Flol a écrit : ↑10 févr. 21, 14:38
Exclu Amazon Prime :
Bliss : 6/10
Drôle de film, qui fait super peur au début (j'étais pas loin de penser à l'accident industriel), avant de devenir petit à petit vertigineux, puis finalement émouvant.
Je sens qu'il va être majoritairement incompris, alors qu'il suffit de se renseigner sur Mike Cahill et sa filmo (
Another Earth,
I Origins) pour se rendre compte que tout est plutôt cohérent et bien plus profond qu'il n'y paraît (oui j'aime bien Mike Cahill, en fait).
Je viens de le voir et je suis très enthousiaste. Je me laisse un peu de temps avant de lui attribuer ma note mais là, à l'instant "T", à l'émotion, j'aurais tendance à lui mettre la meilleure note de mon classement des sorties de cette année.
Pourtant, j'avais trouvé
Another earth extrêmement nébuleux, pompeux, brouillon voire chiant, par moments (mais il faudrait que je le revoie à l'aune de cette excellente surprise).
Bliss m'a paru beaucoup plus simple et léger. Et surtout, il va au bout de son idée et de son concept. Ce qu'il perd en suspense...
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- ... j'avais peur d'un twist et en même temps j'en espérais un mais je suis content qu'il n'y en ait pas
, je trouve qu'il le gagne en personnalité. Il creuse son sillon de la première scène jusqu'à la dernière sans ciller et sans avoir recours à des artifices faciles.
D'ailleurs, sans même avoir l'air de "forcer", Cahill parvient parfaitement à retranscrire la notion de "trip" là où beaucoup de ses prédécesseurs ont échoué. Les effets spéciaux ne cherchent jamais à en rajouter, ils sont là comme vecteurs narratifs, tous servent l'action et le déroulement de l'intrigue, sans esbroufe. Aucun ne paraît superflu. Ça fait du bien de voir un réalisateur/scénariste intelligent qui comprend la fonction première d'un effet spécial et qui a un point de vue, une vision globale.
Il y a une profonde humilité qui transparaît du film et une grande et belle sincérité, comme quelque chose qui viendrait des tripes du réalisateur. Comme s'il s'agissait d'une histoire vraie voire d'un documentaire sur l'addiction aux anti-douleurs. C'est très déstabilisant et désarmant.
D'autre part, points très positifs, il m'a évoqué 2 films et pas des moindres pour moi :
- Le premier, c'est celui que je considère comme l'une des meilleures comédies romantiques que j'ai vues (ce que
Bliss n'est pas mais il partage le même ton, le même aspect "SF lo-fi"); à savoir
Happy accidents de Brad Anderson. Les qualités sont les mêmes et sur un canevas "rêve"/réalité identique, il en est le
doppelganger puisque dans le Brad Anderson...
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- ... le héros est ce qu'il dit être (en très gros, une sorte d'extra-humain), ce dont on doute constamment pendant le film, alors qu'ici, c'est l'inverse, on ne doute jamais que le héros a viré sdf et drogué et qu'il est en plein trip hallucinogène.
- Le second, c'est
Minuit à Paris, dont j'admire le scénario ludique, la construction épurée, la mise en scène efficace et la simplicité déconcertante... comme ici. J'ai même souvent eu la sensation d'être devant une variation du Allen, voire de regarder une prolongation directe.
Bref, j'ai énormément aimé mais peut-être que je m'emballe. Il faut que je "redescende", que je digère. En tout cas,
Bliss m'a beaucoup touché et je remarque que c'est souvent le cas avec les films qui s'intitulent "
Bliss".