiin bulmyeong) de Kim Ki-Duk

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Drame coreen tres noir avec des persos vraiment bien retranscrits et particulierement bien travailles car possedant une reelle profondeur, le film se deroule sur fond d'apres guerre (l'occupation americaine), et on suit donc les habitants d'un petit village qui chacun souffrent : Chang-Guk métis coréen fils d'un soldat americain rentre au pays (ce dont sa mere ne s'est jamais remis) qui bat sa mere car celle ci s'embrouille regulierement avec les villageois, pendant ce temps celle ci le defend face a son nouveau fiancée (qui le fait travailler dans un "abatoir" pour chien), la jolie Eun-Ok borgne suite a un accident avec son frere qui tombe dans le piege d'un marche avec un jeune soldat americain sans grand scrupule....

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Le film est empreint de tristesse et de melancolie, les drames s'enchainant de facon presque inexorable, on suit donc le destin de ces persos (non sans s'y identifier) et assistons quasi impuissant au final tellement tragique.

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Un film tres dur dont on ne sors pas indemne, a decouvrir vraiment j'en suis reste longtemps boulversé... (et pour ceux que ca inquieterais puisque j'etais le 1er a le faire etant particulierement sensible aux scenes avec des chiens, les scenes avec les animaux ne sont pas trop trop dur)
9,5/10

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Pour ceux que ca interesse, le dvd coreen est sous titre francais! :wink:

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Pancake
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Re: Address Unknown (Suchwiin bulmyeong)

Message par Pancake »

Très beau film découvert l'année dernière à l'Etrange Festival...je ne comprends pas pourquoi il n'est pas sorti en France (quand on le voit on ne se dit pas que c'est un ovni insortable non?). Ce qu'en tapotais à l'époque:


Au lendemain du défi essentiellement technique que représentait Real Fiction, Kim Ki-Duk s'est attaché à son projet le plus personnel à ce jour avec Adresse inconnue. Il y raconte sa jeunesse tourmentée en Corée, dans une ville encore habitée par la présence fantomatique de l'armée US. Comme toujours chez Kim Ki-Duk, la violence pure qui se dégage des images (une violence qui semble être un moyen de communication comme un autre entre ses différents protagonistes) est mêlée à une atmosphère décalée, proche de l'absurde et empruntant au surréalisme. L'absurdité d'une mère coréenne qui s'échine à envoyer et renvoyer une lettre au père américain de son enfant, mais qui lui revient à chaque fois, l'absurdité des exercices de soldats US, eux-même se questionnant sur la raison de leur présence vingt ans après la guerre de Corée... C'est ce caractère absurde, confinant parfois au surréalisme (les trois jeunes personnages principaux marchant en file indienne, avec chacun un oeil abimé) qui apporte un certain souffle dans cet univers surimprégné de violence. Celle-ci est la principale expression d'un réel désespoir.


Kim Ki-Duk explique que les 3 jeunes coréens (c'est à dire ses deux amis et lui-même) sont comme des lettres envoyées, mais qui n'ont pas de destinataire pour cause d'"adresse inconnue". Il se souvient des lettres perdues qu'il trouvait, de la tristesse qu'elles recelaient. Ses personnages ont ainsi chacun leurs cicatrices, composant une mosaïque très complexe. Chank-Guk, enfant métis à l'identité brouillée, d'une mère coréenne et d'un père afro-américain, qui passe ses frustrations sur sa génitrice. Sa mère, qui se force à parler anglais dans l'espoir de partir retrouver le père de son enfant, un soldat qu'elle a rencontré durant la guerre. Eunok qui trouve un remède à son handicap (la jeune fille est borgne) en vivant en recluse... L'accumulation pourrait conférer au film une certaine lourdeur, mais la peinture des personnages et si juste et généreuse que c'est principalement le sentiment de voir un film profondement humain qui domine.


Alors que les scénarios de ses précédents films comportaient quelques errances (c'est le cas de Real Fiction ou de Crocodile), Kim Ki-Duk semble parvenir à une maturité lui permettant d'allier une réalisation parfaitement maîtrisée (un talent déjà fort présent sur L'Ile) à un script très solide. Tout juste peut on reprocher un épilogue qui aurait gagné à être davantage elliptique. En plus d'un constat amer sur une Corée qui soigne encore ses plaies, Adresse inconnue revêt également des atours de chronique humaine, cruelle et forte. Peu de choses ont changé, commente le réalisateur, confirmant la noirceur du film.

5/6

J'espère avoir d'aussi belles surprises cette année au Festival.
akira64

Re: Address Unknown (Suchwiin bulmyeong)

Message par akira64 »

Tres belle critique Pancake! :wink:
Juste sur la mere de Chang-Guk,personnellement je ne suis pas d'accord que le fait qu'elle renvoye sans cesse cette lettre soit si absurde que ca bien au contraire je le comprends completement, on voit bien qu'en aucun cas elle n'est amoureuse de son nouveau fiancé (les menaces de mort si il touche a son fils)et qu'elle est restée amoureuse de ce soldat qui la abandonnait elle et son fils et que le but de son existence est bel et bien de le retrouver (ce qui rend d'ailleurs Chang-Guk plutot enervé) comme le prouve la scene ou elle va au camp americain.
Une reaction a l'amour tout ce qu'il y a de plus humaine a mon avis et qui rend a mes yeux le personnage de la mere vraiment "attachant", on comprends bien ces reactions (qui elles sont absurdes) vis a vis du reste de la population.
Pancake
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Re: Address Unknown (Suchwiin bulmyeong)

Message par Pancake »

akira64 a écrit :Tres belle critique Pancake! :wink:
Merci :oops:
akira64 a écrit :Juste sur la mere de Chang-Guk,personnellement je ne suis pas d'accord que le fait qu'elle renvoye sans cesse cette lettre soit si absurde que ca bien au contraire je le comprends completement, on voit bien qu'en aucun cas elle n'est amoureuse de son nouveau fiancé (les menaces de mort si il touche a son fils)et qu'elle est restée amoureuse de ce soldat qui la abandonnait elle et son fils et que le but de son existence est bel et bien de le retrouver (ce qui rend d'ailleurs Chang-Guk plutot enervé) comme le prouve la scene ou elle va au camp americain.
Une reaction a l'amour tout ce qu'il y a de plus humaine a mon avis et qui rend a mes yeux le personnage de la mere vraiment "attachant", on comprends bien ces reactions (qui elles sont absurdes) vis a vis du reste de la population.
Oui je suis d'accord. Quand je parle d'absurdité, c'est parce que notre regard extérieur (en tout cas le mien) laisse penser qu'inlassablement, ces lettres n'iront nulle part, d'où une situation qui touche à l'absurde. Cétait maladroitement dit dans mon texte, c'est la situation plus que le personnage qui tient du décalage.
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