Dvdclassik : cinéma et DVD

Inspiré d’une histoire vraie, Foxcatcher raconte l’histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte.

Une mue peut être pas totalement accomplie pour Bennett Miller qui sur ce Foxcatcher emprunte une approche frontalement clinique. A l'inverse de ses deux autres films, les personnages se rapprochent plus de figures théoriques évoluant sur un terrain où tout est déjà joué d'avance et les percées d'humanisme qui étaient liées à la complexité du jeu de Hoffman ou de Pitt, sont ici quasiment éteintes. Il s'agit peut être ici pour Miller de jouer pleinement une partition abstraite dans laquelle les paroles ont finalement peu d'importance et d'où émerge le soin taxidermiste d'un constat de zombification avancée (persos comme perdus/muséifié dans le cadre).

Allez, je te sauve du bide

SPOILERS

Je sais pas très bien quoi penser de ce Foxcatcher. Je n'ai ressenti aucun ennui à sa vision, mais peu de réel plaisir non plus. Même en ne connaissant pas les tenants et aboutissants de l'affaire, on comprend assez vite où Bennett Miller nous emmène, quelles relations vont avoir les personnages. Quelques passages sont très réussis (le discours que Du Pont fait lire à Schultz, son petit footing autour du terrain de lutte, Vanessa Redgrave se pointant à l'improviste lors d'un entraînement, le reportage fabriqué à la gloire du milliardaire) et le réalisateur est assez habile à lever progressivement le voile sur du Pont. On croit au début qu'il s'agit d'un businessman puissant et intelligent, avant de découvrir qu'il n'est qu'un pauvre fils à papa sans ami et sans mérite, le rejeton honteux de la famille. Des trois comédiens principaux, c'est surtout Mark Ruffalo qui m'a fait la plus forte impression - la démarche lourde et voutée, le visage mangé par une épaisse barbe, faisant preuve d'un soutien sans faille à son frère, il est comme un gorille protecteur et doux, victime tragique de cet étrange fait divers.

Le côté "balai dans le cul / je fais un film tout en retenue et sériosité" l'empêche d'être vraiment passionnant.

Duke Red a écrit :Allez, je te sauve du bide

SPOILERS

Je sais pas très bien quoi penser de ce Foxcatcher. Je n'ai ressenti aucun ennui à sa vision, mais peu de réel plaisir non plus. Même en ne connaissant pas les tenants et aboutissants de l'affaire, on comprend assez vite où Bennett Miller nous emmène, quelles relations vont avoir les personnages. Quelques passages sont très réussis (le discours que Du Pont fait lire à Schultz, son petit footing autour du terrain de lutte, Vanessa Redgrave se pointant à l'improviste lors d'un entraînement, le reportage fabriqué à la gloire du milliardaire) et le réalisateur est assez habile à lever progressivement le voile sur du Pont. On croit au début qu'il s'agit d'un businessman puissant et intelligent, avant de découvrir qu'il n'est qu'un pauvre fils à papa sans ami et sans mérite, le rejeton honteux de la famille. Des trois comédiens principaux, c'est surtout Mark Ruffalo qui m'a fait la plus forte impression - la démarche lourde et voutée, le visage mangé par une épaisse barbe, faisant preuve d'un soutien sans faille à son frère, il est comme un gorille protecteur et doux, victime tragique de cet étrange fait divers.

Le côté "balai dans le cul / je fais un film tout en retenue et sériosité" l'empêche d'être vraiment passionnant.

J'adhère totalement à ta critique concernant ce film assez étrange. J'ai eu constamment l'impression qu'il me manquait des billes pour lire entre les lignes.
Mark Ruffalo est impressionnant, un acteur dont le niveau de jeu a franchit un palier important et qui est parti pour faire une étonnante seconde partie de carrière.

Pour ma part ça faisait longtemps que je n'avais pas été scotché comme ça, pendant, et surtout après la chute d'un film. Je ne connaissais absolument rien de cette histoire, et n'ai su qu'à la toute fin que je venais de prendre connaissance d'une "histoire vraie". Romancée forcément. Mais quand on regarde après le docu sur le "coach" John E Dupont, l'adaptation de Miller a quand même l'air d'être assez proche de la "réalité".
J'ai trouvé l'ensemble vraiment géré. La relation qui lie les deux frangins lutteurs, et la triangularité qui se construit avec cet aristo imposteur complètement mégalo qui a l'air d'un Napoléon plus que névrosé. Les acteurs sont tous excellents, justes.
J'ai complètement plongé dans cette histoire et j'ai vraiment ressentis l'ambiance pesante et genante s'installer petit à petit. Littéralement abasourdi, choqué, après cette ultime réplique de Carell

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et quand Mark Ruffalo (mais quelle interprétation bordel !!! cette aura, ce feeling) s'éffondre sous les balles de ce petit garçon méchant qui pour dernier caprice se permet de prendre la vie d'un autre, d'un champion, comme d'un jouet duquel on se débarasse en l'explosant contre un mur. Colère, sentiment d'injustice, tristesse énorme, j'avais l'impression de perdre mon frère.

Bien envie de le revoir, encore et encore.

Film intriguant, dont l'austérité joue à mon sens un peu contre lui (et pourtant je suis amateur d'aridité narrative), et si les acteurs ne sont jamais pris en défaut, le choix de tous les grimer de façon parfois exagérée (du nez de Steve Carrell au physique de cromagnon de Tatum) avait tendance à me faire un peu sortir du film.

Par contre point périphérique relevant sans doute du sous-texte involontaire: cette histoire d'homme médiocre et pas bien stable qui ne doit sa position qu'à la fortune familiale et cherche le succès en recrutant/vampirisant les meilleurs de leur catégorie est produite par Megan Ellison, fille de milliardaire utilisant la fortune de papa pour produire les oeuvres pas toujours très rentables de cinéastes exigeants et reconnus. J'ai du mal à croire que personne dans l'équipe (à commencer par Ellison elle-même) n'ait vu le parallèle, et espérons que ça se finira de façon moins dramatique que dans le film...

Je ne connaissais pas ce fait divers et je l'ai découvert en voyant ce film qui n'a en tout cas pas démérité de son prix de la mise en scène à Cannes. Il aurait d'ailleurs mérité en même temps (si ça avait existé, le prix du montage qui s'avère tout aussi remarquable.

Avec sobriété, Bennett Miller nous captive du début à la fin par son histoire pour le moins intrigante au cours de laquelle on ne sait jamais où le tout va nous mener. La tension s'installe, croissante et, grâce aussi à ses trois formidables interprètes (Steve Carrell méconnaissable, Channing Tatum imposant et touchant, Mark Ruffalo dans un de ses plus beaux rôles), le film nous happe jusqu'à ce final auquel je ne m'attendais vraiment pas. Tragédie de la solitude, des carcans trop lourds imposés par une certaine noblesse d'argent et qui conduisent à de profonds troubles psychologiques, Foxcatcher est aussi un film sur le sport, en l'occurrence la lutte, discipline que Bennet Miller rend très cinégénique. Une très belle réussite supportée par une splendide partition de Mychael Danna.

Tout à fait d'accord.

A mon sens beaucoup plus réussi que Truman Capote, l'autre Miller que j'avais vu et qui selon moi manque de cette dimension captivante.

Vous avez tout dit, une histoire terrible et passionnante avec un trio d'acteur remarquable, une réussite assez incroyable.

Jeremy Fox a écrit :Je ne connaissais pas ce fait divers et je l'ai découvert en voyant ce film qui n'a en tout cas pas démérité de son prix de la mise en scène à Cannes. Il aurait d'ailleurs mérité en même temps (si ça avait existé, le prix du montage qui s'avère tout aussi remarquable.

Avec sobriété, Bennett Miller nous captive du début à la fin par son histoire pour le moins intrigante au cours de laquelle on ne sait jamais où le tout va nous mener. La tension s'installe, croissante et, grâce aussi à ses trois formidables interprètes (Steve Carrell méconnaissable, Channing Tatum imposant et touchant, Mark Ruffalo dans un de ses plus beaux rôles), le film nous happe jusqu'à ce final auquel je ne m'attendais vraiment pas. Tragédie de la solitude, des carcans trop lourds imposés par une certaine noblesse d'argent et qui conduisent à de profonds troubles psychologiques, Foxcatcher est aussi un film sur le sport, en l'occurrence la lutte, discipline que Bennet Miller rend très cinégénique. Une très belle réussite supportée par une splendide partition de Mychael Danna.

Content que ça t'ai plu.

Un film qui fait passer beaucoup d'émotions, que ce soit dans les choix de mise en scène ou dans le jeu des acteurs, en peu de mots..
Et une variation très réussie du thème pourtant ultra balisé de la déconstruction du mythe américain
Et assez incroyable la mue de l'acteur comique Steve Carell (que j'adule), alors qu'il s'agit de mémoire de sa première vraie performance dramatique

Lockwood a écrit :Un film qui fait passer beaucoup d'émotions, que ce soit dans les choix de mise en scène ou dans le jeu des acteurs, en peu de mots..
Et une variation très réussie du thème pourtant ultra balisé de la déconstruction du mythe américain
Et assez incroyable la mue de l'acteur comique Steve Carell (que j'adule), alors qu'il s'agit de mémoire de sa première vraie performance dramatique

G.T.O a écrit :Peut-être à tort, j'ai quand même l'impression que ce film est passé un peu inaperçu chez les cinéphiles.

S'il n'était pas classé dans les 10 premiers du classement établi par Karras, il y a tellement de films que je n'ai pas vu que je n'aurais peut-être pas eu aussi vite la curiosité de l'acheter. Comme quoi il me sert aussi grandement ce topic des notes.

Pour une fois, l'expression "l'envers de la médaille' n'apparait pas ici galvaudée en effet. Autre caractéristique : c'est un film qui commence là où beaucoup de films hollywoodiens s'arrêtent. Un des deux, trois meilleurs films américains de l'année.

Une de mes grosses déceptions de l'année.
Sa froideur clinique m'a complètement tenu à l'écart.

Je me retrouve assez dans et avis.

Shin Cyberlapinou a écrit :Film intriguant, dont l'austérité joue à mon sens un peu contre lui (et pourtant je suis amateur d'aridité narrative), et si les acteurs ne sont jamais pris en défaut, le choix de tous les grimer de façon parfois exagérée (du nez de Steve Carrell au physique de cromagnon de Tatum) avait tendance à me faire un peu sortir du film.

AtCloseRange a écrit : Sa froideur clinique m'a complètement tenu à l'écart.

Je ne l'ai pas ressenti aussi froid que ça ; auquel cas j'aurais sans doute été dans le même cas de figure que toi. Tous les protagonistes m'ont au contraire touché dès le départ. Du coup l'empathie s'est faite immédiatement.