Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Demi-Lune »

Flol a écrit : 21 janv. 23, 14:45 À ce titre, il est maintenant temps d’aborder LA séquence, la cata, celle qui à elle seule a failli me faire oublier les quelques qualités évidentes du film : ce montage final, une espèce d'ode aussi neuneu que malvenue au cinéma en tant qu'élément fédérateur.
À ce moment-là, je ne savais même plus ce que je regardais : une pub pour s'abonner à Canal+ ? Un film institutionnel pour redonner au public le goût du cinéma ? Le boulot ultra scolaire d'un étudiant en 2ème année de cinéma, évidemment fan de Godard mais qui aime bien aussi se faire de petits blockbusters comme Avatar de temps en temps ?
Bref : qu'est-ce que ça vient foutre ici ?? Le message est pourtant clair comme de l'eau de roche, et c'est justement ça le problème : ce n'était vraiment pas la peine de nous infliger ce mini-film dans le film pour bien nous faire comprendre que "Ahlala c'est quand même beau le cinéma ! Regardez comme c'est rassembleur, regardez comme tout le monde a les yeux ébahis face au même écran, que l'on soit blanc, noir, jaune ou violet, parce que fuck le racisme !" (super le travelling pas finaud du tout pour bien appuyer ça).
Il y a forcément de ça, mais ce montage final résonne et dialogue surtout avec les conclusions de Whiplash et La La Land, qui confrontaient la beauté et l'assouvissement d'un art au prix humain qui en a permis l'accomplissement. "Est-ce que ça en valait la peine ?", nous demandaient implicitement ces films. Est-ce que ça en valait la peine, qu'un jeune se fasse humilier par un prof de musique, s'il finit par atteindre une forme de plénitude dans ce rapport de destruction ? Est-ce que ça en valait la peine, qu'un couple soudé par les galères se sépare, si les deux finissent, chacun de leur côté, par assouvir leur rêve artistique ? Rien que pour ça, Babylon porte bien la marque de son réalisateur. Le tourbillon d'images qui conclue le film pose la même interrogation : est-ce que les accomplissements du cinéma, ce grandiose encapsulé au travers de mini-extraits de films ayant marqué l'inconscient collectif, rachètent toutes ces vies brisées en coulisses, ces rêves de gloire déchus ? Pour moi, la balance semble pencher du côté de l'affirmative, parce que ce montage (comme celui à la fin de Cinéma Paradiso) possède une force intrinsèquement galvanisante et émouvante liée à la magie du médium, qui illustre en images la prophétie, quelques scènes plus tôt, de la vieille journaliste. Le sourire de Manny abonde dans ce sens, en ce qu'il exprime une illumination intérieure, que l'on pourra interpréter comme une forme de consolation, voire comme une forme de légitimation a posteriori de la passion sacrificielle qui a animé ces gens. Cela en valait la peine, parce que cette passion a permis de faire du cinéma autre chose qu'un art mineur, pour reprendre les termes du personnage de Pitt. Il a dévoré beaucoup de ses enfants, mais il a innové, en permanence, comme tout grand art qui se respecte (c'est ce qui semble guider le choix des films que l'on aperçoit dans ce montage).
Ce montage - et la réaction apaisée qu'il provoque chez ce personnage, initialement dévasté de voir que les gens qu'il a côtoyés, portés par un amour authentique du médium, servent des années plus tard à créer des gags pour faire rire le public - confirme rétrospectivement les lectures méritoires que l'on pouvait tirer des fins de Whiplash et La La Land. L'art se mérite et ne naît jamais de la facilité, il faut souffrir pour y parvenir. C'est une conclusion à la fois triomphale et amère, où le pouvoir transcendantal et fédérateur du cinéma bute irrémédiablement contre sa cruauté envers ses serviteurs.
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Alibabass
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Alibabass »

... (les séquences du film peuvent être des) chouettes petits court-métrages
Bon ... je vais malgré tout aller le voir, une fois sur deux que ça marche les films de Damien Chazelle, malgré tout, si c'est opération court-métrage comme le début de La La Land et après presque la catastrophe ... j'ai lu la critique de Charlotte Garson et celle de Flol, vous deux vous êtes d'accord ^^. Mais comme beaucoup de monde ici, vous attendiez pas grand chose du film, et le résultat c'est un jolie entre-deux entre j'aime et pas du tout. Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle, au moins si l'art arrive encore à faire cela, même dans le cinéma grand public, tant mieux. Tout n'est pas pas perdu. Vous pensez qu'il sera à l'affiche genre un mois ? Le temps que je digère les éléments dit "spoiler" (mais que j'ai pas cherché, c'est plus des éléments de compréhension).
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odelay
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par odelay »

Whiplash formidable.
Lalaland beaucoup moins mais alors beaucoup beaucoup moins. Peut-être parce que j’adore les comédies musicales du golden et du silver age, ainsi que Demy. Là je n’ai pas retrouvé la moindre magie, juste un copié de New york NY pour l’histoire avec de bons acteurs qui ne chantent pas franchement bien et qui sont très limités côté danse. Bref…
Sinon First man c’était pas mal du tout.
Donc c’est un sur deux. Du coup j’ai un peu peur surtout quand je lis ce que dit Flol.
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Alibabass
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Alibabass »

Whiplash formidable.
Idem. Le seul film ou j'ai entendu une salle de 150 personnes applaudir à la fin du film, mais genre comme un concert.
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Vic Vega
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Vic Vega »

Demi-Lune a écrit : 21 janv. 23, 17:07 Le tourbillon d'images qui conclue le film pose la même interrogation : est-ce que les accomplissements du cinéma, ce grandiose encapsulé au travers de mini-extraits de films ayant marqué l'inconscient collectif, rachètent toutes ces vies brisées en coulisses, ces rêves de gloire déchus ?
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Sauf que le propos du final était suffisamment explicité pour ne pas rajouter un clip insupportable passant en revue toute l'Histoire du cinéma en accéléré digne d'une mauvaise cérémonie d'ouverture cannoise ou du pire de Youtube.
Demi-Lune a écrit : 21 janv. 23, 17:07 faire du cinéma autre chose qu'un art mineur, pour reprendre les termes du personnage de Pitt.
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Passage qui m'a fait immédiatement revisualiser une interview où Gainsbourg affirmait avoir renoncé à un art majeur (la peinture) pour s'enrichir dans un art mineur (la chanson). Et rajoutait qu'on était dans une période où les arts mineurs enc... les arts majeurs. :mrgreen: Ce à quoi le journaliste lui répondait que la chanson avait été élevée au rang d'art majeur par Gainsbourg.;)
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Demi-Lune
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Demi-Lune »

Vic Vega a écrit : 21 janv. 23, 18:07
Demi-Lune a écrit : 21 janv. 23, 17:07 Le tourbillon d'images qui conclue le film pose la même interrogation : est-ce que les accomplissements du cinéma, ce grandiose encapsulé au travers de mini-extraits de films ayant marqué l'inconscient collectif, rachètent toutes ces vies brisées en coulisses, ces rêves de gloire déchus ?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Sauf que le propos du final était suffisamment explicité pour ne pas rajouter un clip insupportable passant en revue toute l'Histoire du cinéma en accéléré digne d'une mauvaise cérémonie d'ouverture cannoise ou du pire de Youtube.
Le pire, c'est que je comprends bien le reproche. La séquence est construite comme une épiphanie visuelle et musicale, j'avoue avoir été client (aussi parce qu'elle crée un sentiment de vertige lié au temps, après 3 heures passées dans les années 1920/30) tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une explicitation de la note d'intention du film. Je citais la fin de Cinema Paradiso, parce que le procédé porte en son sein-même une émotion pure liée au pouvoir de l'image filmique, mais il faut souligner que dans le film italien, ce montage renvoyait tout à la fois à quelque chose de transcendantal (le legs du cinéma, toile des sentiments) qu'à quelque chose de diégétique (la transmission, qui fait écho à l'enfance du protagoniste). Dans Babylon, le procédé n'est pas diégétique, c'est un pas de côté "théorique" décorrélé de la réalité de la scène vécue par le personnage de Manny (lui est seulement spectateur d'un film) visant à appuyer, effectivement, le message de Chazelle. Je comprends que l'on puisse trouver ça maladroit, ou inefficace, ou puéril, ou tout ça à la fois.
Perso, c'est davantage la philosophie sous-tendue par la conclusion, plus que sa formalisation, qui me gêne (probablement aussi parce qu'elle vient compléter les fins de Whiplash et La La Land). Ce culte de Chazelle pour l'accomplissement artistique qui passe nécessairement par le martyr ; le "grand œuvre" plus important que l'humain.
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Thaddeus
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Thaddeus »

Je me range pour ma part dans la catégorie des gens pour le moins désarçonnés (euphémisme) par ce codicille. Que sa fonction purement théorique soit soulignée à ce point est une chose (et je suppose que, selon sa sensibilité, on trouvera cela plus ou moins gênant). Mais c'est bien la maladresse et, j'oserais dire, l'amateurisme de son exécution qui me laissent circonspect. C'est une impression purement sensitive que j'aurais du mal expliquer autrement que par un "ça ne fonctionne pas". Inserts ultra-courts de La Passion de Jeanne d'Arc, du Chien andalou, de Vivre sa vie - deux secondes du premier Indy - deux secondes de Terminator 2 - trois secondes d'Avatar... (Chazelle est fan de Cameron ?). Puis de longs plans d'encre colorée dans l'eau... Il y a là un disharmonie, un déséquilibre, une artificialité qui annihilent complètement l'élan lyrique de la séquence et neutralisent l'émotion à laquelle elle aspire. C'est dommage que Babylon se termine ainsi car les trois heures qui précèdent (enfin, les deux heures et quelques... je dirais que le dernier quart est un chouïa en-dessous) m'a le plus souvent soufflé. J'y ai éprouvé un appétit de cinéma, une générosité, une énergie le plus souvent remarquables (la danse orgiaque de Margot Robbie au début ! :shock: ). Le film pompe beaucoup (le Boogie Nights de PTA est quasi décalqué à deux ou trois reprises), il manque à certains instants de se faire luhrmanniser/bouffer par son côté obscur, mais toujours il se rattrape, noie ses scories dans l'oeuf, se rétablit avec une habileté de prestidigitateur. Certains passages (le tournage infernal de la séquence parlante) frisent la démonstration de virtuosité, mais le fait est que Chazelle est (très) doué, et que c'est la raison pour laquelle ils fonctionnent si bien. Énorme performance de Margot Rabbie, qui se donne et se dépense avec une vaillance des plus méritoires.
Je me sens plutôt raccord avec l'excellent texte de Profondo Rosso, même si j'y adjoindrais donc un certain nombre de réserves.
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Demi-Lune
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Demi-Lune »

Thaddeus a écrit : 21 janv. 23, 19:02 Inserts ultra-courts de La Passion de Jeanne d'Arc, du Chien andalou, de Vivre sa vie - deux secondes du premier Indy - deux secondes de Terminator 2 - trois secondes d'Avatar... (Chazelle est fan de Cameron ?).
Sur ce point-ci, je pense que cela traduit avant tout une phrase du personnage de Pitt, qui dit à un moment qu'il ne regrette pas le muet et qu'il faut vivre avec son temps (sans qu'on ne sache d'ailleurs avec certitude s'il essaie de donner le change pour ne pas perdre la face, ou si c'est raccord avec sa conception de l'ambition qui doit animer le cinéma). Cameron incarne (comme Spielberg, lui aussi représenté par deux films dans ce mini-montage) la dynamique pionnière de Hollywood au sens technologique et spectaculaire (d'où également Ben Hur ou Matrix - quelque part c'est l'absence de Star Wars qui est étonnante), comme une continuation logique de la révolution du sonore. Mais bon, j'enfonce des portes ouvertes, là. :mrgreen:
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Thaddeus »

Demi-Lune a écrit : 21 janv. 23, 19:22Mais bon, j'enfonce des portes ouvertes, là. :mrgreen:
C'est le film qui enfonce quelques portes ouvertes à ce moment-là. Ce parti-pris traduit surtout une conception technologique du cinéma, alors que c'est aussi pour beaucoup d'autres choses que nous l'aimons (en tout cas, moi). C'est l'une des raisons pour laquelle je n'ai pas été transporté par ce montage. Je suis mille fois plus ému par une vidéo inspirée de Major Tom ou par un épisode de Blow-up que par ce truc mal branlé.
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Flol »

Thaddeus a écrit : 21 janv. 23, 19:02 Je me sens plutôt raccord avec l'excellent texte de Profondo Rosso
À te lire, j’ai plutôt l’impression que t’es surtout raccord avec le mien. :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Thaddeus »

Lorsque je lis que tu es "circonspect", ou bien encore qu'"au-delà de deux séquences, pas grand-chose n'a retenu ton attention", désolé mais non. :mrgreen:
Ton impression générale me semble beaucoup plus mitigée que la mienne, ce que confirme d'ailleurs ta note. Mais tu mets en effet le doigt sur certaines choses qui affaiblissent le film, je suis d'accord.
A l'inverse, je me retrouve dans l'enthousiasme de Profondo Rosso (même si, comme je le disais, je nuancerais cet avis et que, pour le coup, sa note est un peu généreuse pour moi).
J'ai parlé surtout de la scène finale que je trouve ratée, mais dans l'ensemble le film m'a vraiment conquis, étonné, emporté, ravi par ses idées et ses petits cadeaux inattendus (genre Spike Jonze en simili-Michael Curtiz).
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par Flol »

Thaddeus a écrit : 21 janv. 23, 21:56 (genre Spike Jonze en simili-Michael Curtiz).
Ah tiens j’ai raté ça.
Faut dire que Chazelle en met tellement partout tout le temps plein l’écran, que ce petit cameo m’a malheureusement échappé.
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par El Dadal »

#teamflolodelay

Chazelle, pour moi aussi, c'est 1 film sur 2, ce qui se confirme ici. Et pourtant, j'avais envie de l'aimer celui-là. Mais...

Par quoi commencer ? Allez, le positif. C'est joliment emballé, photo, échelle des plans, cadres, costumes et production design, rien à redire, tout y est chatoyant et stimule la rétine. Quelques moments tirent également leur épingle du jeu, en particulier la séquence du tournage sonore déjà évoquée par Flol. Et pourtant, malgré ses qualités, sa mise en place, son montage...même dans des scènes pareilles subsiste un élément convenu (ici le cadreur qui meurt de chaud, punchline qui tombe... à plat).
En fait, un paradoxe assaille le film jusque dans son essence : pour tout "décalé, déjanté, trash et irrévérencieux" qu'il soit vendu, je ne vois qu'une œuvre balisée, sans grande surprise, extrêmement clichée et donc prévisible. En outre, si l'on fait abstraction de certaines thématiques récurrentes propres au réalisateur, le film n'a pas de ligne directrice suffisamment forte à mes yeux. Les arcs narratifs des protagonistes s'entrecroisent lâchement, on a très peu de matière intime suffisamment intense à investir. Et trois heures et dix minutes pour nous apprendre que "le cinéma, ça compte", veuillez m'excuser, mais je m'insurge (et cette séquence finale, entre le mouvement de grue sur les visages dans la salle, subtil comme un parpaing, et le montage publicitaire... non je ne m'attarderai pas dessus...). Il s'agit d'un film faussement provocateur. Chazelle me semble avoir livré une sorte de fantasme cinéphile à son image : propre sur lui et dans les clous. Même la scène introductive, sensément la plus extrême, donne l'impression d'une blague de sale gosse. Tout y est propre et aseptisé, les fluides y compris. Rien n'est vraiment sale ni méchant (et certainement pas Tobey Maguire).

Enfin, l'interprétation est tout de même dans l'ensemble aux fraises. Surprenant venant de Brad Pitt, en pilote automatique. Diego Calva, spectateur-témoin, n'a pas suffisamment d'expressions, et à la fin du film, j'en avais vraiment marre de son regard de crapaud. J'en viens ensuite à une ultime réalisation, que Babylon me permet en fait de formaliser dans mon esprit : Margot Robbie n'est pas une bonne comédienne. Elle a beau avoir bossé avec Scorsese et Tarantino, elle reste le maillon faible de leurs films respectifs, je m'en rends compte aujourd'hui. Belle mais lisse, elle est à l'image du film : en surjeu, constamment dans la performance et l'acting (la séquence effroyablement nulle du serpent dans le désert pour exemple le plus probant). Babylon, pour moi, c'est un emballage, l'ego-trip d'un jeune homme qui se rêve mauvais garçon mais dont la nature même l'en empêche. On atterrit donc dans une zone du milieu, suffisamment rythmée (par une partition atroce, entre ritournelle à deux accords chiantissimme et tribalisme big band pour plaire aux oreilles de 2022) pour maintenir en haleine, mais dont les coutures visibles explosent dès qu'on les scrute d'un peu trop près.

Note finale : si l'on fait abstraction des super-héros et films de franchises, Hollywood ne semble effectivement plus savoir produire autre chose que des films sur "sa magie, son histoire", et beaucoup de cinéastes de prestige de se prendre au jeu (et au piège). Sans doute parce que nombre d'entre eux n'ont jamais rien connu d'autre qu'un plateau de cinéma. Je commence à en avoir sacrément marre.
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par AtCloseRange »

El Dadal a écrit : 22 janv. 23, 10:25 J'en viens ensuite à une ultime réalisation, que Babylon me permet en fait de formaliser dans mon esprit : Margot Robbie n'est pas une bonne comédienne. Elle a beau avoir bossé avec Scorsese et Tarantino, elle reste le maillon faible de leurs films respectifs, je m'en rends compte aujourd'hui. Belle mais lisse, elle est à l'image du film
Je ne l'avais pas détestée dans le Tarantino parce qu'elle faisait ce qu'elle sait faire (en l'état ressembler à Sharon Tate) mais globalement même incompréhension depuis le début de sa carrière (et cette voix...) et un des freins pour aller voir le Chazelle.
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odelay
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Re: Babylon (Damien Chazelle - 2022)

Message par odelay »

Il était bien dans I Tonya.
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