Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Strum »

AtCloseRange a écrit :En même temps, si on se base sur le montage américain initial (Est-ce que cette vidéo Youtube vient de là?), sur la version diffusée dans les années 80 sur TF1 (qui censurait le viol), on peut imaginer que tout le monde n'a pas vu la même version.
C'est vrai, mais je parie quand même pour la photo d'exploitation.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Jeremy Fox »

Possible et ce n'est pas la première fois d'ailleurs (nous ne partons pas obligatoirement d'une capture pour ces images de page d'accueil). Mais si on en revient à l'interrogation de ATP, c'est l'existence de la scène qu'il mettait en doute et non de ce plan précis cadré de la sorte. Cette scène sur la plage, je l'ai toujours vu.
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Strum »

Pour en revenir à la belle chronique de Roy :
Quel est le plus beau sourire de l'histoire du cinéma ? A cette question peut-être futile, certains cinéphiles s'empressent naturellement de répondre en évoquant des visages féminins légendaires, des séductrices au charme mystérieux dont la bouche suggérait maintes promesses. D'autres pensent à quelques comédiens au charisme fou et indémodable, capables par leurs simples expressions faciales de ravir les cœurs des spectatrices les plus indociles. Enfin, le public d'aujourd'hui défendra la fraîcheur et l'élégance naturelle de comédiennes et de comédiens contemporains moins sophistiqués mais plus familiers. Qu'il soit permis de soumettre une autre proposition à cette requête pour les marginaux qui, comme l'auteur de ces lignes, répondent sans hésitation que le plus formidablement évocateur de ces sourires est celui de Robert De Niro qui conclut la dernière séquence du dernier film de Sergio Leone - son ultime chef-d'œuvre qui fêtait l'an dernier ses 30 ans d'existence. Un sourire "beau", certes, mais surtout inattendu, saisissant, poignant et très énigmatique.
J'y vois pour ma part un des sourires les plus tristes du cinéma, un des plus pathétiques et cruels. Que Noodles ait imaginé la fin de sa vie, ou qu'il l'ait réellement vécu, dans les deux cas, le destin a été bien cruel avec lui, à moins comme je le crois, que ce soient ses propres faiblesses, ses propres pulsions de mort, son inaptitude à vivre, qui soient la cause de sa déchéance : après les promesses de la jeunesse, 20 ans de sa vie en prison à l'écart de tout, à penser à Deborah et à Max ; et puis, l'amour de sa vie violé, son meilleur ami trahi : il détruit tout ce pour quoi il a survécu en prison ; et puis, pour fermer la parenthèse, à nouveau 20 ans "à se coucher tôt".
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22132
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Supfiction »

Strum a écrit :20 ans de sa vie en prison
C'est pas 11 ans en prison qu'il a passé ? De 1922 à 1933, non ?
Avatar de l’utilisateur
Ouf Je Respire
Charles Foster Kane
Messages : 25906
Inscription : 15 avr. 03, 14:22
Localisation : Forêt d'Orléans

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Ouf Je Respire »

Hé! Ho! Comme dirait Jeremy Fox, "On chipote, là"! :o

Non mais... 8)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
« Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer. » André Gide
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22132
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Supfiction »

C'est pas pour chipoter ou faire l'intéressant comme tu as l'air de le penser. Strum a semé le doute dans mon esprit, c'est tout. Vu qu'il y a assez peu d'éléments de "datation" à ma connaissance sur les périodes à l'écran. On se doute que le début se déroule vers 1919 et que la suite se déroule après 1933. Je n'ai plus le film en tête pour savoir si des marqueurs précis apparaissent (journaux, voitures, etc).
De même, la fin se déroule vraisemblablement à la fin des années 60, soit 30 ou plus après.
Avatar de l’utilisateur
Roy Neary
Once upon a time...
Messages : 51384
Inscription : 12 avr. 03, 01:42
Liste DVD

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Roy Neary »

Les deux dates sûres et explicites sont 1933 (la fin de la prohibition, l'acte de trahison et la mort des trois camarades) et 1968 (le retour de Noodles).
Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22132
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Supfiction »

Roy Neary a écrit :Les deux dates sûres et explicites sont 1933 (la fin de la prohibition, l'acte de trahison et la mort des trois camarades) et 1968 (le retour de Noodles).
Pourquoi 1968 spécifiquement ?
John Doe
Stagiaire
Messages : 19
Inscription : 20 déc. 06, 18:46

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par John Doe »

Vu au cinéma ce long we. 2 remarques :
- toujours mon film préféré ( c'est vraiment formidable)
- les scènes coupées m'ont un peu gênées. Elles n'apportent pas grand chose à l'histoire (bien qu'intéressantes, je ne le nie pas) et la (mauvaise) qualité de ces séquences gâche un peu la vision de l'ensemble.

Bref, film fabuleux dans le version que l'on connait. Les scènes "en plus" méritent de figurer en bonus mais pas de grand intérêt à le replacer directement dans le film.
Avatar de l’utilisateur
Roy Neary
Once upon a time...
Messages : 51384
Inscription : 12 avr. 03, 01:42
Liste DVD

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Roy Neary »

Supfiction a écrit :
Roy Neary a écrit :Les deux dates sûres et explicites sont 1933 (la fin de la prohibition, l'acte de trahison et la mort des trois camarades) et 1968 (le retour de Noodles).
Pourquoi 1968 spécifiquement ?
La plaque commémorative (sur laquelle est pendue la clé) dans le mausolée construit par Bailey indique la date 1967, et il a été dit plus tôt par Fat Moe que cela avait été fait il y a 8 mois.
Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22132
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Supfiction »

Roy Neary a écrit :
Supfiction a écrit : Pourquoi 1968 spécifiquement ?
La plaque commémorative (sur laquelle est pendue la clé) dans le mausolée construit par Bailey indique la date 1967, et il a été dit plus tôt par Fat Moe que cela avait été fait il y a 8 mois.
Ah oui, c'est vrai, merci!
J'essayais de me rappeler des indices culturels (beatles, voitures, politique, télévision) alors que c'était beaucoup plus simple que ça..
DannyBiker
Ed Bloom à moto
Messages : 5545
Inscription : 12 avr. 03, 22:28
Localisation : Bruxelles

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par DannyBiker »

Je rejoindrais le clan des "mouais".
J'ai enfin découvert le film après l'avoir fait dormir en DVD puis Blu-Ray dans ma bibliothèque pendant des années (faut trouver les 4h quand même) et si j'ai trouvé le film plutôt excellent jusqu'à son final, ce dernier me laisse un goût très amer en bouche.
Le film est splendide visuellement, musicalement; son atmosphère est magistralement orchestrée par Leone dont le sens du cadre et de la narration ne sont plus à présenter. J'ai quand même eu du mal avec la misogynie de l'ensemble (c'est pas un plan sur une gamine qui accuse le coup d'entendre dire par son père que le dernier né masculin sera leur supérieur qui fait le poids contre un viol qui n'a presque aucune conséquence dramatique) mais bon, ça n'a jamais été le fort de Leone.

Ce qui m'embête fort avec le final :
- La fameuse révélation laisse vraiment trop de zones d'ombres. Je suis prêt à fermer les yeux sur des invraisemblances ou à des raccourcis mais là, c'est un peu trop gros. Au point que je ne peux pas m'empêcher de penser aux failles de l'ensemble, surtout dans un film qui construit quand même un récit pendant 4h.
- Par ailleurs, si je me suis attardé sur ces détails de scénario, c'est aussi et surtout parce que la confrontation entre Noodles et Max ne suscite pas grand chose dramatiquement, surtout dans un film qui a déjà proposé plusieurs scènes très fortes pendant les 3h précédentes. Evidemment, la posture de Noodles rend la confrontation frontale impossible mais tout est trop explicite, tout est trop grossier. Et comme on a déjà passé les premières minutes à se demander si ce qu'on voit est possible scénaristiquement, le manque d'enjeu dramatique dans cette scène empêche de quitter ce niveau de lecture, finalement assez pragmatique.

J'ai revu Il était une fois dans l'Ouest dans la foulée et la révélation finale de ce dernier (qui est l'homme à l'harmonica), même si elle est beaucoup moins cruciale pour le film que celle de celui-ci, me parait bien mieux amenée et traitée.

La scène du camion-poubelle et le plan final rattrapent un peu le tout mais c'était trop tard pour moi.

Bon film certainement mais sûrement pas le chef-d'oeuvre ultime encensé partout. Il était une fois dans l'Ouest reste son meilleur film à mes yeux et une des meilleurs de tous les temps, au passage...
Image
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14958
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Demi-Lune »

DannyBiker a écrit :la misogynie de l'ensemble (c'est pas un plan sur une gamine qui accuse le coup d'entendre dire par son père que le dernier né masculin sera leur supérieur qui fait le poids contre un viol qui n'a presque aucune conséquence dramatique) mais bon, ça n'a jamais été le fort de Leone.
Si tu parles du viol de Deborah, je ne vois vraiment pas comment on peut dire que ça n'a presque aucune conséquence dramatique.
Noodles signe sa perte à ce moment-là, bien avant qu'il donne ses amis à la police.
Par désespoir de savoir qu'elle va partir, son maigre vernis de respectabilité avec elle saute, il croit que la posséder de force étanchera sa douleur ou infléchira peut-être la décision de Deborah, mais ce faisant, il souille irrémédiablement l'amour de sa vie. Il la perd pour de bon et se perd définitivement lui-même en avilissant non seulement la seule femme qui compte pour lui, mais le seul point de grâce et de rédemption de son petit monde. Ce viol est, dramatiquement, le moment-pivot du film, qui impacte par onde de choc tout le reste et dicte pour partie la suite du drame (en tout cas sa dimension la plus intime, la plus douloureuse), parce qu'il scelle le sort de Noodles : on sait à partir de là que c'est un homme fini, mort dans son âme, que le temps et les regrets vont poursuivre bien lentement en guise de damnation. Après toutes ces années de prison, tout ce temps gâché et ces trajectoires manquées, ce moment d'égarement, ces quelques secondes qui vont gâcher deux vies qui auraient pu (dû) s'accorder, se révèlent être un châtiment encore pire que celui de vivre jusqu'à la fin de ses jours avec le poids de la mort d'amis d'enfance que l'on a balancés en pensant les sauver.
Et même si on prend l'angle du rêve sous l'emprise de l'opium, ça n'en est pas moins cruel et le viol n'en reste pas moins déterminant, puisque c'est l'inconscient rongé par la culpabilité de Noodles qui enfoncerait encore plus le personnage dans sa punition et ses remords en faisant de Deborah l'épouse de son meilleur ami. Il confond ainsi ses deux principaux tourments en s'infligeant la double peine : mesurer toute l'étendue de l'échec de sa vie sans Deborah, sur laquelle le temps n'a pas d'emprise et qui lui rappelle ainsi, comme une autoflagellation, l'objet du fantasme et de la convoitise (et voir le fils qu'il aurait dû avoir avec elle), et donner un visage à sa culpabilité d'indic' en la personne du meilleur ami miraculeusement échappé des morts, qui aurait vécu sa vie à sa place.
Gounou
au poil !
Messages : 9768
Inscription : 20 juil. 05, 17:34
Localisation : Lynchland

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par Gounou »

J'allais justement tenter une réponse mais Demi-Lune l'a fait bien mieux que je ne l'aurait fait. Cette séquence est un point d'orgue autant que de non-retour.
Image
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25396
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: Il était une fois en Amérique (Sergio Leone - 1984)

Message par AtCloseRange »

J'ai déjà dû en parler sur le topic du film mais la construction de Toto le Héros doit beaucoup au Leone.
Répondre