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Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 19 déc. 15, 13:33
par G.T.O
Moyennement convaincu par la robinsonnade du père Ridley.

Jamais très loin du dilettantisme, habillé sous l’accoutrement du film “cool”, Seul sur mars est au “survivor” ce que Ocean 11 est au film de casse : à savoir, un vague prétexte pour jouer sur les codes d’un genre, une tentative de détournement qui, par inversion de ses valeurs fondatrices ( intensité dramatique, immersion), atténue également sa puissance de frappe, le vertige d’une situation unique et extrême, rendant caduque le moindre enjeu survivaliste tel que : "combien de temps cela me prend pour faire ceci ou cela ?" “quand vais-je mourir ?”... Et, ce au profit, d’un film-blague, assumant sa trivialité et superficialité, faisant le pari des temps morts, comme le fait de voir notre cher castor junior, bidouiller, écouter de la zique, cultiver des pommes de terre avec du popo, faire de très touchantes et parfois amusantes confessions vidéos... Très clairement, il ne faut pas être trop exigent avec un film comme Seul sur Mars, ni déplacé d'ailleurs. Car, à aucun moment, le film de Scott ne choisit la voie du drame, de la réflexion existentielle sur la condition humaine ou questionnement métaphysique. Mais le problème est qu'à trop vouloir chasser tout esprit de sérieux dans l'appréciation des conditions vitales de l'homme, de congédier la moindre hypothèse dramatique, capitaliser sur la sympathie du héros, cela finit par jouer contre le film lui-même - le poids ôté, le film finit par s’envoler, le rendant aussi dérivatif qu'anecdotique. Et, même si Matt Damon reste un acteur éminément sympathique, cela ne suffit pas à éveiller de l'intérêt à cette trop longue suite de micros-défis techniques dignes des fiches bricolage de Casto, et où le survivor, sous l’effet du traitement comico-ludique, se voit comme expédié. Les cartons ont beau indiquer le nombre de jours que Marc Watney reste sur Mars, le temps reste le plus cruel manquement de ce film aux considérations, finalement, assez infantiles. Pas sur d’avoir envie de voir pareil remède pipi-caca à Gravity.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 23 déc. 15, 21:10
par Rockatansky
La comparaison avec Ocean 11 est bien vu, le film me fait le même effet positif, sorte de film comme déjà dit en mode feel good, qui ne se prend pas au sérieux mais rempli son cahier des charges.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 23 déc. 15, 23:23
par G.T.O
Rockatansky a écrit :La comparaison avec Ocean 11 est bien vu, le film me fait le même effet positif, sorte de film comme déjà dit en mode feel good, qui ne se prend pas au sérieux mais rempli son cahier des charges.


Pour les raisons expliquées ci-dessus, je trouve cette décontraction à double tranchant. Presque contre-productive dans la mesure où le film s'engage, malgré tout, à respecter le cahier des charges du survivor. Il y a un suspense liée à la survie du personnage que le film dédramatise dans le même temps. Tant qu'à faire, autant aller jusqu'au bout de la logique et se débarrasser de tout ce fatras...

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 24 déc. 15, 16:46
par Beck
Strum a écrit :
Ratatouille a écrit :Reste que la meilleure séquence du film, c'est clairement celle où les types de la NASA font référence au Conseil d'Elrond...alors que Boromir est dans la salle avec eux !
Avec un double clin d'oeil aux fans de Tolkien, puisqu'ils citent aussi à dessein Glorfindel qui n'est pas dans le film de Jackson - j'ai bien ri aussi :mrgreen: Pour le reste, comme toi : un feel-good movie réussi, où l'on accepte les situations les plus improbables, où américains et chinois travaillent main dans la main pour sauver le toujours sympathique Matt Damon, qui fait passer avec son naturel désarmant les passages "hard science" du script - une publicité géante à peine déguisée pour la NASA, qui donne envie de coloniser Mars. Ils sont forts ces américains, quand même.
+1

Sinon, je me retrouve complètement avec Demi-Lune (et d'ailleurs vieux, je te rejoins aussi total sur le dernier Star Wars).

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 01:01
par AtCloseRange
Duke Red a écrit :Un survival dans l'espace pépère et gentiment creux. Si le ton désinvolte figurait déjà (d'après ce que j'ai compris) dans le livre d'Andy Weir, ça ne garantit pas un film réussi. Aucune tension (un comble), aucun mystère, aucune poésie dans ce croisement entre Seul au monde, Mission to Mars et MacGyver, qui enchaîne les ellipses béantes (3 semaines, 2 mois, 7 mois…) et les éternels passages obligés (l'administrateur de la NASA frileux et pète-sec, le petit génie vaguement autiste, les dialogues du style "Ça va nous prendre 6 semaines" / "Vous en avez 2", les hourras dans la salle de contrôle…).

Heureusement que Matt Damon est un acteur doué et ultra sympathique ; incarné par un autre, son personnage, qui se définit uniquement par sa positive attitude et ne se livre à aucune introspection, aurait pu rapidement virer tête à claques. Les autres acteurs font bien leur job, mais ne peuvent lutter contre la pauvreté de leurs rôles, qui se limitent à de pures fonctions (Kristen Wiig, notamment, ne sert à rien du tout). Seule Mackenzie Davis, en jolie technicienne binoclarde, sort un peu du lot (et m'a donné une raison supplémentaire de me mettre à Halt and catch fire).

Le tout est emballé correctement, mais sans aucun génie, par Ridley Scott. À part quelques beaux plans aériens sur la surface de Mars, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et j'ai bien aimé certaines compos de Gregson-Williams.

Voilà, ça se suit sans problème, même si ça traîne en longueur sur la fin, mais à près de 2h20, je n'ai aucune envie de le revoir.
Voilà, tout pareil.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 15:06
par AtCloseRange
Pour rentrer plus en détail: qu'est ce qui est intéressant dans Seul Sur Mars? pas grand chose.
Qu'est-ce qui est raté? pas grand chose.
Un vrai film du milieu donc sans la moindre aspérité, quasiment sans intérêt cinématographiquement (je me demande ce que Demi-Lune a fumé pour y voir un quelconque retour de Scott derrière la caméra) sans pérennité (je n'imagine jamais avoir la moindre envie de le revoir).
C'est fade à à peu près tous les niveaux mais heureusement il y a l'arbre Matt Damon qui cache la forêt. Il réussit à faire qu'on s'intéresse malgré tout à cette histoire presque jusqu'au bout (ça tire vraiment en longueur).
A part Damon, on peut dire que la plupart des autres acteurs et personnages ne servent quasiment à rien. Jeff Daniels se croit encore dans The Newsroom, Chastain n'a rien à faire, Wiig encore moins.
Le choix d'un feel good movie désamorce absolument toute tension, tout suspense et donc si on peut suivre tout ça parce que c'est mis en boîte de façon très compétente, on se fiche globalement du destin des personnages.
Interstellar avec tous ses défauts reste 10 fois plus impliquant et mémorable. Et à la limite, Mission to Mars a au moins 2 scènes que le Scott n'a même pas.
j'ai l'impression de tirer sur une ambulance alors que je lui ai mis une note correcte mais se contenter de ça de la part de Scott, je ne m'y ferai jamais.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 15:10
par Jeremy Fox
Je plussoie à tout ce qu'a écrit ACR ci-dessus (à la différence près que pour moi Interstellar est un chef d’œuvre). Sans ironie aucune, je trouve que Prometheus était quand même un film d'une toute autre envergure, tout du moins formelle.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 15:16
par Flol
Jeremy Fox a écrit :Sans ironie, je trouve que Prometheus était quand même un film d'une toute autre envergure, tout du moins formelle.
Formellement, je suis d'accord : Prometheus est largement au-dessus (c'est d'ailleurs l'un des seuls points positifs du film).
Pour le reste, c'est justement ce trop-plein d'ambition qui fait que le film part dans le nawak le plus total. The Martian, a contrario, est beaucoup plus modeste dans ses ambitions, et c'est surtout ça qui m'a plu. Mais je ne voudrais surtout pas relancer le débat sur Prometheus, on a déjà bien assez des 1300 pages du topic existant. :)

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 15:28
par Colqhoun
AtCloseRange a écrit :mais se contenter de ça de la part de Scott, je ne m'y ferai jamais.
Si comme moi on estime que Scott n'a plus rien fait de franchement intéressant depuis au moins 15, un film comme celui-ci tient vraiment de la bonne surprise.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 15:34
par AtCloseRange
Ratatouille a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Sans ironie, je trouve que Prometheus était quand même un film d'une toute autre envergure, tout du moins formelle.
Formellement, je suis d'accord : Prometheus est largement au-dessus (c'est d'ailleurs l'un des seuls points positifs du film).
Oui, voilà, même si Prometheus se révèle (à la 2ème vision :mrgreen: ) moins réussi, il est visuellement d'une toute autre classe.
Ensuite, le sujet n'est pas le même et ne demandait pas la même esthétisation mais je serais bien en peine de trouver un plan vraiment mémorable de tout le film.
Si ça n'est pas une démission esthétique de Scott... enfin, rien de bien neuf à vrai dire mais c'est évident maintenant: sur l'ensemble de sa carrière, ma sympathie va plutôt à son frère.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 21:05
par Jericho
Alors que le frère, il en a fait des trucs mémorables (lel).

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 29 déc. 15, 21:21
par AtCloseRange
Est-ce que j'ai pris plus de plaisir avec la filmo du frérot depuis 25 ans?
Sans aucun problème, oui.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 2 oct. 17, 15:48
par Max Schreck
Bin bof, quoi. Le bouquin ayant été best-seller événement, le studio et son réal-producteur ont peut-être voulu se la jouer tranquille et livrer une transposition formatée et sans risques. Ce n'est certainement pas un mauvais film, si le fait de ne pas s'ennuyer et de lâcher quelques sourires peut être considéré comme un critère. Mais je ne vais pas non plus m'enthousiasmer pour une prod aussi friquée qui fait preuve d'aussi peu de zèle pour raconter son histoire. La mise en scène ne souffre d'aucun mauvais goût, c'est déjà ça, mais je n'ai jamais ressenti l'implication du cinéaste, en dehors de son exigence dès lors qu'il s'agit du soin accordé aux effets visuels (impeccables tant ils sont invisibles). Même la direction artistique n'est pas particulièrement bien mise en valeur, alors que les arrière-plans laissent deviner un travail très poussé dans ce domaine, et sans doute raccords avec l'état des recherches et projets actuels. Et les rares morceaux de bravoure que compte le film ne m'ont pas tant que ça procuré de frisson (la tempête du début, le rendez-vous spatial de la fin). On échappe pas aux inévitables conventions du genre, même si la question des monologues obligatoires du héros est plutôt bien gérée par le recours évident au journal de bord. Ce sont surtout les discussions de bureau sur les moyens de sauvetage qui lassent, jusqu'au gimmick évoqué page précédente par Duke Red du : « Pour ça il nous faudra 3 mois — Vous avez 2 jours. — Mmm... okay. » Le suspense est d'ailleurs très relatif : quand on voit la gueule du casting de l'équipage, on se doute bien que tout ce beau monde va revenir sur le devant de la scène (donc faire demi-tour) avant la fin.

La narration refuse de choisir et alterne donc moments de vie en solitaire de Damon tranquilou sur son caillou, et prises de têtes chez les cerveaux de la NASA. Résultat, en tant que spectateur, et alors que le film prend son temps, on n'est pas vraiment invité à partager un quelconque point de vue, à s'impliquer d'un côté (Damon est un astronaute sans passé, sans ancrage) ou de l'autre (malgré un super casting, les acteurs semblent n'en avoir rien à battre, à l'image de Jeff Daniels qui m'a presque fait de la peine). Par conséquent, aucune immersion, aucune implication, juste de la distance polie. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas innocent si le film démarre en pleine mission, alors que l'équipage est déjà dans une sorte de routine. On est quand même en train d'assister à la colonisation d'un monde nouveau, qui a fasciné des générations, et pourtant Scott semble n'avoir aucune envie de susciter le moindre soupçon d'émerveillement avec ces paysages. Alors que tout pouvait s'y prêter (durée, moyens et metteur en scène visuel à la barre), la dimension contemplative est désespérément absente. Elle n'a pourtant rien d'hors sujet, puisqu'il est souvent question de savants calculs pour optimiser les ressources et de course contre le montre. Le temps est donc une notion qui est au cœur du récit. Mais ça reste une simple donnée, un problème mathématique, jusque dans la scène finale qui montre Damon en conférencier recyclant ses vannes, aucunement marqué par son expérience.

Et là on pleure en imaginant ce qu'un gars comme Zemeckis aurait pu faire avec un tel sujet et les mêmes moyens (ah on me dit qu'il l'a déjà traité, et que c'est son chef-d'œuvre). Dans le genre pourtant pas tant surexploité du film sur Mars, je crois que je vais garder de meilleurs souvenirs du pourtant pas bon Red planet, et bien sûr Mission to Mars reste inégalé sur tous les plans (pour rester crédible, je n'évoquerai pas les soucoupes volantes et le Vendredi à perruque de Robinson Crüsoé on Mars).

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 5 oct. 17, 12:26
par EuhBah
De mon point de vue, Ridley Scott a toujours maintenu une exigence créative pour chacun de ses films. Parfois avec moins de réussite que d’autres. Même pour son Robin des bois que je n’aime pas du tout, il y avait me semble-t-il une ambition. Celle d’apporter une esthétique très moyenâgeuse et quelque peu iconoclaste à cette fresque romanesque. Projet certain mais complètement raté car cette direction artistique a omis de s’appuyer sur une action crédible. On retrouve ce même leitmotiv de la modernisation des genres sur Gladiator ou La chute du faucon noir et cela fonctionne par contre très bien : le premier n’est pas prêt de prendre une ride contrairement à bon nombre de péplum avant lui quand le second est encore un marqueur pour bon nombre de film tournés dans le genre.

Ces quelques exemples pour illustrer ma conviction que si Scott ne peut être crédité de produire des chefs d’œuvre en série, il ne peut non plus être taxé de simple faiseur dont l’ambition se résumerait à produire des images de pub.

Selon moi Seul sur Mars est réussi. La mise hors tension conjuguée à l’approche techno scientiste des événements narrés maintes fois soulignés dans ce topic, constituent une approche me semble-t-il assez inédite pour le genre.Peut-être peut-on trouver cette intention anecdotique mais oui il y a bien un projet. Celui de nous montrer un futur où aller sur Mars est devenu aussi banal que de faire le tour du monde en moins de 80 jours. Tout est ingénierie, méthode, processus. On ne sait pas où sont les aventuriers s’ils existent encore mais ils ne sont plus sur Mars car désormais ce sont des besogneux qui sont requis. Un film d’anticipation donc qui m’a intéressé dans le fond et qui sur un fil de crête a réussi le pari de me divertir avec intelligence et grâce sans toutefois, il faut l’avouer, m'avoir mis des étoiles pleins les yeux.

Re: Seul sur Mars (Ridley Scott - 2015)

Publié : 5 oct. 17, 12:34
par Alexandre Angel
EuhBah a écrit :De mon point de vue, Ridley Scott a toujours maintenu une exigence créative pour chacun de ses films. Parfois avec moins de réussite que d’autres. Même pour son Robin des bois que je n’aime pas du tout, il y avait me semble-t-il une ambition. Celle d’apporter une esthétique très moyenâgeuse et quelque peu iconoclaste à cette fresque romanesque. Projet certain mais complètement raté car cette direction artistique a omis de s’appuyer sur une action crédible. On retrouve ce même leitmotiv de la modernisation des genres sur Gladiator ou La chute du faucon noir et cela fonctionne par contre très bien : le premier n’est pas prêt de prendre une ride contrairement à bon nombre de péplum avant lui quand le second est encore un marqueur pour bon nombre de film tournés dans le genre.

Ces quelques exemples pour illustrer ma conviction que si Scott ne peut être crédité de produire des chefs d’œuvre en série, il ne peut non plus être taxé de simple faiseur dont l’ambition se résumerait à produire des images de pub.

Selon moi Seul sur Mars est réussi. La mise hors tension conjuguée à l’approche techno scientiste des événements narrés maintes fois soulignés dans ce topic, constituent une approche me semble-t-il assez inédite pour le genre.Peut-être peut-on trouver cette intention anecdotique mais oui il y a bien un projet. Celui de nous montrer un futur où aller sur Mars est devenu aussi banal que de faire le tour du monde en moins de 80 jours. Tout est ingénierie, méthode, processus. On ne sait pas où sont les aventuriers s’ils existent encore mais ils ne sont plus sur Mars car désormais ce sont des besogneux qui sont requis. Un film d’anticipation donc qui m’a intéressé dans le fond et qui sur un fil de crête a réussi le pari de me divertir avec intelligence et grâce sans toutefois, il faut l’avouer, m'avoir mis des étoiles pleins les yeux.
D'accord avec toi.