Re: Tenet (Christopher Nolan - 2020)
Publié : 6 sept. 20, 22:45
Confirmation que le cinéma de Nolan, excepté Interstellar, m'intéresse peu, voire incarne l’une des pires tendances actuelles : soit le pendant cérébré et prétentieux des comics, conneries de Marvel, Dc comics. N’échappant pas à la règle, Tenet est un pur objet d'intentions, de vouloir dire. Sorte de long et fastidieux discours sur le temps, volontiers jargonneux, partiellement acquis au Z, à peine interrompu par de molles et maladroites scènes d'action (mention à la sur-scène de casse avec l'avion), baignant dans une si lourde et funeste atmosphère de fin de règne. Post-actionner misérable.
Le projet d’un James Bond cérébral qui conjugue péripéties internationales, méchant mégalo (Branagh, vaste blague avec son accent caricatural de l'est), romance, le côté ludique ( une gageure chez ce cinéaste ), et « haute conceptualité » est un échec total. Il y a un réel manque d’adresse chez Nolan à vouloir ainsi multiplier les couches (géographies, niveaux de l'action, personnages) alors qu'il arrive à peine à construire une progression dramatique, à caractériser avec économie, à faire passer une idée visuellement, et ainsi se reposer autrement que sur du dialogue mal écrit. Tout comme ses involontaires qualités procèdent de ses lacunes : l’absence de charisme du protagoniste ( John David Washington, transparent) et de son acolyte ( Pattinson, bof) sur fond d’intrigue nébuleuse a pour conséquence de virtualiser l’humain (effet Michael Mann, référence ultime de Nolan) au profit d’un arrière plan confus, cryptique, que certains ont pris pour de l'expérimentation, voire une sémiologie, gage de sa modernité. Aspect guère nouveau, en partie remarqué dans sa lourdingue trilogie Batman. Reste au film, une fois considéré son échec à discourir vainement sur des enjeux qu'il fait mine de dresser, à se rabattre sur sa caution romantique, grain de sable qui aimerait faire dérayer la locomotive. Que le film ramasse en une image, d'un meurtre à décoder. Après James Bond, le whodunit. L'assaut final monté dans une catastrophe de montage parallèle, aussi mauvais que celui de Dark Knight, se déroulant dans des ruines post 9/11, l'enquête sur une image qui se conclut sur une apologie du hasard. Venant de Nolan, cela ne manque pas de sel. Derrière la machinerie, une pauvre femme à bout de nerf va tuer son mari. Comme Inception parlait aussi, derrière ses images inconscientes, et ses immeubles qui se déplient, d'un drame amoureux. Là aussi en idée, on pense à Mann mais sans le tact, la force, les failles. Rosebud romantique. Délice de film et ironie de ce cinéma terriblement affecté, verrouillé, mécanique, qui se rêverait libre, inattendu, unique, mais qui pantoufle sur des ruines de cinéma d'action, d'espionnage, sans la moindre subversion ni réinvention, et qui ressort, cartouches tirées, des genres comme pour faire oublier sa petitesse et vacuité. Fragilité du monumentalisme de Nolan, véritable chateau de cartes de cinéma, petit glacis qui fait pschitt.
Le projet d’un James Bond cérébral qui conjugue péripéties internationales, méchant mégalo (Branagh, vaste blague avec son accent caricatural de l'est), romance, le côté ludique ( une gageure chez ce cinéaste ), et « haute conceptualité » est un échec total. Il y a un réel manque d’adresse chez Nolan à vouloir ainsi multiplier les couches (géographies, niveaux de l'action, personnages) alors qu'il arrive à peine à construire une progression dramatique, à caractériser avec économie, à faire passer une idée visuellement, et ainsi se reposer autrement que sur du dialogue mal écrit. Tout comme ses involontaires qualités procèdent de ses lacunes : l’absence de charisme du protagoniste ( John David Washington, transparent) et de son acolyte ( Pattinson, bof) sur fond d’intrigue nébuleuse a pour conséquence de virtualiser l’humain (effet Michael Mann, référence ultime de Nolan) au profit d’un arrière plan confus, cryptique, que certains ont pris pour de l'expérimentation, voire une sémiologie, gage de sa modernité. Aspect guère nouveau, en partie remarqué dans sa lourdingue trilogie Batman. Reste au film, une fois considéré son échec à discourir vainement sur des enjeux qu'il fait mine de dresser, à se rabattre sur sa caution romantique, grain de sable qui aimerait faire dérayer la locomotive. Que le film ramasse en une image, d'un meurtre à décoder. Après James Bond, le whodunit. L'assaut final monté dans une catastrophe de montage parallèle, aussi mauvais que celui de Dark Knight, se déroulant dans des ruines post 9/11, l'enquête sur une image qui se conclut sur une apologie du hasard. Venant de Nolan, cela ne manque pas de sel. Derrière la machinerie, une pauvre femme à bout de nerf va tuer son mari. Comme Inception parlait aussi, derrière ses images inconscientes, et ses immeubles qui se déplient, d'un drame amoureux. Là aussi en idée, on pense à Mann mais sans le tact, la force, les failles. Rosebud romantique. Délice de film et ironie de ce cinéma terriblement affecté, verrouillé, mécanique, qui se rêverait libre, inattendu, unique, mais qui pantoufle sur des ruines de cinéma d'action, d'espionnage, sans la moindre subversion ni réinvention, et qui ressort, cartouches tirées, des genres comme pour faire oublier sa petitesse et vacuité. Fragilité du monumentalisme de Nolan, véritable chateau de cartes de cinéma, petit glacis qui fait pschitt.