Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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tenia
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Re: Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Message par tenia »

Coxwell a écrit : 4 mars 24, 08:49Plan vertical (IMAX donc) sur l'installation de la bombe par ex. Verticalité également de l'installation du site, des principes la réaction en chaîne, des plans de paysage lorsque l'on se rend sur les premiers pas de Los Alamos. Egalement lors des plans verticaux sur le site de rencontre avec physiciens allemands et Niels Bohr.
Tout à fait, mais le fait est que cette verticalité est constamment interrompue, plutôt que de fonctionner pleinement par bloc, et dédier ainsi totalement cela afin de mieux ressentir les alternances. Là, c'est comme la musique : quand c'est tout le temps comme ça, cela finit par devenir un bruit blanc.
Coxwell a écrit : 4 mars 24, 08:49je ne suis pas convaincu qu'il y ait de la suranalyse quand on parle de l'interprétation d'une oeuvre d'art, mais cela revient à une question philosophique sur l'art et ce qu'on entend de la perception objective ou non de l'auteur par rapport à son œuvre, le détachement de ce même auteur par rapport à ce qu'il souhaite véritablement faire ou ne pas faire
Je pense qu'il est tout à fait possible d'aller trop loin dans une analyse, et transformer du bruit en signal même dans l'art. :wink:
Coxwell a écrit : 4 mars 24, 08:49Toujours est-il que cela fonctionne très bien pour l'imbroglio, la puissance de la confusion et le torrent qui en découle.
Je pense que l'aspect visuel aurait mérité de mieux gérer ses montagnes russes de format d'image, mais niveau montage et structure narrative, hormis la fin, oui je pense aussi que c'est très adéquat, et très efficace aussi.
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Coxwell
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Re: Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Message par Coxwell »

tenia a écrit : 4 mars 24, 09:26 Tout à fait, mais le fait est que cette verticalité est constamment interrompue, plutôt que de fonctionner pleinement par bloc, et dédier ainsi totalement cela afin de mieux ressentir les alternances. Là, c'est comme la musique : quand c'est tout le temps comme ça, cela finit par devenir un bruit blanc.
Il ya de l'alternance, suffisamment à mes yeux pour que l'effet cathédrale fonctionne.
Je pense qu'il est tout à fait possible d'aller trop loin dans une analyse, et transformer du bruit en signal même dans l'art. :wink:
Mais cela ne reste que de l'analyse, et qui essaye de convoquer quelques éléments, proches, capillotractés voire "objectivés", pour donner une sorte de sens à ce que l'on ressent face à l'oeuvre. :idea:
Je pense que l'aspect visuel aurait mérité de mieux gérer ses montagnes russes de format d'image, mais niveau montage et structure narrative, hormis la fin, oui je pense aussi que c'est très adéquat, et très efficace aussi.
Je trouve aussi cela très efficace. Mais comme dit à bien d'autres moments, je suis un groupie de Nolan. :arrow:
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tenia
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Re: Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Message par tenia »

Coxwell a écrit : 4 mars 24, 10:39Il y a de l'alternance, suffisamment à mes yeux pour que l'effet cathédrale fonctionne.
Bien sûr, mais je pense que par leur constance et leur découpage incessant, cela fonctionne moins que de faire des blocs bien plus longs que ça, de verrouiller des scènes dans un format, plutôt que de constamment passer de l'un à l'autre, plusieurs fois par minute.

Je pense que cela marchait mieux sur Dunkirk, car au final, 75% du film était en IMAX (80 minutes sur 106), alors que pour Oppenheimer, c'est plutôt 42% (75 minutes sur 180). Donc sur Dunkirk, tout le film est "en grand", et seuls quelques petits passages s'intègrent là-dedans, et ce sont des passages "particuliers" car dialogués.

Dans Oppenheimer, la quantité bien plus grande de dialogues a fait que (même si certains ont été tournés en IMAX et clairement post-synchro), mais je pense qu'à ce moment-là, j'aurais préféré que Nolan ne cherche pas à inclure le moindre passage possible en IMAX, et ne conserve le format que pour quelques plans clés, quitte à passer à carrément 20% ou moins d'IMAX dans le montage final.

C'est de ça dont je parle : ménager les choses quitte à en mettre moins, mais de façon à être plus mémorable plutôt qu'en diluer l'effet en cherchant à tout prix à maximiser leur présence.
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Coxwell
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Re: Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Message par Coxwell »

tenia a écrit : 4 mars 24, 10:49
Coxwell a écrit : 4 mars 24, 10:39Il y a de l'alternance, suffisamment à mes yeux pour que l'effet cathédrale fonctionne.
Bien sûr, mais je pense que par leur constance et leur découpage incessant, cela fonctionne moins que de faire des blocs bien plus longs que ça, de verrouiller des scènes dans un format, plutôt que de constamment passer de l'un à l'autre, plusieurs fois par minute.

Je pense que cela marchait mieux sur Dunkirk, car au final, 75% du film était en IMAX (80 minutes sur 106), alors que pour Oppenheimer, c'est plutôt 42% (75 minutes sur 180). Donc sur Dunkirk, tout le film est "en grand", et seuls quelques petits passages s'intègrent là-dedans, et ce sont des passages "particuliers" car dialogués.

Dans Oppenheimer, la quantité bien plus grande de dialogues a fait que (même si certains ont été tournés en IMAX et clairement post-synchro), mais je pense qu'à ce moment-là, j'aurais préféré que Nolan ne cherche pas à inclure le moindre passage possible en IMAX, et ne conserve le format que pour quelques plans clés, quitte à passer à carrément 20% ou moins d'IMAX dans le montage final.

C'est de ça dont je parle : ménager les choses quitte à en mettre moins, mais de façon à être plus mémorable plutôt qu'en diluer l'effet en cherchant à tout prix à maximiser leur présence.
Oui il y a une différence non négligeable en termes de coupes (plus fréquentes) et alternance, mais avec la densité du propos et des intervenants, je trouve que ça contribue justement à cet effet "quantique" du sujet et du déferlement de la découverte prise dans l'engrenage fou de l'Histoire.
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Re: Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Message par Watkinssien »

Je pense que l'échange entre tenia et Coxwell pourrait très bien s'intégrer dans les dialogues du film de Nolan. :) :P
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Re: Oppenheimer (Christopher Nolan - 2023)

Message par EliWallou »

À propos des changements de ratio, cette vidéo vue il y a quelques jours, les illustres avec plusieurs exemples et c'est vrai que certains choix ont de quoi interroger (je ne l'ai pas vu en IMAX).



Pas fan du propos dans l'essentiel (l'impression d'une analyse à partir d'une grille de critères prédéfinis et plutôt valides pour le cinéma classique appliquée à des cinémas par nature différents) mais qques remarques intéressantes, la similitude des plans du Scorsese et du Nolan au début étant amusante.
Coxwell a écrit : 4 mars 24, 08:49 Toujours est-il que cela fonctionne très bien pour l'imbroglio, la puissance de la confusion et le torrent qui en découle. Je suis totalement client de sa grammaire et je suis tout à fait sensible à cette mécanique utilisée vis à vis de son sujet. Je ressens une sorte de vertige démiurgique, qui mélange de la solennité et une sorte d'intime dans la sensation de vacuité de "l'être" vis à vis de la superstructure générale.
C'est pour moi le meilleur aspect du film et ce qui pourrait le "sauver" à mes yeux sur le long terme, étant sinon plutôt en retrait sinon allergique à sa facture esthétique (en particulier la musique).
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