The Eye Of Doom a écrit :Il ne reste rien de vraiment en suspend à la fin du film.
Beaucoup d'interprétations philosophiques et métaphysiques possibles. Dans
Blade Runner, Scott inverse les rôles (comme la fin renverse le duel bête traquée/prédateur). D'un film manichéen où Hauer/Batty pourrait être perçu comme le méchant et Deckard le gentil, on peut voir le premier devenir l'homme vertueux (à grand renforts de paraboles bibliques) et Harrison Ford le "bad guy" même si normalement le doute s'installe dès qu'on le présente: il est porté sur la boisson, tire dans le dos d'une Réplicante désarmée qui finit dans une posture d'Ange à qui on aurait coupé les ailes -deux blessures symétriques aux omoplates (faisant donc de Deckard un être maléfique), ou prend Rachel de force pour le plus grand plaisir des SJW. En revanche Batty révèle peu à peu son humanité: tous ses actes à travers le film, même criminels, trouvent une justification par sa quête de survie, ou de vengeance contre ceux qui en avaient fait un esclave dans les colonies d'où il s'est échappé, et en outre, son amour pour Pris est beau et pur. Les deux personnages sont aux antipodes, et je refuse qu'on parle d'histoire romantique avec Deckard et Rachel, d'ailleurs un des nombreux plantages de la "suite".
Donc Roy sauve la vie de Deckard alors qu'il vive ou meure ne changerait plus rien pour lui, récite son court poème révélant sa vraie nature, radicalement opposée à l'image qu'on avait de lui, et il semblerait qu'il soit même pourvu d'une âme.
Le final avec le questionnement identitaire (la "révélation" de la licorne en papier présentant l'hypothèse que Deckard est un Replicant), on pourrait la lire comme une allégorie de Deckard à ce moment-là du film, à savoir qu'à la fin de son parcours, Deckard s'approchait plus que jamais de la description que Tyrell donnait à ses Replicants: des êtres "plus humains que l'humain", en ce sens des personnes moralement meilleures.
Bien entendu, en dépit de certains indices (qui tendent à me faire penser que j'ai tout de même raison
), cela reste
mon interprétation.
Blade Runner, surtout dans sa Director's Cut de 92, est ouvert à de nombreuses possibilités. Toute création échappe à son créateur (surtout Lynch qui laisse une grande part au hasard et aux énigmes dont lui-même ne semble pas toujours avoir la clé), et un film comme
Blade Runner n'est peut-être pas aussi perché et insensé que le final de
Twin Peaks 2, mais peut facilement se ranger au niveau d'un
2001 au niveau des questionnements philosophiques et aspects esthétiques qu'il soulève, avec ici la grande question de savoir qu'est-ce qui fait de nous des Hommes.