Bon, j'arrive bien après la bataille, mais ça y est, j'ai enfin vu
La la land.
Lu les 5 premières pages du topic (sans vouloir relancer le débat, mais j'ai trouvé l'angle d'analyse de MJ complètement "déplacé". Je me permets de revenir dessus juste parceque je m'attendais à des critiques négatives mais tellement pas à ce niveau que ça m'a un peu interloqué
), flemme de lire la suite mais j'imagine que vous avez tous eu des choses intéressantes à dire (car même si j'ai trouvé l'angle en question déplacé il n'est pas inintéressant pour autant
).
Pour ma part, j'ai passé un excellent moment.
Sceptique après l'ouverture (c'est marrant c'est apparemment
LA seule scène qui vaille le coup selon les quelques avis négatifs que j'ai pu lire, c'est la plus anecdotique pour moi.. Preuve que le film ne m'aura pas vraiment touché sur le plan "comédie musicale" du moins pour ce qui est des chorégraphies. Comme c'est à chaque fois le cas d'ailleurs quand je vois une comédie musicale, je réussi à apprécier ces moments pour ce qu'ils ont de cinéma, mais c'est carrément reptilien et à aucun moment ça ne réussi à m'emporter sur un plan émotion. Je suis pour autant sensible à la danse, mais la danse illustrative pousser à son paroxysme (avec paroles) et donc ce qui fait l'essence du genre, niet.), frileux à l'idée de voir ce genre d'exercice se répéter trop souvent, crainte renouvellée lors du passage dans l'appartement entre coupines quoique pas déplaisant et finalement super bien foutu sur la fin, je rentre les deux pieds dedans, volontaire, dans ce récit tout ce qu'il y a de plus classique (une romance ? Sans decooooonneeeer ??? Un peu amer et tout ????? Mais naaaaaaaaaan?
Jure!) et assiste les yeux suspendus à ce qui se déroule sur l'écran.
Chazelle a une maîtrise impressionnante de la caméra pour son "jeune" âge, les éclairages, les angles de certains plans, le choix de cette photo de nuit avec ce bleu de folie (Ça m'a crevé les yeux à chaque fois), son sens de la compo (certains plans larges sont des plus beaux que j'ai pu voir), tout ça est assez bluffant et j'ai pas arrêté d'en prendre plein les mirettes.
L'écriture est classique, voir académique, mais le propos suffisamment authentique et personnel (la vision qu'il a du jazz surtout, mais on peut supposer que ce garçon a du faire des choix "coûteux" affectivement pour être là où il est, thème déjà abordé dans
Whiplash et qu'il aborde de nouveau dans
The Eddy. Pas vu
First man, j'espérais justement qu'il se renouvellerait dans une autre thématique que celle de la musique (jazz) et il semble être allé là où je ne l'attendais pas du tout. Curieux donc.) pour en faire un excellent film qui touche.
C'est une vision partagée généreusement, que je ne partage pas de goût mais à laquelle je peux "connecter" parce qu'elle est honnête.
La la Land est entre autres choses une lettre d'amour au jazz, à ce qui en fait l'essence selon lui. Ce n'est pas le genre de Jazz que j'aime (mais je comprends pourquoi il l'aime) ce n'est pas non plus le genre cinématographique que j'aime particulièrement (mais là encore, je capte) mais qu'est ce que j'ai aimé sa lettre d'amour.
Sa vision du monde jazzeu, du mood de ces types, est aussi réelle qu'elle est fantasmée (
Moins qu'un chien de Mingus ou
La rage de vivre de Mezzrow en font état eux aussi, ce lien s'applique plus à Whiplash et The Eddy mais le personnage de Gosling sort du même moule) mais c'est touchant, ce qu'il imagine du type qui s'assoit au piano et qui prend le temps de se laisser pincer les tripes par une vieille blessure en silence avant de poser les mains sur les touches et d'envoyer la musique.
Par ailleurs quelques morceaux notamment le thème de Gosling (City of Stars) m'a vraiment emporté.
Pour dire un mot sur les chorés, en effet on est loin du WSS de Wise (raoul
) que j'ai découvert aussi récemment, mais on s'en fout genre copieux. C'est un hommage au genre qui s'en éloigne sur ces 3/4 tout en utilisant un peu de cette magie pour puiser dans la dimension poétique plus qu'illustrative (pour moi une approche bien plus intéressante, ça aurait été vain vu la tonne déjà existante de vouloir tenter de s'inscrire au palmarès en jouant la carte hommage mais qui frôle quand même la tentative à la manière d'un
The Artist, ici le genre devient outil/joujou et n'est pas bêtement utilisé pour se cantonner au modèle à suivre, bien au contraire (là où je redoute l'odeur de la pommade pour le dernier Spielberg, mais je lui laisse volontiers sa chance).
Bref je fatigue, mais c'est un grand bravo d'avoir réussi à mettre en scène un sous genre de Jazz qui me gratte légèrement, Ryan Gosling (mais quelle classe ces ensembles, moi qui trouve habituellement le fait de porter une cravate complètement ridicule) dont en gros je pense "sans plus" et Emma Stone "vite fait", un sous genre de cinéma qui globalement m'en touche une sans.... Et d'avoir pourtant pondu avec tous ces ingrédients une douce mélodie amèrement sucrée qui a fait passer 2h en un claquement de doigts.