MAI 2018
FILM DU MOIS:
Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré (2018) 9/10 - Immense coup de coeur pour ce récit qui entremêle apprentissage, transmission, et sagesse face à la mort. Vincent Lacoste atteint ici une maturité de jeu qui le transforme littéralement, et la plume d'Honoré est superbe. "Promets-moi d'apprendre à saillir la beauté !"
FILMS DECOUVERTS:
Fellini Roma, de Federico Fellini (1972) 5/10 - Sans aucun doute un film monde aux nombreuses qualités, mais l'aspect criard et mal construit des films de Fellini me dérange toujours autant. Je reste vraiment hermétique à ce cinéma de la gueule et du gueulard.
La maison au fond du parc, de Ruggero Deodato (1980) 7/10 - Pur film d'exploitation sadique, on y pratique donc violence, viol et abus divers, avec une recherche visuelle inattendue... Reste un twist final d'une telle invraisemblance qu'il coupe le souffle, et une BO de Riz Ortolani charmante. Du pur cinéma bis.
Les poings dans les poches, de Marco Bellochio (1965) 8/10 - Une sorte de film coup de poing, entre perversité, rage irrépressible et sensation d'enfermement... Photo remarquable, mise en scène sur le vif, des comédiens très inspirés, un film vraiment fort.
Avengers : Infinity Wars, de Joe Russo & Anthony Russo (2018) 9/10 - Grand spectacle, action, des personnages iconiques et cohérents, une mise en scène qui privilégie l'action sans sacrifier son récit, franchement, chapeau bas, je me suis régalé. Clairement le point d'orgue d'une storyline qui s'est déployé sur plusieurs années.
Dimanche d'août, de Luciano Emmer (1950) 7,5/10 - Entre comédie sociale et film choral, le film suit un ensemble de romains, riches et modestes, qui vont tous à Ostie profiter de la plage un dimanche d'août. Un témoignage sur une époque, à la fois drôle et pertinent.
Senses, de Ryûsuke Hamaguchi (2015) 8/10 - Ce récit en creux d'émancipation féminine est aussi une exploration de la condition féminine dans le Japon des années 2010, et un superbe portrait de 4 personnages féminins aussi riches qu'attachants.
La mort était au rendez-vous, de Giulio Petroni (1967) 7,5/10 - Un solide western spaghetti, porté par un formidable score d'Ennio Morricone qui transcende les séquences d'action. Très sympa.
Truth of Dare, de Jeff Wadlow (2018) 2/10 - L'idée clé du film est aussi grotesque qu'absurde : pour avoir joué à action-vérité, une bande de jeunes crétins est condamnée à continuer à jouer avec un démon qui leur donne des "gages" débiles, jusqu'à ce que mort s'ensuive... Très mal écrit, complètement idiot, mal joué, quel raté !
Rampage, de Brad Peyton (2018) 6/10 - Assez neuneu, ce film offre suffisamment de monstres et de
destruction porn pour faire passer un bon moment à un spectateur indulgent, qui sait à quoi s'attendre. Un détail pour les amateurs de Walking Dead, Jeffrey Dean Morgan joue ici un capitaine du FBI, mais il le joue exactement comme Negan, c'est un peu désarçonnant.
Foxtrot, de Samuel Maoz (2017) 8/10 - Un traitement maniériste assez virtuose pour traiter avec distance et un certain surréalisme d'une situation absurde, qui se resserre dans une troisième partie comme pour dire combien le cinéaste a conscience que cette absurdité crée des drames.
Everybody knows, d'Asghar Farhadi (2018) 6,5/10 - L'intrigue policière est ici le prétexte pour révéler rancoeurs enfouies et vieux secrets de famille... Le tout est correctement emballé, mais peu original. Surtout, la force de beaucoup des films de Farhadi était justement de parvenir à se passer d'un tel prétexte pour aborder ces sujets.
Lean on Pete, d'Andrew Haigh (2017) 7,5/10 - Le touchant parcours d'un gosse laissé à lui-même, dans une Amérique qui devient ici parcours d'errance et d'aventure. Plus un récit initiatique qu'une fable sociale, le film touche notamment grace à la qualité du jeu de Charlie Plummer.
The Missouri Breaks, d'Arthur Penn (1976) 7/10 - Un western aux ruptures de ton surprenantes, dans lequel Brando semble s'amuser à chasser le papillon autant que le voleur de chevaux... Atypique et ponctuellement réussi.
Train de nuit, de Jerzy Kawalerowicz (1959) 7,5/10 - Sorte de film choral dans un trajet en train, où une chasse au criminel relie étroitement tous les passagers le temps du voyage. Certains plans sont très travaillés.
Death Wish, d'Eli Roth (2018) 7/10 - Série B bas du front, le film troque les agressions sexuelles de l'original contre quelques moments gores qui portent la patte de leur réalisateur. Efficace mais pas renversant.
Jim & Andy: The Great Beyond - The Story of Jim Carrey & Andy Kaufman Featuring a Very Special, Contractually Obligated Mention of Tony Clifton, de Chris Smith (2017) 7,5/10 - Documentaire sur
Man on the moon, où alternent extraits d'un making of interdit, interview de Jim Carrey, et images d'archive. Un éclairage remarquable sur ce film hors du commun.
Baron vampire, de Mario Bava (1972) 7,5/10 - Un remarquable film d'horreur gothique. Ca manque peut-être un peu de surprise, mais on ne peut qu'être emballé par la forme somptueuse et le visuel horrifique à souhait...
La femme de feu, d'Andre de Toth (1947) 8/10 - Quand les ambitions dévorantes d'une femme provoque la perte de tout le monde autour d'elle... Un western assez sombre, dans lequel la revanche et la soif d'émancipation féminine ont la part belle...
Otages à Entebbe, de Jose Padilha (2018) 7/10 - Un film qui s'intéresse plus à la géopolitique entourant la prise d'otage qu'à son récit lui-même. Le tout est intéressant, surtout la partie israélienne, mais on peine à s'attacher à quiconque, notamment aux terroristes allemands qu'on suit pourtant du début à la fin.
La révolution silencieuse, de Lars Kraume (2018) 7,5/10 - Lorsqu'une classe entière, en RDA en 1956, fait une minute de silence, la hiérarchie politique est informée d'un mouvement contre-révolutionnaire qu'il faut mater. Un fait divers réel qui témoigne d'une réalité politique, traité avec justesse.
Comme des rois, de Xabi Molia (2018) 7,5/10 - Kad Merad est un pauvre type qui vit d'arnaques, et s'appuie sur son fils. Le malheureux essaie d'échapper à ce poids, mais la relation père-fils est assez inextricable. Une jolie comédie sociale assez poignante.
La classe ouvrière va au Paradis, d'Elio Petri (1971) 8/10 - Petri film son récit de grève en usine comme un polar, ce qu'appuie la BO de Morricone. Il en résulte un film malaisant, et un témoignage cinglant des limites du syndicalisme en usine. Gian Maria Volonte est remarquable ici.
Alice, sweet Alice, de Alfred Sole (1976) 7,5/10 - Un film au ton dérangeant, bien mené et aux retournements les plus inattendus. Très curieux, et assez étonnant.
Au mépris des lois, de George Sherman (1952) 7,5/10 - Un western pro-indien, assez prévisible dans son déroulement, mais qui se paie quelques belles séquences d'action, et un récit finalement assez touchant.
Le cri, de Michelangelo Antonioni (1957) 8/10 - Pas encore abstrait, le cinéma d'Antonioni oscille ici entre néoréalisme et recherche formel. Il s'attache ici à un homme que l'abandon d'une femme désespère, dans une Italie rurale pauvre et démunie, et devient fortement émouvant...
Violence à Jericho, d'Arnold Laven (1967) 8/10 - Un western solide, bien structuré, dans lequel Dean Martin incarne un ancien shérif qui aurait mal tourné... Très bonne surprise.
Murder Party, de Jeremy Saulnier (2007) 6,5/10 - Sorte de film potache et sanglant sous influence, le film parvient tout de même à monter en puissance sans se perdre en route. Pas toujours bien ficelé, mais ça reste un film d'horreur qui fonctionne.
En guerre, de Stéphane Brizé (2018) 7,5/10 - Un Vincent Lindon transfiguré et un film qui parvient à bien mettre en avant les positions de chacun. Reste un film un peu trop didactique, dont la fin outrée déçoit, notamment en raison d'une musique un peu ratée...
Deadpool 2, de David Leitch (2018) 7/10 - J'ai paradoxalement préféré cette suite à l'originale, elle plus outrancière, plus comique, et Julian Dennison, révélé par
Hunt for Wilderpeople, est ici le meilleur atout du film.
Matalo!, de Cesare Canevari (1970) 4/10 - Complètement psychédélique, mal joué, encore plus mal monté, le film bénéficie d'une indolente fantaisie, qui produit quelques surprises, d'un insolite décor gothique, et d'une BO tout en guitares saturée du meilleur effet. Un résultat sympathique, mais très très bancal...
Annihilation, par Alex Garland (2018) 7,5/10 - Intéressant, forcément moins accompli que le bouquin, mais le film offre quelques moments visuels remarquables.
Sweet Charity, de Bob Fosse (1969) 7,5/10 - Très bancal, mais certains morceaux musicaux sont extraordinaires 'the rich man's frug notamment)...
Cowboy, de Delmer Daves (1958) 8/10 - Un excellent western dans lequel Jack Lemmon se révèle, une fois encore, particulièrement convainquant.
Willard, de Daniel Mann (1971) 7/10 - Un produit de l'ère finale d'Hollywood, avec une BO d'Alex North et un sujet très camp de nerd revanchard qui utilise une armée de rats...
Ben, de Phil Karlson (1972) 5/10 - Mais que vint faire Phil Karlson dans cette galère ? Dans cette improbable suite, Ben, le roi des rats rescapé, se lie d'amitié à un garçon un peu bizarre... La série B devient vite nanard, entre effets ratés et acteurs médiocres, mais voici qu'à la fin, une chanson de Michael Jackson composée pour l'occasion, et immense succès de l'année, va faire de ce film un candidat aux Oscars. Pour ma part, je reste éberlué que cette très belle chanson soit consacrée au roi des rats.
Cargo, de Ben Howling & Yolanda Ramke (2018) 7/10 - Film d'infecté se déroulant en Australie, Martin Freeman va d'aventure en aventure, le tout manque un peu de surprise, mais reste plutôt bien ficelé.
Beyond Skyline, de Liam O'Donnell (2018) 5/10 - La suite déjantée de l'année, qui mélange kung-fu (avec le casting de The Raid), invasion extra-terrestre, et héros tapageurs... Rien n'est crédible, mais l'ensemble est tellement fou qu'on peut s'amuser devant ce délire, pure série B...
Le dernier train de la nuit /
La bête tue de sang froid, d'Aldo Lado (1975) 5/10 - Une variation italienne de
la dernière maison sur la gauche, passablement sordide et moins puissante, mais avec une belle chanson d'Ennio Morricone.
La solitude du coureur de fond, de Tony Richardson (1962) 8/10 - Le parcours d'un jeune délinquant britannique, en maison de redressement, doué d'un talent pour la course. Entre film social et drame psychologique, à rapprocher de
If... de Lindsay Anderson, mais en mieux structuré.
No dormiras, de Gustavo Hernandez (2018) 6/10 - Sur un postulat de base assez fantastique, et pour un départ efficace, le réalisateur s'emmêle les pinceaux entre plusieurs sous-intrigues qui compliquent l'intrigue inutilement et appauvrissent le film. Au final, il ne raconte plus grand chose.
Solo: A Star Wars Story, de Ron Howard (2018) 8/10 - Un chouette récit de science-fiction dans la mouvance pulp et aventures picaresques. Très ludique et bien fichu.
The Man who killed Don Quixote, de Terry Gilliam (2018) 7,5/10 - Le film allie des séquences qui ne s'emboitent pas toujours très bien, mais les meilleurs moments du film renouent avec les thématiques et le brio du réalisateur.
La coupe à dix francs, de Philippe Condroyer (1975) 7,5/10 - Un récit très inscrit dans sa période, pas toujours très bien joué ou filmé, mais dont les échos avec la période contemporaine apparaissent frappants, notamment avec le film En Guerre de Brizé. Une remarquable fenêtre sur une époque, et un récit bien mené.
La nave bianca, de Roberto Rossellini (1941) 7/10 - Une intéressante commande d'état pour un film de guerre qui consacre plus d'attention aux blessés qu'aux combattants. Touchant malgré les divers passages obligés, durant lesquels on se demande même s'il n'y a pas une pointe d'ironie cachée dans le traitement.
Patti Cake$, de Geremy Jasper (2017) 7,5/10 - Une comédie sociale d'émancipation adolescente par la musique, marquée par un gout pour la musique et des comédiens à forte sympathie. Le cinéma américain indie invente peu, mais reste vraiment sympa à voir.
FILMS REVUS:
Man on the Moon, de Milos Forman (1999) 10/10 - Révision d'autant plus heureuse que l'aseptisation télévisuelle n'a fait qu'augmenter depuis 1999.
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- janvier 2011=Incendies (Villeneuve)
février 2011=Portrait of Jennie (Dieterle)
mars 2011=Orgueil et préjugés (Wright)
avril 2011=Murder by Contract (Lerner)
mai 2011=Vincent, François, Paul, et les autres (Sautet)
juin 2011=Les contes cruels du Bushido (Imai)
juillet 2011=Underworld (Von Sternberg)
aout 2011=L'heure suprême (Borzage)
septembre 2011=L'Apollonide, souvenirs de la maison close (Bonello)
octobre 2011=The ox-bow incident (Wellman)
novembre 2011=The Movie Orgy (Dante)
décembre 2011=Mission Impossible : le protocole fantôme (Bird)
janvier 2012=Take Shelter (Nichols)
février 2012=Gentleman Jim (Walsh)
mars 2012=Le miroir (Tarkovski)
avril 2012=Divorce à l'italienne (Germi)
mai 2012=La cabane dans les bois (Goddard)
juin 2012=Les meilleures années de notre vie (Wyler)
juillet 2012=Feux dans la plaine (Ichikawa)
aout 2012=Wichita (Tourneur)
septembre 2012=Baraka (Fricke)
octobre 2012=Les grandes espérances (Lean)
novembre 2012=Man Hunt (Lang)
décembre 2012=Wings (Shepitko)
janvier 2013=Les dimanches de Ville d'Avray (Bourguignon)
février 2013=Wings (Wellman)
mars 2013=Le bossu de Notre-Dame (Wise & Trousdale)
avril 2013=Comme des frères (Gélin)
mai 2013=Walkabout (Roeg)
juin 2013=Kekexili (Chuan)
juillet 2013=Doro no kawa (Oguri)
aout 2013=My Childhood (Douglas)
septembre 2013=Hoop Dreams (James)
octobre 2013=Pique-nique à Hanging Rock (Weir)
novembre 2013=Du rififi chez les hommes (Dassin)
decembre 2013=Heimat, chronique d'un rêve (Reitz)
janvier 2014=Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse (Bahr & Hickenlooper)
fevrier 2014=The Grand Budapest Hotel (Anderson)
mars 2014=Voyage à Tokyo (Ozu)
avril 2014=Untel père et fils (Duvivier)
mai 2014=Seuls sont les indomptés (Miller)
juin 2014=Les harmonies Werckmeister (Tarr)
juillet 2014=La maison des geishas (Fukasaku)
aout 2014=The Act of Killing (Oppenheimer)
septembre 2014=White God (Mundruczó)
octobre 2014=Gone Girl (Fincher)
novembre 2014=Odd Man Out (Reed)
decembre 2014=Le retour (Zvyagintsev)
janvier 2015=Le Soleil brille pour tout le monde (Ford)
février 2015=Le vent (Sjostrom)
mars 2015=Eté précoce (Ozu)
avril 2015=The taking of Tiger Mountain (Hark)
mai 2015=Mad Max: Fury Road (Miller)
juin 2015=Vice versa (Docter)
juillet 2016=Johnny BelindaN(Negulesco)
aout 2015=Selon la loi (Koulechov)
septembre 2015=Gosses de Tokyo (Ozu)
octobre 2015=La baie sanglante (Bava)
novembre 2015=La vie passionnée de Vincent van Gogh (Minelli)
decembre 2015=La chanteuse de Pansori (Kwon-Taek)
janvier 2016=L'ange exterminateur (Bunuel)
février 2016=Le vieux Manoir (Stiller)
mars 2016=Un temps pour vivre, un temps pour mourir (Hsiao Hsien)
avril 2016=Vivre sa vie (Godard)
mai 2016=Nazarin (Bunuel)
juin 2016=Voyage à travers le cinéma français (Tavernier)
juillet 2016=Et tournent les chevaux de bois (Montgomery)
août 2016=Le festin de Babette (Axel)
septembre 2016=La region salvaje (Escalante)
octobre 2016=The Deep Blue Sea (Davies)
novembre 2016=La fille de Brest (Bercot)
decembre 2016=The Mermaid (Chow)
janvier 2017=Le cheval de Turin (Tarr)
fevrier 2017=Loving (Nichols)
mars 2017=The Lost City of Z (Gray)
avril 2017=Saving Sally (Liongoren)
mai 2017=The Tin Star (Mann)
juin 2017=Comme un torrent (Minnelli)
juillet 2017=Le monde lui appartient (Walsh)
aout 2017=Taking off (Forman)
septembre 2017=Trois pages d'un journal (Pabst)
octobre 2017=Long Weekend (Eggleston)
novembre 2017=Chasse au gang (de Toth)
decembre 2017=The Florida Project (Baker)
janvier 2018=Coco (Unkrich & Molina)
fevrier 2018=la forme de l'eau (del Toro)
mars 2018=L'arche russe (Sokourov)
avril 2018=Ready Player One (Spielberg)