Re: Orson Welles (1915-1985)
Publié : 1 juil. 15, 12:35
Don Quichotte - Copie de travail (1955 - 19??)
Difficile de faire plus mythique comme projet que ce Don Quichotte auquel Welles consacra près de 30 ans de sa vie, qu'il finança avec son propre argent (avec initialement le soutien financier de Frank Sinatra quand le film ne devait être qu'un court-métrage).
Welles ne dépendait donc d'aucun producteur et pouvait donc librement modifiait à loisir cet oeuvre qu'il considérait un peu comme le travail d'un écrivain indépendant qui ne souffrirait pas d'avoir deadline, ni de compte à rendre.
Il modifia donc plusieurs fois l'approche de son sujet malgré le concept jamais démentit de propulser Don Quichotte et Sancho dans l'Espagne contemporaine. Les deux homme devaient d'abord aller sur la lune, puis lutter contre les nouvelles technologies, puis faire une parabole sur l'époque Franquiste, puis aborder la pollution... Le "problème", c'est qu'à chaque de Welles reprenait son tournage, il lui venait de nouvelle idée et donc un nouvel axe d'écriture, rendant caduque les précédents rushs.
Tout cela pour aboutir à 10 heures d'images (et presque autant perdu ou jeté ?) et une version très décevante de 2 heures concoctées en 1992 par Jess Franco qui fut son assistant et où il était difficile d'y voir la pâte d'Orson Welles.
Il existe pourtant deux "work-in progresse supervisés par Orson Welles. Le premier se trouve en espagne et dure 30-40 minutes sous une forme assez bien avancé parait-il. Le second, plus tardif, est une copie de travail durant 80 minutes qui fut offert à la Cinémathèque Française par Oja Kodar à la mort d'Orson Welles. Le résultat est loin d'être finit. Outre l'absence de nombreux contre-champs, il manque surtout la quasi totalité des dialogues, seul 3-4 séquences étant doublées par Orson Welles lui-même qui prête sa voix aux 2 compères (et à un journaliste).
Pourtant, on a bien plus l'impression de sentir la personnalité du cinéaste que dans la version Franco qui manque clairement de point de vue comme si Franco s'était senti obligé de glisser son montage toutes les séquences en sa possession. Il accoucha donc d'un zapping brouillon, sans cohérence partant dans tous les sens.
Cette copie de travail est bien moins frénétique et plus posée. Welles prend plus son temps, montre plus de déambulations, souvent sans but ni destination. Les deux hommes font d'ailleurs moins de rencontres, les arrivées dans le monde actuel sont donc d'autant plus courts pour s'avérer plus marquants et décalés, laissant deviner un humour là aussi plus présent que la version Franco.
Welles semble aussi s'affranchir considérablement du roman de Cerventes, ne gardant que le duo masculin et leurs caractères. Il évacue donc le personnage féminin et les fameux moulins (qu'il n'avait jamais prévu de filmer).
L'atmosphère générale y gagne beaucoup en mélancolie et en poésie, laissant également la part belle à un excellent Akim Tamaroff qui aurait dû y trouver le rôle de sa vie.
Enfin visuellement, le film est autrement plus esthétique et proche de certaines figures Wellesiennes. On pense surtout à à son segment Four men on a raft d'It's all true avec l'importance des cieux, des nuages, des contre-plongée et des paysages forcément désertiques. Précisons aussi que certains passages ne sont pas montés et présentent la succession des différents axes de prises de vue (Sancho et la lunette astronomique).
Malgré des images très répétitives et l'absence de narration compréhensive, ce voyage n'est pas forcément déplaisant, c'est même souvent hypnotique et on ne s'ennuie pas même si on demeure inévitablement frustré de ne pas savoir ce que les personnages se disent.
Il va sans dire que je suis désormais vraiment curieux de connaître le "premier" montage se trouvant en Espagne. Et accessoirement de revoir malgré tout le Franco (découvert il y a 12 ans).
Difficile de faire plus mythique comme projet que ce Don Quichotte auquel Welles consacra près de 30 ans de sa vie, qu'il finança avec son propre argent (avec initialement le soutien financier de Frank Sinatra quand le film ne devait être qu'un court-métrage).
Welles ne dépendait donc d'aucun producteur et pouvait donc librement modifiait à loisir cet oeuvre qu'il considérait un peu comme le travail d'un écrivain indépendant qui ne souffrirait pas d'avoir deadline, ni de compte à rendre.
Il modifia donc plusieurs fois l'approche de son sujet malgré le concept jamais démentit de propulser Don Quichotte et Sancho dans l'Espagne contemporaine. Les deux homme devaient d'abord aller sur la lune, puis lutter contre les nouvelles technologies, puis faire une parabole sur l'époque Franquiste, puis aborder la pollution... Le "problème", c'est qu'à chaque de Welles reprenait son tournage, il lui venait de nouvelle idée et donc un nouvel axe d'écriture, rendant caduque les précédents rushs.
Tout cela pour aboutir à 10 heures d'images (et presque autant perdu ou jeté ?) et une version très décevante de 2 heures concoctées en 1992 par Jess Franco qui fut son assistant et où il était difficile d'y voir la pâte d'Orson Welles.
Il existe pourtant deux "work-in progresse supervisés par Orson Welles. Le premier se trouve en espagne et dure 30-40 minutes sous une forme assez bien avancé parait-il. Le second, plus tardif, est une copie de travail durant 80 minutes qui fut offert à la Cinémathèque Française par Oja Kodar à la mort d'Orson Welles. Le résultat est loin d'être finit. Outre l'absence de nombreux contre-champs, il manque surtout la quasi totalité des dialogues, seul 3-4 séquences étant doublées par Orson Welles lui-même qui prête sa voix aux 2 compères (et à un journaliste).
Pourtant, on a bien plus l'impression de sentir la personnalité du cinéaste que dans la version Franco qui manque clairement de point de vue comme si Franco s'était senti obligé de glisser son montage toutes les séquences en sa possession. Il accoucha donc d'un zapping brouillon, sans cohérence partant dans tous les sens.
Cette copie de travail est bien moins frénétique et plus posée. Welles prend plus son temps, montre plus de déambulations, souvent sans but ni destination. Les deux hommes font d'ailleurs moins de rencontres, les arrivées dans le monde actuel sont donc d'autant plus courts pour s'avérer plus marquants et décalés, laissant deviner un humour là aussi plus présent que la version Franco.
Welles semble aussi s'affranchir considérablement du roman de Cerventes, ne gardant que le duo masculin et leurs caractères. Il évacue donc le personnage féminin et les fameux moulins (qu'il n'avait jamais prévu de filmer).
L'atmosphère générale y gagne beaucoup en mélancolie et en poésie, laissant également la part belle à un excellent Akim Tamaroff qui aurait dû y trouver le rôle de sa vie.
Enfin visuellement, le film est autrement plus esthétique et proche de certaines figures Wellesiennes. On pense surtout à à son segment Four men on a raft d'It's all true avec l'importance des cieux, des nuages, des contre-plongée et des paysages forcément désertiques. Précisons aussi que certains passages ne sont pas montés et présentent la succession des différents axes de prises de vue (Sancho et la lunette astronomique).
Malgré des images très répétitives et l'absence de narration compréhensive, ce voyage n'est pas forcément déplaisant, c'est même souvent hypnotique et on ne s'ennuie pas même si on demeure inévitablement frustré de ne pas savoir ce que les personnages se disent.
Il va sans dire que je suis désormais vraiment curieux de connaître le "premier" montage se trouvant en Espagne. Et accessoirement de revoir malgré tout le Franco (découvert il y a 12 ans).