Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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harry
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par harry »

Les grands reals comme Kubrick ou Scott ou Spielberg sont plus à la recherche d'un pitch sur lequel imprimer leur marque que dans l'illustration directe du materiel originel.
+10!
Dans le cas de P. K. Dick, on peut signaler des films pas directement inspirés de ses livres mais dont le style d'intrigue et "l'esprit" semblent en quelque sorte beaucoup plus fidèlement retranscrire l'auteur que les adaptations officielles. Cypher ou Dark City en sont des exemples flagrants.

Il peut aussi y avoir une problématique de format : Minority Report ou We Can Remember it for You Wholesale (devenu Total Recall au cinéma) sont au départ des nouvelles assez brèves. Même si on peut imaginer que certaines nouvelles sont assez denses pour un long-métrage, l'adaptateur aura tendance à élargir ou étirer le récit initial. Une nouvelle repose souvent sur une situation ou une idée originale autour de laquelle le film va construire son histoire propre. Pour le meilleur et pour le pire...
Le problème, je trouve pour adapter Dick, c'est que souvent ses histoires ont un bon pitch, un bon concept mais la progression et la résolution c'est moins ça. Combien de ses bouquins ou on termine "Hein? Heu... Bon... OK?". Donc que souvent les films adaptes gardent le concept ou la base et se créent leur propre chemin c'est pas si étonnant.
Je repense du coup au Dune de Jodorowsky et de l'emballement tout autour aujourd'hui. S'il est vrai qu'en se basant uniquement sur toutes les idées, images de storyboard, documentation qu'il en reste, on peut imaginer un grand film. Mais un, le cinéaste était mégalo (et un peu con), deux, le film aurait été réalisé à une époque où les effets spéciaux ne permettaient pas franchement de satisfaire les excentricités du cinéaste, et trois, le costume Queer de Carnaval de Rio de Mick Jagger en Feyd ne m'inspire pas vraiment confiance. Mais le film n'existe pas, et cela donne libre court à tous les fantasmes.
Je pense pareil, les gens idéalisent tellement le projet qu' ils en oublient que si il avait été fait il y avait des chances pour que ça soit un truc potentiellement "kitscho-ronge cerveau-imbuvable". C'est mieux pour le projet qu'il reste un fantasme. Meme le docu Jodorowsky's Dune n'effleure pas cette idée, noyé dans ce fantasme que le film aurait forcement été un chef d'oeuvre/succès qui aurait révolutionne la SF ciné. le docu est super mais il manque d'un poil plus d’objectivité.
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Omael
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Omael »

The Eye Of Doom a écrit : Deuxième point pas fameux , la prestation d'Harrison Ford. Il a l'air continûment à côté de ses pompes. Si il incarne bien la "dégaine" de chasseur d'androide, il y a tout de même pas mal de moments où je l'ai trouvé quasi grimaçant.
Major Tom a écrit : Bref, pour en revenir à Blade Runner, je te rejoins en outre sur le fait qu'Harrison Ford est un défaut du film. J'adore cet acteur, voir sa tête suffit à me madeleinedeprouster la gueule en m'évoquant un des héros de mon enfance, mais on ne le sent pas du tout concerné. La version originale est pire, son texte en voix off enregistré contre sa volonté (ce qui se remarque un peu, hein) est inécoutable. Il se contente de lire en faisant le minimum, exprès, en espérant que ça ne soit pas retenu. Raté, et le résultat est là.
Personnellement, je ne trouve pas du tout. Je ne parlerai pas de la prestation en VO de la voix off de Ford, car je n'ai jamais vu la version cinéma en VO. Mais pour le reste, j'ai toujours trouvé, et trouve encore aujourd'hui, Harrison Ford formidable dans le film.
Il y a tout un tas de choses, assez discrètes (mais c'est justement quand il joue "peu" que je le trouve excellent dans ses rôles), qui participe beaucoup à mon amour pour ce film (avec un millier d'autres choses). La froideur cruelle avec laquelle il révèle à Rachel l'aspect factice de sa vie - avant de regretter sa cruauté, son attitude mélancolique dans les scènes où il est seul (et elles sont assez nombreuses), sa nonchalance, son désenchantement glacial que la chaleur inattendue des dernières paroles de Roy fait fondre en même temps que nous, sa gaucherie dans les moments de confrontation, son corps tremblant de vulnérabilité à la fin, quand il lutte pour sa survie de manière primitive,... J'aime aussi beaucoup la complémentarité de jeu que sa prestation forme avec celui de Hauer, mis en parallèle tout au long du métrage : deux styles très différents, et qui pourtant agissent comme une sorte de mise en valeur l'un de l'autre. Avec le temps et l'âge, c'est même intéressant de constater comment l'identification s'est progressivement transvasée de l'un à l'autre, pour atteindre une sorte d'équilibre entre les deux aujourd'hui.

J'ai découvert le film très jeune cela dit (Harrison Ford, c'était mon héros), sans connaissance de l'expérience qu'a été le tournage pour l'acteur et qui pourrait aussi apporter une autre façon de lire son jeu. Du coup, mon appréciation de ce point aujourd'hui découle quand même pas mal de ce que j'ai ressenti à ce niveau quand je l'ai découvert pour la première fois au début des années 90.

Si effectivement son jeu ne passe pas, ou moyennement bien, je peux tout à fait comprendre l'impression mitigée que laisserait le film dans ce cas, tant une part importante de l’œuvre repose sur lui, à mon avis.
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par The Eye Of Doom »

harry a écrit : Le problème, je trouve pour adapter Dick, c'est que souvent ses histoires ont un bon pitch, un bon concept mais la progression et la résolution c'est moins ça. Combien de ses bouquins ou on termine "Hein? Heu... Bon... OK?". Donc que souvent les films adaptes gardent le concept ou la base et se créent leur propre chemin c'est pas si étonnant.
Je ne suis pas d'accord: il ne faut pas confondre un fin ouverte avec une mauvaise progression/résolution. Dans Le maître du haut Chateau par exemple il y a une progression remarquable est un fin ouverte géniale qui ne résous rien. Dans Les androïdes rêvent t'ils aux moutons électriques , la progression est très claire et il y a une conclusion : Deckard rentre se coucher après une longue journée harassante :lol:
Je pense plutot que c'est le poids du cinéma hollywoodien qui ne peux envisager un film d'ambiance, un film honirique/ fantasmé, un film à fin ouverte qui laisse le spectateur en plan, avec plus de questions que de reponse. D'où une facilité à prendre le pitch et bâtir une "vrai" histoire avec.... je ne pense pas qu'un Del Toro ou Bong joon-ho aurait une difficulté quelquonque a adapter brillamment un roman de Dick "tel Quel" s'il leur en prenait l'envie.
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harry
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par harry »

The Eye Of Doom a écrit : Je pense plutot que c'est le poids du cinéma hollywoodien qui ne peux envisager un film d'ambiance, un film honirique/ fantasmé, un film à fin ouverte qui laisse le spectateur en plan, avec plus de questions que de reponse.
Pourtant c'est exactement ce qu'est le Blade Runner de Scott (et qui a fait qu'il n'a pas eu de succès a sa sortie).
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The Eye Of Doom
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par The Eye Of Doom »

harry a écrit :
The Eye Of Doom a écrit : Je pense plutot que c'est le poids du cinéma hollywoodien qui ne peux envisager un film d'ambiance, un film honirique/ fantasmé, un film à fin ouverte qui laisse le spectateur en plan, avec plus de questions que de reponse.
Pourtant c'est exactement ce qu'est le Blade Runnier de Scott (et qui a fait qu'il n'a pas eu de succès a sa sortie).
Film d'ambiance ok, grâce au travail de Syd Mead notamment, mais fin ouverte pas vraiment. Il ne reste rien de vraiment en suspend à la fin du film.
Le heros part avec sa bien aimé vers un avenir incertain. Ce n'est pas un happy end je suis d'accord.

Mon point venait surtout en reponse à ton argument sur l'absence de contenu suffisant dans les romans de Dick pour écrire des scenarios de film. Les androïdes... est certainement un des romans de l'auteur les plus facilement adaptables.

Je n'ai pas les chiffres du box office en tête mais j'ai pas souvenir que le film n'ait pas eu de succès à sa sortie. Il a fait très forte impression et a été vu comme un film majeur il me semble, du moins de ce côté de l'Atlantique.
Malgré la chronique incendiaire de Métal Hurlant de l'époque :wink:
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Major Tom
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Major Tom »

The Eye Of Doom a écrit :Film d'ambiance ok, grâce au travail de Syd Mead notamment, mais fin ouverte pas vraiment.
Pardon ????

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Watkinssien
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Watkinssien »

The Eye Of Doom a écrit : Je n'ai pas les chiffres du box office en tête mais j'ai pas souvenir que le film n'ait pas eu de succès à sa sortie. Il a fait très forte impression et a été vu comme un film majeur il me semble, du moins de ce côté de l'Atlantique.
Malgré la chronique incendiaire de Métal Hurlant de l'époque :wink:
Ah si, le film n'a pas marché à sa sortie, son aura est venue plus tard. Sur un budget d'environ 28 millions de dollars, il n'en a rapporté que 32 millions sur le sol américain et des broutilles à l'international.
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par The Eye Of Doom »

Watkinssien a écrit :
The Eye Of Doom a écrit : Je n'ai pas les chiffres du box office en tête mais j'ai pas souvenir que le film n'ait pas eu de succès à sa sortie. Il a fait très forte impression et a été vu comme un film majeur il me semble, du moins de ce côté de l'Atlantique.
Malgré la chronique incendiaire de Métal Hurlant de l'époque :wink:
Ah si, le film n'a pas marché à sa sortie, son aura est venue plus tard. Sur un budget d'environ 28 millions de dollars, il n'en a rapporté que 32 millions sur le sol américain et des broutilles à l'international.
Merci pour ce rappel. Comme quoi, la perception individuelle de l'importance du film a la sortie a peu à voir avec le box office effectif.
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par The Eye Of Doom »

Major Tom a écrit :
The Eye Of Doom a écrit :Film d'ambiance ok, grâce au travail de Syd Mead notamment, mais fin ouverte pas vraiment.
Pardon ????

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Certes mais j'ai compris qu'il les laisse filer. L'histoire est close en quelque sorte. C'est pas la fin de twin peaks saison 2!
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Major Tom
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Major Tom »

The Eye Of Doom a écrit :Il ne reste rien de vraiment en suspend à la fin du film.
Beaucoup d'interprétations philosophiques et métaphysiques possibles. Dans Blade Runner, Scott inverse les rôles (comme la fin renverse le duel bête traquée/prédateur). D'un film manichéen où Hauer/Batty pourrait être perçu comme le méchant et Deckard le gentil, on peut voir le premier devenir l'homme vertueux (à grand renforts de paraboles bibliques) et Harrison Ford le "bad guy" même si normalement le doute s'installe dès qu'on le présente: il est porté sur la boisson, tire dans le dos d'une Réplicante désarmée qui finit dans une posture d'Ange à qui on aurait coupé les ailes -deux blessures symétriques aux omoplates (faisant donc de Deckard un être maléfique), ou prend Rachel de force pour le plus grand plaisir des SJW. En revanche Batty révèle peu à peu son humanité: tous ses actes à travers le film, même criminels, trouvent une justification par sa quête de survie, ou de vengeance contre ceux qui en avaient fait un esclave dans les colonies d'où il s'est échappé, et en outre, son amour pour Pris est beau et pur. Les deux personnages sont aux antipodes, et je refuse qu'on parle d'histoire romantique avec Deckard et Rachel, d'ailleurs un des nombreux plantages de la "suite".
Donc Roy sauve la vie de Deckard alors qu'il vive ou meure ne changerait plus rien pour lui, récite son court poème révélant sa vraie nature, radicalement opposée à l'image qu'on avait de lui, et il semblerait qu'il soit même pourvu d'une âme.
Le final avec le questionnement identitaire (la "révélation" de la licorne en papier présentant l'hypothèse que Deckard est un Replicant), on pourrait la lire comme une allégorie de Deckard à ce moment-là du film, à savoir qu'à la fin de son parcours, Deckard s'approchait plus que jamais de la description que Tyrell donnait à ses Replicants: des êtres "plus humains que l'humain", en ce sens des personnes moralement meilleures.
Bien entendu, en dépit de certains indices (qui tendent à me faire penser que j'ai tout de même raison :fiou:), cela reste mon interprétation. Blade Runner, surtout dans sa Director's Cut de 92, est ouvert à de nombreuses possibilités. Toute création échappe à son créateur (surtout Lynch qui laisse une grande part au hasard et aux énigmes dont lui-même ne semble pas toujours avoir la clé), et un film comme Blade Runner n'est peut-être pas aussi perché et insensé que le final de Twin Peaks 2, mais peut facilement se ranger au niveau d'un 2001 au niveau des questionnements philosophiques et aspects esthétiques qu'il soulève, avec ici la grande question de savoir qu'est-ce qui fait de nous des Hommes. ;)
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Major Tom »

Vu qu'on a rattrapé le futur, rendre hommage à Blade Runner en vidéo était irrésistible. 8) Bien sûr, tout ou presque a déjà été dit ou écrit sur le film, et comme j'ai toujours porté un certain intérêt pour le son alors je me suis intéressé à un sujet un peu moins abordé que l'aspect visuel ou son impact culturel, mais qui m'a toujours fasciné: le "sound design". J'ai récupéré et assemblé les rushes (scènes coupées ou filmées différemment) éparpillés dans les heures de bonus du coffret collector, entre les interviews et morceaux de making-of, ou utilisé la version "worprint" pour recréer une version de 30 minutes sans dialogue (ou presque). Sounds of November 2019, une petite plongée dans l'univers de Blade Runner... :wink:
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par feb »

Merci beaucoup Major, c'est une superbe video :wink:
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Major Tom
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Major Tom »

Merci à toi. ;)

Sinon, j'ai placé un peu au-delà de la trentième minute une scène qui se trouve dans le (enfin "les") montage(s) officiel(s), mais de façon écourtée. Dans la version complète que j'ai gardée, l'amiral Adama dit...

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...ce qui confirme bien que Scott avait imaginé dès le tournage au moins une ambiguïté sur l'identité de Deckard, et qu'on ne pourra jamais lui reprocher d'avoir voulu jouer les opportunistes au moment de la Director's Cut. Il avait réellement envie de rétablir sa version. :)
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Omael
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Omael »

Superbe vidéo Major, merci beaucoup pour ce bel hommage !

Ce moyen métrage, comme une mini version alternative, condense vraiment toute la poésie et le pouvoir de fascination qui se dégage de ce film fabuleux jusque dans ses chutes.

Sinon, ça fait tout drôle de ce retrouver en Novembre 2019, me rappelant toute l'angoisse et la frayeur que me foutait gamin ce futur envisagé, en me disant pour me consoler que c'était encore loin. Et on y est.
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Alexandre Angel
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Re: Blade Runner (Ridley Scott - 1982)

Message par Alexandre Angel »

Omael a écrit : Sinon, ça fait tout drôle de ce retrouver en Novembre 2019, me rappelant toute l'angoisse et la frayeur que me foutait gamin ce futur envisagé, en me disant pour me consoler que c'était encore loin. Et on y est.
Oui sauf qu'en ce moment, à LA, ils aimeraient bien avoir la même météo que dans le film!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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