Duccio Tessari (1926-1994)

[Kevin95]

LA MORTE RISALE A IERI SERA - Duccio Tessari (1970) découverte

Duccio Tessari n'est jamais aussi bon que lorsqu'il a le cafard. L'année où Dario Argento braque la banque avec L'uccello dalle piume di cristallo/L'Oiseau au plumage de cristal, Tessari tourne un thriller encore très éloigné du giallo, glauque, tordu et les pieds dans le goudron de la réalité de l'époque. Quelque chose qui ressemble aux films de Damiano Damiani, la charge politique en moins car Duccio constate mais ne dénonce pas. Enfin sur le papier, car sur l'écran le schéma est précis, cruel et éternel, les pauvres trinquent, les riches se cachent les yeux avec de l'hypocrisie pendant que les flics trainent les pieds pour fouiller les poubelles. Une jeune attardée mentale disparait, son père (Raf Vallone étonnamment bon, notez-le sur vos carnets) au bout du rouleau demande de l'aide à des policiers pas plus enthousiaste et débute là une descente dans les bas-fonds de Milan. En même temps, le film est adapté de Giorgio Scerbanenco, fallait pas s'attendre à de la grande poilade. Pas d'action, ni d'érotisme (ou alors mal placé), le film est gris, dépressif, déchirant quand il termine l’enquête un peu plus tôt que prévu avant de faire virer le film vers un autre genre policier (pas de spoile, promis). Excellent drame (je n'ose plus dire polar) pour un cinéaste finalement pas aussi mercantile qu'il n'y parait.

[Alexandre Angel]

Duccio Tessari n'est jamais aussi bon que lorsqu'il a le cafard.

Celle-là, je me la coince derrière l'oreille!

[Kevin95]

Oulaaaa ouais, trop tordu pour que le jeu de mots soit intentionnel.

[Alexandre Angel]

Tu l'as acheté finalement le Zorro, chez Sidonis?

[Profondo Rosso]

Hop je remets ça ici

Les Titans (1962)



Kadmos, roi de Thèbes, répudie sa femme pour épouser Hermione, sa favorite. Il consacre sa fille Antiope au culte virginal de Vénus, un oracle l'ayant prévenu de la perte de son trône le jour où celle-ci trouverait l'amour. Il se fait proclamer dieu par son peuple et abolit toute trace de religion étrangère. D'ailleurs, pour participer aux fêtes célébrant la destruction du dernier temple élevé à la gloire de Jupiter, Kadmos fait appel aux athlètes de tous les coins de l'Hellade. Il provoque ainsi la colère de Zeus, qui décide de le châtier, et arme, à cette fin, le bras de Kryos, chef des Titans, en lui promettant la libération de ses frères s'il mène à bien sa tâche...


Les Titans est un péplum mythologique mêlé de comédie des plus agréables et qui dépoussière pas mal un genre d'ordinaire si sérieux. Comédie et pas parodie, ce qui conserve tout son intérêt à l'histoire tout en lui donnant un tour sacrément ludique et enlevé. Le récit est mené tambour battant par Tessari, bourrées d'idées (le casque qui rend invisible) et d'énergie (des combats d'un dynamisme euphorisant) avec une direction artistique élégante (seules les scènes aux enfers et la Gorgone sont un peu kitsch) et des effets spéciaux au charme rétro euphorisant. Loin des colosses bodybuildés qui peuple le péplum italiens, Giuliano Gemma (teint en blond pour l'occasion) dénote pour notre plus grand plaisir est en Kryos. Tel un héros de film de cape et d'épée qui se serait trompé de genre, il est constamment bondissant, moqueur et charmeur, tout en aisance moqueuse. Usant plus de son intelligence que de ses muscles, il évoque plus des héros littéraires roublards comme Bilbo le Hobbit ou encore Cugel L'astucieux plutôt qu’une figure plus imposante et sérieuse. Si le film s'emmêle pas mal les pinceaux entre la mythologie grecque Tessari évite le kitsch dans la représentation des dieux, celle-ci étant évoquée à travers le dialogue (soulignant ainsi sans l’illustrer leur importance dans le quotidien de ces croyances) où de manière assez discrète hormis une séquence très réussie avec Pluton.

Ennio De Concini, scénariste à qui on doit le renouveau du genre au sein du cinéma italien (il a participé au Ulysse de Camerini, le diptyque Les Travaux d’Hercule/ Hercule et la Reine de Lydie de Pietro Francisi et contribué à des tentatives singulières comme Le Colosse de Rhodes de Sergio Leone ou l’excellent Messaline de Vittorio Cottafavi) semble avoir voulu clairement donner une œuvre en décalage et trouve avec le touche à tout Duccio Tessari le partenaire idéal pour cela. Parmi les très bons moments, toutes les scènes de séduction entre Genma et Jacqueline Sassard sont charmantes notamment grâce à la candeur de cette dernière assez en Antiope inconsciente de son charme. On saluera également l’énergie des scènes d’actions tel Kryos qui se joue de multiples assaillants en riant (renforçant le sentiment de cape et d’épée transposée dans le péplum) et surtout l'arrivée triomphale des Titans au secours de Kryos pour une grosse baston finale démesurée. L’esprit d’Astérix n’est pas loin lors des combats délirant où l'armée du méchant Kadmos (très bon Pedro Armendriz) est ridiculisée de fort belle manière. Une certaine idée du divertissement à l’état pur. 5/6

[Kevin95]

Tu l'as acheté finalement le Zorro, chez Sidonis?

Toujours pas. J'attends la promo.

[manuma]

Vu / revu récemment 3 films de ce sympathique Tessari, solide artisan bis de la même trempe qu'un Lupo, dont celui-ci :

LA SFINGE SORRIDE PRIMA DI MORIRE - STOP - LONDRA (1964)



Intéressant eurospy (le premier des 2 tournés par Tessari) ne respectant que partiellement le programme assigné à ce type de divertissement, avec d'un côté un héros bondien à la cool et une exploitation dans les règles de son cadre exotique, incluant une jolie balade / filature au coeur de la capitale égyptienne, et de l'autre un brin d'inattendu du côté du script, enrobé d'une ambiance très « whodunit » à l’anglaise. avec en prime un doigt d'étrangeté et de tension sur certaines séquences (je pense notamment à celle du lac en feu).

Pas ce que Tessari a fait de mieux - je le trouve plus à son aise dans le domaine du western et du film noir / giallo - mais un petit film dépaysant, amusant, voire surprenant par moment.

[manuma]

VIVI O PREFERIBILMENTE MORTI (1969)





La célèbre maxime classikienne selon laquelle « Duccio Tessari n'est jamais aussi bon que lorsqu'il a le cafard » s’applique idéalement à cette généreuse mais épuisante comédie westernienne, sixième collaboration entre le cinéaste et un Giuliano Gemma plus que jamais monté sur ressorts. C’est parfois amusant, notamment tout ce qui concerne le personnage de Sydney Rome, la réalisation a de la patate à revendre, mais 1h20 de bastons homériques, fusillades à cheval et destructions de décors sur une durée totale d’1h40, ça fait quand même beaucoup, et j’aurais préféré davantage d’intrigue, au lieu de tout ce cirque débridé, joyeux mais un peu vain.

[manuma]

Conforme à mon vieux souvenir, ce n'est pas un Giallo, mais un policier-thriller assez terne,fade,que ce soit dans sa réalisation ou son intrigue, histoire d'ailleurs mâtinée d'une étude de mœurs bien peu consistante et dont on se contrefout, ce n'est pas de toute façon ce que l'on veut voir sur ce genre de film.
Je retiendrai juste un générique de début original et la sympathique BO de Gianni Ferrio, dans la bonne moyenne de ce genre de film, sans être non plus extraordinaire.

Effectivement, souvenir d'un film qui relève plus du whodunit que du giallo, dont il se contente seulement de reprendre quelques figures narratives / stylistiques, mais néanmoins tout à fait réussi dans son genre, avec un suspense joliment entretenu jusqu'à la toute dernière séquence. Bref, un peu plus enthousiaste que toi sur ce titre.

[Jeremy Fox]

Les Grands fusils par Philippe ; chronique qui m'a donné envie de découvrir ce film le plus vite possible, "qui convaincra tous les amateurs de Delon à son sommet" oblige.

[Grimmy]

A cette époque Delon c'était 10 films en trois ans (et rien à jeter)

1971 : L'Assassinat de Trotsky (L'assassinio di Trotsky) de Joseph Losey
1971 : La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre
1972 : Un flic de Jean-Pierre Melville
1972 : Le Professeur (La prima notte di quiete) de Valerio Zurlini :
1972 : Traitement de choc d'Alain Jessua
1973 : Les Grands Fusils (Tony Arzenta) de Duccio Tessari
1973 : Scorpio de Michael Winner
1973 : Les Granges brûlées de Jean Chapot
1973 : Deux Hommes dans la ville de José Giovanni :

[tenia]

J'en ai vu 9 sur les 10 (ne manque que Trotsky), et y en a 4 qui m'ont paru largement dispensables (Les granges brulées, Scorpio, Traitement de choc et Un flic).

[Jeremy Fox]

Le Procès des Doges, coup de cœur récent de Philippe.

[nunu]

Je viens de voir que Tessari a réalisé un film avec Lino Ventura et Isaac Hayes, les Durs. Quelqu'un sait ce que ça vaut ?

[Rick Blaine]

Et Fred Williamson.
J'imagine que je serai déçu, mais j'aimerai beaucoup le voir.