On dira ce qu'on voudra, chez A24 ils savent faire monter le buzz. Everything Everywhere All at Once serait le film le plus fou, le plus incroyable, et dans tous les cas le plus hype de l'année (même Classik y a succombé avec une poignée d'avis postés à l'occasion d'avant-premières, c'est dire).
Maintenant que tout le monde peut enfin le voir et juger sur pièce ce "film d'action interdimensionnel", il mérite bien son sujet dédié. Avec les risques inhérents à l'ouverture d'un topic sur un objet de hype, mais c'est le jeu
Pendant une bonne partie de la séance, j'aurais collé entre 4,5 et 6/10 au bidule, mais la dernière demi-heure me fera remonter la note à 7,5/10 parce que EEAAO a réussi à me toucher (oui, c'est aussi simple que ça). Les "Daniels" essaient avec maladresse d'apporter des réponses naïves à des questions existentielles qui le sont tout autant, c'est cette maladresse qui a fini par emporter mon adhésion. D'où une note dont je serai le premier à reconnaître qu'elle est très généreuse, pour un film qui n'est ni fou ni épuisant mais essentiellement maladroit.
Si on veut lister tout ce qui ne fonctionne pas (ou ce qui aurait pu mieux fonctionner), il y a du boulot, à commencer par le plus évident : le multiverse.
On part d'un pitch qui promet d'être fou (1 décision = 1 nouvel univers), pour un multiverse qui se résume à quelques références et pastiches (de Tarantino à Wong Kar-wai ou Ratatouille pour les plus appuyés), à deux ou trois mondes fonctionnels dans lesquels l'héroïne puise des capacités de combat, le tout sous l'ombre d'un Matrix matriciel et pas forcément bien compris/régurgité. Le multiverse est en péril, il faut le sauver, mais jamais Michelle Yeoh ne semble consciente de cet enjeu. À vrai dire elle s'en fout, elle ne cherche pas trop à comprendre, et nous non plus par la même occasion.
Si la mécanique fonctionne moyennement, c'est aussi parce que les "Daniels" (qui se font un prénom à défaut de se faire un nom, c'était déjà pris par les Wachowski) ne sont ni George Miller ni Tsui Hark (ni les Wachowski, non plus). Ce ne sont ni des génies ni des visionnaires, ils ont beaucoup plus de références que d'idées réellement singulières, ils n'ont pas la carrure pour faire dans la démesure, et leurs scènes de baston ne sont même pas les plus réussies (un comble quand on a Michelle Yeoh à disposition). Convoquer un multiverse aux propositions infinies pour ce qui n'est en définitive qu'une comédie familiale, c'est audacieux mais c'est risqué. On ne s'improvise pas bâtisseur de monde du jour au lendemain, ici ils bâtissent la laverie dans laquelle une famille a le sentiment d'avoir raté sa vie, le centre des impôts où Jamie Lee Curtis les convoque... et c'est à peu près tout. Un multiverse qui veut jouer dans la cour des blockbusters mais avec le budget d'une prod' A24, en somme.
Après, je n'ai pas trouvé tout ça épuisant, un peu confus dans les enjeux de son multiverse, assez naïf dans sa morale (sa façon de se convaincre que la vie vaut la peine d'être vécue), pas toujours abouti dans son humour davantage lourdaud que délirant (le gag du plug anal qu'on voit venir une heure à l'avance), mais pas spécialement épuisant, non.
Mais mais mais... Je n'y ai pas vu cette abomination geek qui en révulse certains (si vous êtes allergiques à Edgar Wright, vous allez saigner des yeux), j'ai trouvé les acteurs formidables (n'oubliez pas Jamie Lee Curtis), et la fin est parvenue à me toucher. Donc un 7,5/10 pas davantage mérité que la hype qui entoure cette sortie, une note qui risque de redescendre (comme la hype, encore), un empilement d'idées/références/concepts factice qui ne fait pas un grand film-monde total mais qui parvient à respirer quand même, bref un très chouette petit film.
(et c'est quand même largement meilleur que Matrix Resurrections aussi)
Michelle Yeoh est prête à débattre avec les Classikiens
Qui dit multiverse dit multi-quote (mes excuses à celles ou ceux que j'aurais laissé passer entre les mailles du moteur de recherche) :
Barry Egan a écrit : ↑18 mai 22, 19:25 Everything Everywhere All at Once : 5,5/10
Beaucoup d'inventivité visuelle et d'humour souvent efficace au service d'un propos au final peu transcendant, la réalisation manquant souvent de personnalité, parfois même d'âme. Tout ça manque un peu de flamme, de sang, et de romantisme. Trop équilibré et trop intelligent au fond pour son propre bien... Absurde, oui, mais qui ne veut pas absolument pas paraître stupide, donc qui l'est involontairement dans sa volonté de tout englober, de tout ramener à la puissance du lien. Sinon, les acteurs sont supers, je suis content d'avoir revu Demi-Lune, toujours aussi solaire.
G.T.O a écrit : ↑19 mai 22, 21:26
Everything Everywhere... 1/10
Horrible pandémonium qui recense le pire du décalage comique, de la pseudo originalité, vague idée jetée d'univers multiple, et qui confirme, si besoin était, que le tandem de réalisateurs responsable de cette horreur incarne le stade ultime de la maladie post Kaufman : mise en situation stérile, avec très peu de cinéma dedans. Cauchemar de film.
Coxwell a écrit : ↑22 mai 22, 19:59
Un produit survendu qui peine à construire quoi que ce soit d'intéressant. Un déballage de facilités, et de narration ultra poussive, le tout enrobé dans un scénario ultra artificiel autour d'une crise familiale totalement convenue, bien compliant avec les standards "netflixiens-arty" du moment.
Everything, everywhere, all at once - 2/10
Watkinssien a écrit : ↑27 juin 22, 18:37
Everything everywhere all at once = 7/10! Divertissement haut de gamme, trop généreux peut-être. Mais au final, diablement intéressant. J'en connais qui vont détester.
zemat a écrit : ↑29 juin 22, 09:33 EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE : 8/10 (avant-première)
Mes attentes étaient très hautes pour ce film compte-tenu des retours dithyrambiques de la presse US et, c’est assez rare pour le noter, elles furent largement dépassées.
Vous êtes sûrement déjà gavé par le concept du multi-verse, mais voici son maître-étalon, la perle rare qui réussit à proposer un univers à la fois très cohérent et émouvant. La forme est dingue, le scénario est d’une rafraîchissante originalité.
EEAAO nous explose la tronche avec ses scènes d’action dantesques et ne surfant pas sur les CGI, et il a réussi à me procurer un énorme fou-rires à base de butt-plug. Mais il n’oublie jamais le fond, soit un drame familial aux fabuleux interprètes. A ce titre Michelle Yeoh explose tout !…
G.T.O a écrit : ↑29 juin 22, 16:56 Je remets ça là, augmentant au passage ma note: Everything everywhere all at once : 2/10
Fantaisie bourrative qui s'enorgueillit de ses débordements pseudo décalés, de son rythme effréné garanti sans temps mort, de sa main lourde en matière d'idées brandit fièrement en complexité. Une certaine idée de l'horreur et, en même temps, assez cohérent après le cas d'école qu'était déjà, Swiss Army Man, le précédent naufrage du tandem Scheinert/Kwan.
EliWallou a écrit : ↑30 juin 22, 10:53
Il se pourrait qu'avec le temps je me range vers l'avis des schtroumpfs grincheux
Mais au premier visionnage j'ai envie d'aimer ce film, je préfère rester sur la touche positive pour l'instant.
Pour moi c'est un peu comme avec le plan séquence syncro sur la musique de Baby Driver, selon l'humeur on peut trouver ça super ou affreusement malaisant.
TheGentlemanBat a écrit : ↑2 sept. 22, 22:35 Everything Everywhere All at Once : 8.5/10
Failli faire une crise de rejet tant le film donne l'impression qu'un zappeur compulsif se trouve aux manettes de ce dernier et puis soudain je ne sais pas si on peut parler de lâcher-prise mais j'ai enfin commencé à goûter à la frénésie/folie qui irrigue cet incroyable OFNI qui m'a très fortement fait penser à l'ultravitaminé Scott Pilgrim. En encore plus généreux et iconoclaste, le cocktail ultra détonant concocté par les 2 réal' convoquant ici pêle-mêle combats d'arts martiaux lorgnant aussi bien vers le meilleur du cinéma hong-kongais que vers les Kill Bill de Tarantino, SF matrixienne, séquences dramatiques qu'on croirait issues d'un Wong Kar-wai et gags tous plus farfelus les uns que les autres (je retiendrais notamment les doigts saucisses, l'irruption de sex-toys parfois improbables - cette scène de castagne surréaliste à base de plugs anals ! - et mon petit préféré, le clin d'oeil hilarant à Ratatouille). Tout ça sans oublier pour autant l'émotion dans sa 2ème et surtout 3ème partie qui achève de faire de ce Everything Everywhere All at Once LE fameux grand film de l'été (Nope et 3000 ans à t'attendre peuvent aller se rhabiller) ainsi qu'un très sérieux prétendant au titre de grand vainqueur de l'année.
La bande-annonce :
Le vidéo-club d'une moitié des Daniels (ne me demandez pas si c'est "Da" ou "Niel" par contre) :