Dvdclassik : cinéma et DVD

Pastiche extrêmement fin du genre "biopic", objet pop d'une remarquable étrangeté, cultivant une distance idéale avec son sujet, ni trop proche, ni trop rigolard, elliptique et brillant, Aline est évidemment le meilleur film de Lemercier et une exceptionnelle réussite.
Avant même de voir le résultat, on tire son chapeau à ne serait-ce que l'idée que c'est Valérie Lemercier en personne qui endosse le rôle de Céline Dion (Aline Dieu, pour les besoins de la fiction). La réalisatrice, fantaisiste et comédienne suggère un étonnant mimétisme entre elle et son modèle quant à la transformation d'un physique ingrat en carnation glamour.
En évoquant la vie de la star québécoise, Lemercier livre quelque chose d'elle-même de la façon la plus inattendue puisque revêtant les oripeaux de la grosse production en scope à la façon d'un Cloclo, par exemple, de Florent-Emilio Siri.
En travaillant sur une distanciation bienvenue et intelligente, Valérie Lemercier réalise un des tout meilleurs biopic moderne, donnant l'illusion de l'immersion dans la vie d'une très grande vedette de la chanson.
Un peu à la manière d'un film bien plus modeste mais tout aussi brillant, le surprenant Guy, d'Alex Lutz, dont le chanteur populaire qui en constituait le sujet, Guy Jamet, était certes imaginaire mais crée de façon hyper-crédible.
Quant à la gestion de l'humour et de la drôlerie, elle est incroyablement économe, d'un dosage particulièrement savant et maîtrisé.
Aline mérite une belle carrière.

On peut y aller même si on ne supporte pas la Dion? C'est mon cas, mais bizarrement le film me tente.

Ce qui fait peur aussi, c'est les bandes-annonces qui depuis plus d'un an nous montrent une Lemercier retouchée en Céline Dion de 15 ans. Mais il semblerait que c'est une déclaration d'amour de fan au premier degré, et que ce premier degré désarme tout.

Déjà séduit par Cry Macho cette semaine (autre bande-annonce qui vendait du rêve, autre corps travaillé par le passage du temps), je me laisserais bien tenter... Vais quand même attendre deux trois notes positives de plus, je me méfie un peu de ce Alexandre Angel

À cause de lui j'ai passé deux heures à chercher son fameux porno avec l'acteur des Goonies...

odelay a écrit : ↑13 nov. 21, 23:29 On peut y aller même si on ne supporte pas la Dion?

Si tu ne la supportes pas, je ne saurais dire..
Moi, Céline Dion, j'en ai jamais eu quoique ce soit à foutre alors à la limite, le film me fait me dire selon les chansons : 'Ah, c'est elle , ça ? ". Et je me sens un peu plus familiarisé.
Je le répète, ce film est un objet inclassable, à la fois "biopic" réellement impliqué et pastiche esthète post-moderne façon Hazanavicius. En tous cas, un très plaisant divertissement.

tchi-tcha a écrit : ↑13 nov. 21, 23:42 je me méfie un peu de ce Alexandre Angel

T'as bien raison !

Alexandre Angel a écrit : ↑14 nov. 21, 09:05ce film est un objet inclassable, à la fois "biopic" réellement impliqué et pastiche esthète post-moderne façon Hazanavicius.

C’est l’impression d’objet hybride que donne la bande annonce et pourtant on peut lire régulièrement le contraire. Peut-être que le biopic pur aurait été insupportable compte tenu du côté un peu agaçant (pour nous français cyniques) de la personnalité de Dion et qu’il a été nécessaire d’ajouter juste ce qu’il faut de côté décalé. Mais il y avait déjà ça dans sa parodie de la maison Grimaldi. Quoiqu’il en soit, les retours sont très bons. C’est la surprise du moment.

Je n'avais pas pu aller au bout de son Palais Royal!
Donc assez réticent d'aller le voir malgré les bonnes critiques ...

Supfiction a écrit : ↑14 nov. 21, 09:44 Peut-être que le biopic pur aurait été insupportable compte tenu du côté un peu agaçant (pour nous français cyniques) de la personnalité de Dion et qu’il a été nécessaire d’ajouter juste ce qu’il faut de côté décalé.

Oui mais c'est (heureusement), et à mon sens, plus surprenant et troublant que ça. Je trouve le fait d'endosser le rôle incroyablement gonflé. Il fallait le faire. Or elle ne le fait pas au dépend de son sujet mais en le "supportant", ce qui est très risqué et inhabituel. On peut remarquer également qu'elle ne force jamais le trait (certains trouveront cela un peu "lâche"), ni sur le rire, ni sur le drame, à équidistance de tout. Les moments dramatiques sont éludés, rapides (ce qui m'a convenu tout à fait), et d'une manière générale, beaucoup de séquences sont prises comme on prend un train en marche, et terminées comme on en saute (cf la scène de l'extinction de voix au beau milieu d'All by myself).

Autre motif d'étonnement, Valérie Lemercier, mine de rien, a réalisé un film québécois, et en termes de production, et en termes d'esprit. On se croirait souvent (surtout au début) chez Gilles Carle ou Denys Arcand avec ces comédiens qu'on a jamais vus et cet accent dont on sent qu'elle s'en amuse et qu'elle respecte en même temps. Cela participe également de l'étrangeté du film : lors du premier rendez-vous avec l'impresario, toute la famille débarque à Montréal, et c'est, visuellement, une "grande ville américaine" que nous avons sous les yeux. Effet accentué encore dans les séquences du Nevada!

Bon, à part ça, le vrai biopic sur Dion reste à faire:

Spoiler (cliquez pour afficher)

Très très content du résultat pour ma part. Au final, c'est un film qui rejoint son premier, Quadrille, en 1997, d'après une pièce de Sacha Guitry, en terme de couleur, dans sa mise en scène aussi.

C'était le seul film que j'avais vu d'elle à l'époque, parce-que j'avais été vraiment étonné par son premier album produit par Bertrand Burgalat et son amour pour la musique de The Divine Comedy. Aucun esprit Français, des influences Anglo-Saxonne dans les arrangements et surtout les morceaux Gouttes Mes Frites ou 95C (qui, à la base, devait être chanté par Vanessa Demouy). Dans Aline, il y a des idées sublime comme le fait que son nom de famille s'appelle Dieu, sa modestie quand elle chante pour la première fois, et qu'à un moment son corps et sa voix se lâche complètement comme un don de Dieu, et le running gag étiré au maximum sur le Vatican.

Le milieu de la 1ère heure installe une forme de routine, mais qui est aussi parce-que Aline commence à comprendre cette routine, mais sans forcer le trait dans la tristesse ou se plaindre tout le temps. C'est là qu'on s'accroche à la touche de Valerie Lemercier.

Donc la truelle numérique pour faire de Valérie Lemercier une Aline de 5, 10 ou 15 ans, pour vous c'est passé ?

Que ce soit un biopic au premier degré d'une vraie fan de Céline Dion ne me gêne pas (à part le générique de Titanic, je ne sais pas si j'ai entendu une seule de ses chansons en entier), et je soupçonne même cette sincérité d'être en grande partie responsable des retours positifs.
Mais bon, voilà, quoi... Lemercier en Aline de 10 ans, ça pique les yeux, non ?


Sauf pour Alexandre Angel, bien sûr. Quand on sait quelles horreurs il regardait à dix ans, plus grand chose ne peut le choquer aujourd'hui.

tchi-tcha a écrit : ↑14 nov. 21, 17:23 Donc la truelle numérique pour faire de Valérie Lemercier une Aline de 5, 10 ou 15 ans, pour vous c'est passé ?

What
Valérie Lemercier a utilisé le rejeunissement numérique pour jouer le rôle d'Aline enfant et ado ???
Pourquoi ne pas avoir tout simplement choisi des actrices de l'âge correspondant ?

hansolo a écrit : ↑14 nov. 21, 17:27

tchi-tcha a écrit : ↑14 nov. 21, 17:23 Donc la truelle numérique pour faire de Valérie Lemercier une Aline de 5, 10 ou 15 ans, pour vous c'est passé ?

What
Valérie Lemercier a utilisé le rejeunissement numérique pour jouer le rôle d'Aline enfant et ado ???
Pourquoi ne pas avoir tout simplement choisi des actrices de l'âge correspondant ?

Aline enfant : Paloma Dumaine

Je suis pas sûr, pour l'instant, que tout le monde comprenne bien qu'il s'agit d'une "parodie sérieuse" (allez le voir, vous en aurez le coeur net!).
La gueule de Lemercier sur le corps d'une fillette, c'est super-drôle comme un gag un peu monstrueux ET à la fois, c'est un trucage de biopic post-Irishman ou je ne sais quoi. C'est les deux donc non, ça ne pique pas les yeux, ça participe de l'originalité et de l'étrangeté du film.
Si ça avait été une "vraie" petite fille, ça n'aurait eu aucun intérêt.

tchi-tcha a écrit : ↑14 nov. 21, 17:23 Donc la truelle numérique pour faire de Valérie Lemercier une Aline de 5, 10 ou 15 ans, pour vous c'est passé ?

Que ce soit un biopic au premier degré d'une vraie fan de Céline Dion ne me gêne pas (à part le générique de Titanic, je ne sais pas si j'ai entendu une seule de ses chansons en entier), et je soupçonne même cette sincérité d'être en grande partie responsable des retours positifs.
Mais bon, voilà, quoi... Lemercier en Aline de 10 ans, ça pique les yeux, non ?


Sauf pour Alexandre Angel, bien sûr. Quand on sait quelles horreurs il regardait à dix ans, plus grand chose ne peut le choquer aujourd'hui.

Tu n'as pas vu le film. Quand Alexandre dit premier degré, c'est qu'on s'amuse et que ce n'est pas à prendre de haut.
Un très bon exemple entre tous, sur cette question d'âge. A part bébé, la première fois qu'on voit "Aline", c'est quand elle a 6/7 ans, pour le mariage d'une de ses sœurs. On la cherche, elle est sous la table, dans les jupes de sa mère. On l'appelle, elle se se découvre et on voit le haut de sa tête. C'est évidemment Valérie Lemercier. Mais la petite fille qui va chanter après n'est pas elle.
Par contre, Valérie Lemercier joue Aline a 12/15 ans. Elle est rapetissée mais pas sa tête. C'est vrai que ça fait bizarre, d'autant que les effets spéciaux possibles ne sont pas fabuleux. Mais elle se fait refaire les dents.
Et là, elle devient vraiment une bonne doublure.

Je ne suis pas un fan de Céline Dion, je pense qu'on peut très bien apprécier le film sans l'être mais Valérie Lemercier a fait un super boulot de fan et d'humoriste en même temps. Je me suis pris, après le film, à aller voir des vidéos de Céline Dion. Un seul exemple, qui d'ailleurs n'est pas repris en tant que tel dans le film, elle a appris à danser et adore cela. Dans le film, elle a des jeux de jambes qui font vraiment marrer. Dans la réalité, je l'ai vu chanter avec notre Jonnhy national, et elle joue de la guitare sur sa jambe, c'est à pleurer de rire.

C'est un très bon film populaire, d'ailleurs la salle était pleine, ça a applaudi à la fin, franchement à moins d'être allergique au personnage, il n'y a que du plaisir et de l'émotion à prendre. Et de la part de Valérie Lemercier, un beau défit relevé.
Mention spéciale aux acteurs canadiens, dont Pascale Desrochers - la mère d'Aline - qui n'a pas eu peur de se vieillir et joue super bien.

Alexandre Angel a écrit : ↑14 nov. 21, 19:17 La gueule de Lemercier sur le corps d'une fillette, c'est super-drôle comme un gag un peu monstrueux ET à la fois, c'est un trucage de biopic post-Irishman ou je ne sais quoi.

Phnom&Penh a écrit : ↑14 nov. 21, 20:17 Valérie Lemercier joue Aline a 12/15 ans. Elle est rapetissée mais pas sa tête. C'est vrai que ça fait bizarre, d'autant que les effets spéciaux possibles ne sont pas fabuleux.

Pour cause de vous-savez-quoi, la sortie du film a longtemps été repoussée. En découvrant la bande-annonce pour la première fois, j'étais perplexe et mal à l'aise. Même si je sais bien qu'il ne faut pas juger un film sur sa bande-annonce, il y avait quand même des éléments à charge : la tête de Valérie Lemercier sur une vraie/fausse Céline Dion de quinze ans. Et cette bande-annonce, on a eu tout le temps de la voir et de la revoir depuis un an, avec toujours la même perplexité pour moi : comment prendre cet objet étrange qui a l'air sincère ?

Et aujourd'hui, dans tous les retours positifs que je peux lire ou entendre, ça n'a pas l'air de choquer. Et à vrai dire, ça choque tellement peu qu'on n'en parle même pas. Donc si je comprends bien, Lemercier réalise une parodie de biopic tout en faisant une déclaration d'amour de fan au premier degré à une superstar planétaire (en l'occurence Céline). Donc si je comprends bien, c'est vraiment un biopic de Céline Dion et c'est vraiment un film de Valérie Lemercier (qui a l'air d'être réussi en prime). Donc si je comprends bien, il faut vraiment que j'aille voir ça

(en pensant à débrancher le cynisme et le second degré pendant la séance, ce qui ne me fera sans doute pas de mal )

Phnom&Penh a écrit : ↑14 nov. 21, 20:17 Dans la réalité, je l'ai vu chanter avec notre Jonnhy national, et elle joue de la guitare sur sa jambe, c'est à pleurer de rire.

Allez, quoi, partage, fais tourner, fais-nous-en profiter un peu ici aussi

tchi-tcha a écrit : ↑14 nov. 21, 20:47
Allez, quoi, partage, fais tourner, fais-nous-en profiter un peu ici aussi

Tiens, fais-toi plaisir, my friend



Et, en dehors du jeu de guitare sur la jambe, tu pourras remarquer en seconde partie le talent d'improvisation sur Toutes les musiques que j'aime, car manifestement, elle ne connaît pas les paroles de la chanson