ESCAPE TO WITCH MOUNTAIN (John Hough, 1975)
découverte
Film Disney qui... non mais ne vous barrez pas ! C'est même un des plus regardables de la période, bien plus que
La Coccinelle à Tourcoing ou
L'Espion au pattes de velours qui m'aimait. Walter a eu la bonne idée de confier la mise en scène non pas à un réalisateur au sourire guimauve et aux doigts suffisamment fins pour faire les poches des mômes mais au réalisateur de
Twins of Evil ou
Dirty Mary Crazy Larry. John Hough ne pirate pas la machine (Disney a les yeux derrière la tête) mais filme sobrement cette sucrerie, sans effet ni hystérie, et va jusqu'à exploiter les codes du cinéma fantastique adulte lors de certaines scènes comme l'attaque du balais (ne riez pas s’il-vous-plait). Les deux gamins extra-terrestres tout droit sortis du
Village of the Damned peuvent devenir flippant si l'on a l’esprit déplacé, preuve en est le regard tendu des méchants : Donald je dois avoir un frère jumeau pour jouer dans autant de films Pleasence et Ray Milland (mais siii,
Dial M for Murder). Un film naïf, tout public mais agréable quand le cerveau commence à peser. Spielberg doit l'avoir dans sa vidéothèque puisqu'une scène du film est littéralement celle d'
E.T. (un barrage, des aliens, un car en lévitation, you know what i mean ?).
6,5/10
ANNI DIFFICILI (Luigi Zampa, 1948)
découverte
Fresque mélodramatique autour d'une famille sur près de dix ans, entre l'inscription (à priori) anodine du père de famille au parti fasciste jusqu'à son contrecoup dix ans plus tard au sortir de la guerre. Le film peut se voir comme le prolongement de
Vivere en pace mais dans un cadre urbain, dans un temps plus vaste et avec un personnage non plus héro malgré lui mais lâche malgré lui. Un même sentiment mélancolique unit les deux films (et plus généralement le Zampa de cette époque), un même sentiment de gâchis mais aussi de mêmes maladresses, la main du réalisateur toujours aussi lourde dans l’utilisation des larmes et des violons. Le moteur émotionnelle reste son personnage principale, ce pauvre employé perdu dans ses dossiers et qui peine à retirer ses bottes noirs (tu le sens mon symbole !). Un anonyme, qui voit ses camarades user leurs vestes à trop la retourner, voir des résistants se terrer derrière une pharmacie et ensuite faire la leçon aux autres, voir un gouvernement fricoter avec celui qui a le pistolet chargé. Sa descente en enfer est poignante.
8/10
ANNI FACILI (Luigi Zampa, 1953)
découverte
Pour arriver au nerf du film - à savoir la satire kafkaïenne de l'administration italienne post-fascisme - il va falloir passer par de multiples chemins annexes, pas tous en rapport avec le sujet, pas tous de première qualité (la séquences avec les néo-fascistes qui tire en longueur). Il faut donc attendre un bon quart d'heure pour qu'enfin le film commence (les amuses-gueules en intro ne sont pas désagréables mais sont des fausses pistes) et que se mettent en place un croisement goûtu entre La Maison des fous des
Douze Travaux d'Astérix et la paperasserie italienne bien dans le sens du vent d'
Il conformista. Nino Taranto (sorte de Totò en moins aristocrate et moins filou) se paume dans les couloirs de Rome, graisse des pattes pour gagner deux places dans la file d'attente et réveille malgré lui de vieux démons. La machine satirique marche très bien avant un dernier acte plus tragique et christique, annoncé par les nombreux crucifix et diverses croix dans le champ. Le fameux retour de bâton où les violons entrent en scène à l'improviste. Zampa se tient droit, verse une larme pour ses concitoyens peu regardants vis à vis de la corruption et travaille une figure qui le hante, le père de famille déchu. Le réalisateur - comme d'hab - tire un peu sur la ligne au cas où deux trois spectateurs n'aient pas versé leur larmiche mais
Anni facili est l'une des plus belles réussites de sa première période.
8,5/10